La Chronique Matières du Jeudi (14 avril 2016)

 La Chronique Matières du Jeudi (14 avril 2016)
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Le dollar termine en baisse tant face à l'euro que le yen, après deux jours de hausse. La faiblesse de l'inflation, dont les chiffres sont parus aujourd'hui, ne devrait guère inciter la Réserve fédérale à relever ses taux, ce qui rend peu attractif le billet vert. Une faiblesse du dollar qui, traditionnellement soutient les prix des matières premières car elles sont meilleur marché.  En outre, on s'attend à une hausse des cours du pétrole suite à la réunion des pays producteurs à Doha qui semblent vouloir s'engager à réduire leur production. Du moins sur le papier.

CACAO

Le cacao tant à Londres qu'à New York a terminé en hausse sur la période sous revue, passant de £ 2 150 vendredi dernier à £ 2 186 aujourd'hui, la faiblesse de la livre sterling aidant à soutenir le marché à terme à Londres,  et de $ 2 894 la tonne à New York à $ 2 953.

Une semaine chargée avec la publication des broyages sur le premier semestre. Hier, l'Europe a annoncé un glissement de 0,2% par rapport au premier trimestre 2015, à 337 029 tonnes (t), a annoncé l'Association européenne pour le cacao (AEC). Une annonce qui a surpris le marché qui s'attendait plutôt à une hausse allant de 2 à 5%, ce qui avait fait baisser le prix mondial de la fève. "Nous entendons des histoires sur la faible qualité dans les origines et donc  la baisse des broyages là-bas, ce qui avait rendu optimistes à l'égard des broyages européens qui augmenteraient pour compenser", a expliqué à Reuters un trader. En effet, la sécheresse et la chaleur laissent présager d'une baisse de qualité en Côte d'Ivoire mais aussi au Ghana, avec des fèves plus petites et plus acides.

A noter que les broyages en Allemagne ont, quant à eux, augmenté légèrement, de 1,2% au premier trimestre, à 99 026 t, selon l'association de la confiserie BDSI. Au 4ème trimestre 2015, les broyages allemands avaient fait un bond de 21,6%, à 105 591 t, progressant de 10,5% à 393 421 t sur l'ensemble de l'année 2015.

Les chiffres pour les Etats-Unis devraient être connus ce soir, la fourchette des prévisions étant large, allant d'une baisse de 1% à une hausse de 4% des broyages.

Dans les pays producteurs, en Côte d'Ivoire, les arrivages aux deux ports d'Abidjan et de San Pedro ont atteint 1 226 000 t entre le 1er octobre, démarrage de la campagne,  et le 10 avril, selon les exportateurs ; ils étaient de 1 271 000 t sur la même période la campagne dernière. D'autre part,  les exportations de produits semi-finis à partir du port de San Pedro auraient baissé de 9,5%entre début octobre, démarrage de la campagne, et mars.

Côté entreprise, Mars a annoncé aujourd'hui avoir achevé l'acquisition de Hacienda la Chola en Equateur, une plantation (485 ha de cacao et 84 ha de mangues) de renommée mondiale pour ses rendements et ses pratiques de gestion, et le département agriculture de Naturisa.  Ceci complètera le réseau de fermes expérimentales de Mars qui en détient déjà au Brésil et en Indonésie.

CAFÉ

Après avoir baissé hier, suscitant des achats des industriels, le Robusta est reparti aujourd'hui à la hausse, enregistrant sur la semaine une belle progression : parti de $ 1 513 la tonne vendredi dernier, il termine aujourd'hui à $ 1 553 la tonne sur le marché de Londres.

Tous les yeux sont rivés sur la météo au Vietnam, premier producteur et exportateur mondial. Selon un responsable gouvernemental, la sécheresse pourrait réduire d'environ un tiers la récolte dans l'importante province caféière de Daklak en 2016/17, qui chuterait alors à son plus faible volume en une décennie. De quoi soutenir les prix ! Ceci dit, s'agissant de la campagne actuelle en cours, les exportations en mars ont fait un bond de 52,3% par rapport à février, à 181 200 t ou encore 3,02 millions de sacs de 60 kg. Ceci porte le cumul des exportations, d'octobre à mars soit à mi-campagne, à 815 200 t, en hausse de 23% par rapport à la même période de la campagne 2014/15.

