La Chronique Matières premières agricoles au 7 mars 2024

 La Chronique Matières premières agricoles au 7 mars 2024

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Les Bourses européennes ont terminé en nette hausse jeudi, avec le CAC 40 dépassant les 8 000 points pour la première fois de son histoire, après que la Banque centrale européenne (BCE) a signalé un ralentissement de l’inflation, ce qui pourrait ouvrir la voie à un très attendu assouplissement monétaire. Les autres indices, l’EuroStoxx 50, le FTSEurofirst et le Stoxx 600 s’inscrivaient aussi en hausse.

La BCE a constaté que les prix avaient continué à décélérer depuis la dernière réunion du Conseil des gouverneurs en janvier et a abaissé sa prévision d’inflation pour 2024. La banque centrale s’est toutefois gardée de promettre un calendrier précis, réaffirmant que ses décisions futures dépendraient en partie de l’évolution de l’inflation sous-jacente, qui exclut les prix les plus volatils, et s’est montrée particulièrement tenace.

La Bourse de New York a fini aussi en hausse jeudi, portée par les titres technologiques et les valeurs à forte croissance, le S&P-500 grimpant à un record de clôture sur fond d’optimisme renforcé à propos d’une baisse des taux d’intérêt après les déclarations du président de la Fed.

Du côté des changes, le dollar cède 0,42% face à un panier de devises de référence tandis que l’euro a gagné 0,31% à 1,0931 dollar.

Les prix du pétrole sont partagés entre les inquiétudes concernant le calendrier de réduction des taux de la Fed et les données commerciales chinoises encourageantes sur la demande. Le Brent grignote 0,06% à $83,01 le et le brut léger américain (WTI) recule de 0,17% à $78,97.

CACAO

Le marché du cacao se maintient à un niveau élevé. Hier sur soir le cacao à New York a clôturé à $ 6 450 la tonne sur l’échéance mai contre $ 6327 la tonne vendredi dernier. Partis de £ 5300 la tonne à la fin de la semaine dernière, les cours à Londres ont terminés hier à £ 5 350 sur l’échéance mai.

Citi estime que les prix moyens du cacao à New York seront plus élevés au deuxième trimestre qu’au premier, mais a ajouté qu’“un point d’inflexion dans le marché haussier jusqu’à la fin de l’année semble possible, permettant une vente de 15 à 30 %”.

En Côte d’Ivoire, l’augmentation des pluies la semaine dernière pourraient aider la récolte intermédiaire, qui commence le mois prochain, mais pas suffisamment pour avoir un impact significatif sur l’important déficit mondial attendu pour la saison 2023/24 en cours.

Les arrivées de cacao dans les ports ont atteint 1,917 million de tonnes (Mt) au 3 mars depuis le début de la saison le 1er octobre, en baisse de 29% par rapport à la même période de la saison dernière, selon les données des exportateurs. Environ 13 000 tonnes de fèves ont été livrées au port d’Abidjan et 21 000 tonnes à San Pedro entre le 26 février et le 3 mars pour un total de 34 000 tonnes.

Du côté des broyages ivoiriens, ils ont diminué de 3,6% sur un an en janvier à 63 380 tonnes, selon les données publiées par l’association des exportateurs Gepex. Depuis le début de la campagne 2023/24, démarrée le 1er octobre, les broyages se sont élevés à 233 333 tonnes à fin janvier, en baisse de 2,1% par rapport à la même période en 2022/23. Les données Gepex couvrent six des plus grandes entreprises de broyage, dont Barry Callebaut, Olam International et Cargill.

Toujours en Côte d’Ivoire, le Conseil café cacao reconduirait le prix au producteur de FCFA 1000 le kilo pour la récolte intermédiaire qui démarre le mois prochain (Lire : La Côte d’Ivoire maintiendrait le prix au producteur de cacao pour la récolte intermédiaire).

Au Ghana, certains producteurs et acheteurs commencent à constituer des stocks de fèves de cacao en prévision d’une hausse des prix. “Qui ne veut pas des prix plus élevés ?” » a déclaré à Reuters un agriculteur. Précisant “Le prix est trop bas. D’autres font de la contrebande, mais moi, je ne peux pas.” Bien qu’aucune donnée ne soit disponible pour indiquer l’ampleur du stockage de fèves dans l’arrière-pays, l’office de commercialisation, le Cocobod a reconnu qu’il y avait une thésaurisation, mais a déclaré que cela n’était pas un facteur dans les faibles niveaux de production actuels du Ghana.

