La Chronique Matières du Jeudi (28 mai 2015)

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Le dollar s'est considérablement renforcé cette semaine face aux autres devises, ce qui pèse sur les marchés. Le marché du sucre, quant à lui, est quasi sinistré.

CACAO

La baisse de la livre sterling face au dollar a entrainé une baisse du cacao sur le marché à terme de New York durant trois sessions consécutives de marché. La tonne a terminé à £ 2 131 à Londres et $ 3 118 à New York.

En Côte d'Ivoire, les perspectives de récolte intermédiaire sont plutôt bonnes avec des pluies qui gagnent en momentum dans les régions de production. Certains vont jusqu'à entrevoir un démarrage précoce de la prochaine campagne 2015/16 qui commence officiellement, généralement, début octobre.

Pour l'instant, les arrivages aux ports d'Abidjan et de San Pedro vont bon train, atteignant les 1 430 000 t au 24 mai et ce, depuis le démarrage de la campagne 2014/15 le 1er octobre, selon les estimations des exportateurs. Ces arrivages étaient largement inférieurs la campagne dernière à pareille époque, à 1 428 000 t. Rappelons que la récolte 2014/15 avait été record à 1,74 Mt !

CAFÉ

Depuis la nuit des temps, le marché du café Arabica est ponctué par les craintes de gelées au Brésil en juin, un facteur qui permettait bien souvent à la spéculation de s'engouffrer dans le marché et ce qui rendait la position septembre des plus attractives, conduisant les opérateurs à prendre des options sur l'échéance.

Aujourd'hui, on ne parle quasiment plus des gelées brésiliennes. En tous les cas, leur sceptre n'inquiète plus guère. Car, ces récentes années, les régions de production ont été déplacées plus au Nord, réduisant ainsi les risques. En revanche, maintenant, on craint les sécheresses : elles ont sévi début 2013 puis, à nouveau, début 2014, jetant l'incertitude sur la récolte 2015/16.  

Ainsi, à la veille du mois de juin, les prix de l'Arabica sur le marché à terme de New York sont stables, à $ 1,2410 la livre après être tombés mercredi à $ 1,2355, son plus faible depuis le 31 janvier 2014. En effet, d'un côté la fermeté du dollar exerce une pression baissière sur les prix mais, d'autre part, les prévisions de récolte au Brésil ne changent pas, ce qui a un impact plutôt haussier sur les prix mondiaux car ces dernières semaines  certains estimaient que la récolte serait plus importante que prévue.

Quant au Robusta, les pluies au Vietnam, n°1 mondial, mettent de la pression sur les cours à Londres. Mardi, la tonne a chuté à $ 1 566 mais s'est ressaisie jeudi à $ 1 612.

COTON

Les cours à terme sur le marché de New York sont tombés mercredi à un plus bas d’un mois, clôturant à 63,05 cents la livre, les fonds indiciels se préparent à rouler leur positions longues du contrat de  juillet à  celui décembre. Les données du département américain de l’Agriculture (USDA) publiées mardi ont montré que les cotonculteurs avaient réalisé au 24 mai 47% de leur superficie en coton, soit un montant inférieur à l’année dernière ainsi qu’à la moyenne de ces cinq dernières années. Le Texas est particulièrement en retard dans ses semis avec seulement 29% de la superficie en raison des fortes pluies. 

La Côte d’Ivoire a enregistré une production record sur la campagne 2014/15 avec 450 000 tonnes de coton, soit une hausse de 11% par rapport à 2013/14. La météo a été favorable mais le nombre d’agriculteurs se tournant vers le coton a aussi augmenté. Plus de 121 000 cotonculteurs ont planté 414 000 hectares de coton, selon les chiffres communiqués par l’Intercoton.

"C'est un record. L'augmentation de la production est due à une combinaison de facteurs, parmi lesquels la bonne pluviométrie, un meilleur encadrement des agriculteurs ainsi que l'augmentation de leur nombre", a déclaré Christophe N'Dri, secrétaire général de l'Association professionnelle des sociétés cotonnières de Côte d'Ivoire, Ã  Reuters, ajoutant que "Si les agriculteurs parviennent à conserver ce niveau de motivation et si la météo reste aussi bonne, rien ne nous empêche de dépasser la barre des 500 000 tonnes pour la saison prochaine".

Ces cinq dernières années, la production n'a cessé d'augmenter et les autorités ivoiriennes ambitionnent d’atteindre 600 000 tonnes au cours des deux prochaines années. 

HUILE DE PALME

La faiblesse du ringgit, les gains sur les marchés concurrents ainsi que les premiers signes du phénomène climatique El Nino, qui pourrait toucher la production malaisienne, ont soutenu les prix de l’huile de palme qui ont clôturé jeudi à 2 206 ringgits ($605,88) la tonne.

À noter aussi que les exportations malaisiennes sont fortes, en hausse de 52,9% sur les 25 premiers jours de mai selon Intertek Testing Services et de 55% selon SGS.

RIZ

Avec la nouvelle récolte qui commence à inonder le marché, les prix du riz vietnamien sont tombés à un plus bas de plusieurs années (juillet 2010) à $ 345 la tonne pour le Viet 5%  tandis que les prix du riz thaïlandais sont stables à $385 la tonne pour le Thaï 5%.

Les Philippines ont invité le Cambodge, la Thaïlande et le Vietnam à soumissionner à l’appel d’offres du 5 juin portant sur 250 000 tonnes de riz 25% de brisures tandis qu’un autre appel d’offres d’un montant similaire devrait lancer plus tard dans l’année. Les traders, tant de Thaïlande que du Vietnam, estiment que le volume demandé par la Philippines est trop petit pour avoir un effet haussier sur les prix.

Au Vietnam,  la récolte hiver-printemps est estimée à 13,5 millions de tonnes, inchangé par rapport à l’année dernière selon le ministère de l’Agriculture. Pour celle en cours (été-automne), elle devrait atteindre son maximum fin juin-début juillet et les prix pourraient encore s’abaisser. Les exportations de janvier à mai ont reculé de 7,4% à 2,52 millions de tonnes, selon les statistiques du gouvernement vietnamien.

Toutefois, l’institut de recherche The Rice Trader estime que les pays asiatiques auront à reconstituer leur stock, l’approvisionnement mondial en riz  pourrait diminuer en raison de la demande croissante d’acheteurs majeurs, comme la Chine et l’Inde, et cela pourrait engendrer une reprise des prix. «La Chine n’est toujours pas sur la voie d'atteindre (un achat annuel de) 4,5 Mt cette année, mais elle le fera. Le fait qu’elle ne dispose que de  2,2 Mt suggère qu'elle  va être agressive aux achats», a déclaré Jeremy Zwinger, président de l'institut de recherche basé en Californie. La Chine, désormais premier acheteur mondial de riz, a importé de 4 Mt de riz l'année dernière, en hausse de 25%  par rapport à  2013, selon les données département américain de l’Agriculture (USDA). C’est un nouveau record pour la quatrième année consécutive.

Jeremy Zwinger estime qu’au cours de prochains mois les prix devraient rester à un niveau bas compte tenu de l’offre abondante des pays producteurs, en particulier en Thaïlande. Dans ce marché acheteur, il recommande aux  pays asiatiques, dont la Chine, l'Indonésie et les Philippines, d'acheter à l'étranger,  car la  situation pourrait changer se renversant en marché vendeur immédiatement, estimant la situation actuelle comme un moment de «transition»."Le prix est maintenant très acceptable, surtout avec le risque que le prix du pétrole reparte à la hausse et les risques météorologiques et le fait que nous avons eu de nombreuses années de baisse de la production" a-t-il dit récemment lors de la Thai Rice Convention. Le marché se méfie du potentiel d'une longue sécheresse provoquée par le phénomène climatique El Nino qui pourrait être  une menace importante pour la production de riz.

SUCRE

Le sucre donne le vertige mais est gravement malade ! Mercredi, le roux tombait à son plus bas prix depuis janvier 2009, à 11,83 cents la livre sur le marché à terme de New York. Il s'est bien ressaisi jeudi mais une chape reste sur ce marché car l'offre en sucre demeure pléthorique. En réalité, ce sont davantage les aspects monétaires, l'évolution du dollar et du real, qui "font" le marché. L'affaiblissement du real brésilien face au dollar américain durant 5 jours consécutifs, rend très compétitif le sucre brésilien sur le marché international, incitant le n°1 mondial à mettre de plus importants volumes sur le marché.

Le sucre blanc, quant à lui, est également sur une tendance lourde, touchant en cours de séance aujourd'hui jeudi un plus bas de $ 345,60.

Côté agro-industrie, la situation est plus que morose. Le sud-africain Illovo Sugar a annoncé lundi des bénéfices en chute de 8% sur son exercice  clos à fin mars, en raison de la baisse des cours mondiaux et de sa production. Quant au britannique Tate & Lyle, il a enregistré une chute de 30% de ses bénéfices avant impôts, à £ 224 millions. Ses ventes ont chuté de 14% à £ 2,69 milliards, sur les 12 mois à fin mars.

Archer Daniels Midland (ADM) a décidé de réduire ses activités sucre qui étaient déjà modestes. Alberto Peixoto, nommé il y a 3 ans et demi, à la tête des opérations, auparavant chez Bunge et Tate & Lyle, a quitté ADM. Ceci est un signe de la crise que traverse le marché du sucre, soulignent les observateurs. Avec pour objectif de se recentrer sur les céréales, ADM cherche à vendre ses opérations éthanol de Limeira do Oeste au Brésil, Bunge ayant aussi cherché à réduire ses activités dans la canne à sucre au Brésil dans lesquelles il avait investi cette dernière décennie.

 

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