La Chronique Matières Premières Agricoles au 14 mai 2020

 La Chronique Matières Premières Agricoles au 14 mai 2020
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Les craintes de ralentissement économique durable persistent ainsi qu’une recrudescence des tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, ce qui a conduit les investisseurs européens à se replier sur les valeurs refuges en cette fin de semaine. La tendance est restée minée par les déclarations du président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, qui a indiqué mercredi s’attendre à une lente reprise de l’économie américaine tout en écartant le recours à des taux d’intérêts négatifs. Le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Andrew Bailey, a déclaré hier qu’il n’envisageait pas non plus le passage de son taux directeur – actuellement à 0,1% – sous zéro tandis que son homologue de la Banque du Japon, Haruhiko Kuroda, ne juge pas nécessaire pour le moment de ramener plus bas ses taux, déjà en territoire négatif. Hier, au lendemain du rejet par Jerome Powell de l’hypothèse d’un recours à des taux d’intérêt négatifs, Donald Trump s’est félicité que les États-Unis aient «un dollar fort». D’ailleurs, hier, le dollar a atteint un pic de trois semaines face à un panier de devises internationales, soutenu par son statut de valeur refuge et par le rejet la veille par la Fed de pratiques des taux d’intérêt négatifs. L’euro est tombé à $1,0773 et la livre sterling au plus bas de cinq semaines.

Donald Trump qui a contribué à alourdir l’atmosphère sur les marchés en critiquant à nouveau la gestion par Pékin dans l’épidémie de coronavirus et laissé entendre que l’accord commercial signé en janvier entre les deux premières économies mondiales pourrait être remis en cause ; il a aussi menacé d’imposer de nouvelles taxes aux entreprises américaines produisant des biens en dehors des Etats-Unis.

Quant au pétrole, la baisse surprise des stocks de brut américain la semaine dernière, une première en 15 semaines, a favorisé la hausse des cours : le baril de Brent a gagné 3,25% à la clôture hier soir, s’établissant à $ 30,14 et le brut léger américain, le WTI, 3,24% à $ 26,11.

CACAOCAFÉCAOUTCHOUCCOTONHUILE DE PALMERIZ SUCRE

CACAO

Jean qui rit, Jean qui pleure… Le cacao sur la place de New York a grimpé durant la période sous revue, l’échéance juillet passant de $ 2 400 vendredi dernier à $ 2 413 la tonne à la clôture hier soir. En revanche, les fèves à Londres ont glissé, de £ 1 981 lundi soir à £ 1 958 la tonne.

En Côte d’Ivoire, les arrivages aux ports ont atteint 1,784 Mt entre le 1er octobre et le 10 mai, estiment els exportateurs, en baisse de 5,7% par rapport à la même période la campagne dernière.

Au Ghana, les arrivages de sacs gradés et estampillés ont atteint 698 000 t depuis le 1er octobre jusqu’au 16 avril contre 718 000 t sur la même période la campagne dernière. Sur cette période de six mois et demi, parmi les acheteurs, on note que les premiers ont été Olam avec 137 000 t, PBC avec 97 000 t, AGL (Ecom Trading) avec 91 000 t et Nyonkopa (Barry Callebaut) avec 82 000 t. Le Cocobod prévoit une production de l’ordre de 810 000 t cette campagne 2019/20.

Quant au Nigeria, le président de l’association du cacao s’attend à une faible récolte intermédiaire -qui est sur le point de démarrer- avec l’impact des mesures de confinement liées au coronavirus. Environ 5 000 à 6 000 tonnes de fèves sont bloquées au port et dans les entrepôts, a-t-il précisé à Reuters. Rappelons que le Nigeria est le cinquième producteur mondial de fèves, mais très loin derrière la Côte d’Ivoire et le Ghana. Sa récolte intermédiaire avoisine habituellement les 50 000 à 60 000 t lorsque la météo est favorable et les intrants disponibles à temps. Or, certains agriculteurs dans la région du sud-ouest ont souligné que la récolte pourrait démarrer avec un mois de retard, soit en juin, à cause du retard dans les pluies ce qui d’ailleurs pourrait réduire le poids des fèves et donc leur grosseur ; en outre, la récolte devrait être impacté par le manque d’intrants. “Nous devrions pulvériser pour lutter contre la maladie de la pourriture noire une fois que les pluies ont commencé“, a expliqué à Reuters Oko Aja qui possède une plantation de 42 ha dans l’Etat de Cross Rivers. “Mais à cause du coronavirus la main d’œuvre se fait rare, et nous ne savons pas si nous recevrons les produits chimiques ou non.” Ils estiment que la prochaine récolte principale de la campagne 2020/21 ne pourrait démarrer qu’en novembre alors qu’en général, elle commence début octobre, comme ailleurs en Afrique de l’Ouest.

