La Chronique Matières premières agricoles au 21 septembre 2023

 La Chronique Matières premières agricoles au 21 septembre 2023
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Les Bourses européennes ont terminé en baisse hier, après la réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed) mercredi. Ainsi, les craintes sur les taux ont fait leur retour. Rappelons que la Fed a averti que sa politique monétaire pourrait rester à un niveau restrictif plus longtemps que prévu, la bataille contre l’inflation étant loin d’être terminée, selon son président Jerome Powell. Goldman Sachs a, d’ailleurs, repoussé au quatrième trimestre 2024 une éventuelle baisse des taux directeurs américains.

Outre la Fed, plusieurs responsables de la BCE ont également mis en garde contre des pressions inflationnistes persistances, jugeant prématuré tout débat sur une baisse des taux, alors qu’UBS a dit s’attendre à ce que l’institution de Francfort maintienne inchangé le niveau de ses taux jusqu’en juin 2024 avant une baisse de 25 points de base par trimestre, rapporte Reuters.

La Banque d’Angleterre, quant à elle, a interrompu jeudi sa longue série de hausses de taux d’intérêt, mais a elle a prévenu ne pas considérer la récente baisse de l’inflation au Royaume-Uni comme acquise, ajoutant être prête à relever de nouveau le coût du crédit si nécessaire. Les banques centrales suédoise et norvégienne ont durci dès à présent leur politique monétaire, sans exclure de nouvelles hausses des taux, tandis que la Banque nationale suisse (BNS) a opté pour le statu quo.

Il y a beaucoup de messages et d’informations contradictoires, et souvent ceux-ci surviennent autour de moments clés“, a déclaré à Reuters Craig Ebert, économiste chez BNZ, ajoutant que les marchés flairent généralement un risque lorsque les indices sont à un pic.

Le dollar a progressé hier, soutenu par des anticipations de taux plus élevées, l’euro clôturant à $1,0663.

Le marché du pétrole est soutenu par la décision russe de suspendre les exportations de carburants, dont le gasoil et le diesel, afin de stabiliser les prix sur son marché domestique. Le Brent a clôturé à $ 93,78 dollars le baril et le brut léger américain (WTI) à $ 90,13.

 

CACAO

Le marché du cacao a perdu du terrain cette semaine, Londres repassant sous la barre des £ 3 000 en clôturant hier soir à £ 2 939 contre £ 3 121 vendredi dernier sur l’échéance mars ; la semaine dernière, il avait gagné 3% sur la semaine. New York a perdu près de $ 150 sur la semaine, passant de $ 3 757 vendredi dernier à $ 3 595 hier soir sur l’échéance décembre.

Une semaine pour reprendre son souffle apparemment après que la tonne de fèves ait surfé depuis plus de deux mois sur des sommets qui n’avaient plus été enregistrés depuis 46 ans. Pause ou amorce de baisse ? Les intervenants sur les marchés, interrogés par Reuters, semblent pencher nettement pour la première hypothèse, les craintes sur les disponibilités cette prochaine campagne de cacao en Afrique de l’Ouest étant toujours d’actualité sur fond de troisième année cacaoyère déficitaire consécutive qui se dessine pour 2023/24.

En Côte d’Ivoire cette semaine, des licences d’exportation ont été accordées à un nombre réduit de compagnies et coopératives pour la campagne 2023/24 qui s’ouvre le 1er octobre, de l’ordre de 92 entités contre 102 la campagne dernière (lire nos informations : La Côte d’Ivoire revoit à la baisse les licences d’exportation de cacao pour 2023/24).

Sur le terrain, les fortes pluies en Côte d’Ivoire et au Ghana déclenchent la maladie du swollen shoot et de la pourriture noire, a annoncé mercredi l’Organisation internationale du cacao (ICCO). Ceci non seulement impacte les volumes mais conduisent les cacaoculteurs à utiliser davantage d’intrants, renchérissant les coûts de production.

Le leader mondial de la fève a exporté 1 305 714 tonnes (t) de fèves entre le 1er octobre 2022 et fin juillet 2023, en chute de 10% par rapport à la même période la campagne dernière, ont indiqué les statistiques provisoires du port publiées lundi. Des chiffres qui sont régulièrement sujets à d’importantes révisions une fois les définitifs publiés. Ainsi, en juin, 29 390 t ont, en définitive, été exportées contre un chiffre estimatif de 3 166 t publiées auparavant à titre provisoire par les instances portuaires.

