La Chronique matières premières agricoles au 16 février 2023

 La Chronique matières premières agricoles au 16 février  2023
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Les bourses européennes ont terminé en hausse hier, le CAC 40 enregistrant même un record, mais on s’attend à ce qu’elles baissent aujourd’hui à l’ouverture des marchés dans le sillage de la clôture de Wall Street hier soir : la remontée du dollar, l’accentuation des pressions inflationnistes et les propos jugés restrictifs de certains membres de la Réserve fédérale américaine (Fed) sont susceptibles d’alimenter l’aversion au risque.

Cette baisse des valeurs américaines hier soir fait suite à la publication des données sur les prix à la production aux Etats-Unis qui ont augmenté en janvier à un rythme le plus soutenu en sept mois. Parallèlement, les inscriptions au chômage outre-Atlantique ont reculé de manière inattendue la semaine dernière, nouveau signe d’un marché du travail dynamique alors que la Fed s’emploie à freiner la demande pour juguler l’inflation. “Les dernières données confirment le point de vue de la Fed selon lequel il faut continuer à augmenter les taux et les maintenir plus haut, plus longtemps”, explique à Reuters Tapas Strickland, économiste chez National Australia Bank. Deux responsables de la Fed, Loretta Mester et James Bullard, ont en outre déclaré jeudi que la banque centrale américaine aurait probablement dû relever ses taux davantage qu’elle ne l’a fait au début du mois et ont souligné que des hausses supplémentaires du coût du crédit étaient indispensables pour ramener l’inflation au niveau souhaité.

En Europe, les prix à la production en Allemagne ont accéléré plus que prévu en janvier sur un an à 17,8%, tandis que les ventes au détail en Grande-Bretagne ont affiché une hausse surprise sur un mois de 0,5% en janvier. Les prix à la consommation en France sont ressortis à 7% sur un an en janvier.

Sur les marchés monétaires, le dollar a brièvement profité hier des chiffres des prix à la production américaine, atteignant un pic d’environ six semaines face à un panier de monnaies de référence. L’euro a donc clôturé hier à $ 1,07.

Côté pétrole, l’espoir d’une reprise de la demande en Chine a été tempéré en cette fin de semaine par l’importante augmentation hebdomadaire des stocks de brut aux Etats-Unis. Le Brent a terminé hier soir à  $ 85,36 le baril et le brut léger américain (WTI) à $ 78,61.

CACAOCAFÉ – CAOUTCHOUCCOTONHUILE DE PALME –  RIZ  – SUCRE 

CACAO

La fève a encore gagné du terrain au cours de la période sous revue. Partie vendredi dernier de £ 2009 sur l’échéance mai à Londres, la tonne de cacao a clôturé hier soir à £ 2 112 après avoir atteint mercredi un pic à £ 2 125, un prix qu’elle n’avait plus enregistré depuis novembre 2016. A New York, la tonne est passée de $ 2 606 à $ 2 747 hier.

Les pays producteurs d’Afrique de l’Ouest, notamment la Côte d’Ivoire, n’ont pas pu profiter de l’envolée des prix mercredi car on manque de cacao physique chez le n°1 mondial. Il manquerait «  de façon urgente », 150 000 tonnes (t), ont déclaré à Reuters sept responsables qui ont assisté vendredi à une réunion de crise avec le régulateur, le Conseil café cacao (CCC) (lire nos informations : Les exportateurs à court de fèves de cacao en Côte d’Ivoire). Etaient présents, notamment, des représentants du groupement des exportateurs multinationaux, le Gepex, du lobby des négociants nationaux GNI ainsi que l’Union des coopératives d’exportation, l’Ucoopexci.

Ce qui inquiète encore davantage est que l’étroitesse de l’offre pourrait ne pas se limiter à la situation actuelle en produit physique mais pourrait bien être la situation sur l’ensemble de la campagne 2022/23 (octobre à septembre).

