La Chronique Matières du Jeudi (10 septembre 2015)

Partager vers

La faiblesse du dollar cette semaine a conduit les prix de nombre de produits à la hausse sur les marchés internationaux cette semaine.

CACAO

Le temps très sec en Côte d'Ivoire fait grimper le prix du cacao sur les marchés mondiaux, malgré les volumes élevés d'arrivage aux ports ivoiriens en cette fin de campagne 2014/15 : entre le 31 août et le 6 septembre, les arrivages à Abidjan et San Pedro ont totalisé 22 000 tonnes (t) contre 11 000 t sur la même semaine l'année dernière. Depuis le démarrage de la campagne 2014/15, le 1er octobre, et jusqu'au 6 septembre, les arrivages ont totalisé 1 732 000 t contre 1 707 000 t sur la même période en 2013/14.

 A Londres, la tonne de fèves a terminé mercredi à £ 2 204 et à New York à $ 3 270. Mardi, elle a atteint son plus haut en 6 semaines.

Des prix qui, historiquement, sont élevés et devraient peser sur les prochains achats des grandes maisons de confiserie qui vont commencer à se préparer pour les fêtes de fin d'année. Selon le confectionary market research d'Euromonitor, les confiserie qui seront offertes aux enfants pourraient être en baisse de 30 à 35%, rapporte l'agence Tass.

CAFÉ

La morosité prime sur le marché du café, certains estimant que les pluies au Brésil sont plutôt propices au bon développement des caféiers pour la campagne prochaine. L'Arabica a tout de même terminé mercredi en hausse sur le marché de New York, à $ 1,211 la livre après avoir touché $ 1,192 durant la journée ; certains craignaient voir se rapprocher les $ 1,1775 de la semaine dernière, un plus bas en un an et demi. Le Robusta s'est également redressé hier en clôture de marché de Londres, à $ 1 604 la tonne.

Un Robusta qui ploie sous les stocks pléthoriques au Vietnam, premier producteur et exportateur mondial de Robusta, mais aussi par des exportations soutenues d'Inde et du Brésil. Ceci dit, la production de café sur le campagne 2015/16 (qui démarre en octobre) pourrait chuter de 20% à cause du manque d'eau en début d'année dans la zone de production des Central Highlands, selon l'Association vietnamienne du café et du cacao.

Au Kenya, les prix de son Arabica ont grimpé à la vente aux enchères qui s'est tenue mardi. Le Grade AA s'est vendu entre $ 158 et 270 le kilo contre $ 175-260 la vente dernière, et le Grade AB à $ 126-242 contre $ 122-239.

CAOUTHOUC

Après avoir clôturé vendredi à leur plus bas niveau depuis plus de six ans vendredi, en baisse pour une cinquième séance consécutive affectés par la faiblesse des prix du pétrole, la chute du dollar contre le yen et la crainte d’une offre abondante, les cours du caoutchouc sont repartis à la hausse. Mercredi, pour la troisième séance consécutive, ils clôturent en hausse gagnant 4% à 174,3  yens le kilo portés par la forte hausse de la bourse de Tokyo – l’indice japonais Nikkei grimpant de 7,7%  dopé par la déclaration du Premier ministre Shinzo Abe annonçant une réduction des taux d’imposition  sur les sociétés sur deux ans à partir d’avril 2016 – l’affaiblissement du yen face au dollar et l’espoir de mesures de relance prises par le gouvernement chinois.

Les importations de Chine de caoutchouc naturel et synthétique ont chuté de 4,8% en août par rapport au mois précédent totalisant 400 000 tonnes.

COTON

Evolution en dent sde scie en ce début de semaine pour les cours du coton. Mercredi, ils ont perdu 0,6 cents à 62,92 cents la livre pour le contrat de décembre.

En Chine, la production de coton en 2015/16 devrait chuter à 5,5 millions de tonnes (Mt), en baisse de 15,4%, avec des superficies en recul de 19% selon une estimation  du département américain de l’Agriculture (USDA). Bien que la consommation est prévue en légère hausse à 7,5 Mt, les importations de coton devraient chuter à 1,25 Mt en 2015/16 contre 1,8 Mt la campagne précédente et 3,07 Mt en 2013/14. Elles seraient alors à leur plus bas niveau depuis 13 ans. Selon la banque Barclay, les importations chinoises continueront à baisser et l’Empire du milieu pourrait devenir un exportateur net de coton en 2020 (cf. CommodAfrica).

