La Chronique Matières du Jeudi (10 décembre 2015)

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Un dollar plus fort a mis les prix des matières premières sous pression.

CACAO

Après avoir atteint lundi ses prix les plus élevés depuis 2011 à cause des conditions météorologiques en Afrique de l'Ouest et du ralentissement des arrivages chez les deux premiers acteurs sur la scène cacaoyère mondiale, les cours ont chuté car la demande en fèves pour livraison immédiate ne serait pas non plus au rendez-vous. A Londres, la tonne a terminé en baisse de £ 14, à £ 2 279 la tonne tandis qu'à New York, elle a côté en fin de journée $ 3 347.

Pourtant, jeudi, le Ghana a annoncé qu'il pourrait ne pas atteindre son objectif de production de 850 000 à 900 000 tonnes sur la nouvelle campagne 2015/16 qui a démarré début octobre si l'harmattan, qui souffle actuellement, persiste, rapporte Reuters  de source gouvernementale. Du 2 octobre au 3 décembre, les achats de cacao par le Cocobod ont atteint 345 000 t. Habituellement, à fin décembre, le n°2 mondial a déjà récolté 70% de sa récolte, d'où l'inquiétude. Ceci dit, un responsable du Cocobod a laissé entendre que le pic de la campagne pourrait être retardé et se situer en janvier et non en décembre comme d'habitude.

Un harmattan qui inquiète aussi la Côte d'Ivoire car les vents se lèvent cette année plus tôt que d'habitude et sont particulièrement forts. Notons qu'au 6 décembre et depuis le début de la campagne, le 1er octobre, les exportateurs estiment que les arrivages ont atteint 534 000 t, en très légère baisse par rapport à la même période la campagne dernière (536 000 t). Du 30 novembre au 6 décembre, les arrivages ont totalisé 50 000 t contre 62 000 t sur la même semaine l'année dernière.

Au Nigeria, la situation est très délicate. Non seulement les cours du pétrole sont faibles mais dans la filière cacaoyère, le faible nombre de broyeurs existant risquent de fermer. En effet, le prix élevé des fèves conjugué à la forte dépréciation de la monnaie, le naira, n'ont pas incité les broyeurs à exporter du beurre. Ainsi, Plantation Industries dans l'Etat d'Ondo, une des plus importantes régions cacaoyères, a réduit de moitié l'activité de son unité de transformation de 25 000 t. Son directeur général, Taiwo Ayoade, a annoncé qu'il devra peut-être fermer un temps l'unité.

CAFÉ

Le café a terminé la période sous revue en baisse, l'Arabica à New York clôturant à $ 1,2635 la livre, tandis que le Robusta, à Londres, était à $ 1 522 la tonne. Un Robusta qui est toujours sous pression en raison des faibles ventes de café au Vietnam ; en effet, les prix étant à leur plus bas en deux ans, les producteurs vietnamiens font de la rétention et vendent au compte goutte, espérant que les prix se redressent.

Le Vietnam aurait récolté environ la moitié de sa production 2015/16, une récolte qui est attendue en hausse de 1,4% sur 2014/15 à 28,3 Ms, selon Fitch Rating. Le négoce local, quant à lui, l'évalue entre 26,7 et 29 Ms. Or, comme les exportations sont relativement faibles, cela devrait gonfler les stocks et peser encore sur les prix, jugés déjà trop bas par les planteurs et opérateurs pour vendre. La prime du café vietnamien par rapport à la clôture de Londres s'est établie à $ 20-25 la tonne, contre +$30-50 la semaine dernière.

Chez le n°1 de l'Arabica, le Brésil, les exportations en 2015 pourraient surpasser le record de 2014, qui était de 36,3 Ms. En effet, d'ores et déjà, 36 Ms d'exports étaient déjà sécurisés. Ce volume élevé d'export obligerait le pays à puiser dans ses stocks. Ceci dit, sur le segment des seuls Robusta, le principal Etat producteur au Brésil, Espirito Santo, connaît une sévère sécheresse ce qui pourrait inciter les acheteurs nord-américains à se tourner vers le Vietnam en 2015/16, conduisant ses prix à la hausse. Une éventualité que les torréfacteurs européens, acheteurs traditionnels du Robusta vietnamien, voient d'un mauvais œil. Selon Carlos Mera de Rabobank, la production de conilons brésiliens ne dépasserait pas 16 Ms, voire 15 Ms, contre 16,4 Ms en 2015/16.

Au Kenya, le prix le plus élevé pour le grade AA a atteint $ 479 le sac de 50 kg contre $ 379 la semaine dernière. Le AB a touché $ 399 contre $ 299.

COTON

Peu avant la publication du rapport sur l’offre et la demande (WASDE) du département américain de l’agriculture (USDA), le contrat de mars s’est échangé mercredi à un plus haut  de trois mois et  demi  à  65,23 cents la livre. Les cours se sont toutefois repliés jeudi, effaçant les gains de la précédente séance, le rapport hebdomadaire des ventes américaines montrant un fort recul des exportations. Le  contrat de mars a clôturé à 63,77 cents la livre.

