La Chronique Matières du Jeudi (28 janvier 2016)

 La Chronique Matières du Jeudi (28 janvier 2016)
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Le marché des matières premières n'a d'yeux que pour le pétrole, le baril grimpant à $ 35 après que le ministre russe de l'Energie, Alexander Novak, se soit déclaré prêt à participer à la prochaine réunion de l'Opep en février. Ceci dit, les prévisionnistes voient toujours un baril qui tomberait à $ 20. Côté agricole, le sucre roux et le cacao ont été les deux plus mauvais performers  hier de l'indice Thomson Reuters Core Commodity composé de 19 matières premières.

CACAO

La fève a terminé hier à son plus faible prix depuis 9 mois et demi sur le marché à terme de Londres, son marché directeur, à £ 2 005 et $ 2 764 la tonne à New York. La faiblesse de la livre face au dollar est un des facteurs explicatifs de cette chute à laquelle s'ajoutent des ventes techniques hier après que le prix soit tombé en dessous du plus bas enregistré mardi. Cela fait sept semaines maintenant que les spéculateurs ont réduit leurs positions haussières sur le cacao, selon les données de la US Commodity Futures Trading Commission.

En Côte d'Ivoire, les arrivages de fèves aux ports d'Abidjan et de San Pedro auraient totalisé 42 000 t pendant la semaine du 18 au 24 janvier, selon les estimations des exportateurs, contre 50 000 t sur la même semaine en 2015. Au total, au 24 janvier et depuis le début de la campagne 2015/16, le 1er octobre, les arrivages s'élèveraient à 1 014 000 t contre 1 045 000 t sur cette même période en 2014/15.

La Côte d'Ivoire où les regards sont tournés vers le ciel. On demeure préoccupé par les dégâts occasionnés par le retour de l'harmattan, le vent asséchant les feuilles et les fleurs,  mais les récentes pluies devraient donner un coup de pouce à la campagne intermédiaire qui court d'avril à septembre. Dans la région de Soubré, au cÅ“ur de la ceinture cacaoyère, il est tombé 37 mm d'eau alors qu'il n'avait pas plu la semaine dernière.

CAFÉ

Pour la cinquième session consécutive, les prix de l'Arabica ont progressé hier sur un marché à terme de New York particulièrement actif. La livre de café a touché $ 1,203 pour se rétracter quelque peu et clôturer à $ 1,182.

Le Robusta, quant à lui, s'est renchéri face au ralentissement des ventes du Vietnam, n°1 mondial du Robusta. Un retournement de tendance car durant tout ce mois de janvier, les prix ont été plutôt sous pression car le Vietnam était clairement à la vente. En effet, les producteurs se préparaient à fêter le 8 février, le Têt, le Nouvel an, et ont besoin d'argent. Ce qui semble être chose faite.

Les exportations du Vietnam devraient s'élever à 155 000 tonnes (t) ou encore à 2,58 millions de sacs de 60 kg (Ms) durant ce mois de janvier, selon les estimations du gouvernement publiées mercredi. Ceci représente un bond de 12,7% par rapport à janvier 2015 et un niveau nettement plus élevé que les pronostics que le négoce avait fait et qui étaient de l'ordre de 130 000 à 140 000 t.

Au Kenya, les prix ont fortement grimpé mardi aux ventes aux enchères du Nairobi Coffee Exchange (NCE). Le grade AA s'est vendu entre $ 112 et 566 le sac de 50 kg contre $ 72 à 375 la semaine dernière. Le grade AB, quant à lui, a coté entre $ 112 et 365 contre $ 52 et 309.

En Amérique centrale, certains pays producteurs peinent à se relever de l'impact dévastateur de la maladie de la rouille ces dernières années. Si le Nicaragua a enregistré une hausse de 22,3% de ses exportations d'Arabica en décembre, depuis le début de la campagne 2015/16, soit depuis octobre dernier, ses exportations ont baissé de 29,8%, totalisant 125 135 sacs de 60 kg.

Quant aux perspectives, les analystes de Rabobank ont abaissé leurs prévisions de prix de l'Arabica sur le premier trimestre, de $ 1,33 la livre précédemment à $ 1,23, face notamment à la faiblesse du real brésilien.