Le Nigeria compte 5 162 cas de Covid-19 et 167 morts. La semaine dernière, le gouvernement a levé le confinement intérieur qui durait depuis un mois dans les Etat de Lagos et celui cacaoyer d’Ogun ainsi que dans la capitale Abuja. Mais on ne peut toujours pas circuler entre les Etats et donc pas acheminer les fèves. En outre, au port, les navires sont en quarantaine, ce qui accroît le coût de stockage.

CAFÉ

L’Arabica a glissé sur la période sous revue à New York, passant de $ 1,1165 la livre (lb) vendredi dernier à $ 1,067. Quant au Robusta, il a terminé à $ 1 168 la tonne contre $ 1 198 lundi.

Sur les marchés asiatiques, le prix du café a baissé au Vietnam mais est demeuré stable en Indonésie. Les fermiers vietnamiens ont vendu mercredi leur café à 30 000 dongs ($ 1,28) le kilo contre 31 000 à 32 000 dongs la semaine dernière, reflet de la baisse de $ 33 de la tonne sur le marché à terme de Londres ce même mercredi ; mardi, le cours mondial avait déjà baissé de 1,5% avec en toile de fond la crainte d’une seconde vague du coronavirus. A l’export, les traders ont proposé le Grade 2 vietnamien, 5% grains noirs et brisures, avec une prime de $ 170 à $ 180 la tonne par rapport au contrat de juillet, soit en-deçà des $ 200 de prime offerts la semaine dernière. Quant à l’Indonésie, le Robusta de Sumatra a été proposé à $ 260-$ 280 au-dessus du contrat juillet de Londres, en léger retrait par rapport à la fourchette de $ 260 à $ 270 de la semaine dernière.

En avril, le Vietnam, n°1 mondial du Robusta, a exporté 165 799 t ou encore 2,76 millions de sacs de 60 kg (Ms), en baisse de 2,5% par rapport au mois de mars, selon les statistiques douanières publiées mercredi. De janvier à fin avril, les volumes exportés ont atteint 659 000 t (10,938 Ms), avec des revenus qui seraient en hausse de 2,2% selon la General Statistics Office ou de 5,3% selon les données statistiques douanières, attendus entre $ 1,1 et $ 1,5 milliard selon la source.

En Amérique du Sud, la pandémie du Covid-19 continue de s’étendre ce qui limite la main d’œuvre sur les plantations et pourrait entrainer un retard dans la récolte cette année mais aussi une baisse des volumes de café de qualité export. En effet, les associations de producteurs ont fait état en début de semaine de l’importance de la main d’œuvre que nécessite la récolte du café. Le Brésil et la Colombie, qui représentent à eux deux 65% de la production mondiale d’Arabica, on besoin d’environ 1,25 million personnes pour récolter le précieux grain. Avec le Pérou et l’Equateur, les filières de ces pays recourent à une main d’œuvre temporaire, ce qui implique des facilités de déplacement, notamment transfrontaliers. Selon un sondage réalisé fin avril par le trader de cafés de spécialités Caravela Coffee auprès de centaines de planteurs au Pérou, en Equateur et en Colombie, ils s’attendent à des pertes de l’ordre de 10% dans la production de café de qualité export. Rappelons que les gros opérateurs de la distribution au détail au plan mondial -Starbucks, Nespresso, Illycafé- préfèrent les Arabica lavés, tandis que les Robusta sont essentiellement utilisés pour fabriquer le café instantané. La récolte du Robusta est achevée pour cette campagne tandis que celle d’Arabica ne fait que démarrer en Amérique du Sud. A noter que dans certains Etats du Brésil et en Colombie, certaines personnes impliquées dans les activités des chaines alimentaires dont le café mais aussi dans les activités portuaires ont été exemptées du confinement. Certains responsables ont demandé aux producteurs de retarder d’un mois le démarrage de la récolte. Mais un grain mûr n’attend pas toujours au risque de perdre en qualité et donc en prix… En avril, les exportations de Colombie ont baissé de 32% par rapport à avril 2019.

