La Chronique Matières du Jeudi (4 juin 2015)

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Les agriculteurs en Afrique et en Asie de l'Est devraient subir des pertes de cultures en raison des conditions météorologiques extrêmes liées au phénomène El Nino ont indiqué  mercredi des scientifiques lors d'une conférence sur le changement climatique à Bonn en Allemagne. 

La saison des pluies a été retardée dans plusieurs pays africains, et il est difficile de prévoir exactement le volume des pertes, a dit Sonja Vermeulen de l'Université de Cophenhague ajoutant  que les producteurs d'arachide sont déjà touchés en Gambie. Des pertes substantielles dans les cultures de haricots, pommes de terre et maïs sont attendues dans certaines régions du Kenya indique aussi James Kinyangi, conseiller principal au Climate Change, Agriculture and Food Security (CCAFS). 

Certaines régions de Chine, d'Inde et d'Indonésie devraient aussi être sérieusement affectées par le phénomène. 

CACAO

C'est le Ghana qui a dominé l'actualité du marché mondial du cacao ces derniers jours (voir Le Ghana étend sa période d’achat de cacao), le Cocobod annonçant mardi étendre indéfiniment sa période d'achat de la campagne principale afin de s'assurer que les fèves continuent à approvisionner le marché mondial. Rappelons que les fèves de la campagne intermédiaire, de plus petite taille et donc de moindre qualité, sont principalement destinées à être broyées localement et sont achetées à partir du 1er juin avec une décote de 20% par rapport à la principale.

Cette annonce du Cocobod mais aussi la faiblesse du dollar, ajoutées à la crainte de voir le phénomène météorologique El Niño refaire surface dans les zones de production cacaoyères, a fait repartir à la hausse le prix de la fève sur les marchés à terme après 6 sessions de baisse. Mercredi, la fève retrouvait un plus haut qu'elle n'avait plus enregistré depuis 7 mois !

Certes, le marché mondial a déjà intégré le fait que la récolte au Ghana sera plus faible qu'initialement anticipée, rappelle Laurent Pipitone de l'Organisation internationale du cacao (ICCO), et l'annonce du prolongement de la récolte principale relève plus de l'organisation interne de la commercialisation au Ghana que d'une véritable nouvelle pour le marché mondial. Mais c'est la tendance qui inquiète les opérateurs sur le marché. "Si la production au Ghana est plus faible que les 700 000 t que le marché  a intégré dans son prix de marché, et si effectivement on a El Niño et que les récoltes au Ghana et en Côte d'Ivoire sont impactées, alors nous courrons au devant de gros problèmes", selon Nick Gentile de NickJen Capital à New York.

En Côte d'Ivoire, les arrivages aux ports d'Abidjan et de San Pedro ont atteint 1 445 000 t au 31 mai, selon les exportateurs, en baisse par rapport aux 1 460 000 t recensées à pareille époque la campagne dernière.

En Malaisie, les exportations de fèves ont chuté de 20% en mai par rapport à mai 2014, à 3 122 t. Là encore, les maladies et de mauvaises conditions climatiques ont impacté l'ensemble de la campagne. Sur l'année calendaire 2014, les exportations ont totalisé 33 504 t contre 89 380 t en 2013.

Côté consommation, les importations russes de fèves de cacao ont chuté à 8 700 t sur les 4 premiers mois de l'année par rapport à la même période en 2014, les importations de produits du cacao baissant aussi à 16 600 t contre 23 500 t sur les 4 premiers mois de 2014.

Petit coup d'œil du côté du Brésil où le marché est assez bouillant ! Les livraisons de fèves dans les entrepôts brésiliens, des fèves provenant tant des zones de production brésiliennes que des importations, ont fait un bond de 129% entre le 25 et le 31 mai par rapport à la même période l'année dernière, selon l'Association commerciale de Bahia.

CAFÉ

L'Arabica a terminé la période sous revue à la hausse mais de façon hésitante alors que le prix du Robusta a franchement grimpé durant 5 sessions consécutives, touchant mercredi son plus haut en un mois, à $ 1 742 la tonne sur le marché à terme de Londres. Une semaine auparavant, le Robusta languissait encore à $ 1 566. Cette tendance haussière sur plusieurs séances – surtout le franchissement du seuil psychologique des $ 1 700 la tonne –  a incité les Vietnamiens à sortir leur Robusta entreposé depuis des mois par les producteurs et les mettre sur le marché. Sans surprise, cette abondance soudaine de l'offre vietnamienne a conduit à une baisse de sa prime, qui est passée de $ 70 la semaine dernière à $ 50 la tonne ces derniers jours.