Côté entreprises, notons que Volcafe Brazil, filiale de ED&F Man, a acheté les avoirs café du brésilien Custodia Forzza, un des plus anciens exportateurs et négociant du pays. Ceci devrait doubler les activités café au Brésil de Volcafé Brazil.

CAOUTCHOUC

Les cours du caoutchouc sont toujours malmenés par l’environnement extérieur, les marchés financiers en Asie et le prix du baril du pétrole. Après avoir bondi jusqu’à 166,3 yens le kilo dans la journée de lundi, aidés par la reprise du pétrole vendredi et un marché boursier plus ferme à Tokyo, pour clôturer à 163,2 yens le kilo (($1,38), ils se sont affaissés les jours suivants pour clôturer mercredi à 158,9 yens le kilo pour le contrat de juillet.

La Thaïlande a approuvé mardi 15 milliards de bath (€386,6 millions)  de prêts bonifiés pour les entreprises opérant dans  la production et  la transformation du caoutchouc dans le but de stimuler l’utilisation de caoutchouc et par ricochet les  revenus des agriculteurs affectés par la baisse des prix. Actuellement,  sur les 4 millions de tonnes produites chaque année, la Thaïlande en consomme environ 1,4 Mt.  Les prêts bonifiés seront disponibles pendant 10 ans, ou moins si la totalité est utilisée avant, selon  une déclaration du porte-parole du gouvernement, Sansern Kaewkamnerd. Pour chaque million de baht prêté, l’entreprise doit utiliser 4 tonnes de  caoutchouc par an. La mesure pourrait voir l’utilisation de 60 000 tonnes de caoutchouc par an, selon le porte-parole. 

Les importations de l’Inde de caoutchouc se sont élevées à 37 078 tonnes en février, en hausse de 8% par rapport à décembre 2014, selon le Rubber Board. La production a reculé de 7,9% à 58 000 tonnes, tandis que la consommation s’est abaissée de 2,1% à 84 000 tonnes.

COTON

Mercredi, les cours du coton ont chuté pour la troisième séance consécutive pour toucher un plus bas de quatre mois, les investisseurs continuant à réduire leur position longue. Le contrat de mars a clôturé à 60,86 cents la livre. La Chine, et son possible plan de vente de son stock de coton, pèsent sur le marché.

La banque néerlandaise, Rabobank a réduit ses prévisions de prix pour le coton d’un maximum de 3 cents la livre. Elle estime que les prix du coton termineront l’année à environ 68 cents la livre. L’orientation est plutôt haussière compte tenu du phénomène El Nino qui a amputé la production de certaines origines, des records atteints par les importations de coton du Vietnam en 2015 et de l’incertitudes sur les semis américains.

Les exportations de textiles de la Chine se sont élevées à $ 99,7 milliards au cours des 11 premiers mois de 2015, en baisse de 2,6% par rapport à la même période en 2014,  selon les données de l'Administration générale des douanes.

HUILE DE PALME

Début de semaine haussier pour l’huile de palme,  la tension sur l’offre soutenant les cours qui ont touché mercredi un plus haut de 19 mois. Ils ont clôturé à 2 502 ringgits la tonne. « Le marché va tenir … La raison est la disponibilité serrée en huile de palme brute. En avançant dans le temps, la production baissera et les stocks seront plus gérables » estime un négociant basé à Kuala Lumpur.

Avec El Nino, qui affecte les rendements des fruits et abaisse la productivité, la production en Asie pourrait baisser. Le Conseil malaisien de l’huile de palme estime que la production n’augmenterait que de 0 ,7% en 2016 à 20,1 Mt. Du côté de l’Indonésie, ses exportations devraient chuter à environ 23-24 Mt selon l’Indonesian Palm Oil Association. Ce serait la première baisse en cinq ans, le pays privilégiant le marché domestique.

Rabobank estime que l’huile de palme devrait s’apprécier en ce début d’année toutefois les prix du pétrole et une faible demande devraient limiter  à court terme les très fortes hausses. En outre, un risque pèse sur la demande de biodiesel compte tenu de la faiblesse des marchés de l’énergie.