Certains acheteurs ainsi que des exportateurs et négociants internationaux ont déclaré qu’une thésaurisation à grande échelle à ce stade de la saison était peu probable étant donné les difficultés rencontrées pour conserver correctement les haricots afin d’éviter une dégradation de la qualité. “La contrebande est plus probable car les agriculteurs peuvent obtenir de meilleurs prix. Pourquoi stocker le cacao et attendre jusqu’en octobre ?” a déclaré à Reuters un négociant basé en Europe.

Côté entreprises, le chocolatier suisse Lindt & Spruengli a vu son bénéficie net progressé de 17,9% à 671,4 millions de francs suisses en 2023. Avec la flambée de la fève, le chocolatier a indiqué qu’il allait de nouveau augmenter ses prix en 2024 et 2025 après une hausse de 10% en moyenne l’an dernier.

CAFÉ

Le café caracole ! Partie vendredi dernier de $ 3 143, la tonne de café Robusta a clôturé hier soir sur l’ICE à $ 3 381, après avoir son plus haut niveau depuis que le contrat Robusta est coté sur les futures de l’ICE en janvier 2008 à $3 431. Quant à l’Arabica, la livre est passée de $ 1,833 en fin de semaine dernière à New York à $ 1,922 après avoir atteint son sommet de 2024 $ 1,9475 sur l’échéance mai.

Des prix tirés par un approvisionnement restreint en particulier en Robusta où les agriculteurs et les exportateurs au Vietnam retiendraient environ 30 à 35 % de leur récolte, en attendant des prix plus élevés. De plus, les attaques dans la mer Rouge provoquent des retards dans les expéditions vers l’Europe.

En Asie, les primes ont encore augmenté chez les principaux producteurs asiatiques de Robusta, le Vietnam et l’Indonésie, la demande étant forte dans un contexte d’épuisement des stocks.

Les planteurs dans les Central Highlands au Vietnam ont vendu entre 89 000 et 91 000 dongs ($3,60- $3,68) leur kilo de café, contre 82 700 à 83 700 dongs la semaine dernière. “Les prix intérieurs ont atteint la barre des 90 000 dollars le kg, tandis que les primes ont continué d’augmenter dans un contexte de baisse du dong et de hausse des prix de l’ICE” indique un négociant basé dans la ceinture du café.

A l’export le Robusta Grade 2, 5% grains noirs et brisés, s’est vendu avec une prime de $500 à $550 par tonne par rapport au contrat de mai sur l’ICE. La semaine dernière la fourchette était comprise entre $400-$450.

La récolte de café du Vietnam est estimée à 29,5 millions de sacs de 60 kg en 2024/25, selon un sondage réalisé par Reuters.

En Indonésie, les grains de café Robusta de Sumatra pour le contrat d’avril ont été proposés cette semaine à un prix supérieur de $710, contre $800 il y a une semaine.

La Colombie a produit 961 000 sacs de 60 kg (132,3 livres) de café arabica lavé en février, en baisse de 6,2 % par rapport au même mois de l’année dernière, selon la fédération nationale du café. Quant aux exportations, elles ont augmenté de 12,5% à 1,05 million de sacs, contre 929 000 sacs en février 2023.

Au Honduras, les exportations de café ont atteint 715 053,17 sacs de 60 kilos en février, contre 567 262,72 pour le même mois de la saison 2022/23, selon l’Institut hondurien du café (Ihcafe). Une hausse de 26% qui s’explique par le retard des expéditions de se janvier qui ont été expédiées le mois suivant, selon l’Association hondurienne des exportateurs de café (Adecafeh).

Les exportations cumulées du Honduras d’octobre à février ont totalisé 1.362.835,43 sacs de 60 kilos, soit 1% de moins que sur la même période un an plus tôt. Le Honduras prévoit d’exporter quelque 4 983 333,33 sacs de 60 kilos au cours de la période 2023/24.

Le Brésil a exporté 3,61 millions de sacs de 60 kg, soit 77 % de plus qu’au cours de la même période en 2023. Le Brésil ne commencera à récolter la nouvelle récolte de café que vers avril pour la variété Robusta, et en mai ou juin pour les grains Arabica. Le groupe exportateur de café Cecafe a déclaré que les expéditions cette semaine auraient pu être encore plus importantes sans les goulots d’étranglement logistiques.

CAOUTCHOUC

Net rebond des cours du caoutchouc, qui ont grimpé pour clôturer aujourd’hui sur l’Osaka Exchange à leur plus haut niveau depuis sept ans à 313 yens ($2,12) le kilo, contre 300,8 yens le kilo. Le contrat a terminé en hausse pour une quatrième séance consécutive et a enregistré un gain hebdomadaire de 4,06%. Sur le Shanghai Futures Exchange, partie de 13 915 yuans la tonne de caoutchouc a terminé aujourd’hui à 14 250 yuans ($1 982,06).

