La Chronique Matières du Jeudi (12 novembre 2015)

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Un signal de la Banque centrale européenne selon lequel la politique monétaire pourrait être encore assouplie, a fait glisser l'euro face au dollar, à $1,0691, et lui a fait toucher son plus bas en 3 mois face à la livre sterling.

CACAO

C'est la flambée ! Les cours du cacao ont touché hier, sur le marché à terme de Londres, les £ 2 242 la tonne, renouant ainsi avec ses niveaux d'il y a 4 ans et demi. A New York, il est à $ 3 313 la tonne, au plus haut depuis le 23 septembre.

Les raisons ? Le temps sec en août et septembre en Côte d'Ivoire, n°1 mondial, qui alimente les craintes de voir la production baisser. Les mouvements spéculatifs s'engouffrent dans cette brèche, faisant grimper les cours. Pure spéculation ? Sans doute car les récentes pluies pourraient avoir des effets bénéfiques sur l'évolution de la campagne.

Côté production, le Nigeria devrait enregistrer une hausse de 5,4% de sa récolte de fèves cette campagne et atteindre les 295 000 tonnes (t) grâce à de bonnes pluies en octobre et novembre, a annoncé le président de la Cocoa Association of Nigeria, Sayina Riman. Ceci est un revirement par rapport aux prévisions antérieures qui avançaient une baisse de production, à 240 000 t, par rapport à la campagne 2014/15 qui aurait été de 280 000 t. L'Organisation internationale du cacao (OIC), pour sa part, est moins optimiste, estimant à 210 000 t la production 2014/15.

En Côte d'Ivoire, les arrivages totalisent 340 000 t entre le 1er octobre, démarrage de la campagne actuelle, et le 8 novembre, estiment les exportateurs. Sur la même période en 2014/15, ce volume était de 281 000 t.

Côté entreprises, le géant suisse Barry Callebaut a racheté le ghanéen Nyonkopa Cocoa Buying Company (cf.  Barry Callebaut rachète la société ghanéenne de négoce de cacaoNyonkopa). 

CAFÉ

Peu de nouvelles animent le marché du café et, par conséquent, les cours ont peu évolué ces derniers jours.  L'Arabica a terminé hier soir à New York, à $ 1,2015 la livre et le Robusta, à Londres, $ 1 632 la tonne.

Sur les marchés asiatiques du Robusta, la récolte au Vietnam tarde à se mettre à plein régime, les producteurs faisant de la résistance en espérant de meilleurs prix. La météo n'est pas non plus de la partie actuellement. Dans la ceinture caféière des Central Highlands, seulement 5 à 7% des superficies ont été récoltées car les prix sur le marché national, de l'ordre de $ 1,59-1,61 le kilo la semaine dernière, demeurent inférieurs au $ 1,70-1,79 attendu par les planteurs. Quant à l'Indonésie, ses cafés voient leurs primes grimper face aux cotations de Londres, des primes de l'ordre de $ 110-120 la tonne cette semaine pour un Sumatra Robusta Grade 4. La prime était de $ 100 la semaine dernière.

En Afrique, le prix le plus élevé aux ventes aux enchères du Kenya a grimpé par rapport aux ventes précédentes. Le Grade AA s'est négocié entre $ 195 et 278 contre $ 164-281 aux ventes précédentes, et l'AB à $ 144-274 contre $ 120-244.

A noter, toujours en Afrique mais au Rwanda, qu'une délégation d'hommes d'affaires turques s'est rendue dans le district de Kayonza et a demandé d'acquérir "au moins un hectare de caféiers". "Nous le transformerons en une unité des production et de transformation moderne avec poru objectif d'éduquer des milliers de fermiers", a déclaré Adem Sanliturk, secrétaire général du Rwanda Active Businessmen Association (Rwaba).

Au plan mondial, l'Organisation internationale du café (ICCO) a relevé ses prévisions de production pour la campagne dernière 2014/15, à 143,3 millions de sacs de 60 kg (Ms) contre les 141,7 Ms avancés précédemment. Ceci est essentiellement le fait d'une plus grosse production en Colombie. A ce niveau, la campagne 2014/15 serait de 2,3% inférieure à celle de 2013/14.

De son côté, le gouvernement brésilien a révisé en hausse de 2% ses prévisions de récolte 2015/16, à 43,76 Ms. Ceci résulte d'une bonne performance attendue tant dans le segment des Arabica (+2%, à 32,92 Ms) que des Robusta (+3% à 10,84 Ms), notamment grâce à des superficies plus importantes.  Ceci dit, la production serait toujours en baisse de 6% par rapport à 2014/15, qui avait atteint 46,7 Ms, la sécheresse qui a touché la ceinture caféière ces deux dernières années impactant la culture.

Le Brésil qui a exporté 2,93 Ms de café vert en octobre contre 2,88 Ms en septembre, selon l'association des exportateurs Cecafe. De ce total, 2,57 Ms étaient de l'Arabica et 358 548 sacs du Robusta. Depuis le début de l'année, les exportations d'Arabica sont en baisse de 6%, à 23,14 Ms, les expéditions de Robusta enregistrant un bond d e48%, à 3,77 Ms. Sur les 12 derniers mois, les exportations atteignent le niveau élevé des 36,22 Ms, proche du record, et ce malgré les sécheresses et la baisse de production, ce qui implique que les stocks se réduisent.

CAOUTCHOUC

Après être tombés à  leur plus bas niveau depuis juillet 2009 la semaine dernière (153 yens le kilo), les cours ont bondi mercredi après l’annonce de fortes ventes d’automobiles en Chine. Le contrat de référence pour une livraison en avril a atteint un sommet de 163 yens le kilo pour clôturer à 159,2 yens ($1,29) le kilo. Les ventes de véhicules automobiles en Chine ont bondi de 11,8 % en octobre par rapport à octobre 2014, à 2,2 millions selon l’Association chinoise des constructeurs automobiles. Une hausse stimulée par la décision de Pékin de réduire de moitié la taxe de vente sur les petites et moyennes cylindrées. Toutefois, les craintes persistantes sur l’offre excédentaire en Asie limitent la hausse des cours qui sont restés inchangés jeudi.

COTON

Les conditions météorologiques, pluies et brouillard, dans la Cotton Belt aux Etats-Unis, ont empêché durant plusieurs jours la récolte du coton, ce qui a provoquer la hausse des cours mercredi à 62,31 cents la livre à la clôture. Toutefois la demande est faible. Le dernier rapport du département américain de l’Agriculture (USDA)  sur l’offre et la demande a  d’ailleurs abaissé ses prévisions sur la  demande mondiale à 111,59 millions de balles en 2015/16, contre 112, 270 le mois dernier. Elle est abaissée en Chine et au Pakistan. Il a également légèrement revu à la baisse la production américaine tout en maintenant ses perspectives pour les exportations et les stocks de clôture. Au niveau mondial les estimations de production ont été réduites en Inde, au Pakistan, en Grèce, au Mali, en Chine et au Mexique. Les stocks mondiaux sont aussi réduits.

La Chine a importé 42 100 tonnes de coton en octobre, soit son plus bas niveau depuis une décennie et en recul de 48,6% par rapport à octobre 2014. Sur les 10 premiers mois de l’année, les importations se sont élevées à 1,2 Mt, en baisse de 64,3% par rapport à 2014.

La Better Cotton Initiative (BCI) fait de plus en plus d’adeptes. 1,2 million d'agriculteurs dans 21 pays ont participé au programme de la BCI en 2014, en hausse de 79 % par rapport à 2013, tandis que la production de Better Cotton a progressé de  118 % à 2 millions de tonnes. Elle représente 7,6% de la production mondiale de coton en 2014. La croissance se poursuit en 2015 et Patrick Lainé, directeur général de la BCI, estime que la  part de BCI dans la production mondiale sera supérieure à 11%.

HUILE DE PALME

Le marché de l’huile de palme est plutôt orienté sur une tendance baissière. Le Malaysien Palm Oil Board a annoncé une hausse  inattendue de la production en octobre tandis que les exportations  devraient ralentir en novembre et décembre. Sur les 10 premiers jours de novembre, elles se sont contractées de 5,3% selon Interlek Testing Services. En outre, le renforcement du ringgit a soutenu la baisse, le contrat de janvier perdant 2,2% mercredi à 2 330 ringgits ($634,40) la tonne sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange.

Selon l’analyste Dora Mistry, en  raison du phénomène d’El Nino et des épaisses fumées en Indonésie causées par la culture sur brulis, la production mondiale d’huile de palme ne devrait croître que de 1,5 Mt en 2016 contre 2,5 Mt prévu antérieurement.  Dora Mistry estime que les prix de l’huile de palme se situeront entre 2 100 et 2 400 ringgits la tonne.

L’Inde,  qui ambitionne de réduire ses importations d’huile végétale, va permettre aux entreprises étrangères d’investir directement dans les plantations d’huile de palme, selon une déclaration mardi du Premier ministre Narendra Modi.

