La Chronique Matières du Jeudi (26 mai 2016)

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Les marchés sont toujours sous l'emprise des fluctuations monétaires tant du dollar que de la livre sterling cette semaine. À noter que le bureau météorologique d'Australie est le premier au monde a avoir annoncé mardi la fin du phénomène El Niño, le pire en 20 ans, qui a démarré dès 2015.

CACAO

Depuis mardi, le prix du cacao est à la baisse. Certes, il demeure à des niveaux élevés, soutenu par les annonces de récolte et de perspectives de récolte en baisse en Afrique de l'Ouest. Il termine aujourd'hui à £ 2 159 la tonne à Londres alors qu'il avait atteint £ 2 242 en début de semaine,  et à $ 2 911 sur la place de New York.

En réalité, la hausse lundi a pris tout le monde par surprise, hausse essentiellement technique sur des ordres automatiques d'achat, ce qui a occasionné un fort et rapide bond du spread juillet/septembre. Puis, la fermeté de la livre sterling face au dollar a suscité des ventes à Londres, tirant les prix vers le bas et entrainant dans son sillage la place de New York.

Nombre d'acteurs sur la scène mondiale du cacao était cette semaine en République dominicaine où l'Organisation internationale du cacao (ICCO) a organisé sa conférence mondiale. L'occasion pour annoncer sa légère révision à la baisse de ses estimations de production mondiale pour 2015/16 (oct./sept.), à 4,039 millions de tonnes (Mt) contre  4,154 Mt avancé précédemment, a souligné Laurent Pipitone, directeur des analyses politiques et des statistiques. Si ce chiffre se vérifie, cela sera aussi en baisse par rapport aux 4,192 Mt produites en 2014/15.

La raison essentielle est la baisse attendue de production en Côte d'Ivoire et au Ghana. Chez le n°1, la récolte est attendue à 1,65 Mt contre une estimation précédente de 1,69 Mt et une récolte de 1,796 Mt la campagne précédente qui, ceci dit, avait été record pour la deuxième campagne consécutive. Quant au Ghana, aux prises avec des difficultés dans sa filière ces dernières campagnes, l'ICCO mise sur 800 000 t contre les 840 000 t estimées précédemment. Ceci serait un mieux par rapport aux 740 000 t en 2014/15, campagne qui avait été particulièrement décevante. A noter  que, lundi, le Cocobod a annoncé une estimation de production de 850 000 t sur cette campagne 2015/16, qui devrait grimper à 900 000 t la prochaine.

Ceci dit, des pluies abondantes tombent dans les régions de production en Côte d'Ivoire depuis la semaine dernière, ce qui va booster la floraison et la croissance des cabosses. Mais entre le 1er octobre 2015, démarrage de la campagne 2015/16, et le 22 mai, les arrivages de fèves dans les deux principaux ports ivoiriens ont totalisé 1 311 000 t, estiment les exportateurs, en baisse par rapport aux 1 424 000 t atteintes sur la même période la campagne dernière.

CAFÉ

Le café s'est stabilisé aujourd'hui, soutenu par une récolte médiocre de Robusta (conilon) au Brésil.  Il est à un niveau de prix juste inférieur au pic de 9 mois enregistré la semaine dernière. L'Arabica, sur l'échéance juillet à New York, termine en légère hausse, stimulée par un dollar qui s'est quelque peu affaibli, à environ $ 1,21 la livre (lb). En réalité, le marché a fait peu de cas de la révision à la baisse par l'agence brésilienne, Conab, de son estimation de récolte 2016/17, à 49,67 millions de sacs de 60 kg (Ms), soit le plus bas des différentes prévisions jusqu'alors avancées par les différents acteurs. 

Au Nicaragua, les exportations ont fait un bond de 31,3% en avril, selon le centre des exportations Cetrex, à 302 339 sacs de 60 kg. Sur les 7 premiers mois de la campagne, qui a démarré en octobre, les expéditions sont en timide hausse, de 0,7%, à 942 129 sacs. Rappelons que l'Amérique centrale avec le Mexique fournit environ un cinquième de l'approvisionnement mondial en Arabica.

En Asie, les ventes de café au Vietnam ont été plutôt stables cette semaine par rapport à la précédente. La pluie est de retour mais il est trop tard, la sécheresse –la pire en 30 ans– étant considérée comme ayant impacté un cinquième environ des caféiers ; ils seraient soit morts, soit endommagés. Mais l'impact sur la production varie considérablement selon les estimations, allant d'une perte de 8 à 30% de la récolte. Quant à l'Indonésie, le démarrage de la récolte est imminent.

Au Kenya, le prix du café a baissé aux ventes aux enchères cette semaine. Le Grade AA a trouvé preneur entre $ 53 et $ 286 le sac de 50 kg contre $ 51 à $ 320 la semaine précédente. Le Grade AB  s'est établi à $ 51-270 contre $ 48-283.