CAOUTCHOUC

Le marché du caoutchouc n’est pas parvenu à réitérer la hausse de la semaine dernière, les cours étant affectés par les craintes d’une deuxième vague d’infection au coronavirus qui a pris le dessus sur le déconfinement engagé dans plusieurs pays et sur la reprise du marché automobile chinois. En outre, les perspectives moroses du chef de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, qui a mis en garde mercredi contre une “période prolongée” de faible croissance économique ont exercé une pression supplémentaire. De 152,7 yens le kilo vendredi dernier sur le Tokyo Commodity Exchange (Tocom), les cours ont clôturé hier à 151,1 yens ($1,4). Sur le marché de Shanghai, les cours baissent aussi passant de 10345 yuans la tonne à 10 140 yuans ($1429) la tonne hier.

En Chine, les ventes mensuelles d’automobiles ont augmenté pour la première fois en près de deux ans alors que le pays a assoupli les restrictions liées au Covid-19 , mais le nombre annuel sera probablement réduit de 15% si la Chine contient efficacement la pandémie estime la China Association of Automobile Manufacturers (CAAM). En avril, les ventes d’automobiles chinoises ont atteint 2,07 millions d’unités, en hausse de 4,4% par rapport à l’année précédente, même si les ventes de véhicules à énergie nouvelle ont chuté pour un dixième mois à 72 000 unités. Rappelons que les ventes ont chuté de 79% en février et de 43% en mars. “Le rebond des ventes en avril n’a pas répondu aux attentes mais … elles augmenteront  au cours des deux prochains mois” en raison de la libération de la demande refoulée alors que les mesures de verrouillage sont encore assouplies, estime le responsable de la CAAM, Xu Haidong.

Volkswagen et Nissan ont annoncé des ventes chinoises positives en avril, tandis que les entreprises chinoises de General Motors ont enregistré une croissance à deux chiffres d’une année sur l’autre. Les données confirment un optimisme croissant quant à l’amélioration des activités automobiles en Chine, mais les experts avertissent que le secteur n’est pas encore sorti d’affaires et que les ventes pourraient être plus touchées si la crise sanitaire mondiale s’aggrave et entrave ses exportations. Les exportations automobiles chinoises devraient chuter de 200 000 unités cette année, contre environ un million réalisées en 2019, selon  Chen Shihua de la CAAM, ajoutant que la fermeture des usines à l’étranger pourrait perturber la chaîne d’approvisionnement de la production chinoise.

La production automobile au Mexique et au Brésil, les principaux producteurs d’Amérique latine, a chuté d’un taux sans précédent de 99% en avril en raison de la crise du Covid-19, les deux pays ne construisant au total que 5 569 véhicules. Aux Etats-Unis, les ouvriers ont commencé à retourner sur les chaînes de montage dans le Michigan lundi, ouvrant la voie à la réouverture du secteur automobile américain, mais attisant les craintes d’une deuxième vague d’infections alors que les fermetures strictes sont assouplies à travers le pays.

Au Myanmar, sur les sept premiers mois (octobre au 23 avril) de 2019, les exportations de caoutchouc ont chuté de 14% en volume à 110 000 tonnes (contre 128 000 tonnes en 2018/19) et de 14% également en valeur à $161 millions, selon une déclaration de U Khin Maung Lwin, secrétaire permanent adjoint du ministère du Commerce. Le Myanmar produit environ 200 000 tonnes de caoutchouc par an et l’exporte à hauteur de plus de 90% du caoutchouc, principalement vers la Chine.