En Inde , la production de coton est susceptible de diminuer de 15 % cette année en raison de l'insuffisance des pluies et des attaques de ravageurs dans deux régions cotonnières du pays. Dans l’État du Gujarat, la récolte a été frappée par la faiblesse des précipitations après une bonne période de semis, lorsque la mousson était forte. Les précipitations dans la région ont  Ã©té inégales et inférieures de  28% à la normale. "Le rendement pourrait baisser de 10 à 15 % en raison d’une  superficie inférieure et de moins de pluies dans le Gujarat», a déclaré Saurin Parikh de l’ All India Cotton Gin Press Association.

La situation est également préoccupante dans le Maharashtra. "Le manque de pluies dans le centre du  Maharashtra pourrait affecter la récolte», a déclaré KR Kranthi, directeur de l'Institut central de recherche sur le coton (CIRC) basé à  Nagpur. A Pendjab et  Haryana, la récolte risque d’être endommagée par l'attaque de la mouche blanche. Le ravageur a frappé durement la ceinture traditionnel du coton dans ces états et dans certains districts du Rajasthan. "Cette fois, l'attaque de la mouche blanche dans le nord est plus grave que lors  des dernières années et s’est déroulée beaucoup plus tôt", a déclaré Dilip Mongia, chef de la  région Nord du CIRC.

Les experts estiment que les agriculteurs du Pendjab et d’Haryana pourraient perdre jusqu'à 30 % de leur récolte.

HUILE DE PALME

Depuis le début du mois de septembre, les cours de l’huile de palme ont gagné 6%. Cette semaine, ils s’inscrivaient en hausse, la faiblesse du ringgit – il a perdu près de 20% depuis le début de l’année – et l’amélioration des marchés extérieurs étant les catalyseurs. En outre, la demande des raffineurs est plus importantes avec l’amélioration de leur marge.

Les producteurs indonésiens d’huile de palme espère que le déclin anticipé de la production suite de la prolongation de la saison sèche aura un effet haussier sur les prix de l’huile de palme. Le directeur exécutif de l’ Indonesian Palm Oil Producers Association (Gapki) Fadhil Hasan a déclaré  que la chute de la production causée par l'El Nino pourrait réduire l'offre excédentaire sur le marché mondial. "Nous espérons donc [que les prix augmentent], mais nous ne pouvons pas exclure d'autres facteurs qui déterminent les prix de l’huile de palme brute, comme un ralentissement économique et une baisse des prix du pétrole", a-t-il ajouté.

RIZ

Les prix du riz en Asie se sont contractés cette semaine atteignant un plus bas de près de 8 ans au Vietnam avec en toile de fonds la faiblesse de la demande. Toutefois, un appel d’offres des Philippines devrait limiter de nouvelles pertes.  La baisse des prix du riz en Thaïlande et au Vietnam est également due en partie à des devises locales plus faibles. Le baht thaïlandais a perdu près de 10% par rapport au dollar depuis le début de l’année, tandis que le dong vietnamien s’est déprécié de près de 5%.  

Les Philippines ont annoncé le lancement d’ un  nouvel appel d'offres en date du  17 septembre pour l’achat de 750 000 tonnes de riz à 25% de brisures en provenance de Thaïlande, du Vietnam et du Cambodge afin de  renforcer ses stocks et de maintenir des prix stables face à une possible réduction de leur récolte avec la perspective du phénomène El Nino qui pourrait être le plus fort depuis 65 ans.  "L'appel d'offres n'a pas encore stimulé les prix mais au moins il a mis fin à la baisse des prix" a déclaré un négociant basé à Ho Chi Minh-Ville.

En août, les cours mondiaux  du riz ont plongé une nouvelle fois après une période de relative stabilité, voire de légère hausse, constate Patricio Mendez del Villar dans son rapport mensuel Osiriz. La stagnation de la production asiatique ne semble  pas affecter les approvisionnements ni la demande d’importation. Les exportateurs asiatiques continuent à se livrer à une concurrence acharnée 
pour tenter de relancer leurs ventes à l’exportations qui sont inférieures de 15 à 20% par rapport à leur niveau sur la même période l’année dernière.  L’arrivée de la nouvelle récolte en Asie au dernier trimestre pourrait accroître la pression souligne Patricio Mendez del Villar. Toutefois, la faiblesse des prix favorise la demande d’importation en provenance du Moyen Orient et surtout d’Afrique sub-saharienne.

