La Chronique Matières du Jeudi (3 septembre 2015)

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De nombreuses matières premières ont été affectées cette semaine par la confirmation du ralentissement de l’économie chinoise à travers la contraction de son industrie manufacturière.

CACAO

Le cacao clôture ce soir, jeudi, peu changé par rapport à hier sur les marchés à terme de Londres et New York, le premier à  2 115 la tonne et le second à $ 3 114 la tonne. La fève a baissé, suivant en cela le mouvement de bon nombre de matières premières réagissant à la fermeté du dollar.

Une semaine marqué, une fois de plus, par le Ghana qui a annoncé avoir remboursé, fin août, l'intégralité du $ 1,7 milliard en prêt syndiqué qu'il avait obtenu l'année dernière en pré-financement de la campagne 2014/15 (cf. CommodAfrica). Une annonce qui voulait rassurer les banquiers et opérateurs alors que le Ghana doit signer le 17 septembre prochain à Paris son prêt syndiqué pour la campagne à venir 2015/16, qui démarrera sans doute fin septembre. Ce prêt pour 2015/16 sera en hausse, à $ 1,8 milliard en prévision d'une récolte à venir estimée à 900 000 tonnes (t). Il permettra aussi de soutenir le cedi, la monnaie locale, qui a perdu 20% de sa valeur depuis le début de l'année alors que le FMI vient de décaisser, en début de semaine, la seconde tranche de son soutien financier.

Selon les producteurs et industriels, la Côte d'Ivoire pourrait enregistrer une forte baisse de sa production en 2015/16 étant donné le temps sec qui impacte le développement des cabosses (cf. CommodAfrica ). Réalité ou spéculation? Cela reste à voir. Mais il est vrai que les pluies ont été très faibles, avec 639 mm recensées sur les 7 premiers mois de l'année contre 1,227 mm sur la même période en 2014. Selon un compteur de cabosses interrogés par Reuters,  70% des petites cabosses et des fleurs recensées en juin n'ont pas survécu en juillet et août. Les pluies en septembre seront donc essentielles.

Quant à 2014/15, au 30 août, les exportateurs estiment les arrivages à 1 710 000 t depuis le démarrage de la campagne, le 1er octobre, contre 1 696 000 t sur la même période la campagne dernière.

CAFÉ

Les cours de l'Arabica sur le marché à terme de New York évoluent toujours en dents de scie : ils se sont repris aujourd'hui après avoir touché hier un plus bas en un an et demi. Mercredi, le Robusta a chuté à Londres à $ 1 579, son plus bas sur l'échéance novembre jusque là enregistré.

Au Brésil, la coopérative Cocatrel dans le sud de l'Etat de Minas, la plus importante ceinture caféière au monde et 25% de la production brésilienne, a annoncé que 80% de la production était récoltée avec des grains de belle qualité bien que plus petits qu'habituellement.

A noter que l'Amérique centrale affiche des résultats variables après la sévère attaque de maladie de la rouille ces dernières années. Les exportations du Honduras ont grimpé de 5,5% en août par rapport à août 2014, à 149 368 sacs de 60 kg et, surtout, ont fait un bond de 21% sur les 11 premiers mois de la campagne 2014/15 en cours, à 4,98 millions de sacs de 60 kg (Ms). Le Costa Rica, quant à lui, affiche une progression de 11,4% sur août, à 69 263 sacs, mais sur les 11 premiers mois de la campagne 2014/15, les exportations sont en baisse de 7,7% à 1,12 million de sacs (Ms).

Au Kenya, les prix du café aux ventes aux enchères mercredi se sont résolument inscrits en hausse. Le grade AA a trouvé preneur dans une fourchette allant de $ 175 à 260 le sac de 50 kg contre $ 149 à 246 la semaine précédente. Le grade AB, quant à lui, s'est échangé dans une fourchette plus étroite, entre $ 122 et 239 contre $ 81 et 239 la semaine dernière. 

En Asie, les ventes de café cette semaine ont été modestes, le Vietnam se portant peu à la vente étant donné la faiblesse des prix, et la demande intérieure en Indonésie étant soutenue, limitant ses exportations. Ceci dit, en août, les exportations indonésiennes ont fait un bond de 70% par rapport à août 2014, à 45 700 t, selon les statistiques gouvernementales. En cumulé, depuis le mois d'avril, démarrage de la campagne indonésienne, les exportations ont totalisé 131 000 t, en progression de 51% par rapport à la même période l'année dernière.

Côté entreprises, le producteur de café de spécialité Keurig Green Moutain et illycafé ont annoncé en début de semaine avoir conclu un accord pluriannuel afin d'associer le nom d'illy aux capsules de Keurig commercialisées sur les marchés américain et canadien.