COTON

Le marché du coton a légèrement baissé cette semaine mais demeure à un niveau relativement soutenu compte tenu des fondamentaux. De 57,85 cents la livre vendredi dernier, les cours ont clôturé hier à 56,27 cents la livre. Des cours soutenus par les achats de la Chine de la fibre américaine. « Il y a tout simplement trop de coton à la recherche d’une maison pour que les prix maintiennent à ces niveaux élevés. Alors que les États-Unis sont pris dans une bulle, les concurrents tenteront d’obtenir des ventes sur les livres à des prix réduits, bien que peu d’usines soient d’humeur à acheter. Tôt ou tard, cela entraînera une guerre des prix et forcera les valeurs à baisser » souligne Plexus Cotton.

Les fondamentaux globaux du marché restent sombres, la pandémie de coronavirus ayant freiné la demande mondiale de fibres naturelles et de vêtements, tandis que les frictions commerciales entre les États-Unis et la Chine se sont récemment réanimées. La demande reste une préoccupation majeure du marché. Dans son denier rapport sur l’offre et la demande mondiale de produits agricoles (WASDE), le département américain de l’Agriculture (USDA) table sur un recul de 12,7%, de la demande en 2019/20, soit sur la plus forte baisse annuelle de la consommation mondiale depuis le 19ème siècle. En revanche, la reprise sera au rendez-vous en 2020/21 avec une hausse de 11%. Pour la Chine, l’USDA estime que les importations progresseront de 20% en 2020/21. Du côté de la production mondiale en 2020/21, une légère baisse est anticipée, moins 3,7 millions de balles, et donc les stocks mondiaux devraient à nouveau croître pour la deuxième année consécutive mais à un rythme plus lent. L’USDA estime aussi que le commerce mondial devrait augmenter considérablement en 2020/21. Les États-Unis, le Brésil et l’Inde devraient être les grands bénéficiaires des possibilités élargies d’exportations. Les trois pays auront des disponibilités exportables record ou quasi record en raison des grandes récoltes et des très gros stocks de report.

Au Mozambique, le gouvernement mozambicain a fixé le prix du kilogramme de coton graine de première qualité pour la campagne de commercialisation 2019/20 à 25 metical ($0,364) et à 18,00 meticals pour le deuxième choix. Prix qui bénéficie d’une subvention du gouvernement, les prix étant en hausse (23,30 meticals et 17,00 meticals en 2018/19 respectivement). Le ministère des Finances estime que les subventions représenteront environ 240 millions meticals sur 2019/20.

HUILE DE PALME

Le marché de l’huile de palme a évolué en dents de scie cette semaine pour terminer en légère hausse hier à 2030 ringgits la tonne ($468,17) contre 2019 ringgits vendredi dernier. En dehors de l’évolution des huiles concurrentes, en particulier du soja, et des cours du pétrole, le marché a été soutenu par les espoirs d’une reprise de la demande avec l’assouplissement dans certains pays du confinement induit par la pandémie du Covid-19 et la nécessaire reconstitution des stocks en particulier en Inde et en Chine. En revanche, la hausse plus élevée qu’anticipée des stocks en Malaisie (voir ci-dessous) a pesé sur le marché. En outre, même si cela ne concerne pas les deux grands producteurs mondiaux d’huile de palme, la suspension par l’Inde des 39 licences d’importation d’huile de palme raffinée exerce aussi une pression sur les cours. Le géant malaisien de l’huile de palme Sime Darby Oils estime que les prix de l’huile de palme pourraient rester déprimés en 2020 en raison de la chute conjuguée de la consommation alimentaire et de la demande de biodiesel au cours de la pandémie. 

Côté demande, les exportations malaisiennes d’huile de palme entre le 1er et le 10 mai ont augmenté entre 7,8% et 11,9% par rapport au mois précédent, selon les enquêteurs du fret. Dans l’Union Européenne, les importations d’huile de palme au cours de la saison 2019/20 s’élevaient à 4,78 millions de tonnes au 10 mai, en baisse de 15% par rapport à il y a un an.

