La Chronique Matières du Jeudi (21 mai 2015)

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Le ralentissement économique de la Chine continue à inquiéter et à peser sur les devises et les marchés.

 

CACAO

Les performances médiocres du Ghana continuent à faire grimper la fève sur les marchés à terme de Londres et de New York. Sur ce dernier, la tonne a atteint son prix le plus élevé en 7 mois, à $ 3 181 tandis qu'à Londres, elle a touché £ 2 100.

A Londres où, pour la première fois depuis le lancement en mars du contrat cacao libellé en euro par le  Chicago Mercantile Exchange (CME, voir nos informations), des fèves ont passé l'étape du grading pour vérifier sa conformité aux spécificités du nouveau contrat. Il s'agit de 1 000 t de cacao en vrac du Nigeria livrables au port d'Amsterdam. Rappelons que ce nouveau contrat en est à ses débuts et porte essentiellement sur du cacao à venir, de la campagne 2015/16 : seuls 29 lots ont été échangés sur juillet mais 398 sur mars 2016. Une goutte d'eau par rapport aux 81 423 lots échangés sur la position juillet du contrat ICE et 49 960 lots sur mars 2016, rapporte Reuters.

En Côte d'Ivoire, les arrivages aux ports d'Abidjan et de San Pedro ont atteint 1 405 000 t entre le 1er octobre, début de la campagne, et le 17 mai, selon les estimations des exportateurs. Ceci est en nette hausse par rapport aux 1 396 000 t sur la même période la campagne dernière. En outre, un bon ensoleillement et des pluies abondantes actuellement dans les zones de production augurent bien de la prochaine campagne.

Au Cameroun, les exportations de cacao entre le 1er août, démarrage de la campagne 2014/15, et fin avril, ont fait un bond de 24%, à 181 893 t, selon l'Office national du café cacao (ONCC). Sur le seul mois d'avril, le quatrième producteur africain de fèves a expédié 4 384 t contre 3 043 t en avril 2014. Rappelons que la production totale en 2013/14 a été de 209 905 t.

CAFE

Un dollar plus ferme a pesé sur le prix de l'Arabica sur le marché à terme de New York qui a baissé à $ 1,33 la livre jeudi, le Robusta lui emboîtant le pas, perdant $ 16 à $ 1 709 la tonne. Volcafé, la division café de ED & F Man, a révisé aujourd'hui, jeudi, à la hausse ses prévisions de production mondiale. En 2015/16, ce serait 154,5 millions de sacs de 60 kg (Ms) qui seraient récoltés, selon le spécialiste, car les récoltes au Brésil (51,9 Ms selon les estimations révisées) mais aussi dans d'autres pays producteurs, seraient meilleures qu'attendues. Volcafé a également révisé à la hausse de 1,6 Ms ses prévisions de récolte 2014/15, à 143,8 Ms.

Le patron de l'Organisation internationale du café (OIC), Robeiro Silva, a, quant à lui, annoncé mardi que les stocks mondiaux baisseraient de  4 à 5 Ms en 2015/16 en raison du déficit mondial qu'il n'a pas voulu chiffrer, ne voulant pas influencer les marchés.

S'agissant du Robusta, Volcafé note que contrairement aux Etats brésiliens producteurs d'Arabica, l'Etat d'Espirito Santo, principale région du Robusta brésilien, a souffert  de températures élevées et d'une période prolongée de temps très sec. Volcafé a confirmé ses prévisions pour le Vietnam, n°1 mondial du Robusta, à 27,4 Ms en 2014/15 et 30,4 Ms en 2015/16.

A noter que le Brésil a décidé, en définitive, de ne pas importer de café du Pérou, revenant donc sur sa décision du 30 avril, arguant que des maladies caféières pourraient se propager dans le pays. Du moins, ce serait l'explication officielle. Parallèlement, nombreux sont ceux qui ne comprennent pas cette décision du n°1 mondial d'importer du café d'un autre pays producteur. "C'est comme si la Norvège importait du cabillaud !", s'est exclamé le sénateur Ricardo Ferraço d'Espirito Santo. En réalité, ce serait les torréfacteurs brésiliens qui l'auraient souhaité car les consommateurs brésiliens recherchent de plus en plus des saveurs sophistiquées  et le grain péruvien est de très haute qualité. Rappelons que le Brésil est premier producteur mais également 2ème consommateur mondial.

