Le Nigeria s’embarque dans un plan décennal cacao

 Le Nigeria s’embarque dans un plan décennal cacao

Le Nigeria s’embarque dans un plan décennal cacao

Le cacao  est l’un des produits de diversification de l’économie nigériane. Un plan décennal est en cours d’élaboration avec pour objectif le développement de l’important marché national, via les écoles. Des investisseurs s’impliquent déjà.

«Pour la première fois, le Nigeria a élaboré un plan décennal cacao. Il a déjà reçu l’aval de l’Organisation internationale du cacao (ICCO) car il s’inscrit dans le cadre du Global Cocoa Agenda et devrait être lancé officiellement cette année par le chef de l’Etat Muhammadu Buhari», a annoncé le président de la Cocoa Association of Nigeria, Sayina Riman, lors de la Conférence mondiale sur le cacao qui s’est tenue à Berlin fin avril. «Parallèlement, nous menons un programme destiné à promouvoir la consommation.»

Ce programme sur 10 ans, approuvé tant par le secteur public que privé, prévoit un calendrier des activités à mener chaque année, mais également une évaluation annuelle des opérations effectuées ou non ainsi que les objectifs. «Son budget est important et sera financé par la communauté internationale, le gouvernement, le secteur privé et tous ceux qui souhaiteront y contribuer», explique à CommodAfrica le responsable, sans toutefois vouloir préciser le montant puisque le plan n’est pas encore finalisé. Ceci dit, souligne-t-il, étant donné que c’est le secteur cacao qui a, entre autres, financé le développement du secteur pétrolier dans les années 70, ce dernier devrait être mis à contribution pour la relance du cacao, éventuellement à hauteur de 0,5% du prix du baril.

@La Mandarine, Bertrand Boissimon

250 gr de cacao par jour

La récente crise qu’a traversé le marché du cacao, avec une chute vertigineuse des cours mondiaux durant 18 mois, ne semble pas ébranler le Nigeria. «Notre objectif n’est pas de produire pour le marché international», explique Sayina Riman, qui procède à un rapide calcul : «Notre population est d’environ 200 millions d’habitants et si seulement 20% de cette population consomme ne serait-ce que 250 gr de cacao par mois, pas par jour, ni par semaine, mais par mois, nous aurons besoin de plus de 50% de notre production actuelle pour couvrir notre marché national.»

Une production dont le volume est difficile à déterminer. Selon Sayina Riman, elle serait de 290 000 tonnes (t) cette campagne 2017/18, avec une récolte intermédiaire attendue en hausse de 15% par rapport à l’année dernière, lorsque la sécheresse avait fortement impacté les vergers. Toutefois, l’ICCO estime la récolte plutôt à 225 000 t. Un cacao qui connaitrait aussi des problèmes de qualité : on compterait jusqu’à 140 fèves aux 100 gr durant la dernière campagne principale, rapporte Reuters, alors qu’un cacao de qualité en compte normalement 100 aux 100 gr. Par comparaison, le Conseil du café-cacao (CCC) en Côte d’Ivoire prévoit une tolérance allant jusqu’à 105 fèves aux 100 gr.

Un verre de chocolat pour les enfants

Pour développer la consommation locale, à l’instar du Ghana, du Cameroun ou encore de la Côte d’Ivoire, les autorités nigérianes visent les écoles afin de développer très tôt, chez les tous petits, le goût du cacao et du chocolat. «Notre approche n’est pas de cibler la population de 15 ans et plus. Nous voulons toucher les petits et que le cacao constitue une boisson quotidienne dans les pensions et les écoles, privées et  publiques.» Le cacao devrait être inscrit dans le Programme alimentaire du Nigeria, précise-t-il.

D’ailleurs, avec le retour de la croissance économique mi-2017 et surtout cette année, la demande en chocolat et confiseries a repris son envol au Nigeria. C’est Mars qui en aurait le plus tiré partie avec une part de marché de 39% l’année dernière, selon Euromonitor, profitant de la popularité de ses marques Mars, Snickers, Bounty, Twix, etc. L’analyste estime à 5% la croissance annuelle du marché national, stimulée par une hausse du nombre d’expatriés, l’accroissement de la classe moyenne et le développement de centres commerciaux modernes.

Quant aux investisseurs, «Nous allons créer un marché du cacao durable et attractif pour des ‘Dangote’ qui voudront y investir immédiatement.» Olam aurait déjà manifesté un intérêt pour ce programme cacao, selon Sayina Riman. A noter qu’outre le commerce de fèves, le géant asiatique a déjà une unité de transformation à Akure, qui emploie quelque 500 salariés. Pour sa part, Nestlé s’approvisionnerait localement à hauteur de 80% de ses besoins en poudre de cacao, rapportait notre confrère de Business Day fin mai.

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