Rabobank, quant à elle, a révisé ses prévisions de façon importante, estimant que la campagne 2016/17 sera déficitaire de 0,7 millions de sacs de 60 kg alors que précédemment, elle avait considéré que la campagne serait excédentaire de 3,7 Ms.

L'Arabica a, lui aussi, été en hausse sur la semaine, terminant à $ 1,2440 contre $ 1,2014 la livre vendredi dernier.

Au Brésil, grâce à l'importance des stocks détenus par le secteur privé, les exportations sont demeurées très fortes. En mars, elles ont totalisé 2,69 millions de sacs de 60 kg (dont 2,64 Ms d'Arabica) contre 2,61 Ms en février, mais en baisse par rapport aux 2,81 Ms en mars 2015, selon l'association des exportateurs Cecafe. Sur les 12 derniers mois, le pays a exporté 33 Ms de café vert, un quasi record. Et il lui faut produire un total de 58 Ms sur cette campagne –qui est sur le point de s'achever– s'il veut satisfaire la demande tant à l'international que sur le marché domestique.

Au Kenya, sur les 6 premiers mois de la campagne 2015/16, à fin mars, les recettes provenant des 324 585 sacs de 60 kg café vendu aux enchères sur le Nairobi Coffee Exchange ont totalisé $ 85 millions, en baisse de 9% par rapport au premier semestre 2014/15. Ceci est dû à la fois aux volumes plus faibles (328 401 sacs vendus sur les 6 premiers mois de 2014/15) et à des prix en retrait (en moyenne, $ 214,51 le sac de 50 kg contre $ 232,4). Notons que le prix du café aux enchères de Nairobi, sur lequel 90% de la production nationale est vendue,  suivent les cours du marché à terme de New York.

CAOUTCHOUC

Élan haussier sur le marché du caoutchouc cette semaine. Dans une troisième session de hausse, les cours se sont envolés mercredi à un plus haut de 8 mois à 197 yens le kilo pour clôturer à 193,3 yens ($1,78) le kilo. Un essor porté par un prix du baril de pétrole au plus haut de l’année alors que se profile la réunion des principaux producteurs de pétrole à Doha le 17 avril et que la Russie et l’Arabie saoudite semblent être parvenues à un consensus pour geler la production de pétrole. Mais aussi par le spectaculaire rebond du commerce chinois en mars avec des exportations en hausse de 18,7% en yuan ( 11,5% en dollar) après 8 mois de baisse ce  qui pourrait laisser penser à une reprise de la demande en caoutchouc. En outre, les ventes de véhicules en Chine ont progressé de 8,8% en mars et devrait croître de 5% au cours du deuxième trimestre 2016, après un léger ralentissement sur le 1er trimestre 2016,  selon l’association chinoise des constructeurs automobiles.

COTON

Élan également haussier sur le marché du coton, les cours ayant augmenté mercredi pour la cinquième séance consécutive. Ainsi la barre des 60 cents la livre a été brisée, les cours clôturant à 61,29 cents la livre pour le contrat de juillet. Depuis le début du mois, le coton a gagné 8%.

Dans son rapport mensuelle sur l’offre et la demande (WASDE) du département américain de l’Agriculture (USDA) a revu à la baisse les stocks mondiaux de 1,1 million de balles suite à la baisse de la production mondiale de 400 000 balles notamment au Brésil, en Côte d’Ivoire et au Mali et à la  hausse de la consommation mondiale en particulier en Chine et au Pakistan tandis qu’elle baisserait au Bangladesh, en Indonésie, et en Turquie. Les stocks mondiaux sont projetés à 102,2 millions de balles. 

Au Mali, le prix au producteur est fixé à FCFA 250 le kilo pour la campagne 2016/17, contre FCFA 237,5 en 2015/16 (voir nos informations).

Au Burkina Faso, c’est officiel, le conseil des ministres du 13 avril a décidé de réduire progressivement les superficies en coton OGM au profit du coton conventionnel (voir nos informations )

Au Bénin, le premier conseil des ministres sous la présidence du nouveau président Patrice Talon joue l’apaisement en supprimant la réquisition des usines d’égrenage (voir nos informations).

En Chine, compte tenu de la nouvelle politique mise en œuvre par le gouvernement depuis 2014/15, l’USDA estime que les superficies en coton devraient se contracter de 9% pour atteindre leur plus bas niveau en 12 ans. La production devrait tomber à 4,9 millions de tonnes (Mt) en 2016/17. Toutefois, malgré la baisse de sa production, la Chine n’est pas parvenue à libérer une grande partie de ses stocks qui sont estimés à 13,8 Mt en 2015/16, soit environ 61% des stocks mondiaux. La consommation chinoise de coton devrait très légèrement augmenter en 2016/17 à 7,3 Mt. En revanche, compte tenu de ses importants stocks de coton et des restrictions sur les quotas d’importation en 2015/16,  les importations devraient atteindre 1,1 Mt, soit son plus bas niveau depuis 13 ans estime l’USDA, et 1,2 Mt en 2016/17.

HUILE DE PALME

Les cours de l'huile de palme de Malaisie ont augmenté mercredi pour la première fois en six séances, suivant le trend des huiles végétales concurrentes, en particulier les avancés marquées de  l'huile de soja. Le contrat de juin  a clôturé à 2 659 ringgits ($687) la tonne.

Au cours des six sessions précédentes, l’huile de palme à Palm a cédé  4,8 % en raison d’un ringgit fort mais aussi d’une production de Malaisie meilleure qu’anticipée. En effet, selon le Malaysian Palm Oil Board (MPOB), la production a fait un bon de 16,9% en mars par rapport à février, soit plus du double de ce qui était anticipé.

L'Indonésie appliquera un moratoire sur les nouvelles concessions d'huile de palme et minières afin de réduire l’impact environnemental de ces deux secteur a annoncé le président Joko Widodo.

RIZ

Fermeté des cours mondiaux du riz au mois de mars suite à une hausse de la demande d’importation, observe Patricio Mendez dans son dernier rapport mensuel Osiriz. « Les stocks mondiaux et disponibilités exportables tendent baisser, ce qui contribue aussi à la fermeté́ des prix mondiaux. Du coté des exportateurs asiatiques, les ventes externes se montrent très actives et affichent toujours une avance par rapport l’an dernier à la même époque » précise-t-il. Néanmoins, les exportations des deux leaders du marché mondial du riz, à savoir l’Inde et la Thaïlande,  pourraient diminuer en 2016 compte tenu de la  baisse significative de leurs disponibilités exportables. Les stocks des principaux exportateurs mondiaux auraient fondu de 50% au cours des trois dernières années.

SUCRE

C'est toujours l'étroitesse des disponibilités qui soutient globalement les prix du sucre, même si depuis vendredi, le roux et le blanc ont glissé, à 14,31 cents la livre contre 14,69 vendredi dernier pour le roux, et à $ 420 contre $ 430,20 pour le blanc à Londres.

La semaine n'a pas été de tout repos, le sucre roux chutant lundi de plus de 3%, retrouvant des niveaux d'il y a 6 semaines car les spéculateurs n'ont pas réduit leurs positions longues autant que ce à quoi le marché s'attendant.  Ont également pesé sur les cours en début de semaine les broyages qui commencent très forts au Brésil et un report important de stock.

Le spécialiste Czarnikow a fortement relevé aujourd'hui ses prévissions de déficit sur la campagne 2015/16, à 11,4 millions de tonnes (Mt) contre 8,2 Mt avancé en décembre. L'explication de l'analyste Stephen Geldart est simple : "La production mondiale a stagné ces dernières années alors que la consommation a continué à augmenter".  Et la hausse des prix est une bonne chose car cela incitera les acteurs à investir dans la culture tant de betterave que de canne.

Côté Union européenne, la fin des quotas sucriers en octobre 2017 devraient propulser la France et l'Allemagne comme principaux producteurs européens, très compétitifs à l'export notamment vers l'Afrique, estiment des industriels présents cette semaine au séminaire de Platts sur le sucre. 

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