La remontée en puissance de la Colombie se confirme, l'USDA estimant la récolte 2014/15 à 12,5 Ms, en progression de 4% sur la campagne précédente. Elle atteindrait 12,7 Ms en 2015/16 selon les prévisions américaines. De son côté, mais à moindre échelle, la production du Guatemala ferait un bond de 24%, à 624 000 sacs en 2014/15, ce qui, a priori, témoignerait d'une bonne reprise de la filière après l'impact dévastateur de la maladie de la rouille, mais 2015/16 enregistrerait une chute à 351 000 t car on sera dans l'année basse du cycle biannuel du caféier.

En Inde, la production 2015/16 (octobre/septembre) est estimée à 5,2 Ms contre 5,1 Ms la campagne dernière et 5 Ms en 2013/14, selon le département américain de l'Agriculture (USDA). De ceci, 3,7 Ms seraient du Robusta et 1,4 Ms de l'Arabica. Les importations sont relativement stables à 1,1 Ms, essentiellement sous forme de grains verts  (1 Ms) qui sont torréfiés sur place. Les exportations devraient franchir le cap des 5 Ms en 2015/16 contre 4,7 Ms en 2014/15 mais 4,9 Ms la campagne précédente.

En Afrique, l'USDA estime que la Tanzanie enregistrera en 2015/16 une récolte record, à 1,2 Ms grâce à de meilleures pratiques culturales, une météorologie favorable et l'entrée en production de nouveaux plants. Il est toutefois à noter que l'on sera dans l'année haute de production du cycle végétal biennal du caféier. Les exportations augmenteraient de 20% à 1,2 Ms également.

En Ouganda, toujours selon l'USDA, la sécheresse a gravement affecté la récolte qui ne serait que de 3,55 Ms en 2014/15 mais grimperait à 3,8 Ms la campagne suivante, la hausse devant être accusée tant pour les Robusta que les Arabica.  Les exportations seraient également de 3,5 Ms.

Au Kenya, l'USDA estime la production 2015/16 à 900 000 t, quasiment inchangée par rapport à 2014/15, la récolte des superficies réhabilitées et plantées avec de nouveaux plants compensant les pertes de production dans d'importantes plantations à proximité de Nairobi.

CAOUTCHOUC

En dépit de la chute du yen vis-à-vis du dollar, les cours du caoutchouc ont plongé à un plus bas de trois semaines mercredi sur la bourse de Tokyo, clôturant à 215,6 yens le kilo pour le contrat d’octobre. La forte baisse sur la bourse de Shanghai a suscité une vague de ventes et fait plonger les cours. "L'effondrement des prix sur le marché de Shanghai ont incité les investisseurs à solder leurs positions longues", a déclaré Toshitaka Tazawa, analyste chez Fujitomi Co. Le contrat de caoutchouc de septembre  sur le marché à terme de Shanghai a  perdu 790 yuans, soit 5,5 %, pour clôturer à 13 615 yuans ($2 195,05) la  tonne.

En Inde, la hausse de la taxe sur les importations de caoutchouc naturel à 25% n’a pas permis de freiner les importations indiennes tandis que la faiblesse des prix n’encourage pas les producteurs nationaux à intensifier l’exploitation.  La production nationale a décliné de 11% en avril  par rapport à avril 2014  à 45 000 tonnes selon le Rubber Board tandis que la consommation a légèrement progressé à 82 000 tonnes.