L'Égypte va revenir sur sa décision d'interdire l'exportation de son riz et pourrait vendre jusqu'à un  million de tonnes sur le marché international cette campagne a indiqué Mustafa al-Naggari à la tête du  l’ Agricultural Export Council. "Nous attendons l'annonce du prix officiel à laquelle le gouvernement va acheter le riz aux agriculteurs pour estimer les quantités exactes"  a indiqué Mustafa al-Naggari. Il a précisé que le prix à l’exportation et la lettre de crédit seront les seules obligations pour exporter du riz, il ne serait donc plus demandé aux exportateurs pour chaque tonne exportée de vendre un montant similaire au gouvernement.  L’Égypte avait déclaré le 27 août qu'elle allait interdire les exportations de riz à compter du 1er septembre afin de  satisfaire la consommation intérieure.

Le Cambodge a exporté 342,136 tonnes de riz blanchi  sur les huit premiers mois de 2015, en hausse  de 46 % par rapport à la  même période en 2014, selon le dernier rapport du secrétariat du One Window Service for Rice Export. Les trois principaux étaient la Chine, la France et la Pologne. L’année dernière, les exportations s’étaient élevées à près de 370 000 tonnes pour une valeur de $ 247 millions selon le ministère du Commerce. 

SUCRE

Après deux jours de baisse, le sucre roux est reparti à la hausse mercredi sur le marché à terme de New York, à 11,43 cents la livre. Le blanc en a fait autant, s'établissant à $ 346 la tonne. La raison se trouve toujours, essentiellement, dans les pluies qui tombent dans les zones de production du Sud-est du Brésil et qui perturbent la récolte en cours. En outre, ces pluies risquent de réduire la teneur en sucre de la canne, souligne l'analyste Tracey Allen chez Rabobank.

Autre facteur haussier, la production de sucre dans l'Union européenne (UE) qui serait en baisse cette année par rapport à 2014 à cause d'une réduction des superficies dédiées à la betterave et des rendements plus faibles. Selon Alain Jeanroy, directeur de la Confédération générale des planteurs de betterave (CGB), la campagne en France avait bien démarré puis la sécheresse a sévi. Partant d'une estimation de 16% de teneur en sucre, la CGB estime le rendement moyen en France à 88 tonnes à l'hectare (t/ha) contre 93 t/ha en 2014 mais très proche de la moyenne sur les cinq dernières années. Estimant que les superficies de betterave sont de 382 000 ha, la production serait de 33,6 millions de tonnes (Mt) contre 37,9 Mt en 2014.

En Allemagne, la récolte serait aussi en baisse, mais celle de 2014 était record. En réalité, confie Guenter Tissen, directeur général de WVZ, à Reuters, à l'instar de la France, les rendements allemands seront dans la moyenne des 5 dernières années. L'Allemagne récolterait 20,16 Mt de betterave sucrière, en baisse de 7,4 Mt par rapport à 2014. Quelque 289 000 ha ont été plantés, soit 67 000 ha de moins que l'année dernière.

La Pologne  ne récolterait que 8,5 Mt de betterave contre 13,5 Mt l'année dernière en raison, là aussi, de rendements plus faibles suite à la sécheresse et de superficies moindres. Rafal Strachota, de l'association des planteurs de betterave KZPBC, estime que 171 000 ha ont été emblavés, en baisse de 12%.

Au Royaume Uni, les rendements sont plutôt bons, en ligne avec la moyenne des 5 dernières années, selon Colm McKay, directeur agricole chez British Sugar. Toutefois, les tonnages contractés cette saison sont en baisse de 20% pour tenter de réduire les stocks pléthoriques suite à la campagne record en 2014.

Les stocks de fin de campagne 2014/15 dans l'UE sont proches des 3 Mt, estime Ruud Schers de chez Rabobank.

Quant à la Russie, ses importations de sucre roux ont baissé sur les 7 premiers mois de l'année, à 466 100 t contre 502 300 t sur la même période en 2014, selon les données douanières.

Autres Articles

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *