ALFA : l’agriculture en Afrique au cœur de la diplomatie française

 ALFA : l’agriculture en Afrique au cœur de la diplomatie française
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Infatigable défenseur de l’agriculture et de l’agro-industrie  africaines,  Karim Ait Talb, directeur  général délégué d’Advens/Geocoton, vient d’être élu président de l’association ALFA à l’issue de son assemblée générale constitutive du 24 mars. Si l’association vient officiellement d’être créée juridiquement, elle est active depuis plus de 18 mois avec la ferme volonté de positionner l’agriculture et l’élevage en Afrique au cœur de la diplomatie française. Et avec déjà quelques acquis à son actif.

Regroupant plus d’une centaine d’entreprises françaises et institutions des secteurs de l’agriculture et de l’élevage, ALFA a fait un certain nombre de proposition pour accompagner l’émergence du secteur agro-pastoral en Afrique (lire : Lancement d’ALFA, une coalition d’entreprises françaises pour une agriculture durable en Afrique). Elle s’est placée comme interlocutrice crédible auprès des autorités françaises en organisant notamment des  séquences sur l’agriculture lors des voyages présidentiels au Cameroun en juillet 2022 et en Angola en mars 2023. Elle fait partie intégrante de l’initiative FARM lancée par la France suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie (lire : Emmanuel Macron lance l’initiative FARM face à la “crise alimentaire sans précédent” qui s’amorce en Afrique).

« S’il est indéniable que les destins de l’Europe et de l’Afrique sont intimement liés, il est tout aussi irréfutable que sans développement de l’agriculture, de l’élevage, de l’agroalimentaire, nous courrons ensemble à une catastrophe certaine. Ce propos n’est absolument pas pessimiste mais doit simplement éveiller définitivement les consciences », souligne Karim Ait Talb. Regrettant que nombre d’entreprises françaises ont longtemps considéré l’Afrique comme un marché de déversement, il affirme que la donne peut aujourd’hui changer avec l’intervention du secteur privé aux côtés du secteur public. Et ce, « afin de bousculer les choses, fédérer des grappes d’entreprises françaises pour se positionner sur des co-investissements avec des opérateurs africains et accompagner les efforts des bailleurs de fonds sur les sujets en amont. Nous avons des compétences uniques, il est temps de nous organiser, de faire savoir, de structurer des partenariats intelligents et équitables avec nos amis africains ».

Un nouvel outil financier français dédié à l’agriculture

Dès sa constitution, ALFA a mis en avant la difficulté de l’accès au financement des entreprises agricoles et agro-industrielles, que cela soit auprès des banques commerciales où le risque leur parait trop élevé ou des institutions financières de développement où les montants sont souvent jugés trop petits. La solution pour ALFA est de créer avec les pouvoirs publics français un véhicule dédié et adapté au financement de l’agriculture africaine, géré par le secteur privé. Un instrument qui permettrait d’avoir un effet levier et de dérisquer le secteur agricole.

Une proposition partiellement entendue par les pouvoirs publics français. En effet, David Izzo, directeur adjoint de la direction de la diplomatie économique au ministère de l’Europe et des affaires étrangères, a annoncé le lancement de la première phase de l’outil financier FARM-Secteur privé, doté de €40 millions, qui cible les TPE-PME agricoles africaines et cherchera à favoriser les partenariats franco-africains.

Ce nouvel instrument s’articule autour de quatre volets. Le premier d’un montant de €4 millions, développé par Investisseurs & Partenaires, pour financer et accompagner 20 à 30 agro-entrepreneurs à fort potentiel d’impact et de croissance par la mise à disposition d’avances remboursables jusqu’à €100 000 par entreprise, de missions d’assistance technique et d’accompagnement personnalisé. Un deuxième de €18 millions où Proparco financera avec des prêts et garanties (de €1000 à €1 million) les TPE et PME agricoles ayant des profils à risque élevé. Le troisième prévoit €14 millions, également déployé par Proparco, pour financer des entreprises agro-industrielles qui jouent un rôle clé dans la chaîne de valeur mais peine à accéder à des financements. Enfin, €4 millions géré par BPI France pour favoriser les partenariats entre entreprises françaises et africaines du secteur agricole.

Incontestablement, après  la pandémie de la Covid-19 puis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’agriculture et la souveraineté alimentaire sont aujourd’hui au cœur des enjeux africains. ALFA veut y contribuer en fédérant l’offre privée française pour répondre collectivement aux besoins du marché africain et contribuer à reconquérir des places de marché perdues.

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