Plus de la moitié des exportations de cacao de Côte d’Ivoire sont intraçables

 Plus de la moitié des exportations de cacao de Côte d’Ivoire sont intraçables
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Alors que le cacao est une source majeure de la déforestation en Côte d’Ivoire, la traçabilité et la transparence des chaînes d’approvisionnement ne sont pas du tout optimales révèle une étude Transparency, traceabiliyy and deforestation in the Ivorian cocoa supply chain réalisée par des scientifiques de l’université catholique de Louvain (UCLouvain) publié dans l’Environemental Research Letters.  Selon les données collectés sur Trace, moins de 45% des exportations de cacao en provenance de Côte d’Ivoire sont  traçables jusqu’aux coopératives de producteurs en 2019.

La majorité du cacao, plus de 55%, reste donc non tracé, soit indirectement approvisionné auprès d’intermédiaires locaux par les principaux négociants, soit exportés par des négociants peu transparents, qui ne divulguent aucune information sur leurs fournisseurs. L’étude souligne que l’approvisionnement non tracé domine dans le nord-est ainsi que le long de la frontière occidentale de la productrice de cacao de la Côte d’Ivoire.

L’étude détaille l’approvisionnement en cacao en provenance de Côte d’Ivoire de huit grands négociants,  à savoir Africa Sourcing, Barry Callebaut, Cargill, Ecom, Olam, Sucden, S3C et Touton, qui représentaient 60% des exportations ivoiriennes de cacao en 2019. Or, il s’avère que la part de l’approvisionnement indirect, donc non traçable, varie de 25% à plus de 70% (voir tableau ci-dessous). En outre, un tiers du cacao a été exporté par des négociants, en particulier S3C et Africa Sourcing, ainsi que des petites entreprises, qui n’ont divulgué aucune information sur leurs fournisseurs et ne sont donc pas transparents.

De plus, la traçabilité jusqu’à l’exploitation agricole accuse un retard supplémentaire par rapport à la traçabilité jusqu’aux coopératives. Pour les sept sociétés commerciales qui divulguent leur cartographie au niveau de l’exploitation en Côte d’Ivoire dans le cadre de l’Initiative cacao et forêt (CFI) et qui traitent 52 % du volume total échangé, l’étude estime que 69%  des volumes qu’ils s’approvisionnent « directement » auprès des coopératives ont été cartographiés au niveau de l’exploitation.

Ainsi, si les grands fabricants de chocolat se sont engagés dans des politiques de zéro déforestation, tous sont exposés au risque d’importer du cacao issu de la déforestation.

Des insuffisances alors que la culture du cacao est responsable de 45% de la déforestation en Côte d’Ivoire sur ces 20 dernières années. Autrement dit,  les plantations de cacao ont remplacé 2,4 millions d’hectares de forêts entre 2000 et 2019. En outre, 25 % des cacaoyères se trouvaient dans des forêts classées et aires protégées.

L’étude conclue  « Des systèmes nationaux de traçabilité transparents, couplés à un système robuste de surveillance de la déforestation, peuvent donc être un tremplin essentiel pour freiner la déforestation, mais doivent être combinés avec des politiques d’utilisation des terres, des initiatives paysagères et des moyens accrus ciblant les forêts restantes pour assurer une conservation efficace des forêts ».

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