Chronique Énergies renouvelables en Afrique de l’Ouest au 8 février 2023

 Chronique Énergies renouvelables en Afrique de l’Ouest au 8 février 2023
Partager vers

En 2025, les renouvelables remplaceraient le charbon comme deuxième plus grande source d’électricité en Afrique, estime l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans son rapport Electricity Market Report 2023. La production d’électricité à partir de sources renouvelables atteindrait près de 30 % de la production totale en 2025 contre 24% en 2021. Une bonne nouvelle pour la planète car l’AIE estime que la demande en électricité du continent africain a rebondi de 5,7% en 2021 et devrait encore progresser de 1,5% en 2023. L’AIE se penche sur l’Afrique en faisant un zoom sur quelques pays dont le Nigeria.

Côté projets d’infrastructures, en Côte d’Ivoire, une centrale photovoltaïque sera bientôt mise en service à Boundiali

Au Bénin, un nouveau projet a été lancé afin de renfocer la coopération entre les secteurs de l’énergie et de l’agriculture, tandis qu’au Togo la Compagnie énergie électrique (CEET) va se doter d’une cartographie numérisée des infrastructures de distribution et de la clientèle, l’Allemagne s’intéressant de près à ce qui peut être développé en matière d’énergies renouvelables.

AFRIQUE

La demande en électricité du continent africain a rebondi de 5,7% en 2021 après avoir baissé de 3,3% en 2020 en raison de la Covid, indique l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans son rapport Electricity Market Report 2023 qui vient de paraître.

Quant à 2022, l’AIE estime que la demande en électricité a augmenté de 1,5 %, soit une importante révision à la baisse par rapport à la prévision précédente de 4 % de l’organisation. « L’invasion de l’Ukraine par la Russie a déclenché une révision à la baisse des perspectives de croissance économique en Afrique en raison de la combinaison de prix record de l’énergie et de taux d’inflation élevés, ce qui a pesé lourdement sur nos prévisions de demande d’électricité à travers la région. En outre, la consommation d’électricité en Afrique du Sud a été révisé à la baisse – premier consommateur d’électricité du continent – en raison de contraintes de capacité de production qui se sont révélées pire que prévu. »

La production d’électricité au gaz naturel, qui représentait environ 42 % de la production d’électricité de l’Afrique en 2022, est restée stable en volume par rapport à 2021. Celle dérivée du charbon et du nucléaire (respectivement 27 % et 1 % du mix africain) ont tous deux vus leur production décliner. En revanche, celle dérivée du pétrole (5 % du mix) a bondi de 24 % en glissement annuel. Bonne nouvelle, l’approvisionnement à partir d’énergies renouvelables (24 % du mix de production) a, quant à lui, augmenté de 2 % en 2022, selon l’AIE.

La croissance de la demande en électricité sur le continent devrait rebondir en 2023 à plus de 3 %, car la capacité de production en Afrique du Sud, leader continental en matière d’énergie, s’améliore ainsi que la croissance macroéconomique moyenne du continent qui atteindrait, selon les prévisions, 4,5 % pour 2024 et 2025.

D’ailleurs, la grande majorité de la production supplémentaire jusqu’en 2025 proviendra des renouvelables, suivi du gaz naturel, estiment les experts de l’AIE. L’électricité à partir de sources renouvelables augmenterait de plus de 60 TWh en 2023-2025, pour atteindre près de 30 % de la production totale en 2025 contre 24% en 2021. De ce fait, les renouvelables remplaceraient le charbon comme deuxième plus grande source d’électricité en Afrique, derrière le gaz naturel qui progresserait de 30 TWh de 2022 à 2025 mais dont la part dans le mix de production électrique continentale baisse légèrement de 42 % à 41 % en raison du développement des renouvelables.

BÉNIN

Le ministère du Cadre de vie et du développement durable au Bénin a lancé la semaine dernière le projet Initiative de renforcement des capacités pour la transparence (CBIT) qui  s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la convention-cadre des Nations-Unies pour atteindre de meilleurs résultats face aux changements climatiques.

Renforcer les dispositions institutionnelles pour coordonner l’élaboration des rapports du Cadre de transparence renforcé (CTR) pour les secteurs de l’Energie et de l’AFAT (Agriculture, de la Foresterie et d’autres Affectations des Terres), renforcer la capacité à évaluer et à rapporter les émissions et les absorptions des secteurs de l’énergie et de l’AFAT et à suivre les activités de réduction des émissions connexes en ce qui concerne le CTR figurent parmi les objectifs du projet CBIT.

