Déforestation : un nouveau rapport pointe les banques européennes

 Déforestation : un nouveau rapport pointe les banques européennes

@ Greeenpeace

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Depuis quelques mois, les rapports se multiplient pour dénoncer le rôle des banques dans la déforestation en particulier lorsqu’elles financent les géants de l’agroalimentaire dans le soja et le bœuf mais pas seulement. Dernier en date Bankrolling ecosystem destruction publié par Greenpeace International, Milieudefensie (Les Amis de la terre Pays-Bas) et Harvest et réalisé par Profundo.

Le rapport révélé que le secteur financier européen a prêté €256 milliards de crédits juste après l’accord de Paris en 2016 jusqu’en 2023 à des entreprises actives dans des secteurs qui menacent les forêts et d’autres espaces naturels fondamentaux pour lutter contre les dérèglements climatiques. Ceci représente 22,1% des crédits totaux à ces entreprises. En outre, les banques ont investi directement € 60 milliards dans ces entreprises, soit près de 10% des investissements directs. Ces chiffres suggèrent que le secteur financier de l’UE est presque de taille égale à celle des États-Unis en tant que source de crédit et le deuxième investisseur mondial, mais loin derrière les Etats-Unis ($ 363 milliards). La France est le premier financeur (37% des prêts), puis les Pays-Bas (23%), l’Allemagne (16%) et l’Espagne (11%).

Le rapport présente le profil détaillé, y compris les financements par entreprise, de 12 banques européennes, et se focalise sur six entreprises internationales : les deux négociants Bunge et Cargill, les producteurs de viande JBS et Marfrig, et les géants de l’huile de palme et de la pâte à papier RGE et Sinar Mas.

 

Le rapport pose in fine la question de la régulation du secteur financier pour aligner la finance sur les objectifs climatiques et souligne aussi que dans certains cas les investissements des banques ne sont pas non plus conformes à leur politique affichée. Par exemple, Produndo observe par exemple qu’HSBC a une politique relative aux produits agricoles qui stipule qu’elle « ne fournira pas sciemment de services financiers à des clients à haut risque impliqués directement dans la déforestation ou s’approvisionnant auprès de fournisseurs impliqués dans la déforestation ». Mais la banque était le deuxième créancier mondial de Minerva et le quatrième de Marfrig, deux des plus grandes entreprises de viande bovine d’Amérique du Sud. Autre exemple cité, Bank of America a une politique en matière de pratiques forestières qui affirme que « les produits des prêts ne sont pas utilisés pour financer des projets ou des opérations commerciales » qui conduisent à la déforestation, mais elle était le cinquième créancier de Minerva au cours de cette période.

Pour l’instant les banques européennes ne sont pas concernées par le règlement européen sur la déforestation (EUDR), adopté en mai 2023 et qui entrera en vigueur à la fin 2024. Mais, la Commission européenne procédera d’ici le 30 juin 2025 à un examen qui évaluera le rôle des institutions financières dans la prévention des flux financiers qui contribuent à la déforestation et à la dégradation des forêts et évaluera s’il est nécessaire de prévoir des obligations juridiques spécifiques pour les institutions financières.

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