L’industrie pneumatique a importé 37 250 tonnes en hausse de 28%.  L’industrie importe principalement du SMR20. "En termes de qualité, le caoutchouc que nous importons est supérieur à non seulement l’ ISNR-20 mais aussi au RSS-4. La baisse des prix semble décourager les producteurs de maintenir une qualité constante. En outre, pour couvrir le déficit de production-consommation, les importations continueront  malgré la modification de la taxe », a déclaré Rajiv Budhraja, directeur général de l'Association des constructeurs automobiles Tyr Manu. «La plupart des producteurs ne sont pas intéressés à exploiter à moins que les prix s ‘améliorent à 135-150 roupies le kilo, ce qui est peu probable de se produire dans un proche avenir. Donc la chute de la production devrait se poursuivre", a déclaré N Radhakrishnan, ex- président de Cochin Rubber Merchants' Association.

COTON

Depuis le début de la semaine, les fonds d’investissement  liquident leurs positions sur le contrat de juillet faisant chuter les cours. Mercredi pour la troisième journée consécutive, les cours baissent pour clôturer à 64,15 cents la livre pour le contrat de juillet.

Les importations de coton de la Chine ont reculé de 28,3% en avril (par rapport à avril 2014) à 160 800 tonnes, selon les statistiques douanières. Elles progressent toutefois de 25% par rapport au mois de mars. Sur les quatre premiers mois de l’année, les importations s’élèvent à 609 000 tonnes, en baisse de 38,2% par rapport à l’année dernière. En principe la Chine ne devrait pas dépasser le quota minimum exigé par l’OMC de  894 000 tonnes d’importation, ce qui devrait réduire logiquement les importations de coton dans les prochains mois. Au cours des dernières semaines la rumeur enfle sur une vente de la réserve.   "Mon pari est que d'ici la fin de juin ou début juillet, lorsque le XPCC (Xinjiang Production and Construction Corps, ndrl le premier producteur de Chine) aura vendu les deux tiers de leur récolte, le gouvernement aura moins de résistance et pourrait libérer le coton", a déclaré une source commerciale. Avec des stocks estimés à 10 millions de tonnes dans sa réserve,  soit environ 40% des stocks mondiaux,  tout mouvement de Pékin peut avoir un impact énorme sur le marché.

En Éthiopie, la production de coton devrait s’élever à 184 000 balles (40 000 tonnes) en 2014/15. Toutefois, avec l’accroissement graduel des superficies, la production devrait augmenter légèrement en 2015/16 pour atteindre 200 000 balles (43 500 tonnes), selon le département américain de l’Agriculture (USDA). Avec l’impressionnant développement de l’industrie  textile et de l’habillement, la consommation devrait dépasser la production.  Ainsi,  les importations devraient s’élever  à 37 000 balles (8 000 tonnes) en 2014/15 et progresser à  55 000 balles (12 000 tonnes) en 2015/16.

HUILE DE PALME

La robustesse des exportations n’ont pas permis de redresser les cours de l’huile de palme sur la Bursa Malaysia Derivatives exchange, qui  ont glissé à un plus bas en près de trois semaines mercredi, accroissant leurs pertes pour la  quatrième session. Le contrat d’août a clôturé à 2 140 ringgits ($592,39) la tonne.

Les forces extérieures ont eu raison de l’huile de palme : le pétrole, qui cédait 3%, mais aussi la faiblesse des prix du soja tant aux Etats-Unis qu’en Chine. Et pourtant, les exportations d’huile de palme de Malaisie ont bondi de 52,3% entre le 1er et le 20 mai à plus 1 Mt, la Chine et l’Europe doublant leurs achats tandis que l’Inde les triplant presque, selon Intertek Testing Services (ITS). De son côté SFS montrait une croissance de 48,1%. Une hausse en partie imputable au Ramanda qui doit démarrer le mois prochain.

KARITE

Il n'y a plus guère de karité à vendre en Afrique de l'Ouest, souligne n'kalo dans son dernier Bulletin de marché paru aujourd'hui. " C’est principalement la production et la commercialisation du beurre de karité qui occupe les acteurs de la filière, tandis que la nouvelle campagne de collecte des noix de karité approche", écrit le spécialiste.

Les stocks ont été quasiment entièrement commercialisés au Burkina Faso, en Côte d'Ivoire, au Mali ainsi qu'au Tchad, important producteur. L'absence de vieux stocks est très favorable à la qualité des amandes qui seront mises sur le marché durant la campagne à venir", note encore n'kalo.