Rappelons que, jusqu'à cette semaine, les prix du Robusta étaient assez faibles car les stocks en Europe regorgeaient de conilon, le Robusta brésilien. Mais ce café est entreposé, parfois, depuis longtemps et sa qualité se détériore ou du moins elle n'est pas aussi belle que les arrivages frais. Les industriels et torréfacteurs européens hésitent donc à y recourir. Evidemment, les torréfacteurs peuvent aussi attendre les Robusta d'Indonésie, souvent meilleur marché que les vietnamiens, mais les premières expéditions ne se feront qu'en juillet.

Les importations russes de café ont baissé à 46 200 t sur les 4 premiers mois de 2015 contre 49 000 t sur  la même période en 2014.

CAOUTCHOUC

Difficile de donner une direction aux cours du caoutchouc. Mardi, les cours ont clôturé en baisse sur le Tocom mettant fin à cinq séances consécutives de hausse et à un plus haut de 16 mois atteint plus tôt dans la journée. Les investisseurs ont  pris leur bénéfice alors que le yen récupérait d’un plus bas de plus de 12 ans face au dollar. Même mouvement de yoyo entre mercredi et jeudi.

En Inde, l’intense vague de chaleur qui touche le pays pourrait affecter  le rendement du caoutchouc naturel à Kottoyam, la principale région productrice de caoutchouc de l’État de Kerala, selon une étude conduite par le Rubber Research Institute of India (RRII). Le Kerala contribue à environ 90% de la production totale de caoutchouc naturel du pays. Et la production indienne a déjà chuté de 15% en 2014/15 à 655 00 tonnes. La production de latex étant très sensible à la température atmosphérique, l'impact du changement climatique dans cette région pourrait sérieusement affecter l'hévéaculture si la tendance actuelle au réchauffement se poursuit.

Après l’huile de palme, la durabilité du caoutchouc est de plus en plus de mise. L’un des premiers groupes mondiaux de pneumatique,  et gros consommateur de caoutchouc naturel, le groupe Michelin a annoncé mi-mai la création  d’une joint-venture en Indonésie avec Barito Pacific Group (BPG) pour produire du caoutchouc naturel "éco-responsable". Le projet porte sur la reforestation de trois concessions d`une surface totale de 88 000 hectares. Sur la  moitié de cette surface, des hévéas seront plantés pour produire environ 80 000 tonnes du caoutchouc nature. L’autre moitié des parcelles aura pour but de recréer un environnement naturel, de créer des cultures vivrières pour la population locale, et de réimplanter d’autres espèces végétales endémiques. Peu de temps avant, le groupe avait signé un partenariat avec le WWF pour promouvoir une filière de caoutchouc naturel durable et pour mener plusieurs projets de protection et restauration de la faune et la flore dans les régions concernées.

COTON

Les cours du coton ont bondi mercredi effaçant les pertes des trois sessions précédentes  et clôturant à 65,24 cents la livre pour le contrat de juillet.

Les stocks mondiaux de coton en 2015/16  vont enfin baisser, de 5% et de 3%  selon le dernier rapport mensuel du Comité consultatif international du coton (CCIC). C’est une première depuis la campagne 2010/11.  La faiblesse des prix en 2014/15 devraient entrainer une baisse de 7%  des superficies consacrées au coton et donc à une baisse de 9% de la production mondiale en 2015/16 à 23,9 Mt. Les superficies baisseraient de 12% en Chine, de 5% en Inde et de 15% aux Etats-Unis.  Du côté de la consommation, le CCIC anticipe une hausse de 2%, elle s’établirait à 24,9 Mt.  Si la consommation devrait être stable en Chine, elle progresserait dans les pays voisins, notamment en Inde et au Pakistan. Enfin, le commerce de la fibre devrait connaître une légère reprise en 2015/16, après avoir une baisse estimée à 12% en 2014/15 en raison de la chute de 45% des importations chinoises non compensée par le reste du monde.  Le CCIC anticipe une hausse de 2% du commerce à 7,7 Mt suite à une hausse de 3% à 6,1Mt des importations en dehors de la Chine. Hors Chine, le Bangladesh, le Vietnam et l’Indonésie devraient être les trois plus grands importateurs mondiaux. Du côté des exportateurs, les exportations des  Etats-Unis devraient rester stables à 2,3 Mt tandis que celles de l’Inde, qui ont été divisées par  deux en 2014/15, reprendraient modestement  pour se situer à 1,2 Mt (+3%).

