Pour la France, présente au SARA, l’agriculture retrouve sa valeur géostratégique

 Pour la France, présente au SARA, l’agriculture retrouve sa valeur géostratégique
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En définitive, le ministre français de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire, Marc Fesneau, n’a pas pu se rendre au Salon de l’agriculture et des ressources animales (Sara) qui se tient cette semaine en Côte d’Ivoire, dépêchant Alain Moulinier, vice-président du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et de l’espace rural (CGAAER), à Abidjan pour l’y représenter.

La thématique du Sara cette année sur l’« Agriculture africaine face aux défis des chocs interne et externes » a particulièrement intéressé le bras droit du ministre, tant les crises sont fortes  que ce soit la Covid ou l’inflation mondiale qui a résulté de la guerre en Ukraine. « On voit que l’agriculture qui, en France, était quelque chose d’acquis, représente à nouveau un enjeu stratégique. Certains pays comme la Russie ont construit l’agriculture comme une arme stratégique », a-t-il indiqué à CommodAfrica.

Une communion des réponses face aux mêmes dfis

Aujourd’hui, l’agriculture retrouve sa valeur géostratégique. C’est une réalité au plan mondial et surtout en Afrique où la préoccupation est accentuée en raison des changements climatiques qui vont plus vite qu’on ne le pensait initialement. « Les solutions nécessitent une coopération de plus en plus forte. Et cette coopération entre la France et la Côte d’Ivoire, qui est une coopération traditionnelle, doit se développer », déclare Alain Moulinier.

Certes, de nombreux autres acteurs internationaux sont présents en Côte d’Ivoire mais « notre collaboration a une valeur ajoutée », estime le conseiller du ministre français. Tout d’abord, la Côte d’Ivoire et la France sont autant touchés l’un que l’autre par les changements climatiques alors que d’autres le sont moins, et « nos réponses sont les mêmes » avec l’innovation comme axe central. Or, la France est « extrêmement active sur la recherche et développement. »

D’autre part, comme en Côte d’Ivoire, la France est confrontée à la question du renouvellement des générations, un tiers des agriculteurs français partant à la retraite d’ici dix ans. « Nos deux pays sont confrontés à un problème de formation, d’attractivité des métiers agricoles. Ce sont des sujets de communication et de société. » En effet, la France, comme la Côte d’Ivoire, va devoir attirer dans l’agriculture des jeunes non issus de l’agriculture. Il faut redécouvrir les métiers et leur attractivité.

Le visa des étudiants étrangers dans le radar français

Interrogé sur la question de la baisse drastique du nombre d’Africains qui viennent se former en France, créant de fait une distanciation entre les deux pays, voire une incompréhension des jeunes par rapport à la politique française, Alain Moulinier indique que « le visa des étudiants étrangers est un point sensible » mais que « la question est dans le radar ». Pour l’instant, le sujet est politiquement sensible, s’imbriquant dans un sujet plus général qui fera l’objet du projet de loi en France sur l’immigration et l’intégration. « Je pense qu’être capable d’accueillir des étudiants est important. […] Le sujet des immigrés et des étudiants est très différent mais il y a des agrégats. »

D’autre part, Alain Moulinier s’est voulu rassurant sur la question de l’impact des difficultés financières françaises sur l’aide à la Côte d’Ivoire : « L’Agence française de développement n’a pas ralenti ses efforts et il n’est pas question de le faire. Nous restons présents », assure-t-il.

 

Quant aux rumeurs circulant sur la Chine comme prochain pays à l’honneur pour le SARA 2025, Alain Moulinier considère que « ce serait un choix concevable », car, rappelle-t-il, « l’agriculture est géostratégique ».

 

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