En Malaisie, les stocks d’huile de palme de la Malaisie ont grimpé à 2,05 millions de tonnes (Mt) en avril, en hausse de 18,5%, bien au-dessus des attentes, car la production a atteint son plus haut niveau en six mois et les fermetures suite au Covid-19 ont entraîné une baisse de la demande, selon le Malaysian Palm Oil Board (MPOB). La production a progressé aussi de 18,3% à 1,65 Mt. “L’augmentation des activités de récolte et de transformation avant le début du mois sacré du Ramadan et la tendance à la hausse de la production saisonnière ont maintenu des chiffres élevés“, a déclaré Sandeep Singh, directeur de The Farm Trade. Dans le même temps, la consommation intérieure de l’huile comestible de la Malaisie a chuté de 40% par rapport au mois précédent, selon les analystes, le confinement partiel de deux mois ayant entraîné la fermeture des hôtels, restaurants et cantines. En dépit des blocages dans le monde, les exportations d’huile de palme de la Malaisie en avril ont toutefois augmenté de 4,4% par rapport au mois précédent pour atteindre 1,24 Mt.

L’Inde a suspendu 39 licences pour importer 452 303 tonnes d’huile de palme raffinée après une forte augmentation des achats en franchise de droits de pays voisins comme le Népal et le Bangladesh. L’Inde, le plus grand importateur mondial d’huile comestible, a inscrit l’huile de palme raffinée et la palmoléine sur une liste d’articles restreints le 8 janvier, bien que New Delhi ait par la suite délivré des licences d’importation de palmoléine raffinée. Les importations d’huile de palme du Népal ont bondi de 314% pour atteindre 189 078 tonnes au cours de l’exercice se terminant le 31 mars, tandis que les achats au Bangladesh ont grimpé de 500%, a indiqué le gouvernement. Des exportations qui sont exemptes de taxe, les deux pays étant signataires, avec l’Inde, de l’Accord de libre-échange sud-asiatique (SAFTA) qui a créé une zone de libre-échange dans la région. Un flux croissant d’huiles comestibles en franchise de droits perturbe le commerce en Inde et sape les efforts du gouvernement pour augmenter les prix des graines oléagineuses avec des taxes à l’importation plus élevées, a déclaré Atul Chaturvedi, président de la Solvent Extractors Association of India (SEA). La suspension des licences est peu susceptible de provoquer une pénurie d’huile de palme sur le marché indien, la consommation ayant chuté de 40% suite au confinement, a déclaré Sudhakar Desai, président de l’Association indienne des producteurs d’huile végétale (IVPA). Les importations indiennes d’huile de palme ont chuté de 46% en avril par rapport à il y a un an.

RIZ

Les prix à l’exportation du riz thaïlandais ont chuté cette semaine, alors que le pays frappé par la sécheresse a vu des approvisionnements frais entrer sur le marché tout en étant confronté à une vive concurrence des offres indiennes et vietnamiennes moins chères.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% se sont abaissés à $480- $485 la tonne contre $515-$546 $ la semaine dernière. “Nous commençons à voir de nouveaux approvisionnements arriver sur le marché ce mois-ci et les prévisions de pluie ont apaisé les approvisionnements en général“, a déclaré un négociant en riz basé à Bangkok. “La demande reste stable, mais on espère que les acheteurs comme les Philippins pourraient être intéressés par le riz thaïlandais alors que les prix baissent, bien que la concurrence du Vietnam soit très forte“, a ajouté un autre négociant en riz à Bangkok.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% ont atteint leur plus haut niveau depuis début août, à $380- $ 385 la tonne. La demande est meilleure que l’an dernier, le riz indien étant offert à un prix inférieur à celui de Thaïlande et du Vietnam, a déclaré B.V. Krishna Rao, président de la Rice Exporters Association. Il a ajouté que la disponibilité des camions et des travailleurs, qui a limité les exportations en avril, s’est améliorée. Les exportations bénéficient également du soutien d’une roupie plus faible, ce qui augmente la marge des exportateurs sur les ventes à l’étranger.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% sont en hausse à $450-$460 la tonne en raison des faibles disponibilités. Les données préliminaires sur les expéditions ont montré que près de 150 000 tonnes de riz devaient être chargées dans le port d’Ho Chi Minh Ville entre le 2 et le 17 mai, la majeure partie se dirigeant vers les Philippines. Les exportations de riz en janvier-avril devraient chuter de 7,9% par rapport à l’année précédente pour s’établir à 1,9 million de tonnes (Mt), tandis que les recettes progresseraient de 0,2% à $892 millions.

