La Chronique matières premières agricoles au 4 mai 2023

 La Chronique matières premières agricoles au 4 mai 2023
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Après la clôture en baisse hier soir des bourses européennes et de Wall Street sur fond d’inquiétude pour la santé des banques américaines, les places financières étaient attendues en hausse aujourd’hui face à une possible pause dans la hausse des taux d’intérêt des banques centrales.

En effet, la Fed n’a relevé mercredi son taux directeur de référence que de 25 points de base, bien que son président Jerome Powell ait averti par la suite qu’il était trop tôt pour dire que le cycle de hausse des taux était terminé. La présidente de la Banque centrale européenne (BCE) Christine Lagarde a fait de même jeudi, alors que les marchés attendaient une hausse plus forte. En effet, a-t-elle souligné en substance, si la plupart des anticipations d’inflation à long terme se situe autour de 2%, certains indicateurs ont légèrement augmenté et justifient une surveillance continue, rapporte Refinitiv. Rappelons que la BCE a relevé ses taux directeurs à chacune de ses sept dernières réunions face aux tensions inflationnistes.

Selon une enquête de la BCE publiée aujourd’hui, l’inflation dans la zone euro pourrait effectivement être plus basse que prévu ces prochaines années tout en restant au-dessus de l’objectif de 2% de la BCE : ses prévisions ont été réduites de 5,9% à 5,6% pour 2023 et de 2,7% à 2,6% pour 2024. La prévision pour 2025, dernière année des projections de la BCE, a été relevé de 2,1% à 2,2% et le chiffre “à plus long terme”, c’est-à-dire à l’horizon 2027, a été maintenu à 2,1%.

Les prévisions de croissance économique dans l’UE pour cette année ont parallèlement été relevées à 0,6%, mais cela reste bien en deçà de 1% attendu par la banque centrale. La projection pour 2024 a été ramenée de 1,4% à 1,2%, ce qui laisse présager une croissance modérée pour les années à venir. Les prévisionnistes anticipent également une baisse plus rapide du chômage que dans l’enquête précédente, à 6,8% cette année contre 7% précédemment.

Sur les marchés des changes, l’euro a terminé hier soir à $ 1,1007.

Quant au pétrole, il a baissé de plus de 9% cette semaine liée aux inquiétudes sur la demande dans les principaux pays consommateurs. Le baril de Brent a terminé à $ 72,63 et le brut léger américain (WTI) à $ 68,72.

CACAOCAFÉ CAOUTCHOUC COTONHUILE DE PALME RIZSUCRE

CACAO

A Londres, la tonne de cacao est retombée à £ 2 200 à la clôture hier soir après avoir touché en cours de séance son plus faible prix depuis la mi-avril à £ 2 172 ; vendredi dernier, il avait clôturé à £ 2 213 sur la position juillet. A New York, partie de $ 2 937 en fin de semaine dernière, les fèves ont également enregistré une baisse sur la période, terminant hier soir à $ 2 904.

Ainsi, le marché se consolide après ses récentes folies, le mois dernier, caracolant à des plus hauts en 6 ans et demi. Toutefois, les arrivages aux ports ivoiriens demeurent en-deçà des niveaux la campagne précédente. En outre, indique la banque ING dans un rapport, le nombre de cabosses sur les cacaoyers est plutôt faible, ce qui impactera les volumes sur la campagne intermédiaire. « Par conséquent, les approvisionnements d’Afrique de l’Ouest devraient être en-deçà de ceux de la semaine dernière. » Ce qui soutient les cours mondiaux…

Au 30 avril et depuis le 1er octobre, les arrivages de fèves aux ports ivoiriens ont totalisé 1,907 million de tonnes (Mt), en baisse de 6,9% par rapport à la même période la campagne précédente.

La banque Citi, dans son dernier rapport, prévoit un déficit mondial cacaoyer de l’ordre de 75 000 tonnes (t), en léger retrait par rapport à ses dernières prévisions car les conditions météorologiques se sont améliorées en Afrique de l’Ouest dernièrement et la situation végétale des cabosses évolue bien.

Lors de sa 107ème réunion à Abidjan la semaine dernière, le Conseil de l’Organisation internationale du cacao (ICCO) a reconduit à son poste de directeur exécutif Michel Arrion pour un nouveau mandat de 5 ans jusqu’au 30 septembre 2028 (lire nos informations : La sureté alimentaire en haut de l’agenda du 107è conseil de l’Organisation internationale du cacao). Il a aussi été question de sureté alimentaire dans la filière cacao, un sujet au cœur des marchés internationaux actuellement, avec la présentation d’une étude sur les implications de la nouvelle réglementation dans l’UE et aux États-Unis sur les produits biologiques dans la cacaoculture, ainsi que la présentation de la 4ème édition du guide Utilisation des pesticides dans la production cacaoyère a aussi été présentée, éditée conjointement par l’ICCO, l’ECA, Caobisco et le Joint Cocoa Research Fund. Enfin, un groupe de travail d’experts de l’ICCO sur la sûreté alimentaire a été créé.

