La Chronique Matières du Jeudi (3 décembre 2015)

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Le dollar est en hausse, la perspective d'un relèvement des taux de la Réserve fédérale devenant de plus en plus probable. Un dollar plus haut qui, traditionnellement, pèse sur les prix des matières premières puisque la plupart est échangée en utilisant le billet vert.

CACAO

Après avoir atteint fin novembre un plus haut en 4 ans et demi, le cours du cacao à Londres a enregistré une tendance plutôt mixte hier soir. Un marché impacté par la baisse du sterling face au dollar mais aussi par l'annonce par l'Organisation internationale du cacao (ICCO) que la campagne 2014/15 aurait dégagé un léger excédent de 36 000 tonnes (t). Jusqu'alors, l'Organisation avait estimé que la campagne serait déficitaire de 15 000 t.

Ceci dit, la semaine dernière, et pour la cinquième semaine consécutive, les spéculateurs ont encore augmenté leurs positions longues, les portant à leur niveau le plus élevé depuis un an. En d'autres termes, ils misent sur une hausse du prix du cacao. Une tendance qui pourrait se confirmer au regard du ralentissement des arrivages chez le n°1 mondial, la Côte d'Ivoire. Entre le 23 et le 29 novembre, les arrivages aux ports d'Abidjan et de San Pedro ont totalisé 43 000 t, selon les estimations des exportateurs, contre 66 000 t la même semaine l'année dernière.

Notons que Tesco vient de rejoindre la Fondation mondiale du cacao et son agenda de lutte contre le travail des enfants et de durabilité de la production.

CAFÉ

Bravant la fermeté du dollar, le prix de l'Arabica a terminé la période sous revue, hier soir, en hausse sur le marché à terme de New York, à $ 1,2045 la livre, tandis que le Robusta rebondissait à Londres après avoir chuté en début de semaine sur un manque d'intérêt des torréfacteurs à l'achat. En outre, le Vietnam, en pleine récolte, vend au compte-goutte, les planteurs espérant que les prix augmentent. Ce qui se passe… Cette semaine, premier exportateur mondial de Robusta a vendu son café à prime de $ 30 à $ 50 la tonne par rapport au contrat mars à Londres contre $ 20-40 la semaine dernière.

Hier, le négociant suisse Volcafé a réduit d'un tiers sa précédente estimation de déficit mondial caféier sur 2015/16 : en août, le trader estimait ce déficit à 3,5 millions de sacs de 60 kg (Ms). Maintenant, il le voit à 2,3 Ms. Plusieurs raisons à ceci. D'une part, en monnaie brésilienne, en real, les prix du café ont été très bons, incitant à la vente, ce qui a réduit les stocks et maintenu à un niveau élevé les volumes mis sur le marché. Evidemment, avec la baisse de ces stocks, le rythme de vente va se réduire  au fil de la campagne. Volcafé estime, par conséquent, que les exportations brésiliennes cette campagne seraient dans la moyenne de celles des 8 dernières années. Le négociant  estime maintenant que le déficit caféier brésilien sera de 5 Ms alors qu'en août il avait avancé le chiffre de 2,8 Ms ; sur 2014/15, le déficit est considéré maintenant avoir atteint 7 Ms contre une estimation initiale de 5,6 Ms. La production brésilienne est estimée à 48,3 Ms, inchangée par rapport au chiffre avancé en août. Difficile, toutefois, de se prononcer sur 2016/17 car en septembre il a plu 89% de plus que la moyenne mais en octobre 42% en moins.

Quant au Vietnam, Volcafé a légèrement révisé à la baisse ses prévisions de production à 29,7 Ms contre 30 Ms avancé en août. En Afrique, ses prévisions pour l'Ethiopie n'évoluent pas, à 4,9 Ms.

