Des bananes cultivées sans terre pour lutter contre la maladie de Panama
La Tropical Race 4 (TR4), une souche de champignon responsable de la fusariose, connue Ă©galement sous le nom de maladie de Panama, menace les plantations de bananes Cavendish, la variĂ©tĂ© la plus vendue au monde, mais aussi de nombreuses autres variĂ©tĂ©s. ObservĂ©e dans les annĂ©es 60 au Myanmar, elle s’est propagĂ©e rĂ©cemment de l’Asie du Sud-Est Ă d’autres rĂ©gions du monde, notamment en Afrique et en Australie, compromettant la durabilitĂ© du fruit le plus consommĂ© au monde. Aucun producteur, que cela soit des petits exploitants ou des grandes plantations, ni aucune rĂ©gion n’est Ă l’abri.
Or aujourd’hui, il n’existe aucun traitement efficace pour lutter contre la maladie qui se diffuse dans les sols et les eaux de ruissellement mais aussi via le matĂ©riel de plantation et de particules de sol infestĂ©es transportĂ©es par des objets comme des vĂŞtements, de l’eau ou des vĂ©hicules. De plus, le champignon peut rester en dormance dans le sol pendant des dĂ©cennies.
Mais, la communautĂ© scientifique s’est emparĂ©e sur sujet. Plusieurs pistes sont explorĂ©es pour lutter contre la maladie. “L’objectif est de trouver une solution permanente au TR4 tant redoutĂ©. Il n’existe actuellement aucun traitement efficace contre le TR4 lorsqu’un bananier est infectĂ©. Le seul moyen de dĂ©fense consiste Ă empĂŞcher sa transmission du sol et des matĂ©riaux contaminĂ©s dans les zones propres ” indiquait Gert Kema de l’universitĂ© de Wageningen lors du 11ème International Congress of Plant Pathology (ICPP), qui s’est dĂ©roulĂ© en aoĂ»t dernier Ă Boston et consacrĂ© largement Ă la TR4.
La première récolte mondiale de bananes cultivées sans sol devrait être récoltée cette semaine dans le cadre d’un partenariat entre l’Université de Wageningen aux Pays-Bas et Chiquita Brands International. La culture de bananes est réalisée dans une serre sur des nutriments et de la laine de roche, à base de roche basaltique et de craie, ce qui isole les plantes de la maladie, précise le Financial Times.
L’Université de Wageningen aux Pays-Bas travaille aussi sur le remplacement de la variété Cavendish par une variété résistance au TR4. Ce qui n’est pas un phénomène nouveau, la Cavendish ayant elle même remplacée elle-même la variété Gros Michel, dévastée par une autre souche du champigno le Fusarium oxysporum. Il y a un an, des chercheurs de la Queensland University of Technology (QUT) en Australie ont cultivé et mis au point des bananes Cavendish modifiées résistantes au TR4 (cf. nos informations). La startup britannique créée en 2016, Tropic Biosciences, utilise des technologies d’édition de génome, notamment CRISPR, pour développer une variété de Cavendish plus résistance à la maladie de Panama mais aussi utilisant moins de fongicides. Elle a levé en juin $10 millions pour commercialiser des nouvelles plantes de banane et de café notamment.
Lors du congrès de l’ICPP, l’urgence de stopper la maladie a été réaffirmée en soulignant que seule une coalition mondiale pour une production durable des bananes en impliquant toutes les parties prenantes de la chaîne logistique pourrait vaincre la maladie.