CAFÉ

Le café Robusta a encore un peu grimpé cette semaine, clôturant hier soir à Londres à $ 2 412 sur l’échéance juillet, parti de $ 2 409 vendredi dernier. Quant à l’Arabica, il a terminé hier soir à $ 1,8295 la livre (lb) après avoir perdu 2,8% sur l’ensemble de la semaine dernière.

Les disponibilités en Arabica demeurent étroites avec des niveaux de stocks très bas mais la situation devrait nettement s’améliorer avec le démarrage de la récolte au Brésil. Mais, face à cela, la demande mondiale demeure sous pression en raison de la situation macro-économique. De ce fait, le consultant BMI prévoit un cours moyen de l’Arabica sur 2023 à $ 1,80 la livre. « La consommation mondiale de café Arabica enregistrerait une faible croissance sur la campagne 2022/23… alors que la production rebondirait. »

Sur le mois d’avril, les exportations brésiliennes de cafés verts, toutes variétés confondues, ont totalisé 138 018 t contre 165 744 t en avril 2022, selon les chiffres gouvernementaux.

Côté Robusta, cette semaine sur les marchés vietnamiens, les caféiculteurs des Central Highlands ont perçu 50 800 à 52 800 dongs la kilo ($ 2,17-2,25) pour leur kilo de café, soit un peu plus que les 50 500 à 52 200 dongs de la semaine dernière, rapporte Refinitiv. Les disponibilités en produit physique sont étroites et l’activité a du mal à repartir après les fêtes de l’Aïd la semaine dernière. A l’international, les tarifs du fret sont élevés et les exportateurs doivent rogner sur leurs marges. Le Grade 2, 5% grains noirs et brisures, a trouvé preneur avec une décote de $ 120 à $ 130 la tonne sur le contrat juillet à Londres, inchangée par rapport à la semaine dernière.

Sur les quatre premiers mois de l’année calendaire 2023, les exportations du Vietnam ont augmenté de 1,8% par rapport à la même période l’année dernière, à 753 000 tonnes (t), soit 12,5 millions de sacs de 60 kilos (Ms), selon les statistiques officielles. Les volumes exportés en avril se sont élevés à 200 000 t, générant $ 474 millions en recettes.

En Indonésie, les expéditions en mars ont été de 7 529 t, en chute de 55% par rapport à un an auparavant ; ceci représente également une baisse de 37,34% par rapport aux volumes exportés en février. Sur le marché cette semaine, le Robusta de Sumatra s’est vendu à l’international avec une prime de $ 40 sur l’échéance juillet, certains obtenant +$ 100 sur les contrats mai-juin. « Le commerce n’est pas encore revenu à la normale et demeure calme après l’Aïd », confirme à Refinitiv un trader.
Côté entreprises, le géant américain Starbucks a enregistré une hausse de 7% de ses ventes internationales sur son second trimestre de son exercice au 2 avril, soit plus du double des 2,94% estimés en moyenne par les analystes, selon les données de Refinitiv. Elles ont progressé de 3 % sur le seul marché chinois par rapport au 1er trimestre 2022. A l’échelle mondiale, les ventes de Starbucks, ont grimpé de 11 %, dépassant les attentes des analystes d’une hausse de 7,36 %. Ceci dit, l’action de Starbucks a chuté d’environ 6% après que la société ait annoncé ne pas relever ses prévisions pour 2023 car la croissance des ventes hebdomadaires moyennes est plus modérée (lire nos informations : Hausse de 11% des ventes de Starbucks et de 360 le nombre de ses coffee shops).

CAOUTCHOUC

Un marché du caoutchouc très calme avec une activité modérée pendant cette période de fête en Asie. Le Shanghai Futures Exchange  a été fermé  du 1er au 3 mai pour les vacances de la fête du travail tandis que le Japon fête la Golden Week.

Le caoutchouc a fini le mois d’avril en retrait pour le troisième mois consécutif  avec une baisse d’environ 0,6% sur l’Osaka Exchange. Partis de 208,7 yens le kilo vendredi dernier, ils ont clôturé mardi à 213,2 yens ($1,55).

En Chine, les conditions météorologiques extrêmes pourraient conduire le pays à importer davantage de caoutchouc. Moins de 20% des plantations d’hévéas de la région ont pu commencer à saigner à temps, mais elles ont dû s’arrêter en raison de la sécheresse qui dure depuis plus d’un mois, selon le Yunnan Natural Rubber Industry Group, un producteur public et transformateur. Sans aucune amélioration de la situation, la production de caoutchouc naturel chutera de manière significative, a déclaré la société dans un avis au Shanghai Futures Exchange.