CÔTE D’IVOIRE

Une centrale photovoltaïque sera bientôt mise en service à Boundiali, dans la région de la Bagoué en Côte d’Ivoire, a annoncé le gouvernement vendredi. Construite sur une surface de 600 hectares (ha), cette installation est d’une capacité de 37,5 mégawatts (MW), avec une capacité de stockage de 10 MW ; elle évitera l’émission de 27 000 tonnes de CO2. Le projet, de FCFA 21,4 milliards (€ 32,5 millions), alimentera environ 30 000 foyers en électricité.

Cette infrastructure participe à la politique de mix énergétique du gouvernement ivoirien, qui vise à porter à 42%, la part des énergies renouvelables dans la production nationale d’énergie,

NIGÉRIA

Dans son rapport Electricity Market Report 2023 (cf. supra), l’Agence internationale de l’énergie (AIE) fait un focus sur quelques pays africains dont le Nigeria. L’accès à l’électricité au Nigeria est entravé par l’insuffisance de la capacité de production et du transport d’électricité, à quoi s’ajoute l’effondrement du réseau électrique : de janvier à  septembre 2022, à sept reprises il y a eu une coupure générale. C’est plus qu’en 2020 et 2021 mais mieux que la moyenne annuelle depuis 2015 qui était au nombre de 13 par an, indiquent les auteurs.

Selon le président Buhari, ces problèmes de disponibilité sont principalement causés par la faible production au gaz – qui représente 73 % du mix électrique en 2022 – résultant de sabotages des gazoducs.

Selon un rapport de l’Association nigériane des sociétés de production d’électricité, cité par l’AIE, la capacité moyenne de production d’électricité est tombée à son plus bas niveau en sept ans en 2022 (janvier à août) avec 5 634 MW disponibles, 20% en dessous d’une moyenne annuelle de 7 078 MW sur la période rapportée, et 28% en dessous du plus haut atteint en 2020 (7 792 MW).

De nouvelles capacités devraient être mise en service début 2023, avec le démarrage de la centrale hydroélectrique de 700 MW de Zungeru prévue pour le premier trimestre. En octobre, le président Buhari a rappelé l’ambitieux plan de développement électrique lancé en 2019 avec Siemens et avec le soutien du gouvernement allemand qui augmenterait la capacité totale disponible du pays à 25 GW d’ici 2025. Il est rappelé par l’AIE l’adoption par le Sénat en juillet 2022 de l’amendement constitutionnel permettant aux États fédérés de posséder et développer la production, le transport et la capacité de distribution. Cette suppression du monopole de l’État fédéral devrait, selon l’AIE, faciliter l’investissement dans de nouvelles capacités par le biais de partenariats public-privé.

TOGO

Bärbel Höhn, représentante spéciale du ministère allemand de la Coopération économique et du développement (BMZ) pour l’énergie en Afrique, était au Togo en début de semaine dernière. Le but de cette visite était d’identifier et de promouvoir des solutions décentralisées et durables pour l’approvisionnement en énergie, selon le communiqué du gouvernement togolais.

Mme Höhn devait visiter des projets financés par l’Allemagne et ses partenaires de Team Europe dans les régions des Plateaux et Centrale et se rendre à Sokodé, puis à Blitta ainsi qu’à Kpalimé. Priorité est donnée par l’Allemagne au solaire.

L’Allemagne, l’Union européenne et le Togo développent le Projet d’urgence pour la région des Savanes (PURS), le volet électricité étant mis en œuvre par le projet ProEnergie à travers la GIZ.

Le Projet d’extension du réseau électrique des centres urbains du Togo (Perecut) soutenue par la France, l’Allemagne et l’UE y contribue également.

La Compagnie énergie électrique du Togo (CEET) va se doter d’une cartographie numérisée des infrastructures de distribution et de la clientèle, rapporte Togo First.  Pour ce faire, elle a lancé le 20 janvier, une campagne de recensement des compteurs électriques et autres matériels de branchement installés chez ses clients et relever leurs coordonnées GPS ainsi que des informations techniques. Cette opération doit s’effectuer dans les villes de Lomé, Tsévié, Kévé et leurs environs. Ceci s’inscrit dans le cadre du Projet de réformes et d’investissements dans le secteur de l’énergie au Togo (Priset) financé à hauteur de FCFA 20 milliards (€ 30,4 millions) par la Banque mondiale.

Autres Articles

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *