La Chronique Matières premières agricoles au 29 février 2024

 La Chronique Matières premières agricoles au 29 février 2024

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Les bourses européennes ont clôturé hier mitigées après une salve d’indicateurs montrant que l’économie européenne était sous la pression des taux restrictifs. Baisse du CAC40 à Paris, hausse du Dax allemand et stagnation du Foostie britannique. L’inflation en zone euro est attendue aujourd’hui avant la prochaine réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne le 7 mars.

En revanche, aux Etats-Unis la bourse de New York a clôturé en hausse jeudi, alors que les données sur l’inflation et les commentaires des responsables de la Réserve fédérale américaine ont alimenté les attentes concernant le calendrier de la baisse de taux de la banque centrale. Les traders anticipent désormais une première baisse des taux de la Fed au mois de juin, selon le baromètre FedWatch de CME Group.

Sur le marché des devises, le dollar est stable face à un panier de devises de référence  tandis que l’euro grignote 0,06% à 1,0809 dollar, et la livre sterling s’échange à 1,2625 dollar.

Quant au pétrole, le Brent se maintient à $83,73 le baril, le brut léger américain (WTI) se hisse de 0,60% à $79,01.

CACAO

Le cacao est redescendu de son piédestal (Lire : Les cours du cacao ont encore gagné près de 20% la semaine dernière) mais les cours demeurent très élevés. Hier à Londres, les cours ont clôturé à £5 162 la tonne pour l’échéance mai, bien en dessous du record de £ 5 605 de lundi, contre £ 5 348 vendredi dernier. Même tendance à New York, partis de $6 447 la tonne, ils ont clôturé hier à $6 049 pour l’échéance mai.

Certes le marché a subit un revers, mais qui était attendu après avoir grimpé de plus de 50% en un mois. Mais « tout virage baissier semble improbable avant fin avril ou mai” estime Citi dans une notre précisant que les cours pourraient atteindre $7 000 à $10 000 la tonne au cours des 1 à 3 prochains mois en raison des mauvaises récoltes en Afrique de l’Ouest qui sont confirmées par l’Organisation internationale du cacao (ICCO).

Dans sa mise à jour trimestrielle, l’ICCO a revu à la hausse sa prévision du déficit mondial de cacao pour 2023/24 (octobre-septembre) à 374 000 tonnes. L’ICCO prévoit que la production mondiale diminuerait de 10,9 % à 4,45 millions de tonnes (Mt) et que les broyages diminueraient de 4,8 % à 4,78 Mt. La production ivoirienne de cacao reculerait de 19% à 1,395 Mt et celle du Ghana de 11% à 580 000 tonnes. L’ICCO estime que la chute de la production ouest-africaine provient de facteurs structurels à savoir le vieillissement des arbres et les maladies ainsi que les défis climatiques.

Les stocks de clôture tomberaient à 1,395 Mt, ce qui équivaut à 29,2 % des broyages annuels projetés, un niveau jamais vu au cours des 45 dernières années.

Le ministre de l’Agriculture de Côte d’Ivoire, Kobenan Kouassi Adjoumani, a déclaré en marge du Salon international de l’agriculture (SIA) à Paris que les mauvaises conditions météorologiques pourraient réduire la production de 25 % cette campagne mais pas plus. “Nous attendons la campagne intermédiaire (petite récolte) pour les estimations définitives. Pour l’instant nous sommes à 20% (de baisse) mais les prévisions disent que, si elles (intempéries) continuent, elle baissera de 25% maximum“.

Toutefois, depuis le démarrage de la campagne le 1er octobre jusqu’ au 25 février, les arrivées de cacao dans les ports ivoiriens se sont élevés à 1,163 million de tonnes, soit environ 30% de moins par rapport à la même période en 2022/23.

Du côté des exportations, du 1er octobre à la fin décembre 2023, celles de fèves ont totalisé 316 511 tonnes (t), en baisse de 10% par rapport à la même période l’année dernière mais celles de produits du cacao (poudre, beurre, chocolat) ont grimpé de totalisant 15,1% à 159 598 t, selon les données portuaires provisoires.

CAFÉ

Légère progression des prix du café cette semaine. Partie vendredi dernier de $ 3 030 la tonne, le Robusta a clôturé hier soir à $3 095 pour l’échéance mai. Quant à l’Arabica, la livre est passée de $1,803 en fin de semaine dernière à New York à $ 1,8436 à la clôture hier sur l’échéance mai.

Les approvisionnements en Robusta du Vietnam sont toujours serrés, les agriculteurs conservant leurs stocks face à une demande soutenue. En revanche, la récolte du Robusta au Brésil devrait démarrer le mois prochain, avec des perspectives globalement favorables.

Une accalmie des prix pourrait aussi venir des stocks certifiées par l’ICE. Depuis le mois de novembre, où les stocks avaient atteint un plus bas de 25 ans à environ 220 000 sacs, ils se sont progressivement reconstitués pour atteindre aujourd’hui 333 771 sacs. Mais, ils pourraient être beaucoup plus importants car selon l’ICE quelques 166 027 sacs de café Arabica sont en attente de classement dans ses bourses certifiées, dont 133 568 sacs proviennent du Brésil. Si une grande partie du volume en attente est approuvée, cela pourrait augmenter considérablement les stocks globaux certifiés et potentiellement être baissier pour les cours à New York.

Un sondage réalisé par Reuters auprès de 10 analystes et négociants a montré que les cours sur l’ICE tant de l’Arabica que du Robusta devraient terminer l’année 2024 en dessous des niveaux actuels ainsi que de ceux de fin 2023 avec des perspectives d’offres plus favorables en 2024/25. La production de café du Brésil progresserait à 69,5 millions de sacs (Ms) contre 66,1 Ms en 2023/24 et celle du Vietnam augmenterait de 1,5 Ms à 29,5. Ms en 2024/25.

En Asie, les prix du café ont légèrement augmenté cette semaine chez les principaux fournisseurs asiatiques de Robusta, au Vietnam et en Indonésie, la demande restant élevée alors que l’offre était exceptionnellement limitée.

Les prix au planteur dans les Central Highlands se situaient entre 82 700 et 83 700 dongs ($3,36-$3,40) le kilo contre 81 600 à 82 500 dongs la semaine dernière. A l’export, le Grade 2, 5 % grains noirs et cassés, se vendait avec une prime de $400 à $450 la tonne par rapport au cours à Londres pour le contrat de mai.

Le Vietnam a exporté 398 000 tonnes de café au cours des deux premiers mois de 2024, en hausse de 16,2% par rapport à l’année précédente, pour une valeur de $1,25 milliard, en augmentation de 67,5% selon les données gouvernementales.

En Indonésie, le Robusta de Sumatra pour une livraison en avril a été proposé cette semaine à une prime de $800, contre $720 la semaine dernière.

Les exportations indonésiennes de café Robusta de Sumatra se sont élevées à 3 192,28 tonnes au mois de janvier en baisse de 79% par rapport à janvier 2023.

En Côte d’Ivoire, les exportations de café sur 2023 ont chuté 43,4% par rapport à 2022 pour atteindre 31 377 tonnes, selon les données portuaires provisoires.

CAOUTCHOUC

Volatilité des cours du caoutchouc sur une semaine écourtée, les marchés japonais étant fermés vendredi dernier. Sur l’Osaka Echange, les cours ont clôturé hier à 297 yens ($1,98) le kilo contre 303,6 yens jeudi dernier mais le marché a gagné 4,21% sur le mois de février. Sur le marché de Shanghai, les cours ont en revanche progressé. Partis de 13 760 yuans la tonne vendredi dernier, ils se sont établis hier à 13 960 yuans ($1 940,69). Sur le mois de février, les cours ont gagné sur l’Osaka Exchange 4,21%, une deuxième hausse mensuelle consécutive.

Évolution du yen, des marchés boursiers et du pétrole ont dicté le marché tandis que la déclaration du promoteur immobilier chinois Country Garden qu’une requête en liquidation avait été déposée contre lui, assombrit ses perspectives de réaménagement de sa dette et sape les efforts de Pékin pour restaurer la confiance dans le secteur immobilier.

En revanche, les conditions météoritiques qui sévissent chez le premier producteur et exportateur mondial, la Thaïlande, apportent toujours un soutien aux cours. Les exportations thaïlandaises de caoutchouc naturel ont chuté de 24% en janvier 2024 par rapport au même mois en 2023. Une baisse jugée anormale par Jom Jacob, chief analyst et co-founder de WhatNext Rubber Media. Il estime que sur l’année 2023, la production thaïlandaise est en recul de 10,5% et les exportations de 9,6% à 4,054 millions de tonnes. Une chute de la production qu’il explique par le passage à grande échelle des agriculteurs du caoutchouc à d’autres cultures (comme le palmier à huile et le durian), la baisse du rendement moyen du latex due au changement climatique, le mauvais entretien des exploitations d’hévéas et l’incidence récurrente des maladies fongiques des feuilles. « Alors que la production et les exportations continuent de chuter fortement, la pénurie mondiale attendue pour les mois à venir pourrait être beaucoup plus importante que prévu auparavant » conclu-t-il.

En Côte d’Ivoire, les exportations de caoutchouc naturel sur 2023 ont grimpé de 16% par rapport à 2022 pour atteindre 1 821 872 tonnes selon les données portuaires provisoires.

COTON

L’emballement du coton qui a porté les cours mercredi à un plus haut de plus d’un an semble s’essouffler. Hier, les cours se sont affaiblis pour clôturer sur l’ICE à 99,570 cents la livre – ils étaient montés jusqu’à 101,08 cents la veille- mais demeurent encore bien au dessus des 93,490 cents atteint vendredi dernier.

Un emballement, qui laisse dans l’expectative au regard des fondamentaux, alimenté par la spéculation et le bilan cotonnier aux Etats-Unis où les stocks sont serrés. Les spéculateurs ont augmenté leur position longue nette de 10 214 contrats à 67 851 contrats à terme sur le coton américain ICE au cours de la semaine du 20 février, a annoncé vendredi dernier la Commodity Futures Trading Commission. Selon les statistiques de l’ICE, les stocks de coton certifié, qui peuvent être livrés conformément au contrat, s’élevaient à 985 balles, contre 3 267 balles le 28 décembre.

Les dernières estimations de Cotlook sur la campagne 2023/24 soulignent que l’on ne manque nullement de coton. Le spécialiste a revu à la hausse ses prévisions pour la production mondiale de coton de plus 362 000 tonnes, en provenance du Brésil mais aussi des États-Unis et de l’Australie, pour s’établir à 24,501 millions de tonnes (Mt). En face, une consommation mondiale augmentée mais de seulement 147 000 tonnes avec un net rebond au Pakistan à 23,747 Mt.

Cotlook donne également ses premières estimations pour la campagne 2024/25 avec une hausse, modérée, tant de la production que de la consommation, respectivement en hausse de 1,8% à 24,9 Mt et de 3% à 24,5 Mt.

En Inde, le gouvernement a décidé de supprimer le droit d’importation de 10% sur le coton dont la longueur de fibre est supérieure à 32mm, ce qui devrait soutenir les importations de fibre de coton de qualité élevée utilisées pour la fabrication de textiles et de vêtements en coton haut de gamme.

En Côte d’Ivoire, les exportations de coton sur 2023 ont dégringolé 35,2% par rapport à 2022 pour atteindre 255 644 tonnes, selon les données portuaires provisoires.

HUILE DE PALME

L’huile de palme affiche une légère hausse avec une clôture hier sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange à 3 969 ringgits ($836,99) la tonne contre 3 851 ringgits vendredi dernier pour le contrat de mai. Une hausse de concert avec les autres huiles végétales.

Sur le mois de février la demande recul avec une baisse comprise entre 14et 18% des exportations de produits malaisiens à base d’huile de palme, selon les inspecteurs.

En Indonésie, la production d’huile de palme devrait augmenter cette année de 5 % sur un an pour atteindre 57,6 millions de tonnes (Mt) selon l’Association indonésienne de l’huile de palme (Gapki). En 2023, la production d’huile de palme a augmenté de 7 % par rapport à l’année précédente pour atteindre 54,84 Mt, dont 50,07 Mt d’huile de palme brute, malgré le climat sec et modéré El Niño qui a frappé le pays. Au niveau des exportations, Gapki estime qu’elles devraient stagner entre 32 et 33 Mt. En 2023, elles avaient chuté de 2,7% à 32,3 Mt.

Une stagnation des exportations qui s’explique par la volonté du pays de développer le biodiesel et donc la demande intérieure. Il table sur une consommation de biodiesel entre 12,5 millions de kilolitres et 13 millions de kilolitres contre 12,3 millions en 2023. De son côté, le gouvernement a alloué 13,4 millions de kilolitres de biodiesel pour cette année alors que le pays déploie son mélange à 35 % d’huile de palme pour le biodiesel (B35).

Le gouvernement envisage actuellement de doubler sa subvention à la replantation du palmier à huile, la faisant passer de 30 millions de roupies actuellement à 60 millions de roupies ($3 837,54 d) par hectare, afin de stimuler la participation des agriculteurs au programme de replantation par les petits exploitants, a indiqué le ministre en chef de l’économie, Airlangga Hartarto. Le programme de replantation des petits exploitants de palmiers à huile visait initialement à remplacer environ 2,5 millions d’hectares de vieux arbres d’ici 2025. Pourtant, seuls 326 308 hectares avaient été autorisés fin 2023, et seuls 205 524 hectares ont été effectivement plantés.