Au Nigeria, le ministère fédéral de l’Agriculture et du développement rural (Fmard) a pris des mesures pour relancer la production de caoutchouc. Le secrétaire permanent du ministère, Ernest Umakhihe, lors d’une réunion avec une délégation de l’International Rubber Study Group (IRSG) à Abuja, a indiqué qu’au fil des ans, le ministère a donné la priorité et promu le développement de la chaîne de valeur du caoutchouc avec la distribution de matériaux améliorés et d’activateurs de croissance aux agriculteurs pour élever des plantations, la formation sur le développement des pépinières ainsi que sur les techniques de saignée. Une partie de l’initiative comprend aussi l’identification et la gestion des maladies de la pourriture blanche du caoutchouc dans le cadre de la réhabilitation, de la gestion et de la replantation des fermes de caoutchouc existantes dans les États producteurs. Le secrétaire permanent a révélé que le ministère, en collaboration avec Lohashilpi Sheeting Processing Technology, a créé un centre de ressources en caoutchouc (RRC) dans la zone de gouvernement local du sud-ouest d’Ovia, dans l’État d’Edo.

La Thaïlande, premier producteur mondial de caoutchouc naturel, a consolidé sa position de premier exportateur mondial de préservatifs en 2022, selon les données du ministère du Commerce. Elle a expédié des préservatifs pour une valeur de $ 272,3 millions  en 2012, la Chine, les Etats-Unis et le Vietnam étant ses premiers marchés. La Thaïlande détient une part de 44% du marché mondial en 2022 contre 43,7% en 2021.

Côté entreprise, les Etats-Unis ont levé l’interdiction d’importation de 17 mois sur les produits du fabricant malaisien de gants en caoutchouc, Smart Glove, pour cause de pratiques de travail abusives. Dans un communiqué publié le 26 avril, le US Customs and Border Protection (CBP)  a déclaré que Smart Glove avait pris diverses mesures correctives, notamment le remboursement des frais de recrutement supportés par les travailleurs migrants, mais aussi amélioré les conditions de vie des travailleurs et mis en œuvre de nouvelles politiques et procédures centrées sur les travailleurs.

COTON

Le coton est toujours influencé par les marchés extérieurs. Cette semaine, il a rebondi hier pour clôturer à 81,76 cents la livre sur l’ICE contre 80,80 cents vendredi dernier après la publication du rapport hebdomadaire du département américain de l’Agriculture (USDA) montrant une nouvelle hausse des ventes américaines de coton après celle de la semaine dernière. Le coton a enregistré une baisse au mois d’avril de 3,2%.

L’évolution du dollar, du pétrole, des céréales dicte le marché du coton tandis que la nouvelle hausse des taux d’intérêt décidée cette semaine par la Réserve fédérale américaine (Fed), la dixième depuis mars 2022, pèse sur les inquiétudes déjà présentes sur le ralentissement économique et donc la demande de fibres naturelles.

La Banque mondiale estime que les prix du coton baisseraient de  plus de 23% en 2023 et augmenteraient légèrement en 2024 en raison de la réduction des superficie dans les principaux pays producteurs dont les Etats-Unis (Lire : Les prix des produits de base chuteraient de 8 % en 2023, selon la Banque mondiale).

HUILE DE PALME

Rebond de l’huile de palme après avoir atteint un plus bas depuis le mois de septembre à 3 353 ringgits ($752,13) la tonne vendredi dernier sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange suite à la faiblesse de la demande et à la décision de l’Indonésie d’assouplir à partir du mois de mai sa Domestic Market Obligation qui va automatiquement augmenter l’offre (Lire notre Chronique du 27 avril).

L’huile de palme a perdu 10,8% au mois d’avril. Mercredi (les marchés étant fermés jeudi pour le Wesak Day en Malaisie), les cours clôturaient à 3 430 ringgits ($3 430) la tonne et grimpaient à la mi-journée vendredi à 3 577 ringgits ($806,36) la tonne. Une remontée impulsée par une attente d’une baisse des stocks au mois au mois d’avril en Malaisie, qui pourraient atteindre leur plus bas niveau en 11 mois, et les gains de certaines huiles végétales rivales.

Toutefois, la demande est en baisse avec un recul de 18 à 21% selon les inspecteurs des exportations malaisienne d’huile de palme au mois d’avril.

En Inde, la demande ne se redresse toujours pas car les prix des huiles concurrentes, y compris les huiles locales telles que l’huile de son de riz, sont compétitives par rapport à ceux de l’huile de palme ce qui incite le pays à se tourner vers l’huile de tournesol et de soja. Les importations indiennes d’huile de palme auraient chuté de 30% au mois d’avril par rapport au mois précédent pour atteindre un creux de 14 mois selon un sondage de Reuters.

RIZ

C’est la chute cette semaine pour l’ensemble des prix à l’exportation en Asie.

En Inde, les prix du riz étuvé 5 % ont baissé à $376-$380 la tonne contre $378-$382 la semaine dernière sous l’effet d’une demande atone tandis que les acheteurs reportent leurs achats avec la baisse des prix dans l’attente d’une éventuelle nouvelle baisse.

La décision de l’Inde en septembre de restreindre ses exportations (interdiction des exportation de brisures de riz et imposition d’un droit de 20% pour les diverses autres qualités de riz) commence à se faire sentir au niveau des expéditions de riz avec une  diminution qui pourrait profiter aux autres pays d’Asie (Lire : Riz : la suprématie de l’Inde ébranlée en 2023/24).

Au Vietnam, les prix du Viet 5%  reculent également à $485- $495 la tonne contre $495-$500 il y a une semaine. “L’activité commerciale n’a pas repris après un long congé qui s’est terminé mercredi“, a déclaré à Reuters un commerçant basé à Ho Chi Minh-Ville.

Les exportations du Vietnam en avril ont presque doublé d’une année sur l’autre pour atteindre 1,1 million de tonnes et une valeur de $574 millions, selon le Bureau général des statistiques du gouvernement. Sur les quatre premiers mois de 2023, les exportations ont grimpé de 43,6 % par rapport à la même période en 2022 pour atteindre 2,96 millions de tonnes et $1,6 milliards en hausse de 54,5%.

En Thaïlande, les prix tu Thaï 5 % ont chuté à environ 485 $ la tonne. Les prix avaient bondi à un plus haut de plus de deux mois à $490-$495  la tonne la semaine dernière, tirés par la demande de l’Indonésie et  l’épuisement des approvisionnements locaux avec la fin de la saison des récoltes. Les exportateurs effectuaient toujours des expéditions vers l’Indonésie après une augmentation des commandes depuis la semaine dernière. “Les prix devraient rester à ce niveau pendant un certain temps, car l’offre ralentit vers la fin de la période de récolte“, a déclaré un négociant en riz basé à Bangkok.

Au Nigeria, les importations de riz devraient augmenter de 4% à 2,4 millions de tonne en 2023/24 en raison de la baisse de la production suite notamment aux inondations mais aussi à une demande croissance pour le riz étranger de meilleure qualité (Lire : Les importations de riz en hausse au Nigeria en 2023/24).

SUCRE

Les cours du sucre roux ont bien baissé cette semaine, clôturant hier soir à New York à 25,52 cents la livre (lb) contre 26,99 cents vendredi dernier sur l’échéance mai. A Londres, le blanc est retombé à $ 697,80 la tonne hier soir, parti de $ 711,60 vendredi dernier après avoir gagné 5,2% sur l’ensemble de la semaine dernière.

La situation de l’approvisionnement demeure tendue en raison, rappelons-le, d’une baisse des disponibilités en Inde, en Thaïlande et en Chine, ce qui soutient les cours. Cependant, dans son étude de marché cette semaine, la Citi voit les prix atteindre un plafond ce trimestre puis se rétracter au fur et à mesure que vont arriver sur le marché mondial des volumes de sucre du Brésil dont la production devrait être record cette année. En outre, la demande chinoise demeure faible. Pour la Citi, le prix moyen du sucre roux sur l’ensemble de l’année calendaire 2023 s’établirait à 22,90 cents car le marché demeurerait déficitaire en 2022/23, voire aussi en 2023/24.

Selon le consultant brésilien Datagro, la production de sucre dans le centre-sud bondirait de 13% cette campagne pour atteindre 38,3 Mt.

Ceci dit, le trader Sucden invite à la prudence dans l’analyse car, souligne-t-il, même si les volumes de production au Brésil bondissent cette année, la congestion des ports ne devrait pas permettre à l’édulcorant d’être facilement disponible sur les marchés mondiaux. Selon son directeur, Jeremy Austin, les ports brésiliens sont en capacité d’expédier un maximum de 2,8 Mt de sucre par mois en 2023, soit un volume plus faible par rapport aux dernières années. A noter qu’en avril, les exportations brésiliennes ont totalisé 971 592 t contre 1 316 827 t en avril 2022, selon le gouvernement.

Pour sa part, le courtier StoneX a fortement révisé à la baisse cette semaine ses estimations d’excédent mondial de sucre à 1,1 Mt alors qu’en mars, il l’estimait à 2,5 Mt. Ceci reflète une forte réévaluation à la baisse de ses prévisions de production en Inde, au Mexique et dans l’Union européenne.

 

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