La Chronique Matières du Jeudi (10/11/2016)

 La Chronique Matières du Jeudi (10/11/2016)
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Après l'ouragan "effet Trump" sur les marchés mondiaux suite à son élection mardi, les marchés financiers se sont fortement ressaisis hier et poursuivent leur ascension aujourd'hui. Le dollar s'est stabilisé et les marchés financiers ont même terminé en hausse mercredi soir. Certains métaux, comme le cuivre, sont soutenus avec pour perspective le programme annoncé de développement des infrastructures aux Etats-Unis. Quant aux matières premières agricoles, elles ont subi les fluctuations monétaires (dollar, yen, real) et la réduction, immédiatement après l'annonce des résultats, de positions longues des fonds d'investissements et spéculatifs pour se porter sur des valeurs refuges comme l'or. Ceci dit, la tempête s'est calmée assez vite, à la surprise de tous, et les produits agricoles se retrouvent vite face à leurs propres fondamentaux.

CACAO

La perspective de disponibilités abondantes de fèves cette campagne 2016/17 continue à peser sur les marchés, Londres étant à son plus bas en 9 mois. Hier, la tonne a clôturé à £ 2 019 à Londres et à $ 2 451 à New York. Lundi, les cours ont chuté à New York à leur plus bas en 3 ans, à $ 2 437 la tonne. Vendredi dernier à al clôture,  New York cotait $ 2 532 et Londres £ 2 072.

En Côte d'Ivoire, le Conseil du café-cacao et le ministère des Finances ont suspendu mi-octobre leurs ventes par anticipation suite à la chute des cours (lire nos informations). La décision sera réexaminée en janvier. Toujours chez le n°1 mondial, les broyages se sont élevés à 41 000 t en octobre contre 40 000 t en octobre 2015 et à 38 000 t en septembre contre 41 000 t en septembre 2015, selon l'association des exportateurs Gepex. Le Gepex qui estime les broyages en 2015/16 à 448 000 t, en baisse par rapport aux 491 000 t en 2014/15.

Du 1er octobre, démarrage de la campagne 2016/17, au 6 novembre, les arrivages aux deux ports ivoiriens ont été en chute libre de 30% par rapport à la même période l'année dernière, à 252 000 t contre 362 000 t, estiment les exportateurs. Une baisse ressentie tant à Abidjan qu'à San Pedro.

Sur les 9 premiers mois de l'année, les importations russes de fèves de cacao se sont élevées à 32 100 t contre 28 000 t sur la même période en 2015, selon les données statistiques des Douanes.

Mais ce qui fait surtout le "buzz" sur la toile cette semaine est la décision du géant de la confiserie Mondelez d'espacer davantage les crans de son Toblerone, comme l'a annoncé 20 minutes en Suisse lundi. Objectif déclaré : permettre aux magasins discount de maintenir le prix de la tablette au détail alors que leur coût d'achat et donc d'importation est plus élevé suite à la baisse de la livre sterling depuis, non pas l'élection de Donald Trump, mais du Brexit, explique Toblerone sur sa page Facebook. On passe de 170 gr à 150 gr, les tablettes originellement de 100 gr n'étant -fort heureusement- pas affectées…

CAFÉ

Contrairement au cacao, le marché du café continue à être stimulé par la perspective d'une offre étroite ce qui a compensé cette semaine la baisse du real suite à l'annonce de l'élection de Donald Trump. Une baisse du real qui, généralement, implique davantage d'exportations de café du Brésil et donc des cours mondiaux en baisse.

L'Arabica sur le marché de New York a terminé mercredi soir à $ 1,701 la livre après avoir atteint $ 1,76 mardi, son cours le plus élevé depuis janvier 2015. Le Robusta a terminé en hausse de $ 48 la tonne sur l'échéance janvier par rapport à la clôture de la veille, à $ 2 133, mais en baisse par rapport à la clôture vendredi dernier ($ 2 188). Ce même vendredi dernier, l'Arabica a terminé à $ 1,7135 la livre.

Évolution du prix de l'Arabica à New York

Source : Reuters

Évolution du prix du Robusta à Londres

Source : Reuters

Selon l'association des exportateurs de café, Robusta et Arabica, au Brésil, les exportations auraient baissé de 10% en octobre par rapport à octobre 2015, à 2,89 millions de sacs de 60 kg (Ms), mais s'inscriraient en hausse par rapport aux 2,68 Ms exportés en septembre. Sur ces 2,89 Ms, 2,88 Ms étaient de l'Arabica, en hausse de 1,3% sur octobre 2015, et 9 833 sacs du Robusta, en chute libre de 97% par rapport à il y a un an. Les exportations totales de café du Brésil, dont le café torréfié et soluble, ont été de 3,22 Ms, en baisse de 9% sur octobre 2015.

