Ibrahim Malloum : « faire de l’ACA le cheval de bataille pour défendre le coton africain et la filière cotonnière »

 Ibrahim Malloum : « faire de l’ACA le cheval de bataille pour défendre le coton africain et la filière cotonnière »
Partager vers

Les 19ème Journées annuelles de l’Association cotonnière africaine (ACA), qui  se sont déroulées du 8 au 11 mai à Accra au Ghana, ont été marquées par la volonté de redonner du souffle à une association endormie et dont la gestion a fait défaut. De nouveaux statuts ont été adoptés, une nouvelle équipe dirigeante nommée et les commissions redynamisées. Explications à CommodAfrica d’Ibrahim Malloum, secrétaire général charge du commerce à Cotontchad SN et nouveau président de l’ACA.

La dernière réunion de l’ACA la semaine dernière a marqué une renaissance de l’ACA qui part sur des bases nouvelles. Quel diagnostic a été fait de l’évolution de l’ACA et quelles mesures ont été engagées à Accra ?

L’ACA n’avait plus son dynamisme d’antan. Les membres de l’ACA -les sociétés cotonnières –ont estimé nécessaire qu’elle retrouve le rôle essentiel de fédérer l’ensemble des acteurs de la filière coton en Afrique, des sociétés cotonnières jusqu’aux cotonculteurs en passant par  les traders, les compagnies d’assurance, les banques, les logisticiens, etc. L’ACA, c’est aujourd’hui la structure la plus forte en Afrique  et nous n’avons pas le droit de la laisser sombrer.

C’est dans ce sens là que nous avons été sollicité par tous les intervenants pour relancer l’ACA. Lors des journées de l’ACA, le comité directeur a procédé au toilettage des statuts et du règlement intérieur de l’association.

Quelles modifications ont été apportées aux statuts et règlement intérieur ?

Premièrement, au lieu d’avoir un secrétaire permanent nous avons maintenant un secrétaire exécutif pour lequel un appel à candidature va être lancé. Il  y aura un cahier des charges précis et on prendra en compte les défaillances observées durant la longue période où a exercé le secrétaire permanent. Nous ne devons pas arriver à la même dérive. Le secrétaire exécutif aura une secrétaire comptable. L’autre innovation est la création d’un comité d’audit, qui sera rattaché directement au comité directeur et qui réalisera deux audits par an.

Aux côtés du président de l’ACA seront présents cinq vice-présidents venant du Burkina Faso,  du Cameroun,  de la Côte d’Ivoire, du Soudan, et de la Tanzanie.

Le siège social de l’association sera désormais à Ouagadougou au Burkina Faso.

Au delà des aspects juridiques, quelles décisions ont été prises ?

Tout le monde est mobilisé à tous les niveaux et dans tous les pays pour faire de l’ACA le cheval de bataille pour défendre le coton africain et la filière cotonnière.

Le combat est toujours le même, ces dernières années nous avions baissé les bras. Il faut que l’ACA revienne à ses débuts. Il faut qu’elle soit convaincante et agressive sur le plan diplomatique, qu’elle multiplie les partenariats, qu’elle renforce les relations avec les sociétés cotonnières de part le monde et bien sur qu’elle défende les couleurs du coton africain.

Ensuite, pour la redynamiser nous allons actualiser les différentes commissions qui doivent être le moteur de l’ACA. Nous avons cinq commissions.  La commission production agricole très importante dans la phase actuelle avec le problème des jassides et des intrants agricoles et fondamentale pour pouvoir discuter et partager les informations entre les différentes sociétés cotonnières pour si le besoin se fessait sentir d’influencer la position de nos responsables et dirigeants pour soutenir la  filière coton en Afrique.

Puis nous avons la commission égrenage et énergie, la commission transport et logistique, la commission de commercialisation avec l’objectif de maximiser notre vente de coton sur les différents marchés et aussi en compagnie de nos clients, qui sont les négociants, aller prospecter le marché dans les pays consommateurs. Le filateur doit voir le visage de celui qui produit et commercialise à la base, ce qui vient renforcer la position du négociant.

Chaque pays africain est toutefois en concurrence avec les autres sur les marchés de consommation ?

Le marché est tellement vaste que l’on ne se concurrence pas entre pays africains. Nous sommes complémentaires dans la mesure où vous ne trouverez pas une filature qui utilise que du coton burkinabè ou malien ou …  Il faut un mélange des différentes origines. Il  y a donc de la place pour tout le monde. Ce que nous devons faire c’est augmenter la production cotonnière africaine.

Et la dernière commission est celle du classement. Il faut mettre en place le plus rapidement possible le classement HVI au lieu du classement manuel.

Quelle est actuellement la situation financière des sociétés cotonnières en Afrique avec la flambée des intrants, le coût de l’énergie, et une production 2022/23 fortement réduite dans certains pays suite notamment aux jassides ?

Le coût des intrants a impacté les sociétés cotonnières mais aussi et surtout les producteurs. Ils ont été doublement impacté avant par le Covid avec un niveau très élevé des coûts de la logistique et des intrants puis la guerre Russie-Ukraine, avec une part importante de l’approvisionnement en intrant en provenance de ces pays, et la aussi un approvisionnement difficile en intrants et des coûts qui ont doublé en une année. Les Etats ont du intervenir pour alléger les coûts.

Les prix du coton tournent autour de 80 cents la livre sur l’ICE. Ce prix est-il aujourd’hui suffisamment rémunérateur pour les sociétés qui font fasse à la hausse des coûts ?

Tout dépend du niveau du dollar. Historiquement sur un période de 30 à 40 ans, le coton à 80 cents c’est un prix correct. Nous sommes tombés jusqu’à 36 cents la livre. En revanche, l’évolution du dollar conditionne tout.

Comment se positionne l’ACA par rapport au « divorce » entre Cotton made in Africa (CMIA) et Better Cotton (Lire : Avec la fin du partenariat CmiA-BCI, la question de la certification du coton africain se pose) qui complexifie la commercialisation du coton certifié uniquement CMIA ?

Jusqu’à présent la décision finale n’est pas prise. Les sociétés peuvent vendre du coton CMIA sous Better Cotton jusqu’en 2024. Les discussions continuent. C’est sur l’agenda de l’ACA.

En mars 2023, a été créée l’Organisation régionale des interprofessions de la filière coton des Etats membres de l’Uemoa (Lire : L’Afrique de l’Ouest du coton se regroupe pour mutualiser ses pratiques et ressources). Ses objectifs ne se superposent pas avec l’ACA, certes pour un nombre de pays plus réduit ?

Nous voyons cela d’un bon œil. L’interprofession ce sont les producteurs. Nous nous occupons des sociétés cotonnières et tout ce qui gravite autour du commerce de la fibre. Nous sommes plus global.

 

Autres Articles

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *