Les produits agricoles secoués par les tensions commerciales et une offre abondante

 Les produits agricoles secoués par les tensions commerciales et une offre abondante
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Des disponibilités abondantes pour la plupart des cultures – des céréales aux oléagineux en passant par le cacao ou le café -, les tensions commerciales croissantes entre les Etats-Unis et la Chine, et des fluctuations monétaires, en particulier la dépréciation du réal brésilien et l’appréciation du dollar américain, ont fait chuter de près de 7% les prix du produits agricoles au troisième trimestre 2018, soit la plus forte baisse trimestrielle depuis le quatrième trimestre 2011.

Globalement sur l’année 2018, les cours des produits de base agricoles, dont les denrées alimentaires et les matières premières, devraient légèrement se replier puis progresser de 1,6 % en 2019, estime la Banque mondiale dans Commodity Markets Outlook. Une hausse stimulée par la hausse des coûts de l’énergie et des engrais.

En revanche, les prix de l’énergie ont progressé de 3% au 3ème trimestre 2018, reflétant en partie l’imposition prochaine de sanctions à l’Iran par les Etats-Unis et la baisse continue de la production au Venezuela. Les prix du pétrole devraient atteindre en moyenne $72 le baril en 2018, soit près de 36% de plus qu’en 2017. Toutefois, l’organisation internationale suggère une faible remontée des prix du pétrole en 2019 à $74 le baril.

Chute de 11% des prix de huiles végétales et farines

Pour les céréales et les oléagineux, la révision à la hausse des estimations de la production des principales cultures – maïs, riz et soja – ont affecté les prix des céréales et des graines oléagineuses à l’exception du blé dont les rendements souffrent du temps sec dans les principales régions productrices. Les huiles végétales et tourteaux, les plus touchées avec une baisse de 11% des prix au 3ème trimestre, ont été aussi impactées par l’imposition par la Chine de droits de douane de 25% sur le soja américain.

L’indice des prix des céréales devrait augmenter légèrement de 1% en 2019, après une hausse estimée à 10% en 2018 suite à la sécheresse qui a affecté les prix du blé en Europe et en Asie centrale. Les prix des huiles alimentaires et farines devraient augmenter de plus de 2% en 2019, annulant une baisse de 2% en 2018. Mais, souligne la Banque mondiale, ces prévisions sont sujettes à de nombreuses incertitudes, outre les conditions climatiques. Parmi celles-ci  l’instabilité des prix de l’énergie et des engrais, l’escalade des frictions commerciales, les politiques de soutien interne, la poursuite du renforcement du dollar, une nouvelle dépréciation monétaire des exportateurs de produits de base ou la montée en puissance des biocarburants.

Abondance du cacao, café et thé

Le cacao, le café et le thé, ce que la Banque mondiale appelle le marché des boissons, ont reculé de près de 9% au 3ème trimestre, avec la hausse des disponibilités sur les trois marchés. Sur l’année 2018, la baisse devrait être de plus de 5% avant une stabilisation en 2019.

Les prix de l’Arabica et du Robusta ont tous deux baissé (de 7% et 8% respectivement), le premier atteignant son plus bas niveau en 10 ans. Le sentiment baissier reflète les révisions à la hausse des estimations de la production pour le Brésil et le Vietnam, et, dans une moindre mesure, des révisions à la baisse des estimations de la consommation. La production mondiale de café devrait augmenter de 7% en 2018/19. La faiblesse de la monnaie brésilienne a fait grimper les prix du café reçus par les producteurs, ce qui a entraîné une augmentation des exportations brésiliennes et une nouvelle baisse des prix mondiaux – la récente appréciation du real a toutefois inversé cette tendance. Les prix du café Arabica devraient se situer en moyenne à $2,85 / kg en 2018, soit 14% de moins que l’année dernière et les prix du Robusta devraient baisser de 18% en 2018, estime la Banque mondiale. Une légère reprise est attendue en 2019.

Quant au cacao, après les fortes hausses enregistrées plus tôt dans l’année, les prix du cacao ont chuté de près de 13% au troisième trimestre, la aussi en réponse aux estimations révisées à la hausse de la production mondiale, et notamment celle du 1er producteur mondial (cf. nos informations).  Malgré la récente faiblesse des prix, les cours du cacao devraient augmenter de 2% en 2019, après une augmentation prévue de 13% en 2018, la consommation devant dépasser la production ces deux années, estime la Banque mondiale.

Les prix du thé sont aussi victimes des conditions météorologiques favorables en Afrique de l’Est où la production a progressé de 17% en 2018. Sur l’année, ils devraient baisser de 9% pour légèrement remonter, plus 1%, en 2019.

Le caoutchouc toujours dans les abîmes

Les prix du caoutchouc naturel ont plongé de 12% au 3ème trimestre, tombant à leur plus bas niveau en 30 mois. Les prix déprimés reflètent la hausse de la production due aux conditions météorologiques très favorables chez les deux principaux producteurs mondiaux, la Thaïlande et le Vietnam, et à la faiblesse de la demande de la Chine, entraînant une accumulation de stocks inhabituellement élevée. En outre, l’imposition d’un droit d’importation de 10% sur les pneumatiques chinois par les États-Unis et le ralentissement des importations de pneumatiques de l’Union européenne exercent une pression supplémentaire à la baisse sur la demande. Les prix du caoutchouc naturel devraient rester bas en 2019 après une baisse prévue de 20% en 2018.

En revanche, si les prix du coton ont légèrement diminué au 3ème trimestre de 2018, ils restent supérieurs de 15% à ceux de l’année dernière. Sur l’année, la Banque mondiale estime qu’ils devraient gagner 11% et demeurer quasiment inchangés en 2019.

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