La Chronique Matières du Jeudi (24 mars 2016)

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Un vent de ventes a soufflé hier sur les marchés de matières premières, entrainant la quasi-totalité des cours à la baisse. Une baisse qui traduit d'une part l'inquiétude générale après les attentats meurtriers à Bruxelles mardi, d'autre part la fermeté du dollar ce qui, traditionnellement, renchérit le coût des matières premières qui se négocient, pour la quai totalité, en billet vert. Ces derniers jours, les spéculateurs semblent avoir délaissé le marché du coton pour accroître leurs positions sur le sucre et le café, le Robusta, et dans une moindre mesure sur le cacao.

CACAO

Sur la période sous revue, soit de vendredi dernier à la clôture des marchés hier soir, la tonne de cacao a glissé de £ 50 la tonne à Londres, terminant à £ 2 206, et perdant $ 155 à New York, la tonne repassant hier soir sur la barre des $ 3 000 pour terminer à $ 2 963. La baisse, selon les analystes, est essentiellement le fait de pressions macro-économiques et monétaires.

En Côte d'Ivoire, le prix garanti de la campagne principale qui s'achève le 1er avril a été reconduit pour la campagne intermédiaire qui courra jusqu'au 1er octobre ; il est de FCFA 1 000 le kilo. D'autre part,  selon les données provisoires portuaires, les exportations de fèves d'octobre à fin février ont totalisé 739 537 tonnes (t) en hausse de 11% sur la même période la campagne dernière. En revanche, les exportations de produits cacao semi-finis ont baissé de 7% sur la même période, à 179 998 t par rapport à la même période en 2014/15.

Quant à la campagne actuelle, les arrivages aux ports de San Pedro et d'Abidjan ont totalisé 1 226 000 t depuis le début de la campagne le 1er octobre au 20 mars, contre 1 235 000 t sur la même période la campagne dernière.

Au Cameroun, le prix d'achat des fèves au planteur est globalement demeuré stable en mars par rapport au mois de février, dans une fourchette allant de FCFA 1200 le kilo à l'Est, à Yokadouma, à un plus haut de FCFA 1500 le kilo dans la région du Centre, à Emana et Mbalmayo. En février, la fourchette avait été de FCFA 1200 dans le Sud-Ouest à Konye, à FCFA 1 600 à Emana dans le Centre.

CAFÉ

L'Arabica  a baissé sur l'ensemble de la période, de vendredi dernier à la clôture hier, passant de $ 1,343 à $ 1,311 la livre. A la  clé, certes le mouvement général baissier sur les marches de matières premières mais aussi –surtout– l'affaiblissement du real, la monnaie brésilienne, face au dollar. Un affaiblissement qui incite en général les Brésiliens à exporter car ils en retirent plus de bénéfices. Mais cet afflux de volumes pèse sur les cours mondiaux. A ceci s'est jouté la prévision du brésilien Mercon Coffee Group qui voit la récolte 2016/17 à 58 Ms, soit dans le haut de la fourchette des prévisions des industriels jusqu'à maintenant.

Le Robusta, quant à lui, a pris des couleurs : parti de $ 1482 la tonne vendredi à Londres, il a franchi la barre des $ 1 500 pour terminer hier à $ 1 515 la tonne. En effet, les yeux sont tournés vers le Vietnam, premier producteur mondial de la variété, car sa ceinture caféière des Central Highlands connait sa plus forte sécheresse en 3 décennies. "S'il ne pleut pas au cours du mois prochain, la situation pourrait être réellement sévère", selon Phan Hung Anh, directeur adjoint de la société d'export Anh Minh à Daklak. La situation est d'autant plus étroite que le pays a fortement augmenté se exportations ces dernières semaines, puisant en partie dans ses stocks, ce qui pourrait lourdement impacté les disponibilités dans les prochains mois si les volumes de récolte ne sont pas au rendez-vous.

La Côte d'Ivoire a exporté 9 804 t de café en grain en janvier et février, soit trois fois plus que sur les deux premiers mois de 2015, selon les données provisoires portuaires.  Sur le seul mois de février, les exportations ont été de 5 579 t dont 4 643 t acheminées du port d'Abidjan et 936 t de San Pedro. En février 2015, ces chiffres étaient respectivement de 2 390 t et 107 t.

Au Kenya, les prix sur le Nairobi Coffee Exchange ont baissé lors des enchères mardi, le Grade AA s'établissant dans une fourchette allant de $ 66 à 341 le sac de 50 kg contre $ 115 à 380 la semaine précédente. Il en a été de même pour le Grade AB qui s'est vendu entre $ 64 et $ 294 contre $ 89-375 la semaine d'avant.