CAOUTCHOUC

Les cours du caoutchouc suivent les cours du pétrole et les investisseurs couvrent leur position courte après la forte chute des cours le mois dernier. Les cours sur Commodity Exchange Tokyo (Tocom) ont perdu plus de 20% de leur valeur depuis le plus haut de 205,1 yens le kilo atteint en avril. Mercredi, les cours pour une livraison octobre ont clôturé à 156,3 yens ($1,43) le kilo. En outre, « La récente baisse de Tokyo semble refléter le marché  à terme de  Shanghai calqué sur  les prix du charbon et du minerai de fer en Chine, plutôt que les propres fondamentaux de caoutchouc » souligne un  négociant. A Shanghai, le contrat de caoutchouc livraison septembre est tombé  de 170 yuans pour finir à 10 330 yuans ($1 575,70) la tonne.

La fin de la période d’hivernage en Asie (février à mai) avec la relance de la production pourrait donner une tonalité baissière au marché.

HUILE DE PALME

Croissance lente de la production et demande soutenue dans la perspective proche du Ramadan ont soutenu les cours de l’huile de palme après la forte chute constatée lundi à un plus bas de trois mois avec la chute du marché chinois. Le contrat d’août a clôturé sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange à 2 545 ringgit ($620) la tonne.

Les exportations de Malaisie ont progressé entre 8 et 11%  sur la période du 1er au 25 mai selon Intertek Testing Services. Toutefois les négociants estiment qu’il faudrait une croissance a deux chiffres sur le mois pour apporter un support aux prix.

RIZ

Les prix du riz thaïlandais sont demeurés stables cette semaine  Ã  un plus haut depuis deux ans face à une offre limitée suite à la sécheresse.  En revanche, les cours se sont légèrement affaiblis au Vietnam avec la récolte à venir.  

Le Thaï 5% s’est négocié entre  $418 et $420. Le stock limité devrait pousser les prix à la hausse mais limiter les achats, estime Kiattisak Kallayasirivat, le directeur d'Ascend Commodities-SA qui anticipe une hausse à $500 la tonne au cours des deux prochains mois. « Maintenant que les prix sont à un niveau élevé, les exportateurs gardent leur stock estimant que les prix sont susceptibles de s’apprécier davantage » ajoute-t-il.  La demande demeure toutefois faible.  Le Viet 5% a reculé à $375- $380 la tonnecontre  $380- $385 la semaine dernière.

Le Vietnam, troisième exportateur mondial après l'Inde et la Thaïlande, a expédié  environ 2,35 millions de tonnes de riz entre janvier et mai, en baisse de 2,1% par rapport à la même période en 2015, selon le ministère de l'Agriculture. En valeur, les exportations, principalement dirigées vers la Chine, l'Indonésie et les Philippines, devraient rapporter sur les cinq premiers mois $ 1,06 milliard, en hausse de 1,2 % selon le rapport mensuel sur ministère vietnamien. 

La Chine devrait procéder à des ventes aux enchères pour un  montant d’environ  2,2 Mt de céréales, dont 2 Mt de maïs et 204 100 tonnes de riz, selon deux sources. Les ventes seront déterminées par la China Grain Reserves Corporation.

SUCRE

Le sucre termine la période hebdomadaire sous revue quasiment là où il l'avait démarré, vendredi dernier, le rebond aujourd'hui éliminant la baisse en début de semaine. Le roux a touché aujourd'hui, sur le marché à terme de New York, son plus haut en 22 mois, à 17,30 cents la livre (lb), stimulé par l'annonce de pluies dans le Centre-Sud du Brésil, ce qui va perturber la récolte en cours et diminuer la teneur en sucre de la canne. En outre, la plus grande fermeté des prix du pétrole peut accroître la demande en canne pour faire de l'éthanol et non du sucre.

Rappelons que depuis la fin 2015, le prix du sucre roux a gagné 11% environ face à la perspective d'un déficit, le premier en 6 ans, de l'offre face à la demande.

Ceci dit, le sucre blanc rencontre actuellement une demande plutôt léthargique en raison de son prix élevé, à plus de $ 481 la tonne aujourd'hui.

Côté Inde, une mousson plus importante que la moyenne devrait améliorer les perspectives de récolte après la sécheresse prolongée dans des zones de production comme le Maharashtra. Sur le marché national, le prix du sucre est en forte hausse et on s'attend à ce que les autorités réduisent de 40% les droits d'importation sur le sucre, du moins jusqu'à la récolte. En effet, à cause de la météo, l'Inde est passé d'exportateur de sucre à importateur net. Les estimations de ses importations en 2016/17 varient dans une fourchette très large allant de 2 à 6 Mt.

En Afrique du Sud, le n°2 du sucre, Tongaat Hulett, a annoncé mardi une chute de 17,9% de ses bénéfices annuels à fin mars,  suite à l'impact d'El Niño qui s'est traduit par une des plus importantes sécheresses de l'histoire du pays. La production annuelle de l'ensemble du groupe Tongaat Hulett a baissé de 291 000 t, à 1,023 Mt, le recul le plus fort ayant été enregistré en Afrique du Sud de l'ordre de – 40%. Ses bénéfices seraient en baisse de 37%.

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