En Côte d’Ivoire, les arrivages aux ports de San Pedro et d’Abidjan demeurent supérieurs à leurs niveaux de l’année dernière à la même époque mais l’écart s’est réduit ces derniers jours. Ainsi, du 1er octobre au 12 février, les volumes totalisent 1,623 Mt, soit en hausse de seulement 1,4%.La filière ivoirienne est de plus en plus gourmande de fèves, réduisant d’autant les disponibilités à l’export. En effet, les broyages ont bondi de 16,5% en janvier par rapport à janvier 2021, selon les statistiques publiées par le Gepex mercredi (lire nos informations : Hausse de 16,5% des broyages de cacao en Côte d’Ivoire en janvier).

CAFÉ

Le café caracole ! L’Arabica, parti de $ 1,7465 sur mai vendredi dernier à New York, a clôturé hier soir à $ 1,8025 après avoir visité mardi un plus haut en deux semaines.  Le Robusta n’est pas en reste, ayant évolué de $ 2 039 en fin de semaine dernière à $ 2 072 hier soir.

Un marché boosté par des stocks certifiés en baisse. Deux raisons à cela : une technique car le retard dans la classification des volumes détenus en stocks a été résorbé ; une plus physique car les opérateurs  achètent leur café auprès de ces stocks plutôt qu’auprès du Brésil, n°1 mondial du café, où les primes sur le produit physique flambent. Cela fait deux ans que le Brésil essuie du mauvais temps et que sa production baisse, tout comme ses exportations. Le cycle est infernal. Pour résumé, actuellement, le café brésilien le moins cher se trouve auprès des stocks certifiés. Ces prochains mois, ceux-ci vont se réduire comme peau de chagrin, ne laissant en stock physique essentiellement du vieux café hondurien entreposé depuis longtemps et quelques autres origines.

A fin janvier, les volumes de café vert entreposés dans les ports aux Etats-Unis, premier consommateur mondial de café, étaient au plus bas en six mois, à 6,26 millions de sacs de 60 kg (Ms), a calculé Reuters à partir des chiffres mensuels de la Green Coffee Association (GCA). Cette dernière compile aussi bien les volumes des stocks certifiés auprès des marchés à terme que des autres volumes détenus aux ports par différents acteurs du marché. Les plus fortes chutes ont été enregistrées au port de New York et de Pacific Northwest dans l’Etat de Washington, sur la côte ouest des Etats-Unis.

Parallèlement à cette baisse de stocks, le marché a réagi cette semaine au rapport d’analyse du courtier StoneX publié mardi. Il révise à la baisse ses prévisions de la nouvelle récolte 2023/24 au Brésil à 62,3 Ms ce qui serait, certes, supérieur de 4,3% à 2022/23 mais c’était alors une année basse du cycle végétal biennal du cafier. StoneX estime maintenant la production d’Arabica à 40,7 Ms, en hausse de 6,4% sur 2022/23. En revanche, celle de Robusta serait à peine plus élevée, de 0,6%,  que la précédente, à 21,6 Ms. Rappelons que le Brésil étant dans l’hémisphère sud, sa récolte de Robusta démarre en avril ou en mai généralement et celle d’Arabica en juin ou juillet.

Au Vietnam, cette semaine, dans la principale zone de production des Central Highlands, les planteurs ont vendu leur café entre 43 700 et 44 500 dongs le kilo ($ 1,85 à $ 1,88), soit à un prix supérieur que celui de la semaine dernière qui s’établissait entre 42 000 et 44 000 dongs. En effet, « la production cette campagne s’annonce inférieure de 30% à la précédente. Donc l’offre des planteurs se contracte », a expliqué à Reuters un trader sur place. Certains caféiculteurs remplacent les anciens caféiers par des jeunes plants, ce qui réduit l’offre actuelle.

En Indonésie, l’offre demeure encore quasi inexistante mais on commence à voir quelques volumes.

CAOUTCHOUC

Le marché du caoutchouc est en berne affichant une troisième baisse hebdomadaire consécutive. Sur la semaine, il enregistre cinq séances consécutives de baisse sur l’Osaka Exchange pour clôturer hier à 218,8 yens ($1,63) le kilo contre 224,5 yens vendredi dernier. Sur le Shanghai Exchange, les cours sont passés de 12 545 la tonnes à 12 565 yuans ($1 832) hier.

Le marché attend toujours des signes de reprise de la demande chez le principal acheteur, la Chine. Au Japon, la croissance des exportations de marchandises a fortement ralenti en janvier dans un contexte d’affaiblissement de la demande chinoise pour les voitures et les machines de fabrication de puces, alimentant les inquiétudes concernant un ralentissement mondial et créant le plus important déficit commercial du pays jamais enregistré. La chute des prix du pétrole a également exercé une pression sur les cours.

Le Myanmar devrait exporter plus de 300 000 tonnes de caoutchouc en 2022/23, selon le secrétaire général de la Myanmar Rubber Planters and Grower Association (MRPPA).

Côté entreprises, le groupe français Michelin a enregistré dans le contexte d’un ralentissement de l’industrie automobile, des ventes en hausse de 20,2% en 2022 à € 28,6 milliards. Néanmoins en volume, elles sont en recul de 2% suite à l’arrêt de ses opérations en Russie et à la crise sanitaire en Chine. Le bénéfice net du groupe est de €2,01 milliard, en hausse de 13,5%.

Le fabricant allemand de pneumatiques Continental affiche de grandes ambitions en matière de durabilité : d’ici 2050, ses pneus seront fabriqués entièrement à partir de matériaux recyclés ou issus de sources durables. Le caoutchouc demeura un ingrédient clé pour la fabrication de pneus mais il sera complété par d’autres sources végétales comme le pissenlit mais aussi les cosses de riz et les bouteilles en plastique  ainsi que bien sur le recyclage des vieux pneus.

COTON

Petite forme pour le marché du coton dont les cours ont clôturé hier sur l’ICE à 81,25 cents la livre contre 85,27 cents vendredi dernier. Mais le marché a surtout été impacté par la faiblesse des marchés financiers et céréaliers ainsi que par l’appréciation du dollar alors que la demande de coton a rebondi.

Les Etats-Unis planteraient moins de coton pour la campagne 2023/24. Selon l’enquête annuelle du National Cotton Council, les agriculteurs ont l’intention de planter 11,4 millions d’acres de coton ce printemps, en baisse de 17 % par rapport à 2022. L’enquête ayant été réalisée en décembre dernier, les conditions de marché et météorologiques peuvent encore changer la donne.

En Inde, la Cotton Association of India (CAI) estime que le pays devrait produire 32,15 millions de balles de coton lors de la campagne 2022/2023, qui a démarré le 1er octobre, en baisse de 2 ,7% par rapport à une estimation précédente, les intempéries ayant réduit les rendements. Quant aux exportations, elles pourraient tomber à 3 millions de tonnes (Mt) contre 4,3 Mt il y a un an selon la CAI.

HUILE DE PALME

Le marché de l’huile de palme a été volatil et fini en légère hausse avec une  clôture hier sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange à 4 070 ringgits ($924,58) la tonne contre 3 931 ringgits vendredi dernier.

La demande d’huile de palme est soutenue avec des exportations de la Malaisie du 1er au 15 février en hausse  de 8,9 %  et de 18,4% par rapport au mois précédent, selon respectivement  AmSpec Agri Malaysia et Intertek Testing Services mais en baisse de 0,9% pour la SGS. En revanche, les importations d’huile du premier importateur mondial d’huile végétale, l’Inde, ont chuté de 25% en janvier (voir ci-dessous).

L’Indonésie n’a toujours pas modifié sa politique d’exportation. La semaine dernière, elle avait indiqué qu’elle suspendait certains permis d’exportation  et qu’elle réexaminerait ses ratios de quotas d’exportation d’huile de palme dans un contexte de hausse des prix de l’huile de cuisson dans le pays  (Lire notre précédente Chronique). En revanche, elle a relevé ses taxes et prélèvement à l’exportation. Ainsi, le prix de référence de l’huile de palme brute est fixé à $880,03 la tonne du 16 au 28 février, ce qui a fixé la taxe à l’exportation d’huile de palme brute à $74 la tonne et le prélèvement à l’exportation à $95 la tonne.

