Coton syrien et Daesh : un fil à découdre

 Coton syrien et Daesh : un fil à découdre
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Difficile de l’envisager il y a encore quelques semaines, mais à en croire les médias, une des deux principales sources de financement de « l’État Islamique » serait la vente de coton syrien.

En effet, qui s’imaginait que des paysans syriens puissent continuer de produire, sous les bombes et dans un climat de chaos général, cette matière première non essentielle à la vie de tous les jours ?

Les chiffres du département américain de l’Agriculture (USDA) sont pourtant là pour nous confirmer que la production syrienne de coton fibre se situerait aux alentours de 60 000 tonnes cette année, soit 0,25% de la production mondiale. Si tout ou partie du coton syrien passerait en contrebande en Turquie,  cela représenterait donc une part marginale de la production mondiale.

Mais il reste à déterminer sous quelle forme : coton fibre ou coton graine ?

Si on parle de coton graine cela limiterait fortement l’ampleur des faits et notamment les montants que percevraient « l’Etat Islamique ».

En effet, il s’agirait alors, de quantités marginales, en vrac, revendues à des égreneurs turcs qui le mélangerait avec du coton-graine produit localement, annihilant du même coup toute chance de traçabilité.

En revanche, si le coton exporté est déjà égrené, il est alors vendu en balles et acheté par des filateurs, il serait alors «traçable».

Quoi qu’il en soit, l’attitude de la filière cotonnière turque dans son ensemble reste incompréhensible. Quatrième consommatrice mondiale de coton et pilier de l’économie locale, l’industrie textile turque risquerait de voir sa production se couvrir d’opprobre pour avoir acheté un pourcentage minime de ses besoins en coton  à « l’État Islamique ».

Sans de plus amples informations, il est difficile de se faire une idée précise. Cependant, on peut d’ores et déjà dire, loin du tumulte médiatique,  que s’il s’agit de contrebande de coton graines, les volumes concernés et donc leurs impacts financiers sont limités pour le groupe terroriste.

Au cas où il s’agirait de coton égrené, les volumes en cause pourraient être plus conséquents, mais les répercussions pour tout le secteur textile turc seraient rapidement catastrophiques. En effet, qui accepterait de financer le terrorisme « aveugle » en mettant un jean « made in Turkey » ?

Point de vue du négociant en  coton Armand Ezerzer, directeur de Mambo Commodities

 

 

 Production, consommation et importation de coton en Turquie en 2015 (en tonnes)

Source : USDA (estimation)

 

Principaux fournisseurs de coton en Turquie en 2013 (août/juillet)

Source : USDA

Évolution des exportations de textile et vêtement de la Turquie (en million de dollars)

 

 Source : OMC

 

 

 

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