A noter que les exportateurs estiment à 2,327 millions de tonnes (Mt) les arrivages de fèves aux ports d’Abidjan et de San Pedro entre le 1er octobre et le 17 septembre, en baisse de 4,8%.

Un mot sur les exportations de produits semi-finis de cacao de Côte d’Ivoire qui, elles, ont grimpé de 5,5% sur cette même période d’octobre et fin juillet, totalisant 457 395 t.

CAFE

Nouvelle glissade des cafés cette semaine, la livre d’Arabica clôturant à New York hier soir à $ 1,5485 contre $ 1,5915 en fin de semaine dernière sur l’échéance décembre, tandis que le Robusta à Londres passait de $ 2 556 la tonne sur novembre à $ 2 464 hier soir.

Au Brésil, la récolte 2023 atteindrait 54,36 millions de sacs de 60 kg (Ms), estime l’agence gouvernementale de statistiques alimentaires (Conab), en légère baisse par rapport aux prévisions de 54,74 Ms publiées en mai dernier. En cause, une production de Robusta (conilon) inférieure aux attentes. Ceci dit, la récolte en 2023, qui, rappelons-le, est normalement l’année basse du cycle biennal caféier, serait de 6,8% supérieure à celle enregistrée en 2022, pourtant elle-même record. Cette récolte 2023, qui était achevée à 95% à fin août, serait la troisième plus importante de l’histoire du géant mondial du café, après 2020 et donc 2022.

Ainsi, sur 2023, la production d’Arabica atteindrait 38,16 M, en hausse par rapport aux prévisions de mai qui la portait à 37,9 Ms. Cette progression résulte de l’augmentation de 2,4% des surfaces plantées en Arabica et surtout d’un gain impressionnant de productivité de l’ordre de 13,9%. Dans l’Etat de Minais Gerais, le plus important Etat producteur de café du Brésil, la production a carrément augmenté de 29,5% !

En revanche, la production de conilon est attendue en chute de 11% par rapport à 2022, pour se situer à 16,2 Ms, ce qui impacte surtout son principal Etat producteur d’Espirito Santo.

Quant à la prochaine campagne 2024, elle pourrait être impactée par la forte vague de chaleur qui s’est abattue sur la majeure partie du Brésil cette semaine, derniers jours de l’hiver dans l’hémisphère sud. Les prévisionnistes s’attendent à des températures supérieures à 40° dans de nombreuses régions productrices de café du Brésil ces jours-ci, sans aucune pluie avant au moins la fin du mois. Ceci pourrait avoir un impact négatif sur les caféiers qui ont connu une floraison précoce, ont indiqué à Reuters les experts. “Les caféiers Arabica sont sensibles aux températures supérieures à 33 degrés Celsius pendant la phase de reproduction”, a déclaré à Reuters l’agronome Jonas Ferraresso. Cependant, il ne s’agit actuellement que de la première apparition de fleurs au Brésil, une floraison plus importante étant attendue vers début octobre, si les pluies reviennent.

Côté Afrique, les exportations de Robusta ont chuté de 17% en Côte d’Ivoire, à 20 572 t entre début janvier et fin juillet, selon les données portuaires provisoires.

CAOUTCHOUC

Légère baisse des cours du caoutchouc cette semaine avec une clôture hier sur l’Osaka Exchange à 234,3 yens ($1,58) le kilo contre 236 yens vendredi dernier. La tendance est plus accentuée sur le marché de Shanghai où les cours sont passés de 14 455 yuans à hier 14 065 yuans ($1926,08).

Le sentiment du marché est devenu haussier pour le marché chinois en raison de la stabilisation économique, et il est peu probable que les prix du caoutchouc atteignent un nouveau plus bas cette année, a déclaré un négociant en caoutchouc basé à Singapour.

Mais les acteurs du marché attendent le détail des mesures de relance économique de la Chine ainsi que du Japon. Mercredi dernier, le vice-président chinois de la Commission nationale du développement et de la réforme, Cong Liang, a annoncé que la Chine intensifiera ses efforts de contrôle macroéconomique et se concentrera sur l’expansion de la demande intérieure, le renforcement de la confiance, la prévention des risques et s’efforcera d’atteindre les objectifs annuels de développement économique.

De même au Japon, le Premier ministre japonais Fumio Kishida a déclaré jeudi qu’il demanderait à son gouvernement de rassembler les piliers d’un paquet économique au début de la semaine prochaine sous la direction de son nouveau cabinet.