Le bénéfice avant impôt  de la  branche « huiles tropicales »  du groupe singapourien Wilmar a fortement reculé au troisième trimestre, -46%, pour s’établir à $105,1 millions en raison principalement de la baisse des cours de l’huile de palme. Globalement, le bénéfice net du groupe a chuté de 34% au troisième trimestre à$276 millions. 

RIZ

Stabilité des prix cette semaine tant en Thaïlande qu’au Vietnam.

La Thaïlande a signé un  accord avec l’Indonésie pour vendre 500 000 tonnes de riz pour $224 millions pour une livraison entre novembre et mars, selon une déclaration vendredi du ministre du Commerce. En outre, les négociations avec l’Iran démarreront probablement au début 2016 selon le vice Premier ministre Somkid Jatusripitak. Cette semaine, le pays a placé des petites quantités avec des prix se situant entre $360 et $365 pour du Thaï5%. « Les prix ont déjà fortement chuté, donc je ne pense pas que qu’ils vont encore  descendre »," estimait un négociant thaïlandais. Le prix actuel se situe  en dessous de la moyenne de $390  la tonne de janvier à octobre 2015 selon la FAO.

Au Vietnam, les prix sont stables ces deux dernières semaines avec le Viet 5% s’échangeant entre $375-380 la tonne se maintenant au niveau élevé suite aux ventes aux Philippines (450 000 tonnes) et à l’Indonésie (1,5 Mt) réalisées en octobre.

Evolution contrastée sur le marché du riz au mois d’octobre avec des prix en hausse en Thaïlande et au Vietnam suite à un regain de la demande asiatique tandis que les prix tant en Inde qu’au Pakistan enregistraient une nouvelle baisse remarque Patricio Mendez del Villar dans son rapport mensuel Osiriz. Aux Etats-Unis, les prix à l’exportation se sont rétractés également après avoir connu une période de forte hausse due à la baisse de la production.

Patricio Mendez del Villar estime que la production devrait, pour la première fois depuis 2009, baisser en 2015 tandis qu’El Nino pourrait entraîner un regain d’importation dans les prochains mois, en particulier de la part de l’Indonésie et des Philippines. Toutefois, la hausse des prix mondiaux devrait être limitée dans les prochains mois en raison de la forte compétition entre les pays exportateurs.

SUCRE

La hausse des cours du sucre roux, à New York, semblerait marquer une pause après avoir atteint le seuil psychologique des 15 cents la livre. Sur la seule séance de mardi, la tonne a gagné 6,3%. Hier, mercredi, le roux a clôturé à 14,69 cents la livre, après avoir atteint 15,06 cents, et le blanc a terminé à $ 398 la tonne.

Au Brésil, non seulement la monnaie, le real, s'est renforcée, ce qui a toujours un impact sur le prix du sucre dont il est le premier producteur et exportateur mondial, mais la faible teneur en sucre de la canne a été confirmée dans un récent rapport de marché publié. A noter que Biosev, la filiale brésilienne de la maison de négoce Louis Dreyfus, estime que la part des broyages de canne destinée à la production de sucre pourrait augmenter en 2016/17, étant donné que le sucre vend à prime sur l'éthanol. Certes, cela impacterait l'offre mondiale de sucre et donc, éventuellement son prix, mais pour Rui Chammas, directeur général de Biosev, cela ne remettra pas en cause le fait que le marché mondial sera déficitaire. Biosev qui a annoncé, mardi, une perte trimestrielle (30 juin-30 septembre) de l'ordre de $ 58,4 millions.

S'agissant de l'Inde, des rumeurs circulent quant à une éventuelle décision de subventionner la filière, ce qui impactera le marché mondial, là aussi à la baisse.

Le département américain de l'Agriculture (USDA) a relevé pour la deuxième fois ses estimations de disponibilité nationale en sucre pour 2015/16. Grâce à de meilleurs rendements en Louisiane, la production américaine serait de 8,81 Mt contre 8,76 t avancé précédemment. Le ratio stock/consommation serait de 15,3 pour la campagne 2015/16 qui a démarré le 1er octobre, contre 14,4 en 2013/14 car les stocks d'ouverture totalisent 1,76 Mt en hausse de 70 000 t.

Côté entreprises, le groupe Wilmar a annoncé hier une chute de 31% de ses bénéfices dans ses activités sucrières sur le trimestre s'achevant le 30 septembre, à $ 108,7 millions, alors que ses volumes de ventes ont fait un bond d e34% à 4,7 Mt. La baisse des bénéfices sur el sucre est due notamment à la dépréciation de la monnaie australienne et à des performances en berne dans le merchandising et la production manufacturière. 

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