CAOUTCHOUC

En ce début de semaine, les cours du caoutchouc sont haussiers. Mercredi, il ont gagné 4,2 yens par kilo clôturant à 168,3 yens ($1,37) le kilo, soit 9% au dessus du plus bas niveau  atteint depuis 6 ans  le 6 novembre (153 yens le kilo). Les cours sont soutenus par les gains enregistrés sur le marché à terme du caoutchouc de Shanghai et par le marché chinois des actions.

«Traditionnellement, le marché du caoutchouc enregistre sa meilleure performance en décembre se rapprochant de la basse saison  pour la production (hivernage) qui commence au  début de l'année », a indiqué Hiroyuki Kikukawa,  directeur général de Nihon Unicom Inc.  « En outre, les investisseurs ont tendance à devenir plus actifs avant la fin de l'année pour réaliser des bénéfices supplémentaires » a-t-il ajouté en  estimant que le marché pourrait se diriger vers 180 yens ce mois-ci.

La Chine devrait signer des accords avec la Thaïlande pour construire un chemin de fer et acheter du riz et du caoutchouc, selon une déclaration du ministre du Commerce,  Apiradi Tantraporn. Dans ce cadre, la Chine achèterait 200 000 tonnes de caoutchouc à la Thaïlande.

COTON

Alors que les cours du coton avaient terminé la semaine dernière  en hausse dopés par les bons résultats des ventes américaines  à l’exportation (+38%) et des précipitations excessives au Texas, ils ont plongé lundi de 1,29 cents clôturant à 62,64 cents la livre pour le contrat de mars sous la pression d’un dollar fort à un plus haut de 8 mois.

Dans son dernière analyse mensuelle du marché du coton, le Comité consultatif international du coton (CCIC) a revu à la baisse la consommation mondiale de coton à 24,4 millions de tonnes (Mt). Elle ne progressera donc que de 1% par rapport 2014/15.Une révision motivée par la baisse des prévisions de la croissance mondiale par le FMI et la moindre utilisation industrielle du coton en Chine (7,3 Mt) en dépit de la  contraction de l’écart entre les prix du polyester et ceux du coton et de la baisse des prix intérieurs. Toutefois, la relève est assurée partiellement, et de façon différenciée, suivant les pays en Asie. Ainsi, l’utilisation industrielle du coton devrait progresser de 3% en Inde (5,5 Mt), de 5% en Turquie (1,4 Mt), de 10% au Bangladesh (1 Mt) et de 20% au Vietnam (1,1 Mt) tandis qu’elle baissera de 10% au Pakistan (2,2 Mt). Avec le ralentissement de la consommation, les importations reculeront de 3% à 7,4 Mt en 2015/16 et celles de la Chine de 33% à 1,2 Mt. La production mondiale reculera de 12% à 23,1 Mt, les cinq principaux producteurs enregistrent des baisses de production (-4% pour l’Inde, -19% pour la Chine, -13% pour les Etats-Unis, – 6% au Brésil). Enfin les stocks mondiaux reculeront de 6% à 20,7 Mt,  un peu moins de 12 Mt Mt en Chine.

Cotlook a également revu à la baisse son estimation des stocks mondiaux, qui diminueraient plus vite qu’anticipés en raison de la chute plus forte de la production chinoise. Les stocks mondiaux diminueraient de 971 000 tonnes contre une projection de 768 000 tonnes prévues en octobre. Quant à la production chinoise, elle a été diminuée de 370 000 tonnes à 5,010 Mt. Cotlook a également abaissé ses prévisions de la production mondiale de 555 000 tonnes à 22,420 Mt et de la consommation mondiale de 352 000 tonnes à 23,391 Mt.

Le Mali n’est pas parvenu à atteindre son objectif de produire 650 00 tonnes de coton en 2015/16 en raison d’une insuffisance des pluies.  La CMDT a indiqué que la production s’élèverait à 550 370 tonnes en 2015/16, soit sensiblement le même niveau de la campagne précédente.

La production de l’Ouzbékistan  en 2015/16 sera sensiblement la même que celle de 2014/14 à 4,22 millions de balles selon le département américain de l’Agriculture.

