COP 28 : l’agriculture et les systèmes alimentaires sur l’agenda climatique

Pour la première fois l’agriculture et les systèmes alimentaires seront partie prenante des négociations climatiques. Vendredi 1^er décembre, 134 pays ont signé « La Déclaration des Émirats arabes unis de la COP 28 sur l’agriculture durable, les systèmes alimentaires résilients et l’action climatique » lors de la COP28 qui se déroule du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï. Que dit-elle ? Elle engage les pays signataires à inclure l’agriculture et les systèmes alimentaires dans leurs plans climat d’ici à 2025.

Plus précisément, les pays s’engagent « à accélérer l’intégration de l’agriculture et des systèmes alimentaires dans notre action climatique et, simultanément, à intégrer l’action climatique dans nos programmes politiques et nos actions liées à l’agriculture et aux systèmes alimentaires » d’ici 2025.

“Il n’existe aucune voie permettant d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat et de maintenir la barre des 1,5°C à portée de main sans s’attaquer de manière urgente aux interactions entre les systèmes alimentaires, l’agriculture et le climat“, a affirmé Mariam bint Mohammed Almheiri, ministre du Changement climatique et du climat des Émirats arabes unis. Ajoutant « Les pays doivent placer les systèmes alimentaires et l’agriculture au cœur de leurs ambitions climatiques, en s’attaquant à la fois aux émissions mondiales et en protégeant la vie et les moyens de subsistance des agriculteurs qui vivent en première ligne du changement climatique. L’engagement pris aujourd’hui par les pays du monde entier contribuera à bâtir un système alimentaire mondial adapté à l’avenir ».

Tout le paradoxe de l’agriculture est qu’elle est à la fois victime et acteur du changement climatique. Faut-il rappeler qu’elle est responsable au niveau mondial de plus de 20% des émissions des gaz à effet de serre.

Des dommages croissants pour le secteur agro-alimentaire

Alors qu’à l’ouverture de la COP 28, les Etats se sont accordés pour rendre opérationnel le Fonds pour les pertes et dommages, destiné à aider les pays vulnérables à faire face aux impacts du dérèglement climatique, la FAO estime dans un nouveau rapport la menace croissante de pertes et de dommages induits par le changement climatique pour les systèmes alimentaires. Selon la FAO, les données des évaluations post-catastrophes menées entre 2007 et 2022 indiquent que les pertes agricoles représenteraient en moyenne 23% de l’impact total des catastrophes dans tous les secteurs. A elles seules, les sécheresses ont causé plus de 65% des pertes dans le secteur agricole au cours de cette période, ce qui se traduit par une perte estimée $ 3 800 milliards de production agricole et animale au cours des 30 dernières années.

De son côté le dernier rapport du GIEC souligne que la fréquence et l’intensité des évènements climatiques météorologiques extrêmes diminuent les récoltes et les rendements et dégradent les terres cultivables.

Pour la FAO, la marge d’atténuation des effets négatifs de l’agriculture est importante, le point crucial est le financement. « “Je suis venu ici avec un message clair et positif : les solutions pour les systèmes agroalimentaires sont des solutions pour le climat ! Ce sont aussi des solutions pour la biodiversité, la pauvreté et la santé“, a déclaré QU Dongyu, directeur général de la FAO.

Des engagements financiers

A la suite de la déclaration, plus de $2,5 milliards auraient été mobilisés par la communauté internationale pour soutenir le programme alimentaire et climatique, selon une déclaration de Mariam bint Mohammed Almheiri. En outre, les Émirats arabes unis et la Fondation Bill & Melinda Gates ont lancé un partenariat de $200 millions pour les systèmes alimentaires, l’innovation agricole et l’action climatique, axé sur la recherche agricole, la mise à l’échelle des innovations agricoles et le financement de l’assistance technique pour la mise en œuvre de la déclaration.