La Chronique matières premières agricoles au 9 mars 2023

 La Chronique matières premières agricoles au 9 mars 2023
Partager vers

Les principales bourses européennes étaient attendues en nette baisse aujourd’hui dans le sillage de la clôture hier soir de Wall Street, plombée par le secteur bancaire. En effet, après l’annonce mercredi soir par la banque spécialisée dans les cryptomonnaies Silvergate Capital de mettre fin à ses activités, les investisseurs ont été surpris hier soir par les difficultés de Silicon Valley Bank, filiale de SVB Financial, qui a lancé en catastrophe une augmentation de capital pour faire face à un risque de liquidités, alimentant le spectre de graves tensions sur le système bancaire. “Je pense qu’il y a des spéculations selon lesquelles il y a des problèmes plus larges au sein du système bancaire américain”, a déclaré à Reuters Rob Carnell, économiste chez ING.

Aux Etats-Unis a été annoncée une augmentation des demandes d’indemnisation chômage aux Etats-Unis à 211 000 la semaine dernière, leur plus haut niveau depuis deux mois. “Le marché est à l’affût de tout signe d’affaiblissement du marché de l’emploi parce que la Fed estime que l’inflation est alimentée par la hausse des salaires”, a déclaré Jay Hatfield, gestionnaire de portefeuille chez InfraCap. “Tout ce qui montre une décélération de l’emploi est positif pour les marchés obligataires et boursiers”. Mais les investisseurs restent très prudents. Bien que cette statistique aille dans le bon sens pour les marchés financiers, plusieurs indicateurs ont récemment suggéré que le marché du travail restait tendu, ce qui exacerbe la crainte que l’institution accélère le rythme de son resserrement monétaire.

En Europe, où la réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) est prévue le 16 mars, l’inflation allemande est confirmée à 9,3% sur un an.

Le dollar a cédé du terrain hier et l’euro a terminé à $ 1,0576.

Côté pétrole, après deux séances dans le rouge, les cours sont remontés,, soutenus par la dépréciation du dollar, les perturbations d’approvisionnement en carburant en France et la baisse des stocks de brut américain. Le Brent a clôturé hier soir à $ 83,06 le baril et le brut léger américain (WTI) à $ 77,08.

CACAOCAFÉCAOUTCHOUCCOTON HUILE DE PALMERIZSUCRE

CACAO

On ne gagne pas chaque semaine le jackpot ! Après avoir atteint la semaine dernière un plus haut en six ans à Londres, à £ 2 177, la tonne de fèves a clôturé hier soir à £ 2 117, partie de £ 2112 vendredi dernier sur l’échéance mai. A New York, le contrat mai a même chuté, passant de $ 2 760 la tonne en fin de semaine dernière à $ 2 732 hier soir.

La Côte d’Ivoire poursuit son ascension impressionnante dans la transformation. En février, 58 452 tonnes (t) de fèves ont été transformées en beurre et poudre, en hausse de 16% par rapport à février 2022, selon l’association des exportateurs Gepex. Depuis le début de la campagne, le 1er octobre, 292 195 t ont déjà été transformées, en hausse de près de 12 % par rapport à la même période la campagne dernière. Les données Gepex couvrent six des plus grandes entreprises de broyage, dont Barry Callebaut, Olam International et Cargill. Rappelons que la Côte d’Ivoire a une capacité totale de broyages de 712 000 t. Premier producteur mondial de fèves, il rivalise avec les Pays-Bas pour la place de premier broyeur.

Les arrivages de fèves aux ports du n°1 mondial du cacao ont totalisé 1,688 Mt de début octobre au 5 mars, en baisse de 3,7% par rapport à la même période la campagne dernière, ont estimé lundi les exportateurs.

Côté agroindustrie, tout va très bien ! Le chocolatier suisse Lindt & Spruengli a annoncé mercredi un bénéfice net de 569,7 millions de francs suisses ($ 612,78 millions), dépassant les Fs. 566 millions prévus par les analystes de la Zuercher Kantonalbank. Sa marge opérationnelle a atteint 15% l’an dernier, conformément à ses prévisions. Lindt avait déjà annoncé en janvier une croissance organique des ventes de 8,4 % pour 2022 et a maintenu son objectif de croissance des ventes de 6 à 8 % alors qu’il s’attend à une année 2023 difficile en raison de l’environnement inflationniste. L’année dernière, Lindt a augmenté ses prix d’environ 4 % en raison de la hausse du coût des emballages et des matières premières, telles que le lait et le sucre, nécessaires à la fabrication du chocolat.