Une hausse alimentée par les mauvaises conditions météorologiques qui sévissent depuis plusieurs semaines chez le premier producteur et exportateur mondial, la Thaïlande. « En raison des conditions météorologiques chaudes en Thaïlande, certains transformateurs s’attendent à ce que l’hivernage se termine plus tard, d’ici fin mai ou juin », estime Farah Miller, PDG d’Helixtap Technologies. Une période où l’offre est moindre.

Les cours sont aussi soutenus par des perspectives d’achat plus favorables du premier consommateur mondial, la Chine. La croissance des exportations et des importations chinoises au cours de la période janvier-février a dépassé les prévisions, suggérant que le commerce mondial est en train de franchir un cap.

En Chine, les ventes de véhicules de tourisme ont augmenté de 16,3 % entre janvier et février par rapport à la même période de l’année précédente, selon la China Passenger Car Association.

COTON

Sur la semaine les cours sont quasi stables à 95 cents la livre. Mais ils ont été volatils, baissant durant quatre séances pour remonter depuis deux jours et atteindre la limite up hier. « Le marché est nerveux » souligne un négociant qui s’interroge sur la montée des cours au delà de la seule spéculation. Des réponses sont attendues aujourd’hui avec le rapport sur l’offre et la demande de produits agricoles Wasde du département américain de l’Agriculture. Le mois dernier, il avait montré des stocks de clôture inférieurs à ceux de janvier aux États-Unis. La récolte américaine sera-t-elle revue à la baisse ? Un autre rapport attendu sera celui, la semaine prochaine, sur les superficies emblavées en coton aux États-Unis. Dans l’immédiat, « Le marché s’oriente vers un déport, le différentiel entre les mois de juillet et décembre se situant à plus 1 300 » ajoute le négociant.

En Australie, le ministère de l’Agriculture a revu à la hausse ses prévisions pour les différentes récoltes en 2023/24. Les précipitations estivales meilleures que prévu ont stimulé les rendements estime le Bureau australien de l’économie et des sciences de l’agriculture et des ressources (ABARES). Cependant, les récoltes de la plupart des cultures restent bien inférieures à celles des dernières saisons en raison du phénomène météorologique El Nino qui a provoqué un temps chaud et sec pendant une grande partie de 2023. Pour le coton, Camberra estime que la production s’élèvera à 1 million de tonnes contre 925 000 tonnes lors de sa précédente estimation.

HUILE DE PALME

L’huile de palme a progressé avec une clôture aujourd’hui sur la Bursa Malaysian Derivative Exchange à 4 089 ringgits ($873,34) la tonne contre 3 964 ringgits vendredi dernier. Le marché enregistre le troisième gain successif hebdomadaire de 3,1%. U gain alimenté par une offre restreinte et à un certain optimiste quant à la demande.

Cette semaine s’est déroulée à Kuala Lumpur la très attendue Palm & Lauric Oils Price Outlook Conference & Exhibition (POC2024), où était rassemblé tout le gratin de l’industrie mondiale des huiles alimentaires pour prendre le pouls du marché. Nous y reviendrons lundi mais la situation générale de l’huile de palme reste optimiste à court terme en raison des problèmes d’approvisionnement et de la baisse des stocks au premier trimestre.

En Inde, les importations d’huile de palme en février chutent à leur plus bas niveau depuis 9 mois à 504 000 tonnes, soit une chute dd 35,6 % en glissement mensuel, selon les estimations des revendeurs. “Les importations d’huile de palme ont considérablement diminué en raison des marges négatives persistantes et des prix compétitifs de l’huile de soja et de tournesol“, souligne Rajesh Patel, associé directeur du négociant et courtier en huiles comestibles GGN Research.

L’huile de palme se négocie généralement à un prix inférieur à celui de ses rivales, l’huile de soja et l’huile de tournesol, mais la chute des stocks a fait monter ses prix au-dessus des huiles rivales, dont les approvisionnements sont abondants. Les importations d’huile de palme brute sont proposées à environ $965 la tonne CIF, en Inde pour une livraison en avril, tandis que l’huile de soja et l’huile de tournesol sont proposées respectivement à environ $950 et $928 la tonne, selon les revendeurs.

Les importations d’huile de tournesol ont bondi de 34 % à 295 000 tonnes et celles de soja ont chuté de 7,9% à 174 000 tonnes.