La Côte d’Ivoire a exporté 865,517 tonnes de caoutchouc naturel de janvier à juillet, en hausse de 9,2% par rapport à la même période l’année dernière, selon les données portuaires provisoires.

COTON

Semaine volatile avec finalement une clôture hier des cours du coton sur l’ICE à 86,860 cents la livre, quasiment inchangé par rapport à vendredi dernier (86,44). Prix du pétrole, niveau du dollar ont plus dicté le marché tandis que la Chine semblerait se montrer plus active aux achats. Mais d’un autre côté, Peter Egli, directeur de la gestion des risques chez le marchand britannique Plexus Cotton, a déclaré “La consommation intérieure en Chine va baisser en raison des horribles performances économiques du moment“. La demande en coton demeure faible.

La Côte d’Ivoire a exporté de janvier à juillet 157 707 tonnes en chute de 44% par rapport à janvier-juillet 2022.

En Afrique Zone franc,  la production de coton ne serait que de 4,92 millions de balles (480 livres) en 2023/24, certes en hausse de 22% par rapport à la précédente campagne mais en baisse de 18% par rapport à celle de record de 2021/22, selon les chiffres donnés par le département américain de l’Agriculture (USDA). Les superficies ensemencées en coton seraient en baisse de 2% par rapport à 2022/23 à 2,72 millions hectares (Lire : En Afrique Zone franc, la baisse des superficies en coton réduit les perspectives de production en 2023/24).

Au Brésil, la production de coton devrait atteindre 2,9 millions de tonnes, en baisse de 5,6% par rapport au cycle précédent, selon l’agence d’approvisionnement et de statistiques alimentaires Conab.

HUILE DE PALME

L’huile de palme pointe du nez avec une clôture hier sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange à 3 657 ringgits ($779,912), un plus bas de trois mois, contre 3 785 ringgits vendredi dernier. Une chute impulsée par les pertes enregistrées sur les huiles concurrentes – le soja à Chicago, le soja et l’oléine de palme à Dalian – dans un contexte de hausse de la production et en dépit d’une légère reprise de la demande. Une forte baisse de l’huile de soja sur le CBOT et une baisse des échanges d’huile de soja et d’oléine de palme de Dalian ont alimenté un sentiment baissier pour le palmier malgré l’amélioration des exportations malaisiennes, a déclaré le Dr Sathia Varqa, analyste principal chez Fastmarkets Palm Oil Analytics.

Du côte de la demande,  les exportations de produits malaisiens à base d’huile de palme entre le 1er et le 20 septembre ont augmenté de 2,4 % selon  Intertek Testing Services et de 1,8%  selon AmSpec Agri Malaysia.

La Malaisie a maintenu mardi ses droits d’exportation d’huile de palme brute à 8%. Selon une circulaire du Malaysian Palm Oil Board (MPOB), le prix de référence de l’huile de palme brute (CPO) pour octobre a été abaissé à 3 710,50 ringgits ($790,14), contre 3 755,13 ringgit en septembre. Sur la base de la structure fiscale, aucun droit d’exportation ne sera imposé sur les prix du CPO inférieur à 2 250 ringgits par tonne. Une taxe à l’exportation de 3 % sera imposée lorsque le prix du CPO se situe entre 2 250 ringgit et 2 400 ringgit par tonne. Le taux de taxe maximum est de 8 % lorsque les prix du CPO sont supérieurs à 3 450 ringgits par tonne.

La Chine va augmenter ses importations d’huile de palme malaisienne de 250 000 tonnes par an, a rapporté dimanche l’agence de presse officielle Bernama, citant le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim. L’annonce  a été faite après la signature d’un protocole d’accord entre la société malaisienne d’huile de palme Sime Darby Oils International Ltd et le groupe chinois Guangxi Beibu Gulf International Port Group. L’accord verrait également les deux sociétés développer un centre de distribution et de commerce d’huile de palme raffinée et de graisses à Qinzhou, en Chine.

En Indonésie, le bureau du procureur général a ouvert une enquête pour corruption sur le fonds national pour l’huile de palme, qui supervise la collecte et la répartition des taxes à l’exportation sur ce produit. L’enquête couvrira une période allant de 2015 à 2022 et 15 personnes ont été interrogées jusqu’à présent sur cette affaire.

Les enquêteurs enquêtent sur des activités illégales présumées liées à la détermination de l’indice mensuel des prix du biodiesel en Indonésie.

RIZ

Les prix à l’exportation du riz vietnamien et thaïlandais ont encore baissé cette semaine, tandis que les restrictions imposées par l’Inde sur les exportations de riz étuvé ont paralysé l’activité du principal exportateur.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% sont stables à $525-$535 la tonne pour une deuxième semaine consécutive, bien qu’ils soient toujours proches du niveau record de $520-$540 atteint le 31 août. Le commerce est toujours freiné.  “Les exportations de riz brisé et blanc sont actuellement interdites, et les acheteurs de riz étuvé sont réticents à payer les droits de 20 %“, a déclaré un revendeur d’une maison de commerce international basé à Mumbai.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% reculent à $610-$620 la tonne contre $620-$630 la semaine dernière. “La récente décision des Philippines d’imposer un plafond sur les prix du riz pourrait avoir refroidi les prix à l’exportation du riz vietnamien“, a déclaré un commerçant basé à Hô Chi Minh-Ville. Mais le resserrement de l’offre et la forte demande des autres acheteurs empêcheront les prix de baisser davantage, a ajouté le négociant.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5 % diminuent à $605 la tonne contre  $613-$615  la semaine dernière. Une baisse consécutive à la dépréciation du bath, qui a atteint mercredi  depuis plus de 10 mois vis-à-vis du dollar.

En Tanzanie, la présidente  Samia Suluhu Hassan a indiqué mercredi que des plans étaient en cours pour transformer le bassin de la rivière Rufiji en grenier du pays pour la production de riz. “Cette année, le gouvernement a prévu d’établir un projet d’irrigation du riz sur 3 000 hectares dans le bassin de la rivière Rufiji“, a-t-elle annoncé.

La Côte d’Ivoire a décidé de suspendre ses exportations de riz et de sucre jusqu’à la fin de l’année dans un décret publié lundi 18 septembre. Selon le gouvernement ivoirien, il s’agit de sécuriser l’approvisionnement local de ces deux denrées.

SUCRE

Le sucre pris de vertige ? Sur le marché à terme de New York cette semaine, le roux a été propulsé à 27,62 cents la livre (lb) sur l’échéance octobre, partie de 26,91 cents vendredi dernier mais pour redescendre à 26,93 cents hier soir. Quant au marché de Londres, la tonne de sucre blanc a également pâli, glissant de $ 748,30 sur octobre vendredi dernier à $ 732,80 hier soir.

Le marché a réagi aux bonnes pluies qui tombent en ce mois de septembre en Inde et qui sont de bon augure pour la production sucrière, a indiqué hier le secrétaire à l’Alimentation. Il a indiqué que le gouvernement demanderait aux raffineries de vendre leurs stocks de sucre sur le marché local afin de calmer les prix au détail. Ceci dit, il demeure fortement improbable que le pays réexporte du sucre en 2023/24 car la production resterait, en tout état de cause, inférieure en volumes à la précédente, a précisé les spécialistes ED&F Man à Reuters en marge d’une conférence qui se tient à New Delhi.

Le Brésil, quant à lui, devrait engranger une production record en 2023/24 que Datagro estime atteindre 40,3 millions de tonnes (Mt) contre 39,45 Mt la campagne précédente. Pour le moment, toujours au Brésil, les raffineries boostent leurs exportations de sucre blanc, profitant ainsi des cours internationaux élevés, constatent des négociants.

La Chine annonce aujourd’hui organiser la semaine prochaine une vente aux enchères de sucre de ses réserves d’Etat. Il s’agit de sa première vente de réserves depuis 2016, dans un contexte de resserrement de l’offre et de flambée des prix de l’édulcorant :  126 700 t seront mis en vente le 27 septembre, l’objectif étant d’assurer la stabilité de l’approvisionnement et des prix nationaux, indique le communiqué.

La vente aux enchères comprendra 26 700 t de sucre blanc de l’ancienne récolte au prix plancher de 6 500 yuans ($ 890,40) la tonne et 100 000 t de sucre blanc produites en 2023 avec un prix plancher de 7 300 yuans ($ 999,95), a indiqué le Centre de gestion des marchandises de la réserve de Hua Shang. Le volume mis aux enchères est inférieur aux attentes des analystes qui évoquaient 300 000 à 500 000 t, même s’il n’est pas clair si la Chine organisera d’autres d’enchères.

Rappelons que les cours mondiaux du sucre ont atteint leur plus haut niveau depuis 12 ans, réduisant les importations chinoises tandis que la production nationale a également diminué.

C’est une nouvelle haussière, sans aucun doute“, a déclaré un négociant basé en Chine.

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