L’Inde a réduit ses importations d’huile de palme de 25% au mois de janvier par rapport au mois de décembre. Elles sont tombées à 833 667 tonnes, soit son plus bas niveau en six mois, selon la Solvent Extractors ‘Association of India (SEA). En revanche, celles de soja ont grimpé de 45% à 366 625 tonnes et celles de tournesol ont bondi de 138% pour atteindre un record de 461 458 tonnes. Les importations totales d’huiles végétales de l’Inde en janvier ont augmenté de 6 % pour atteindre 1,66 million de tonnes, a ajouté la SEA.

Côté entreprises, le géant malaisien Sime Darby Plantation a vu son bénéfice net au quatrième trimestre gagner 20,3% par rapport au 4ème trimestre 2021 pour s’établir à 562 millions de ringgits ($126,81 millions) grâce à des pertes non récurrentes et à une baisse des charges fiscales. Le chiffre d’affaires a progressé de 2,2% à 5,7 milliards de ringgits.  Sime Darby Plantation estime que la production devrait augmenter cette année avec l’atténuation de la pénurie de main d’œuvre et que les prix de l’huile de palme brute devraient rester stables au 1er trimestre.

RIZ

Les prix à l’exportation du riz thaïlandais ont chuté cette semaine à leur plus bas niveau en plus d’un mois tandis que ceux de l’Inde et du Vietnam se sont maintenus à un niveau élevé.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% sont en baisse à  $460-$465 la tonne contre  $480 -$490 la semaine dernière. En cause, une demande calme et un bath plus faible.

En Inde, les prix du riz étuvé 5 % sont inchangés à  $395-$402 la tonne.

En dépit des restrictions du gouvernement sur les ventes à l’étranger, les exportations de riz de l’Inde ont atteint un niveau record, selon des responsables du gouvernement et de l’industrie.  La production de riz à partir des cultures d’hiver pourrait atteindre 22,76 millions de tonnes (Mt) contre 18,47 Mt un an plus tôt, selon le gouvernement.

Au Vietnam, les prix du Viet5%  sont aussi inchangés à $455-$460  la tonne. “Les prix devraient rester à des niveaux élevés car de nombreux pays achètent pour augmenter leurs réserves nationales, y compris la Chine et l’Indonésie“, a déclaré à Reuters un négociant basé à Ho Chi Minh-Ville. Les négociants prévoient que les exportations seront supérieures à 6 millions de tonnes en 2023.

En Tanzanie, les autorités ont autorisés les commerçants locaux à importer 90 000 tonnes de riz en franchise de droits pour amortir la hausse des prix de l’aliment de base.

SUCRE

Un petit coup de mou sur le sucre cette semaine avec une position mars du sucre roux à New York qui est passée de 21,58 cents la livre (lb) vendredi dernier à 21,45 cents hier soir, tandis que le sucre blanc à Londres glissait de $ 570,80 la tonne à $ 567,60.

Comme pour le café, les disponibilités en sucre physique commencent à poser des difficultés ce qui soutient les prix. Si les fortes pluies qui s’abattent actuellement sur le Brésil persistent, la récolte de la canne sera impactée et surtout la teneur en sucre de la canne sera moins élevée.

Selon un sondage réalisé par Reuters auprès de 11 traders et analystes, après avoir touché un pic qui n’avait plus été enregistré depuis six ans, les cours du sucre roux devraient se rétracter d’ici la fin de l’année sur fond de production en hausse au Brésil, notamment dans sa région centre-sud.

Côté entreprises, le groupe français Tereos, deuxième producteur mondial de sucre en termes de volume, annonce aujourd’hui la nomination de Jorge Boucas comme nouveau directeur général de la coopérative. “Il lui reviendra d’achever le redressement du groupe coopératif, de déployer dans les meilleurs délais le plan de décarbonation face aux enjeux énergétiques qui touchent notre industrie et de proposer au conseil d’administration de nouvelles orientations de croissance pour Tereos“, selon le communiqué.

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