Pour la SFI et la BM, le privé reste le levier majeur du développement agricole au Togo

 Pour la SFI et la BM, le privé reste le levier majeur du développement agricole au Togo
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Selon le rapport Diagnostic du secteur privé du Togo (CPSD en anglais) publié aujourd’hui par la Société financière internationale (IFC) et la Banque mondiale, le Togo pourrait transformer son économie, créer plus d’emplois et réduire son niveau de pauvreté en renforçant la participation du secteur privé dans les secteurs de l’agriculture, des transports et de la logistique, et en améliorant ses infrastructures énergétiques et numériques. Dans le secteur agricole, il serait bon que les investissements privés se portent aussi bien au niveau de la production que de la transformation. En outre, il faut faciliter l’accès des agriculteurs à des semences et des engrais de qualité. Le CPSD recommande par ailleurs au Togo de mettre en œuvre des réformes visant à renforcer et à moderniser ses réseaux de transport aérien, routier et maritime, ses procédures douanières et le corridor régional desservi à partir de Lomé s’il ambitionne de devenir le hub logistique et commercial de l’Afrique de l’Ouest.

La moitié des exportations sont agricoles

Les exportations agricoles du Togo ont historiquement représenté 50% du panier global des exportations de biens. Elles ont augmenté ces dernières années, après un ralentissement en 2011-2013 dû à des chocs météorologiques, sous l’effet de la croissance de cultures telles que le soja et la noix de cajou, accompagnées de cultures traditionnelles comme le coton. Les statistiques commerciales doivent cependant être interprétées avec prudence, pr”évient la SFI, car certaines des exportations enregistrées par le Togo ne semblent pas provenir de la production locale, mais sont plutôt des réexportations en provenance des pays voisins. Par exemple, l’huile de palme figure parmi ses dix premiers produits d’exportation, indique la filiale de la Banque mondiale, alors que la production togolaise d’huile de palme n’était que de 9 000 t, selon les chiffres du département américain de l’Agriculture (USDA), largement derrière la Côte d’Ivoire (515 000 t), le Ghana (365 000 t) et le Bénin (70 000 t). De même, une partie des exportations de noix de cajou sont en fait des réexportations du Burkina Faso et peut-être aussi des graines de sésame.

Malgré le potentiel du secteur agricole, les flux d’investissement ont été extrêmement faibles, passant de 0,28% en décembre 2009 à 0,14% en juin 2020 des flux totaux.

Selon le rapport, le coton, le soja, la noix de cajou et l’ananas présentent un grand potentiel. La production de coton graine (non cardé ou peigné) a considérablement augmenté, de 29 000 t en 2009/10 à 116 000 t en 2019. La SFI voit des opportunités dans la transformation locale en fil, tissu ou vêtements, mentionnant le projet de Togo Clothing, filiale du fabricant indien de textiles ITCRmg. Mais pour ce faire, l’investissement dans les sources d’énergie renouvelables et dans l’irrigation sera essentiel ; il faudra aussi veiller aux contraintes environnementales, la fabrication de textiles étant souvent polluantes. D’où l’intérêt pour le Togo de se pencher sur les opportunités dans la production de coton biologique.

Les opportunités liées au soja sont également passées en revue. La production nationale et les exportations ont augmenté ces dernières anénes, le Conseil interprofessionnel de la filière soja au Togo (CIFS-Togo) ayant été créé. La SFI mentionne « l’un des grands acteurs de la production togolaise de soja », la Jonction de Croissance Agricole au Togo (JCAT) créé en 2011 et qui représente actuellement près de la moitié de la production du secteur, axée sur le soja biologique. La part du soja dans les exportations de biens du Togo s’élevait à 3,2% en 2019 avec pour principales destinations la zone euro, l’Inde et la Turquie. Entre 2010 et 2020, les exportations de soja biologique du Togo vers l’Europe ont augmenté de 20,9 %, passant de 44 684 t à 54 017 tonnes, plaçant le Togo comme 13e fournisseur de soja biologique de l’Europe.Au niveau mondial, le Togo reste un exportateur marginal avec 0,2 % des exportations mondiales en 2020.

La production de noix de cajou, quatrième culture de rente au Togo après le coton, le café et le cacao, oscille entre 13 500 et 20 000 t, selon les sources, note encore le rapport. Acteur modeste face aux autres pays d’Afrique de l’Ouest, le Togo a vu ses exportations augmenter de 26% par an en moyenne depuis 2011.

Autre opportunité soulignée dans le rapport, les cultures horticoles qui comprennent les tomates et ananas, mais aussi les mangues, papayes, bananes, oranges, avocats, goyaves, poivrons, oignons, gombos, carottes, concombres, choux et laitues. Entre 2017 et 2019, la production d’ananas a augmenté de 5,7% par an, passant de 27 000 t à 30 149 t.

La dynamisation de ces filières et d’autres requièrent « de promouvoir l’investissement dans le secteur agricole », indique la SFI. Or, « les indicateurs de l’amélioration du climat des affaires dans l’agriculture (EBA, 2019) montrent que le Togo est en retard sur la plupart des indicateurs de développement agricole. Le Togo obtient un score de 25 sur 100 sur l’ensemble de l’EBA, ce qui est beaucoup plus faible par rapport aux pairs régionaux comme le Bénin (32,9), le Ghana (50,5), le Mali (33,7), le Burkina Faso (35,3) ou la Côte d’Ivoire (45,9). Le Togo est très en retard sur des indicateurs clés comme l’accès au financement dans le secteur agricole, la fourniture de semences, la protection phytosanitaire ou l’enregistrement des engrais. La performance du Togo sur ces indicateurs met en évidence les contraintes auxquelles le secteur est confronté et suggère les types de réformes qui sont nécessaires pour libérer le potentiel du secteur. »

Bref, rien de bien neuf lorsqu’on se remémore que la SFI en 2008 écrivait déjà : « La SFI travaillera avec le gouvernement du Togo à favoriser la création d’un environnement de l’entreprise plus adapté à l’investissement privé afin de développer une économie dynamique et inclusive ».

 

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