Les approvisionnements alimentaires mondiaux seront mis à rude épreuve en 2024

 Les approvisionnements alimentaires mondiaux seront mis à rude épreuve en 2024
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Après trois années de hausse, les prix mondiaux des céréales ainsi que des oléagineux se sont contractés en 2023, les prix élevés ayant incité les agriculteurs à planter tandis que les goulots d’étranglement consécutifs à l’invasion de l’Ukraine par la Russie se sont atténués. Les marchés céréaliers ont été rassurés par les importantes exportations de blé de la Russie, qui a récolté une autre récolte exceptionnelle cette année, et par la reprise des expéditions de céréales en provenance d’Ukraine après que Kiev a établi un nouveau canal d’expédition.  (Lire : Les produits agricoles tropicaux ont eu le vent en poupe en 2023). Mais les consommateurs devraient faire face à un approvisionnement plus restreint jusqu’en 2024, dans un contexte d’El Nino défavorable, de restrictions à l’exportation et d’obligations plus strictes en matière de biocarburants.

Les prix mondiaux du blé, du maïs, du soja et de l’huile de palme ont chuté respectivement de 21%,31%, 15% et 10%  en 2023 mais ils restent  toutefois vulnérables aux chocs d’offre et à l’inflation alimentaire au cours de la nouvelle année, selon les analystes. “La situation de l’offre de céréales s’est certainement améliorée en 2023 avec des récoltes plus importantes dans certains des endroits clés qui comptent. Mais nous ne sommes pas encore vraiment sortis du bois“, a déclaré Ole Houe, directeur des services de conseil chez IKON Commodities à Reuters. Précisant “Nous avons des prévisions météorologiques concernant El Nino au moins jusqu’en avril-mai, le Brésil va presque certainement produire moins de maïs et la Chine surprend le marché en achetant de plus grands volumes de blé et de maïs sur le marché international ».

Le phénomène El Nino présent au 1er semestre 2024

Le phénomène météorologique El Nino, qui a provoqué la sécheresse dans une grande partie de l’Asie en 2023, devrait se poursuivre au premier semestre 2024, mettant en péril les approvisionnements en riz, blé, huile de palme et autres produits agricoles chez les principaux exportateurs et importateurs mondiaux. Les conditions de semis sèches et la diminution des réservoirs risquent de réduire les rendements et donc d’abaisser la production de riz en Asie au 1er semestre 2024. Or, contrairement aux autres céréales, les prix mondiaux du riz ont fortement progressé  en 2023 atteignant des plus hauts de 15 ans à la suite de la réduction de la production mais aussi de la politique de restriction des exportations de l’Inde.

En Inde, où la prochaine récolte de blé est également menacée par le manque d’humidité, ce qui pourrait obliger le deuxième consommateur mondial de blé à recourir aux importations pour la première fois en six ans, les stocks nationaux des entrepôts d’État étant tombés à leur plus bas niveau en sept ans.

De même en Australie, deuxième exportateur mondial de blé,  les mois de chaleur intense ont freiné la récole de blé en 2023 et mis fin à une série de trois récoltes record. Cela incitera probablement les acheteurs, notamment la Chine et l’Indonésie, à rechercher de plus gros volumes de blé auprès d’autres exportateurs d’Amérique du Nord, d’Europe et de la région de la mer Noire.  Les semis en avril prochain seront réalisés sur des sols secs. “La situation de l’approvisionnement (en blé) au cours de la campagne agricole 2023/24 en cours va probablement se détériorer par rapport à la saison dernière“, souligne  la Commerzbank dans une note. “Cela s’explique par le fait que les exportations des pays producteurs importants seront probablement nettement inférieures.”

Du côté positif des approvisionnements céréaliers, la production sud-américaine de maïs, de blé et de soja devrait s’améliorer en 2024, même si les conditions météorologiques irrégulières au Brésil laissent planer des doutes.

En Argentine, les pluies abondantes sur les zones agricoles devraient stimuler la production de soja, de maïs et de blé dans l’un des plus grands pays exportateurs de céréales au monde. Le Brésil devrait atteindre une production agricole quasi record en 2024, même si les estimations de production de soja et de maïs du pays ont été réduites ces dernières semaines en raison du temps sec.

La production mondiale d’huile de palme devrait également chuter l’année prochaine en raison du temps sec d’El Niño, ce qui soutiendrait les prix qui ont chuté de plus de 10 % en 2023.

Nous constatons plus de risques à la hausse qu’à la baisse des prix“, a déclaré CoBank, l’un des principaux prêteurs du secteur agricole américain, à Reuters. “Les stocks mondiaux de céréales et d’oléagineux sont tendus par rapport à des mesures historiques, l’hémisphère Nord connaîtra probablement un fort phénomène climatique El Nino pendant la saison de croissance pour la première fois depuis 2015, le dollar devrait poursuivre sa récente baisse et la demande mondiale devrait revenir à sa tendance de croissance à long terme ».

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