Chronique Énergies renouvelables en Afrique de l’Ouest au 19 avril 2023

 Chronique Énergies renouvelables en Afrique de l’Ouest au 19 avril 2023
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C’est un brin d’optimisme qui ressort du nouveau rapport du think tank Ember dressant l’état des énergies renouvelables : la part du carbone dans la production mondiale d’électricité est à son niveau le plus bas historique. Face à cela, les inégalités entre continents sont une fois de plus dénoncées, l’Afrique en particulier. Certes, les projets et les financements se succèdent semaine après semaine dans les pays -comme au Niger cette semaine ou encore au Ghana–  mais il faut aller plus loin et surtout il faut y consacrer davantage de financements, notamment pour le continent africain. C’est ce que la Banque africaine de développement (BAD) ne manquera pas de rappeler lors de sa prochaine assemblée annuelle en Egypte en mai. A noter l’actualité croissante des projets liés au crédit carbone comme au Sierra leone ces derniers jours avec Klimat X Developments.

MONDE

La part du carbone dans la production mondiale d’électricité est tombée à son plus faible niveau historique, de l’ordre de 436 gCO2/kWh en 2022, l’électricité la plus propre jamais enregistrée. Cela s’explique par la croissance record de l’éolien et du solaire qui représentent maintenant 12 % du mix électrique mondial, contre 10 % en 2021. Ensemble, toutes les sources d’électricité propres (renouvelables et nucléaire) ont atteint 39 % de l’électricité mondiale, un nouveau record. La production solaire a augmenté de 24 %, ce qui en fait la source d’électricité à la croissance la plus rapide pendant 18 années consécutives ; la production éolienne a augmenté de 17 %. Pour réaliser l’importance de la hausse, l’augmentation de la production solaire mondiale en 2022 aurait pu répondre à la demande annuelle d’électricité de l’Afrique du Sud et l’augmentation de la production éolienne aurait pu alimenter la quasi-totalité du Royaume-Uni, souligne le think tank dédié au climat et à l’énergie Ember qui a étudié les données du secteur de l’électricité de 78 pays représentant 93 % de la demande mondiale dans son rapport annuel Global Electricity Review 2023 .

Plus de soixante pays génèrent désormais plus de 10 % de leur électricité à partir de l’éolien et du solaire. Cependant, les autres sources d’électricité propre ont chuté pour la première fois depuis 2011 en raison d’une baisse de la production nucléaire et de la mise en service de moins de nouvelles centrales nucléaires et hydroélectriques.

En Afrique, la Namibie (25 %), le Maroc (17 %) et le Kenya (16 %) sont en tête pour la part de l’éolien et du solaire. Mais ailleurs, la dépendance à l’énergie solaire et éolienne est généralement bien inférieure à la moyenne mondiale.

Dans les pays en développement, l’investissement dans des sources d’énergie propres jouera un rôle crucial pour répondre à la demande croissante d’électricité, qui augmente à mesure que la population mondiale augmente et que le niveau de vie progresse. À l’échelle mondiale, une personne sur dix n’a toujours pas accès à l’électricité, principalement en Afrique subsaharienne et en Asie.

Mais ce ne sont pas seulement les pays en développement où la demande d’électricité augmentera et où les investissements propres doivent suivre le rythme. L’électricité sous-tend la décarbonation d’autres secteurs, car l’électricité propre remplace la combustion de combustibles fossiles dans les transports, le chauffage, le refroidissement et l’industrie. En 2022, l’électricité représentait 20 % de la consommation énergétique finale mondiale. D’ici 2030, il devrait représenter 27 %.

AFRIQUE

Dans environ un mois, du 22 au 26 mai, la Banque africaine de développement (BAD) tiendra son assemblée annuelle en Égypte avec pour thème « Mobiliser les financements du secteur privé en faveur du climat et de la croissance verte en Afrique ». D’ores et déjà, elle attire l’attention sur l’importance de l’évènement car il s’agira de « réfléchir aux moyens de mobiliser plus solidement l’investissement privé dont l’Afrique a besoin pour atteindre ses objectifs urgents en matière d’adaptation au changement climatique et d’atténuation de ses effets », selon un communiqué paru vendredi. Quelque 13 chefs d’État et de gouvernement africains devraient participer à ces réunions.

Si la tendance actuelle des flux de financement climatique vers l’Afrique se poursuit, le continent sera confronté à un déficit annuel qui pourrait dépasser $ 127 milliards d’ici 2030. L’Afrique pourrait en outre perdre jusqu’à 12 % de son PIB d’ici à 2100. En comparaison, le déclin projeté pour les États-Unis et d’autres pays industrialisés serait inférieur à 1 % du PIB, note la banque.

Ces assemblées annuelles seront donc un rendez-vous décisif pour attirer les investissements des acteurs privés vers le secteur de l’énergie propre en Afrique. À l’échelle mondiale, le financement du climat par le secteur privé représentait 49 % du total atteint en 2020 (soit quelque $ 310 milliards). En revanche, sur les $ 29,5 milliards en flux de financement climatique comptabilisés en Afrique en 2020, 80 % ont été mobilisés auprès d’organismes publics internationaux, ceux du secteur privé ne représentant que 14 %.