RIZ

Les prix du riz thaïlandais se sont appréciés cette semaine soutenus par une demande de chargement et la perspective  d'un accord avec l'Iran. En revanche, la faiblesse persistance de la demande a poussé légèrement les prix vietnamien à la baisse. 

La Thaïlande prévoit d'exporter 9 millions de tonnes de riz cette année, en baisse de 8% par rapport à 2015 suite à la sécheresse, indique le président honoraire de l’Association thaïlandaise des exportateurs, Chookiat Opaswong. La prévision annuelle inclue 4,9 Mt de riz blanc, en recul de 6,8 %, en raison de la concurrence du Vietnam, a déclaré Chookiat Opaswong  précisant « La récolte hiver-printemps au Vietnam devrait engendrer des exportations potentielles de  3,5 Mt. Cela est inquiétant. Ainsi le  Vietnam est notre principal concurrent ».

Au Vietnam, les prix pourraient encore baisser avec la récolte à venir à la fin du mois prochain  si le pays ne parvient pas à conclure  un accord majeur avec des acheteurs clés comme  les Philippines et l'Indonésie.

La Thaïlande prévoit de vendre 300 000 tonnes de riz à l’Iran. La semaine prochaine, le vice Premier ministre, Somkid Jatusripitak, à la tête d’une délégation du secteur privé, se rendra à Oman et en Iran. L'Association des exportateurs de riz thaïlandais et le ministère du commerce négocieraient l'accord sur le riz en Iran la semaine prochaine, a déclaré Chookiat Opaswong,. Le riz proviendrait  de la nouvelle récolte et ne serait donc pas été pris en compte dans l'objectif officiel de la Thaïlande d’exporter  9 millions  pour 2016, a précisé Chookiat Opaswong.

La General Authority for Supply Commodities (GASC), principal acheteur public en Égypte, a annoncé mercredi avoir annulé un appel d’offres pour acheter un montant non précisé de riz pour une livraison immédiate. Selon, le vice-président de la GASC, Mamdouh Abdel Fattah, l’appel d’offres a été annulé pour donner plus de temps aux fournisseurs pour qu’ils délivrent les documents nécessaires. C’était le premier appel d’offres lancé depuis que l’Égypte a levé l’interdiction d’exportation de riz en octobre en annonçant qu’elle s’attendait à dégager un excédent de riz.

Par ailleurs, le pays pourrait exporter environ 220 000 tonnes de riz en 2016 (voir nos informations).

SUCRE

Le prix du sucre roux sur le marché à terme de New York est tombé hier à son plus faible niveau depuis 3 mois et demi, clôturant à 13,58 cents la livre. Le franchissement du seuil des 13,93 cents a déclenché des ordres automatiques de vente et des liquidations de positions longues par les investisseurs et spéculateurs.  Selon Dave Toth, analyste chez RJO Brien à Chicago, ce pourrait être une vaste correction après la grimpée des prix ces derniers mois. Par conséquent, la vague correctrice pourrait se poursuivre encore un moment.

Le sucre blanc, quant à lui, a aussi terminé en baisse, à $ 414,70 la tonne à Londres hier soir. Mais la baisse n'est pas aussi rapide que sur le roux car la demande chinoise demeure soutenue. La prime du blanc sur le roux a terminé hier à $ 115 la tonne.

Ces importations chinoises seraient essentiellement frauduleuses, selon le négoce, car certains opérateurs veulent profiter de ce que le prix domestique du sucre en Chine est d'environ $ 830 la tonne alors que le blanc est aux alentours de $ 415 sur le marché à terme de Londres.  Ce niveau de prix élevé en Chine s'explique par la mauvaise météo qui a impacté la récolte cette année, avec de la neige, des gelées, de la pluie dans les principales zones de production. Ainsi, dans la région de Guangxi, la principale région de production de canne à sucre du pays, il a neigé dimanche dernier pour la première fois depuis… 41 ans !

Un affaiblissement du prix du sucre qui n'ébranle pas les analystes de Rabobank qui estiment le prix du roux en moyenne à 14,50 cents la livre au premier trimestre, à 15 cents au second et un retour aux 14,50 cents au 3ème trimestre.

 

Évolution du cours du sucre roux à New York ICE (US cents/lb)

 

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