Au Bénin, la production de coton en 2014/15 s’est accrue de 28% pour s’établir à 393 000 tonnes. Le prix au producteur pour la campagne 2015/16 progresse de FCFA 10 par kilo à FCFA 260 pour un objectif de production fixé à 500 000 tonnes.

HUILE DE PALME

Début de semaine flamboyant pour les cours de l’huile de palme, qui ont bondi à un sommet de trois mois clôturant mardi à  2 349 ringgit la tonne suivant les  marchés du soja dopés par des objectifs en hausse sur la production de biodiesel aux  Etats-Unis. Toutefois, le recul des prix de l’huile de soja tant aux Etats-Unis qu’en Chine ainsi que ceux du pétrole, ont eu raison des cours de l’huile de palme qui ont chuté jeudi pour la deuxième journée consécutive. Et la faiblesse du ringgit a simplement limité les pertes.

RIZ

Déjà très bas, les prix du riz thaïlandais ont à nouveau chuté cette semaine, se situant à $ 370 la tonne pour le 5%, alors même que le gouvernement s’apprête à lancer un nouvel appel d’offre pour la vente d’un million de tonne le 15 juin prochain.  Un prix toutefois encore légèrement supérieur à celui  du Vietnam qui se situe pour la même qualité entre $350 et $360 la tonne.

Du côté du Vietnam, les offres pour du riz de moindre qualité (Viet 25%) ont légèrement augmenté cette semaine après que les pays ait augmenté le prix plancher à l’exportation de 3% à $350 la tonne. Une décision entrée en vigueur lundi. Ce qui a amené une distorsion des prix, le Viet 25% étant habituellement inférieur de $20 la tonne à la qualité Viet 5%.

Pour le neuvième mois consécutif, le mois de mai est marqué par une baisse des prix sur le marché international du riz, ce qui porte l’indice FAO du prix du riz  à 215 points, en recul de 3 points par rapport à avril, observe la FAO. Les prix du riz parfumé ont enregistré la plus forte baisse tandis que les  cours du riz Indica sont stables et ceux du  riz Japonica sous pression ont baissé.

 Ã€ l'exception du Pakistan, tous les autres principaux pays ont fait face à un ralentissement des prix. En Thaïlande, le Thaï 100% a perdu  16 points (3,9%), face à une demande atone des importateurs et l’annonce de ventes importantes de riz provenant des stocks publics sur appel d'offres en juin et juillet. La concurrence s’étant intensifiée, les prix ont également diminué en Inde et au Vietnam, tandis qu'un resserrement de l'offre provoquée par la fermeté de la demande en provenance  d'Afrique de l'Est  a fait grimper les prix au Pakistan (en dehors du basmati). Les prix aux États-Unis ont également subi de fortes baisses, ainsi qu’en Argentine et en Uruguay, en raison principalement de la faiblesse des ventes à l’exportation. .

 Selon l'indice de la FAO, les prix internationaux du riz sur les cinq premiers mois de 2015 étaient inférieurs de 6,7%  à ceux sur la même période en 2014. La baisse la plus forte est celle des riz parfumés (-27,4%), en particulier le basmati, mais les prix Indica étaient aussi en moyenne plus faibles.

SUCRE

La hausse aura été de courte durée sur les marchés à terme du sucre, le roux baissant hier à New York après 5 sessions de hausse. En cause, toujours une disponibilité considérable de produits physique à travers le monde, notamment en Inde et en Thaïlande, mais aussi un facteur technique lié aux changements d'échéance sur les marchés à terme.

L'abondance des récoltes en Thaïlande et en Inde a conduit la Société Générale à réviser ses estimations et prévisions mondiales : alors que la banque, spécialisée dans les matières premières, avait estimé que la campagne 2014/15 serait déficitaire de 470 000 t, elle estime maintenant que la campagne sera excédentaire de 2,73 millions de tonnes (Mt). Quant à ses prévisions pour 2015/16, le déficit ne serait pas de 5,25 Mt, comme initialement envisagé, mais plutôt de 1,35 Mt. Rien d'étonnant que les cours du sucre soient repartis à la baisse cette semaine…

Les importations russes de sucre roux sur les 4 premiers mois de l'année ont baissé à 371 400 tonnes (t) contre 379 400 t sur la même période en 2014, selon les statistiques douanières.

 

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