Quid des perspectives ? La faiblesse des récoltes de Robusta au Brésil et en Indonésie ainsi que la perspective d'une faible récolte au Vietnam, encore à confirmer, devraient continuer à soutenir fortement le prix du Robusta. En revanche, selon Carlos Mera de Rabobank, de bonnes récoltes en Amérique centrale, en Colombie et au Pérou devraient peser prochainement sur les prix de l'Arabica.

Côté consommation, sur les 9 premiers mois de l'année, les importations russes de café (hormis le café soluble) ont atteint 121 700 t contre 111 400 t sur la même période en 2015, selon les données statistiques des Douanes.

Côté entreprises, Starbucks a enregistré les meilleurs résultats financiers de son histoire, tant sur le 4 trimestre de son exercice, qui s'est achevé le 2 octobre,  avec 22,8% de hausse à $ 801 millions, que sur l'ensemble de son exercice, à +2,2%, à $ 2,8 milliards.

CAOUTCHOUC

Les élections présidentielles américaines ont guidé l’évolution des cours du caoutchouc cette semaine. En début de semaine, la perspective d’une victoire d’Hillary Clinton se renforçant avec l’abandon des poursuites du FBI et le renforcement du dollar face au yen ont propulsé les cours du caoutchouc  sur le Tokyo Commodities Exchange (Tocom) a un plus haut de 6 mois et demi, l’échéance avril clôturant mardi à 189,8 yens ($1,82) le kilo. Puis l’effet « Trump »a joué avec un recul des cours mercredi.

Les exportations de caoutchouc naturel de la Côte d'Ivoire se sont élevés à  360 909 tonnes au cours des neuf premiers mois de l'année, en hausse de plus de 16% par rapport à la même période de 2015, selon des données provisoires publiées vendredi.

Les importations de caoutchouc naturel et synthétique de la Chine en octobre ont augmenté de 9,8% par rapport à il y a un an pour atteindre 450 000 tonnes, ont indiqué les chiffres préliminaires du commerce chinois.

COTON

Les cours du coton sont plutôt sur une tendance baissière, à l’exception de la journée de  mardi. Le rapport sur l’offre et la demande du département américain de l’Agriculture (USDA) a, en effet, revu à la hausse ses estimations de production tant au Texas qu’en Inde. Ainsi, la production américaine et les stocks de clôture sont revus à la hausse par rapport à septembre. Au niveau mondial, les estimations de l’USDA soulignent une production plus importante, suite une augmentation de 500 000 balles de la production indienne, à 103,3 millions de balles et des stocks de clôture aussi haussiers à 88,3 millions de balles. L’USDA a aussi minoré ses prévisions de consommation. Un rapport qui a fait chuté les cours du coton. Mercredi, le contrat de mars clôturait à New York à 68,86 cents la livre.

En Côte d’Ivoire, le gouvernement a fixé à FCFA 265 le kilo le prix au producteur de coton pour la campagne 2016/17, soit FCFA 15 de plus que lors de la campagne précédent dans le but d’encourager les cotonculteurs après la chute de 31% de la production de coton en 2015/16 (cf. nos informations).

En Turquie, l’USDA estime que les superficies ensemencées en coton s’élèveront à 400 000 hectares et la production à 705 000 tonnes en 2016. Des conditions météorologiques appropriées, des semences de qualité et de bonnes pratiques agricoles ont eu des effets positifs sur l'augmentation des rendements souligne le département d’État. La consommation intérieure de coton a augmenté pour atteindre 1,475 million de tonnes (Mt) en 2015, suite à l'augmentation de la demande sur les marchés d'exportation. Les importations totales de coton en 2015 ont atteint 918 307 tonnes, dont plus d’un tiers en provenance des Etats-Unis.

HUILE DE PALME

Les contrats à terme de l'huile de palme de Malaisie ont plongé à la clôture mercredi à 2 839 ringgits ($672,11) la tonne pour janvier sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange. Ils avaient pourtant atteint des plus hauts de plus de deux ans en début de semaine avec un ringgit faible et des craintes de perturbation de la production avec la mousson.  Lors de la China International Oils & Oilseeds Conference à  Guangzhou en Chine, l’analyste de référence Dorab Mistry a annoncé que les prix devraient chuter à 2 500 ringgits d’ici la fin du mois de décembre. Les chiffres  publiés par le Malaysian Palm Oil Board (MPOB) pour le mois d’octobre montrent que les stocks d’huile de palme en Malaisie ont légèrement augmenté en octobre avec le recul des exportations et la hausse des importations (voir tableau ci-dessous), ce qui ne contribue pas à un redressement des cours.

 Ã‰volution de la production, de stocks, des exportations et de l’importation de Malaisie (en tonnes)

 

Octobre 2016

Octobre 2015

Septembre 2016

Production

1 677 873

2 037 466

1 715 085

Stocks

1 574 114

2 835 348

1 546 413

Exportations

1 430 946

1 711 924

1 451 144

Importations

26 857

73 434

1 792

Source : Malaysian Palm Oil Board

GeoTraceability, Wilmar International Limited et Wild Asia ont annoncé le 8 novembre que la première phase du développement d'un nouveau système de traçabilité des petits exploitants s’est achevée  avec succès. Le nouveau système mis en place – la géotraçabilité – permet aux usines de cartographier leur base d'approvisionnement des petits exploitants et de retracer les livraisons des fruits du moulin à leurs fermes. Ce projet, soutenu par I ‘Initiative du commerce durable (IDH), est actuellement piloté dans la plantation Sapi de Wilmar à Sabah, en Malaisie. Depuis juillet 2016, plus de 90% de la base d'approvisionnement des petits exploitants de l'usine a été recensée et cartographiée, avec 1 400 livraisons traçables. Les prochaines étapes du projet consisteront à déployer le système dans une autre usine de Wilmar ainsi que dans une usine de fournisseurs tiers, à Sabah.

RIZ

Cette semaine, les prix à l’exportation du riz en Thaïlande sont à un plus bas de treize mois, ce qui attirent des acheteurs africains et restreignent  les possibilités d’exportation du Vietnam. 

Le Thaï 5% a chuté à $345-$348 la tonne mercredi.  Les prix du riz devraient restés à ce niveau estime un négociant basé à Bangkok, les producteurs étant retissant à vendre  alors que le gouvernement met en place ses mesures de soutien des prix (cf. ci-dessous) ;

La baisse des prix du riz thaïlandais a provoqué certaines inquiétudes chez les exportateurs vietnamiens, le Viet 5% se maintenant à $350 la tonne, contre $350 à $355 la semaine dernières. « Les prix du riz thaïlandais sont en baisse et cela pourrait attirer des acheteurs africains alors que le Vietnam ne peut rien faire car son stock de riz a été constitué à un coût déjà élevé », a déclaré un négociant à Ho Chi Minh Ville.

Le comité thaïlandais du riz a annoncé lundi un nouveau prêt de $514 millions pour aider les riziculteurs à lutter contre la chute des prix. Les agriculteurs recevront 10 500 bahts ($299) pour chaque tonne de paddy blanc entreposé, a annoncé le ministre du Commerce de la Thaïlande, Apiradee Tantraporn. Les agriculteurs qui entreposent du riz parfumé Thai Pathum Thani recevront 11 300 bahts ($322) la tonne. La semaine dernière la junte militaire avait annoncé des prêts d'une valeur de $1,3 milliard pour les producteurs de riz jasmin, à condition qu'ils stockent le grain pendant six mois et ce afin de ralentir l'offre du marché (cf. notre Chronique Matières du Jeudi de la semaine dernière).

SUCRE

Les fonds spéculatifs et d'investissement continuent à liquider des positions sur les marchés du sucre, ce qui pèse sur les cours, souligne Nick Penney chez Sucden. Des cours qui demeurent toutefois élevés et en hausse par rapport à vendredi dernier : le roux à terminé à New York hier soir à 22,11 cents la livre contre 21,73 cents vendredi, tandis que le blanc à Londres clôturait à $ 577,70 la tonne hier contre $ 574,4 vendredi.

Sur les 9 premiers mois de l'année, les importations russes de sucre roux ont chuté à 242 700 t contre 495 100 t sur la même période en 2015 et à 34 900 t de sucre blanc contre 41 000 t, selon les données statistiques des Douanes. 

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