Le rapport WASDE est résolument haussier avec une révision à la baisse au niveau mondial de la production, de la consommation et des stocks de clôture par rapport aux estimations du mois dernier. La production est notamment réduite au Pakistan, en Chine, aux Etats-Unis, en Turquie, en Grèce et au Turkménistan, une baisse partiellement composée par une hausse de la production d’Australie. La consommation diminue très légèrement, soulignant les réductions en Chine, Inde et Pakistan qui sont compensées par des hausses au Bangladesh et au Vietnam. Le commerce mondial croît d’un million de balles, avec des importations plus importantes au Pakistan, au Vietnam et au Bangladesh tandis qu’elles diminueront en Chine. A noter, que le Bangladesh  (5 ,9 millions de balles) a supplanté la Chine (5,5 Mb) comme premier importateur de coton  tandis que le Vietnam le talonne (5,2 Mb) suivi de la Turquie (3,8 Mb). Les exportations progressent pour l’Australie, le Brésil et l’Inde mais reculent pour les Etats-Unis. Les stocks de clôture sont réduits d’un peu plus de 100 000 balles.

HUILE DE PALME

Les cours de l’huile de palme se sont repliés jeudi pour la troisième séance consécutive, ployant sous les stocks et la baisse des exportations. Les exportations d’huile de palme du 1er au 1à décembre ont chuté de 35,5% et de 33,7%  respectivement pour ITS et SGS par rapport à la même période le mois dernier. Quand aux stocks, ils ont augmenté de 2,6% en novembre à 2,91 millions de tonnes. Et pourtant la production d’huile de palme  en Malaisie a baissé de près de 19% en novembre selon le Malaysian Palm Oil Board (MPOB). Les cours ont clôturé le 10 décembre sur la Bursa Malaysia Derivatives exchange à 2374 ringgits ($558) la tonne.

Huit pays européens et trois fédérations européennes ont signé la « Déclaration d’Amsterdam » et  se sont engagés à s’approvisionner en huile de palme 100% durable d’ici 2020. Les Pays-Bas qui prendront la présidence de l’UE en janvier sont à l’origine de l’initiative (Voir Huile de palme durable, les Européens s’engagent).

En Côte d’Ivoire, Sifac, Palmci et le Fonds de dotation Earth&People du groupe Cérélia une convention de partenariat  pour accompagner les producteurs ivoiriens d’huile de palme vers des pratiques responsables (Voir SIFCA s’engage avec Cérélia pour une huile de palme durable).

RIZ

Nouvelle semaine calme sur les marchés asiatiques avec des acheteurs peu présents en raison des stocks élevés en Thaïlande tandis que les prix au Vietnam sont trop élevés pour les attirer. Une situation qui pourrait perdurer jusqu’au début 2016. L’attribution de nouveaux quotas d’importation ainsi que l’arrivée de la nouvelle récolte au Vietnam pourraient ensuite relancer le marché. Les prix à l’exportation tant au Vietnam qu’en Thaïlande sont stables par rapport à la semaine dernière.

Tendances contrastées des cours mondiaux du riz au mois de novembre observe Patricio Mendez del Villar dans son rapport mensuel du marché mondial du riz. « Les prix thaïlandais ont légèrement faibli tandis que les prix vietnamiens et pakistanais se sont montrés plus fermes ». Aux États-Unis, les prix se sont encore rétractés dans un marché d’exportation moins actif. En dépit de la baisse de la production mondiale, les tensions sur les prix devraient être limitées  dans les prochains mois compte tenu de la compétition très agressive entre les exportateurs, estime Patricio Mendez del Villar.

Le Vietnam a exporté 900 000 tonnes de riz en novembre.  Les exportations de janvier à novembre s’élèvent à 6,26 millions de tonnes, en hausse de 3,9%.

Au Mali, des conditions climatiques favorables ainsi l’accroissement des superficies et l’utilisation de semences sélectionnées devraient conduire à une hausse de 13% de  la production de riz en 2015 à 2,451 millions de tonnes, selon la FAO.

SUCRE

Le prix du sucre roux a chuté jeudi de 4% sur le marché à terme de New York, les ventes des fonds d'investissement ainsi que la faiblesse persistante des cours du pétrole pesant sur les cours. En effet, un brut moins cher rend peu attrayant la fabrication d'éthanol au Brésil, premier producteur mondial de sucre, ce qui laisse davantage de canne disponible pour la fabrication de sucre. A ceci se greffe une demande mondiale peu dynamique actuellement sur les marché mondial : d'ailleurs, le nombre de navires attendant d'être chargé dans les ports brésiliens a chuté de 15% cette semaine. A noter toutefois que, la semaine dernière, des navires ont fait la queue pour charger 2,07 millions de tonnes (Mt), le plus important volume de ces derniers mois. Cette semaine, les volumes à charger étaient de 1,76 Mt.

Ainsi, le sucre roux sur l'échéance mars a chuté à 14,55 cents la livre, tandis que le sucre blanc, coté à Londres, clôturait à $ 398,20 la tonne. 

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