Des financements supplémentaires seront également nécessaires pour mettre en place tout un arsenal de mesures d’adaptation face aux effets du climat, au nombre desquelles la transition vers une agriculture intelligente et la construction d’infrastructures (routes, ponts, etc.) satisfaisant aux critères de résilience climatique.

GHANA

La Banque africaine de développement (BAD) a approuvé une subvention pour développer les infrastructures d’électricité du Ghana de manière à augmenter sa consommation d’énergie renouvelable de 10 % d’ici 2030.

Le Ghana continue de paver la route pour respecter ses engagement d’atteindre l’accès universel à l’électricité avec 10% d’énergies renouvelables d’ici 2030. Le pays vient de finaliser une levée de fonds totale de 85,18 millions de dollars (78 millions d’euros) pour développer les infrastructures d’électricité solaires décentralisées.

L’enveloppe est apportée par la Banque africaine de développement (BAD) qui vient de débloquer une subvention de $ 28,49 millions (26,1 millions d’euros), le Fonds africain de développement, qui a fourni $ 27,39 millions (€ 25,1 millions), le Secrétariat d’État suisse à l’économie et le gouvernement du Ghana qui ont respectivement apporté € 12,2 et € 14,7 millions.

Les fonds seront consacrés à la construction de mini-réseaux, de systèmes solaires photovoltaïques en autoconsommation et à l’installations de batteries solaires pour le stockage de l’électricité excédentaire. Les dispositifs devraient être développés en tenant compte des innovations liées à la facturation nette.

Le projet vise à financer la conception, l’ingénierie, la fourniture, la construction, l’installation, les tests et la mise en service de systèmes d’énergie renouvelable dans les communautés insulaires de la région du lac Volta.

L’initiative devrait contribuer à combler les écarts entre les sexes au niveau des résultats en créant 2 865 emplois équitables et des opportunités de subsistance, dont 30 % pour les femmes et les jeunes”, ajoute la BAD dans un communiqué. L’institution a déclaré participer au projet d’électrification ghanéen dans le cadre son New Deal sur l’énergie pour l’Afrique, où elle cherche à promouvoir la réduction des émissions de gaz à effet tout en renforçant le développement socio-économique du continent.

De son côté, le Ghana présente un taux d’électrification des ménages de 84 % en moyenne, atteignant 94 % dans les zones urbaines et 73 % dans les zones rurales, selon les chiffres du DHS Program.

NIGER

En conseil des ministres jeudi dernier, le marché public d’électrification rurale par voie solaire décentralisée pour la construction de trois centrales solaires dans les régions de Dosso et de Tahoua a été présenté par le ministre de l’Energie et des énergies renouvelables -qui est ministre d’Etat.

Le projet devrait permettre à terme de fournir de l’électricité à environ 17 500 ménages.

Un premier lot de 4,68 MWc fournira en énergie 12 villages de la région de Dosso (Goubaoua Karé, Loma, Yarourou, Bangarassa, Nassarawa, Tombo, Montéré, Kamrey, Karki, Dogon Tapki, Bawada Dagi et Goubey) et un deuxième lot de 4,83 MWc bénéficiera à 13 villages de la région de Tahoua (Barmou, Kohelelane, Albraka, Garin Ayaché, Ikakan, Afagar, Anakar, Azza, Ingoye, Toukoukout, Toudou Souya, Dolé et Tigar).

SIERRA LEONE

Le canadien Klimat X Developments a annoncé lundi avoir conclu le processus d’appel d’offres initial pour les crédits carbone qui proviendront des premiers 5 000 ha que la société développera au Sierra Leone dans le cadre de son Projet « Rewilding Project », projet de « réensauvagement ». Le processus a attiré 16 acheteurs potentiels, allant des maisons de négoce aux grands émetteurs qui recherchent un approvisionnement sûr en crédits carbone pour respecter leurs obligations Net Zero.

Selon les termes de l’accord de pré-achat, la zone initiale du projet de 5 000 ha devrait produire environ 1 400 000 tonnes de crédits carbone au cours de la période contractuelle initiale de 20 ans. Le reboisement avec des espèces indigènes sur le site du projet a commencé au printemps 2022. Environ 400 ha ont été plantés à ce jour et 1 000 ha supplémentaires sont prévus pour l’été 2023.

L’investissement initial de Klimat X d’environ $ 2 millions dans la zone initiale du projet devrait générer des revenus cumulés de $ 141 à $ 211 millions sur la durée de vie totale du projet. Dans le cadre de l’option d’extension à 25 000 ha, la société s’attendrait à générer $ 721 millions à $ 1,08 milliard.

Klimat X développe actuellement 3 projets en Sierra Leone avec un total de plus de 39 millions de tonnes de crédits carbone, faisant de la société le développeur de projets carbone le plus important du pays, souligne-t-elle.

 

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