En Malaisie, le secteur des plantations d’huile de palme est aux prises avec une pénurie de 40 000 travailleurs, ce qui se traduit par une perte de 7,9 milliards de ringgits ($1,7 milliard) en valeur potentielle d’exportation, a déclaré mercredi le ministre fédéral des plantations et des produits de base, Abdul Ghani Johari. “Si l’on traduit cette pénurie en termes économiques, si ces 40 000 travailleurs pouvaient récolter une tonne par jour pendant 260 jours par an, nous risquons de perdre 7,9 milliards de ringgits en valeur d’exportation“, a-t-il affirmé au Parlement. Ajoutant que la Malaisie compte 165 000 travailleurs étrangers excédentaires dans le secteur manufacturier et 27 000 travailleurs excédentaires dans le secteur des services donc “Si nous parvenons à mobiliser ces travailleurs excédentaires dans le secteur des plantations, cela sera bénéfique“.

RIZ

Avec la récolte qui progresse, les prix du riz vietnamiens sont en baisse. En revanche, tant en Inde qu’en Thaïlandais, les prix sont inchangés et demeurent à des niveaux élevés.

Au Vietnam, les prix Viet 5% ont chuté pour la deuxième semaine consécutive à $600 la tonne contre $625-$630 la semaine dernière avec l’accroissement de l’offre de la récolte en cours. Toutefois, un négociant ne pense pas que les prix baisseront beaucoup plus car la demande reste forte, en particulier en provenance de l’Indonésie, qui a annoncé qu’elle augmenterait ses achats en 2024.

Le Vietnam a importé du riz brun décortiqué d’Inde pour la première fois depuis des décennies pour transformer le grain et exporter la variété blanche raffinée, ont indiqué des sources commerciales et gouvernementales, alors que Hanoï tente de tirer profit de la forte demande mondiale pour ce produit de base.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% se maintiennent inchangés à un niveau record de $546-$554 la tonne cette semaine dans un contexte d’offre limitée. “En raison de la récente hausse des prix, la réduction du riz indien par rapport aux autres pays exportateurs s’est réduite. Les acheteurs attendent maintenant une correction des prix“, a déclaré un exportateur basé à Kakinada, dans l’État d’Andhra Pradesh.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5 % sont inchangés à $615 la tonne. Des prix toujours élevés car l’offre saisonnière venait tout juste de commencer à arriver.

SUCRE

Le sucre a été volatil mais fini quasi inchangé après avoir chuté la semaine dernière. Le roux coté à New York est passé de 22,62 cents la livre vendredi dernier à 22,58 cents hier soir sur l’échéance mai. Quant au sucre blanc, la tonne est passée de $ 612,10 à $ 615,10 hier.

L’Organisation internationale du sucre (ISO) a relevé à la hausse ses prévisions sur le déficit mondial en 2023/24 (octobre/septembre) à 689 000 tonnes, contre 335 000 tonnes prévues en novembre. L’ISO a relevé ses prévisions pour la production brésilienne en 2023/24 à 44,52 millions de tonnes (Mt) contre 43,07 Mt, mais a réduit ses prévisions pour la Thaïlande à 8,24 Mt contre 9,48 Mt. Globalement, la production mondiale s’élèverait à 179,7 Mt et la consommation mondiale à 180,4 Mt.

Notre deuxième révision consécutive à la hausse de la production brésilienne reste le principal facteur permettant de maintenir notre vision neutre des prix“, indique le rapport, notant un biais haussier dans sa vision des prix.

La Russie a produit 6,6 millions de tonnes (Mt) de sucre depuis le début de l’année agricole en cours ( du 1er août au 26 février), soit 0,7 Mt de plus qu’un an plus tôt, selon l’Eurasian Sugar Association. Cinq usines transforment actuellement les betteraves sucrières de la récolte 2023. Quatre sucreries devraient continuer à fonctionner en mars.

Côté entreprise, le groupe français Tereos a annoncé son intention de produire 2 millions de tonnes (Mt) de sucre au Brésil en 2024/25 contre 1,9 Mt en 2023/24, car elle augmentera de 67 % à 70 % son allocation totale de canne à sucre pour la production de sucre, selon le responsable de l’unité Brésil, Pierre Santoul. L’entreprise prévoit cependant que la récolte globale de canne à sucre sera inférieure à 600 Mt dans le CS brésilien en 2024/25, contre 660 Mt en 2023/24 en raison de pluies insuffisantes.

Autre groupe français, Cristal Union va prendre une participation de 10 % dans l’unité de biogaz de TotalEnergies, BioNorrois, qui doit être lancée plus tard cette année et qui utilisera les résidus de betterave sucrière de l’une des usines de Cristal Union. Dans le cadre de cet accord, Cristal Union fournira pendant 15 ans de la pulpe de betterave pour alimenter l’usine de biogaz, qui constitue plus de la moitié des 185 000 tonnes de matière qui seront traitées par l’usine lors de son lancement. BioNorrois produira près de 100 GWh par an au lancement, et atteindra une capacité maximale de 153 GWh par an.

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