En Indonésie, les exportations d’huile de palme devraient atteindre 29,5 millions de tonnes (Mt) en 2024, contre 30,25 Mt l’année dernière, indique l’Association indonésienne de l’huile de palme (GAPKI). Dans le même temps, la production d’huile de palme devrait augmenter de 2,26 % à 54,4 Mt et les stocks s’élever à 5,25 Mt d’ici fin 2024.

RIZ

Les prix à l’exportation du riz d’Inde et de Thaïlande sont en hausse mais en retrait au Vietnam.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% ont atteint un record à $552-$560 la tonne contre $546-$554 la semaine dernière. Une hausse provoquée par une modification de la méthode de calcul des droits d’exportation de 20% sur le riz étuvé par les autorités douanières. Une modification qui aurait conduit à un prélèvement plus élevé.

En Thaïlande, les prix du riz Thaï 5% ont grimpé à $620-$622 la tonne contre $615 la semaine dernière, la récolte n’étant pas encore arrivée. .

Au Vietnam, les prix du Viet 5% étaient, en revanche en baisse à $580 contre $600 la semaine dernière. “De nombreux importateurs ne se précipitent pas pour acheter car ils savent que la principale récolte du Vietnam atteint son apogée“, a déclaré un négociant basé à Hô Chi Minh-Ville à Reuters. Ajoutant que “Les prix se redressent cependant car la production de riz est toujours confrontée aux effets néfastes du phénomène El Nino cette année“.

Les exportations vietnamiennes de riz sont estimées cette année entre 6,5 et 7,0 millions de tonnes, (Mt) en baisse par rapport au record de 8,1 Mt en 2023, selon un rapport de la Vietnam Food Association. Ce pays d’Asie du Sud-Est, troisième exportateur mondial de riz après l’Inde et la Thaïlande, a annoncé précédemment qu’il réduirait progressivement ses volumes globaux d’exportation pour se concentrer sur un riz de meilleure qualité et plus cher, tout en s’adaptant au changement climatique et en assurant la sécurité alimentaire nationale.

Depuis le début de l’année jusqu’à la mi-février 2024, les exportations ont augmenté de 14,4 % par rapport à l’année précédente pour atteindre 663 000 tonnes.

SUCRE

Le sucre a très légèrement augmenté cette semaine. Partie vendredi dernier de 21,09 cents, la livre du sucre roux a clôturé hier à 21,28 cents. A Londres, le sucre blanc est passé de $ 602,6 la tonne à hier $ 604,10 sur l’échéance mai.

Du côté de la production, les récoltes de sucre en Inde et en Thaïlande s’annoncent meilleures que prévu mais, revanche, elles se seraient moindres au Brésil Le courtier hEDGEPoint Global Markets a réduit lundi son estimation de la récolte de canne à sucre du centre-sud au Brésil en 2024/25 à 615 millions de tonnes contre 620 Mt auparavant. De même le cabinet de conseil Datagro s’attend à ce que la production sucrière du centre-sud du Brésil chute de près de 5 % au cours de la nouvelle saison.

Lors de la Dubai Sugar Conference, le producteur français de sucre Tereos a estimé qu’en dépit des prix élevés, les superficies plantées en betterave dans l’Union européenne n’augmenteront que de 2 à 3% en 2024/25.

En revanche en Ukraine, la superficie cultivée devrait augmenter d’environ 1 à 2 % cette année et la production atteindre son plus haut niveau en sept ans à 2 millions de tonnes (Mt) en 2024/25, contre 1,8 Mt en 2023/24, selon Viacheslav Chuk, directeur commercial d’Astarta, ce qui ne devrait pas apaiser le mécontentement des agriculteurs européens qui estiment que la concurrence de l’Ukraine est déloyale. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022, l’UE a suspendu les droits de douane et les cotations sur les produits agricoles ukrainiens, y compris le sucre. Les exportations de sucre ukrainien vers l’UE se sont élevées à 406 777 tonnes en 2022/23, contre seulement 40 172 tonnes un an plus tôt. Pour la campagne 2023/24 (octobre-septembre), elles ont encore augmenté avec jusqu’à présent un total de 190 108 tonnes pour les trois premiers mois de la période, contre 112 414 tonnes pour la même période un an plus tôt.

Le Brésil a exporté 3,02 millions de tonnes de sucre en février, soit trois fois le volume observé le même mois un an plus tôt.

L’Égypte a décidé d’importer un million de tonnes de sucre au cours de cette année, dont 300 000 tonnes importées d’urgence dans un premier temps.

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