Les prix de beurre de karité devraient s'inscrire à la hausse en raison des faibles stocks actuels d'amandes mais aussi d'une demande qui ne devrait qu'augmenter car le grand rival du beurre de karité, le beurre de cacao est actuellement à un prix très élevé et devrait le rester car la production ghanéenne de cacao est faible.

RIZ

Les prix du riz asiatiques ont été stables en Thaïlande et ont légèrement fléchi au Vietnam sous la faiblesse de la demande et dans la perspective d'augmentation de l'offre dans les prochaines semaines. Le marché était dans l’attente de nouvelles des Philippines qui devraient acheter entre 200 000 et 310 000 tonnes via un appel d'offres.

Le Thaï 5% s’est maintenu à $385 la tonne, (FOB), soit son plus bas niveau depuis Juin 2014. "Le marché mondial du riz est très calme", ​​a déclaré Kiattisak Kanlayasirivat d’Ascend Commodities à Bangko ajoutant que "Le pouvoir d'achat de l'acheteur est moindre  en raison des prix du pétrole." La baisse des revenus dans les pays producteurs de pétrole conjuguée au fléchissement l'euro affecte les commandes en Thaïlande. Le gouvernement militaire a annoncé son intention de vendre 2 millions de tonnes de riz au cours des deux prochains mois à partir des stocks constitués en vertu du programme d'achat de l'administration précédente.

Au Vietnam, le troisième plus grand exportateur du monde, les prix ont affaibli cette semaine en raison d’un manque de demande tandis que la nouvelle récolte devrait démarrer à la fin de juin, au plus tôt. Le Viet 5% est tombé à $350- $355 la tonne, contre  $ 360- $ 363 la tonne, la semaine dernière, soit un plus bas depuis juillet 2010.

La flambée des prix intérieurs ainsi que la menace d’El Nino pourrait contraindre le président de l’Indonésie à revenir sur sa promesse de diminuer les importations de riz.  Des analystes estiment que l’Indonésie pourrait importer des volumes de riz supérieurs à ceux de 2014 qui étaient de 1,1 million de tonnes, maintenant sa position comme l’un des plus grands acheteurs mondiaux.Parfois la politique de l'Indonésie est pas très rationnelle. En ce moment, les prix internationaux sont si bas et en même temps, les stocks de riz indonésien ne sont pas élevés par rapport aux niveaux que nous avons vu au cours des 10 dernières années", a déclaré Aurelia Britsch, analyste senior à BMI Research à Singapour. BMI prévoit des importations se situant entre 1,3 Mt et 1,6 Mt, Rabobank 1,5 Mt, Barclay  entre 1 Mt et 1,5 Mt et le Conseil international des céréales 1,3 Mt. Si tel était le cas ce serait une bonne nouvelle pour les exportateurs de riz  comme la Thaïlande et le Vietnam.

SUCRE

Le regain de fermeté du dollar a fait basculer à nouveau les prix du sucre roux qui ont touché aujourd'hui, jeudi, leurs plus faibles niveaux depuis deux semaines. Les traders ont également les yeux rivés sur le Brésil, comme toujours, les pluies ayant compliqué les opérations de broyages de la canne durant la première moitié du mois de mai.

La Chine aurait importé 550 000 t de sucre en avril, en hausse de 101,9% par rapport à avril 2014.

Côté entreprises, la plus importante raffinerie d'Europe, l'allemand Suedzucker, a annoncé jeudi une chute de 93% de ses bénéfices annuels pour son exercice qui s'achève, avec de faibles perspectives d'amélioration. En effet, les prix européens du sucre ont fortement chuté cette année en raison des importations de sucre dans l'Union européenne plus importantes que les  autres années, en prévision de la fin des quotas en 2017. Les bénéfices nets de Suedzucker sur l'exercice 2014/15, qui s'est achevé le 28 février, ont plongé à € 20,1 millions contre € 280,3 millions en 2013/14. Les bénéfices opérationnels n'ont été que de € 181 millions contre € 622 millions.

 

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