Côté consommation, les stocks détenus dans les ports européens (Anvers, Brême, Hambourg, Gênes, Le Havre et Trieste) ont glissé de 1,3% en janvier, à 702 088 t contre 711 613 t en décembre, selon des chiffres provisoires de la Fédération européenne du café.

CAOUTCHOUC

Le marché du caoutchouc a chuté mercredi après cinq séances consécutives de hausse en ligne avec le marché de Shanghai et boursier de Tokyo. Ils ont  accentué leur baisse jeudi avec l’ensemble des matières premières, la hausse du dollar et la faiblesse des bourses asiatiques. Le contrat d’août a clôturé  Ã  175,1 yens le kilo, son plus bas niveau depuis le 16 mars. Le marché a toutefois bénéficié d’un certain soutien de la part de l’Indonésie. En effet, le pays a annoncé que les organismes gouvernementaux et les entreprises publiques vont acheter 500 000 tonnes de caoutchouc naturel domestique pour soutenir les prix. «Ceci représente l’équivalent d’un mois de production en Thaïlande et cela aura un impact sur le marché »  a estimé un courtier basé à Tokyo. Le gouvernement indonésien a également annoncé qu’il octroierait aux agriculteurs des prêts subventionnés pour replanter 1 million d'hectares de plantations de caoutchouc entre 2016 et 2019.

Les importations de caoutchouc naturel en Chine se sont élevées à 139 376 tonnes en février, en baisse de 21,35%. Depuis janvier, elles totalisent 361 938 tonnes, en recul de 8,26%. Pour les importations de caoutchouc synthétique, elles sont de 169 855 tonnes en février, en hausse de 84,73%, et de 403 584 tonnes depuis janvier en progression de 78,86%.

COTON

Alors que les cours de coton sont restés déprimés la semaine dernière proches d’un plus bas de sept ans, ils ont rebondi affichant trois séances consécutives de hausse depuis lundi. Mercredi, ils clôturaient à 58,39 cents la livre pour le contrat de mai, soutenus par des perspectives d’un resserrement de l’offre à court terme et en dépit de l’appréciation du dollar. Le marché reste toutefois suspendu aux nouvelles en provenance de la Chine.

Le gouvernement chinois, qui doit démarrer la vente de ses réserves de coton mi avril, devrait donner la priorité au coton de bonne qualité, y compris de la fibre importée, a précisé Yin Jian de la National Development and Reform Commission. Il n’a toutefois pas donné de détails sur les volumes offerts et les prix. Il a juste précisé que les ventes seraient réalisées régulièrement pour réduire la charge financière du gouvernement. 

Dans ses dernières estimations en date du 24 mars, Cotlook maintient ses prévisions de production mondiale à 22, 748 millions de tonnes (Mt) en 2016/17, soit 8% de plus qu’en 2015/16 ainsi que la consommation mondiale à 23,317 Mt, en hausse de 1,4%.

Les exportations de coton de Côte d’Ivoire se sont élevées à 97 470 tonnes à la fin février, en hausse de 15% par rapport à la même période en 2015, selon les statistiques des ports.  Le port d’Abidjan a évacué 78 083 tonnes et celui de San Pédro 19 384 tonnes.

Le ministère de l’Agriculture du Tadjikistan a annoncé que les superficies semées en coton seront augmentées de 19% à 190 000 hectares cette année. En 2015, le Tadjikistan a produit 270 000 tonnes de coton, en baisse de 27% par rapport à 2014.

Les importations de coton en Chine en février plongent de 64,65% à 56 231 tonnes. Depuis janvier, les importations totalisent 151 819 tonnes, en recul de 52,6%. Pour le mois de février la Chine a importé du coton d’Ouzbékistan (37%), des Etats-Unis (21%), du Brésil (19%), de l’Inde (10%), de l’Australie (6%), du Soudan (3,5%), du Mexique (1 ,2%), du Zimbabwe, d’Israël et du Cameroun.  Les importations de fil à 110 809 tonnes reculent de 5,94% en février. Depuis le début de l’année, elles totalisent 261 621 tonnes en baisse de 19,62%.

HUILE DE PALME

Pour la première fois en cinq séances, les cours de l’huile de palme ont chuté d’un plus haut de deux ans atteint la veille, affaiblis par un ringgit fort et la baisse des huiles concurrentes sur le marché mondial.  Une correction dans un marché suracheté. La baisse s’est poursuivie jeudi, le contrat de juin clôturant à 2 674 ringgits ($664) la tonne. Les inquiétudes sur le phénomène El Nino et son impact sur les rendements avaient fait grimper les cours de l’huile de palme. Les premières pluies sont aussi tombées en Malaisie, ce qui pourrait atténuer le phénomène.