CAOUTCHOUC

Depuis le début de la semaine les cours du caoutchouc sur le Tokyo Commodity Exchange (TOCOM) sont orientés à la baisse. En cause la chute des marchés boursiers  au Japon et en Asie, le fléchissement du baril de pétrole et l’inquiétude toujours persistante sur le ralentissement de l’économie chinoise.  Selon le dernier indice PMI, l’activité manufacturière en Chine s’est fortement contracté en août, l’indice reculant à 47,3, soit plus bas niveau depuis 2009 et marquant un sixième mois consécutif de baisse. Le contrat pour une livraison février a perdu 3% de sa valeur mercredi pour clôturer à 169,1 yens le kilo ($1,41). L’indice de référence du TOCOM a perdu plus de 30% de sa valeur depuis le plus haut de 16 mois atteint début juin. "Le marché est clairement survendu et pourrait rebondir à environ 190 yens à court terme. Mais cela ne peut arriver que si les investisseurs voient des signes que le marché a atteint son niveau plancher", a déclaré Hiroyuki Kikukawa, directeur général de  Nihon Unicom Inc.

À Shanghai, le contrat pour une livraison en janvier a perdu 200 yuans pour clôturer à 11 220 yuans la tonne ($1 763,24). Les marchés chinois sont fermés jeudi et vendredi.

COTON

Les cours du coton, orientés à la baisse, confirment la tendance enregistrée la semaine dernière où ils avaient fortement chuté, effaçant le rebond constaté suite au rapport du département américain de l’Agriculture (USDA) en date du 12 août faisant état d’une offre moindre qu’anticipée. Les perspectives de l’économie chinoise font pression sur les cours tandis que la demande reste faible en dépit de la baisse des prix. Mercredi le contrat de décembre clôturait à 62,49 cents la livre.

La production de coton de qualité supérieure (extra-long staple-ELS) en Chine  pourrait être trois fois supérieure à celle de l’année dernière année en 2015/16, estiment les négociants. Une situation qui pourrait d’avantage faire  pression sur les prix et sur la demande des exportateurs mondiaux comme les Etats-Unis.

La politique de stockage menée par la Chine jusqu’à l’année dernière avait conduit à une baisse de la production domestique de coton ELS, le gouvernement offrant des prix généreux pour le coton de base tandis qu’aucune incitation n’était donnée aux producteurs de coton de qualité supérieure.

Toutefois aujourd’hui, avec la nouvelle politique chinoise basée sur des subventions liées aux prix du marché, les agriculteurs ont commencé à planter beaucoup plus d’ ELS, la subvention pour le ELS étant 1,3 supérieure à celle du coton de base. Selon le site  Cncotton.com, les superficies en coton ELS s’élèveraient à 1,9 millions de mu, soit 127 000 hectares, contre moins de 1 million de mu l’an dernier. La production pourrait s’élever à 180 000 tonnes, soit le triple de l’année dernière (60 000 tonnes), selon les négociants.

Ces dernières années, la prime sur le coton ELS a régulièrement augmenté avec la sécheresse et les cultures concurrentes en Californie qui ont réduit la production du premier exportateur mondial. Le Pima américain  est actuellement coté à environ $1,60  la livre, soit plus du double du prix du coton de base. La production américaine est estimée à 94 118 tonnes, soit 24% de moins que l'an dernier, selon l’USDA.

Toujours en Chine, les ventes aux enchères des stocks de la réserve sont décevantes. Démarrées en juillet, seulement 63 412 tonnes ont été vendues aux enchères, soit 3,42% de la quantité totale offerte (1,85 Mt).

HUILE DE PALME

Les cours de l'huile de palme ont continué de glisser pour la deuxième séance consécutive jeudi après avoir affichés de fortes hausses lors des trois sessions précédentes. Tout comme de nombreuses autres matières premières, le ralentissement de l’économie chinoise pèse sur l’huile de palme ainsi que les cours du pétrole face à une offre abondante. Les exportations de Malaisie ont baissé de 1,2% en août par rapport au mois de juillet, selon Intertek Testing Services.

 "L'écart entre l'huile de palme et l'huile de soja est encore grande, donc il y a encore de la place pour l’huile de palme monte. Personnellement, je ne vois pas la tendance baissière de palme continue encore longtemps", a déclaré un trader basé à Kuala Lumpur, ajoutant que les prix pourraient être  impacter par la volatilité du ringgit. "Il y a une incertitude quant à la direction ringgit en raison de facteurs politiques et économiques, ce qui influencera les prix  de l’huile de palme dans les prochains mois."

Sur le plan technique, l’analyste de marché de Reuters Wang Tao a déclaré que  l'huile de palme va maintenir son objectif de 1 963 ringgits la tonne.

SUCRE

Le sucre roux a franchi aujourd'hui, sur le marché à terme de New York, la barre des 11 cents la livre, réagissant aux fortes pluies au Brésil, liées au phénomène météorologique El Niño et qui pourraient perturber la récolte de la canne, tandis qu'en Inde, deuxième producteur mondial derrière le Brésil, la mousson est plutôt faible, souligne Thomas Kujawa de Sucden Financial Sugar. Un prix du sucre roux qui, par ailleurs, reste très lié aux fluctuations de la monnaie brésilienne, le real.

De son côté, le sucre blanc sur l'échéance octobre s'est établi à $ 340,60 la tonne.

L'Inde pourrait enregistrer en 2015/16 une production record de sucre, a annoncé la maison de négoce spécialisée Czarnikow. Elle pourrait atteindre 28,9 Mt contre 28,6 Mt en 2014/15. "Ceci est une production remarquable étant donné que l'Inde a été en situation d'excédent ces cinq dernières campagnes et que les prix locaux sont 22% plus bas qu'il y a un an", a indiqué le spécialiste.

 

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