Le Bangladesh achètera 200 000 tonnes supplémentaires de riz paddy pendant la saison de récolte en cours pour sécuriser les approvisionnements des opérations de secours, a déclaré un responsable du ministère de l’Alimentation.

Le Cambodge lèvera une interdiction partielle des exportations de riz qui avait été mise en place pour garantir la sécurité alimentaire locale pendant la crise du coronavirus, a annoncé mercredi le ministre des Finances, Aun Porn Moniroth. “Je voudrais informer (que) … le gouvernement royal a décidé d’autoriser progressivement les exportations de riz blanc à partir du 20 mai 2020“, indique la lettre du ministre destinée à la Fédération cambodgienne du riz. L’interdiction partielle est en vigueur depuis le 5 avril.

SUCRE

Le sucre roux a faiblement grimpé cette semaine, terminant hier soir à 10,46 cents la livre (lb) à New York contre 10,29 cents à la clôture vendredi dernier. Le sucre blanc, quant à lui, a terminé la période sous revue hier soir à $ 355,20 la tonne contre $ 340,90 lundi dernier à Londres. Les analystes soulignent que le marché du sucre parvient à se maintenir depuis plusieurs semaines maintenant au dessus de la barre des 10 cents. Une maigre consolation car cela demeure un niveau historiquement bas.

Les problématiques sur la scène sucrière demeurent les mêmes avec un réal brésilien faible ce qui accroît la compétitive de son édulcorant et incite le géant à mettre beaucoup de volumes sur le marché mondial, plombant les prix, tandis qu’en interne, les raffineries continuent à préférer faire du sucre que de l’éthanol à partir de la canne puisque les cours mondiaux du pétrole demeurent faibles.

Face à la mauvaise météorologie, l’Ukraine a réduit de 5% ses superficies de betterave cette année qui totalisent 209 000 ha, a souligné l’union des producteurs Ukrtsukor. En outre, des pluies torrentielles et des gelées en mai pourraient réduire les rendements. Rappelons que l’Ukraine produisait 5 Mt de sucre blanc à partir de la betterave durant l’ère soviétique ; le pays a raffiné 1,48 Mt de sucre en 2019, 19% de moins qu’un an auparavant.

Cette semaine, le leader industriel européen, Suedzucker, a confirmé ses prévisions optimistes faites le mois dernier : ses bénéfices devraient être en forte hausse durant son exercice fiscal qui a démarré en mars. En avril, il avait prévu que ses bénéfices opérationnels sur le prochain exercice 2020/21 pourraient augmenter et atteindre € 300 à 400 millions contre € 116 millions durant l’exercice 2019/20. Niels Poerksen, PDG, a déclaré hier que la pandémie de Covid-19 avait, à ce jour, un impact mitigé sur les résultats du groupe.

Suedzucker est très diversifié et s’attend à une bonne performance de ses activités sucre au deuxième semestre de son exercice. Niels Poerksen a précisé que les opérations de restructuration du groupe étaient maintenant achevées : cinq unités de production ont été fermées en Allemagne, en France et en Pologne représentant 700 000 t de production de sucre. Le patron de Suedzucker a indiqué qu’il n’était pas prévu d’en fermer d’autres. La fourchette d’estimation des revenus opérationnels est large, allant d’une perte de € 40 millions à un bénéfice de € 60 millions ; en 2019/20 les pertes opérationnelles avaient été de € 236 millions. “Les prix européens du sucre progressent et la hausse se poursuit“, a-t-il précisé, s’attendant à une fermeté de la demande européenne en sucre. L’UE devrait être importateur net de sucre durant cette nouvelle campagne, la production locale ne devant pas permettre de répondre à la demande. Les superficies en betterave sont attendues en baisse et il a fait sec au printemps en Allemagne. Les cours du sucre ont été aux alentours de € 370 la tonne en février contre environ € 300 durant une bonne partie de l’année dernière, a-t-il été rappelé.

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