HUILE DE PALME

Les cours de l’huile de palme ont affiché trois séances consécutives de baisse pour clôturer mercredi à 2 332 ringgits ($551) la tonne pour le contrat de février à la Bursa Malaysia Derivatives Exchange. Des stocks élevés,  estimés proches d’un plus haut de 15 ans à 2,83 millions de tonnes (Mt) à la fin octobre, et une demande en berne, les exportations sont en recul de 10% sur les 10 premiers jours de novembre.  Des stocks qui continueront à peser sur les prix tandis que la demande est faible.

Le marché est dans l’attente de la mousson qui devrait réduire la production et diminuer l’offre. Pour l’instant la production en Malaisie est toujours sur une pente ascendante.

RIZ

Les prix à l'exportation de riz vietnamien sont restés inchangés cette semaine alors qu'ils ont légèrement diminué en  Thaïlande face à une demande terne, les acheteurs sont rares. Le Thaï 5 % est tombé à $ 353- $ 365 la semaine dernière  la tonne contre  $ 360- $ 365 au cours du mois passé.

La physionomie du marché du riz pourrait toutefois être bien différente en 2016. Les prix du riz pourraient progresser avec  le phénomène d’El Nino, qui réduirait potentiellement la production et inciterait les importateurs à accumuler des réserves.  Les principaux importateurs de riz, comme les Philippines, l’Indonésie et les pays du Moyen-Orient sont de plus en plus préoccupés par l’impact que pourrait avoir la sécheresse prolongée observe Chookiat Ophaswongse,  président honoraire de l’Association thaïlandaise des exportateurs de riz.  « Nous prévoyons que les prix du riz augmentent de 10-15% au premier trimestre et à nouveau de  10-15% au deuxième trimestre, si la sécheresse continue » indique-t-il. Il ajoute qu’en dépit de la baisse de la production, estimée à 2% par le ministère de l’Agriculture, les exportations pourraient atteindre entre 9 et 10 Mt en 2016.

De son côté, BMI Research  estime aussi, dans un rapport de publié mardi, que les prix du riz en Asie pourraient augmenter en 2016 en raison de la faiblesse des stocks. La production mondiale de riz en 2015/16 diminuerait, pour la première fois en six campagnes,  de 0,6% à 476 millions de tonnes tandis que la consommation continuerait de croître avec des importations élevées en Chine, aux Philippines et en Indonésie. Une production plus faible pourrait conduire à un déficit de 11 Mt en 2015/16 contre un excédent moyen de 6 Mt sur dix ans, estime BMI Research.

Les exportations de Thaïlande se sont élevées à 7,83 Mt sur les 10 premiers mois de l’année 2015 pour une valeur de 124 milliards de bath ($3,46 milliards). En volume, elles baissent de 10,9%  et de 11,2% en valeur par rapport à la même période en 2014. 

SUCRE

Le sucre roux a caracolé hier sur le marché à terme de New York a des niveaux de prix qu'il n'avait plus enregistrés depuis 10 mois, même s'il a enregistré une légère baisse, clôturant à 15,34 la livre. Le marché est confronté à une résistance purement technique du marché qui hésite à franchir la barre des 16 cents, tout en ayant l'œil sur l'Inde qui pourrait accroître ses exportations ce qui est un élément baissier. Les spéculateurs ont augmenté leurs positions longues sur le sucre roux, misant donc sur la poursuite de la hausse des cours.

Pour sa part, le sucre blanc a terminé en baisse à $ 412,30 la tonne.

Côté pays producteurs, d'ici 2025, l'UE enregistrerait une hausse de 5% de sa production moyenne les années précédant la fin des quotas sucriers en 2015, et plus de 15% de plus que son niveau de production de 2015, a indiqué la Commission européenne hier. Rappelons que la réforme sucrière européenne porte, très schématiquement, sur la libéralisation de la production après 2017 et l'abolition du prix minimum du prix de la betterave sucrière. A terme, l'UE serait exportateur net de sucre blanc.

 

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