En Indonésie, le département américain de l’Agriculture (USDA) a laissé inchangé son estimation de la production d’huile de palme pour 2015/16 à 33 millions de tonnes (Mt) et  prévoit une production de 33,5 Mt en 2016/17. La consommation est également maintenue à 9,42 Mt en 2015/16 et anticipée à 9,62 Mt pour 2016/17.

En revanche pour  la Malaisie, l’USDA estime que la production chuterait à 19,5 Mt en 2015/16, le temps sec prolongé ayant affecté les deux principaux  États producteurs Sabah et Johore. Elle devrait toutefois rebondir en 2016 /17 à 21 Mt.  Les exportations sont estimées à 17,4 Mt en 2015 /16 et 18 Mt en 2016/17. 

RIZ

Le mauvais temps et la crainte d’une perturbation de l’approvisionnement ont fait grimper cette semaine les prix à l’exportation du riz en Thaïlande et au Vietnam. Le Thaï 5% s’est négocié à $371- $383 la tonne contre  $365- $371 la semaine dernière tandis que le Viet 45%  progressait légèrement à  $380- $385 la tonne ($ 375- $385 la semaine dernière).

Une grave sécheresse affecte la production dans le delta du Mékong, tandis que  la côte vietnamienne souffre également d'une forte salinisation, ce qui incite les négociants et  les agriculteurs à stocker. La Thaïlande est également confrontée à sa pire pénurie d'eau en deux décennies.

Un rebond des prix du pétrole pourrait également renforcer le pouvoir d'achat de certains pays producteurs de pétrole du Moyen-Orient et de l'Afrique, y compris le Nigeria, a indiqué un négociant basé  à Bangkok.

Toutefois, la hausse des prix bloque la signature d’accords avec des importateurs étrangers et ce en dépit d’une offre resserrée.

Depuis le 22 mars, le Nigeria a réintroduit la restriction des importations de riz via les frontières terrestres (cf. nos informations).

SUCRE

Une fois encore, les marchés du sucre ont été euphoriques au cours de la période sous revue. Le roux, coté à Londres, a franchi la barre des 16 cents la livre, clôturant hier soir à 16,71 cents après avoir touché un pic à 16,75 en cours de séance. Il n'avait pas enregistré un tel niveau de prix sur le rapproché depuis octobre 2014, gagnant  0,74 cents en trois jours de marché. Le blanc n'a pas été en reste, grimpant de plus de $ 16 sur le marché à terme de Londres, clôturant hier soir à $ 466,60 la tonne.

Facteur haussier, le groupe australien d'analyse  Green Pool Commodities a relevé de plus de 2,5 Mt ses prévisions de déficit sucrier mondial à fin septembre de l'actuelle campagne 2015/16, à 6,65 Mt (valeur roux), et prévoit également un déficit plus important qu'anticipé pour 2016/17, à 4,95 Mt contre 4,17 Mt avancé antérieurement.

"Le marché s'ajuste à une nouvelle réalité qui lui arrive de plein fouet de façon assez brutale", explique Michael McDougall, directeur des commodities à la Société Générale de New York. Un déficit lié, entre autres, aux sécheresses liées au phénomène météorologique El Niño en Asie.

Platts Kingsman a également révisé à la hausse ses prévisions de déficit sur 2015/16 (octobre/septembre) à 7,62 Mt alors qu'en janvier il l'avait estimé à 4,86 Mt. Un temps très sec en Inde, en Thaïlande, au Nord du Nord-Est du Brésil en Europe conduit à revoir à la baisse les productions, creusant ainsi le déficit mondial. En revanche, sur 2016/17, le déficit est revu à la baisse: parti de 7,2 Mt, il est estimé maintenant à 4,9 Mt et ce, essentiellement parce que la production devrait être plus élevée qu'anticipée dans le Centre-Sud du Brésil.

Facteur baissier, pour le deuxième mois consécutif, la Chine n'a  importé que 110 000 t de sucre en février, glissant de 13,5% par rapport à février 2015. Déjà, en janvier, ses importations avaient chuté de 25,1% par rapport à un an auparavant. Rappelons que la Chine a importé un volume record de sucre en 2015, totalisant 4,85 Mt, en hausse de 39% par rapport à 2014. Cette baisse des volumes importés depuis le début de l'année reflète la hausse des cours mondiaux qui a été plus forte que ceux du sucre domestique.

 

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