CAFÉ

Les cafés se distinguent ! L’Arabica a glissé de $ 1,7785 la livre (lb) vendredi dernier à New York à $ 1,7505 hier soir sur l’échéance mai, tandis que le Robusta à Londres est passé de $ 2 162 la tonne sur mai en fin de semaine dernière à $ 2 168 hier soir.

Après être tombé cette semaine à leurs plus faibles niveaux depuis le début de l’année, les stocks certifiés à New York se sont un peu regonflés. En outre, le négoce indique que l’approvisionnement à court terme du Brésil, de Colombie et du Honduras s’améliore quelque peu, tandis qu’en Colombie, les bonnes conditions météorologiques boostent les perspectives de la prochaine récolte 2023/24.

Côté producteurs, le Brésil a exporté en février 2,11 millions de sacs de 60 kg (Ms) de café vert durant le mois de février, soit une chute de 35,8% par rapport à il y a un an. Les exportations d’Arabica ont baissé de 35,5% à 2,02 Ms tandis que la dégringolade a été plus forte encore pour les Robusta, de l’ordre de 42,1% à 83 361 sacs.

En Colombie, les chiffres de production commencent à montrer des signes de reprise suite au temps humide causé par un phénomène prolongé de La Nina. La production a augmenté de 10% en février par rapport à février 2022, à 1,03 Ms de café Arabica lavé, a annoncé lundi la fédération nationale du café. Mais les exportations en février ont chuté de 6% à 928 000 sacs contre 983 000 sacs l’année précédente, a indiqué la fédération. Sur l’ensemble de l’année 2022, la production a baissé de 12% à 11,1 Ms, son plus faible volume depuis 2013 et bien en-deçà de l’estimation de la fédération d’environ 12 Ms pour l’année. La chute, la troisième baisse annuelle consécutive, est due à La Nina, qui apporte un temps plus frais et plus humide au pays andin, a déclaré la fédération l’année dernière.

En Asie, et plus précisément chez le leader mondial du Robusta, le Vietnam, les transactions ont été calmes cette semaine car les volumes de production ne sont pas très importants cette année et les producteurs rechignent à déjà puiser dans leurs stocks pour fournir des volumes. En effet, ils misent sur une hausse des prix étant donné l’étroitesse de leur offre. Les caféiculteurs dans les Central Highlands ont vendu leurs grains de café vert à 47 400-48 500 dongs le kilo ($ 2 à $ 2,05) contre 46 700 à 48 800 dongs la semaine dernière. A l’export, les Grade 2, 5% brisures et grains noirs, ont été offerts avec une décote de $ 30 à $ 40 la tonne sur le contrat mai.

Notons que le Vietnam a exporté en février 200 056 t de café vert, en hausse de 40,3% par rapport au mois de janvier.

En Indonésie, les fortes pluies ont impacté les mini récolte de café, faisant grimper les prix. Les Robusta de Sumatra ont ainsi été proposés par certains traders avec une prime de $ 70 sur le contrat mai contre $ 50 la semaine dernière. La prime pour d’autres a grimpé à $ 100 sur els contrats mai et juin.

CAOUTCHOUC

Repli du caoutchouc cette semaine qui a clôturé hier sur l’Osaka Exchange à 221,6 yens ($1,62) le kilo contre 229,8 yens vendredi dernier. Même tendance sur le marché de Shanghai, les cours passant de 12 605 yuans la tonne à hier 12 190 yuans ($1 748,95). Un marché heurté par l’environnement macroéconomique avec les attente d’une nouvelle hausse des taux d’intérêt aux Etats-Unis dans le prolongement de la déclaration du président de la Réserve fédérale, Jérôme Powell, mais aussi d’objectifs de croissance inférieurs aux attentes fixées par la Chine (5%) lors de son assemblée populaire nationale annuelle  tandis que l’économie japonaise a connu une croissance un peu plus lente qu’initialement estimée au quatrième trimestre.

En Malaisie, les exportations de caoutchouc et produits en caoutchouc se sont élevées à 35,8 milliards de ringgits ($7,9 milliards) en 2022, respectivement 8,82 milliards et 27,16 milliards, selon le Malaysian Rubber Council (MRC).

Les gants représentent  plus de 70% des exportations de produits en caoutchouc avec une valeur de 19 milliards. Mais, souligne le MRC, les autres produits en latex enregistrent une forte croissance signe d’une diversification de l’industrie. «Parmi les principales exportations de produits en latex, les produits en mousse, les cathéters et les préservatifs ont enregistré des augmentations de 138,5% pour atteindre respectivement RM 359 millions, 93,7% (RM620,4 millions et 25,2% (383,1 millions de RM) ».

Le ministère malaisien des Plantations et des produits de base a augmenté le prix de l’incitation à la production de caoutchouc (IPG) de 2,50 RM à 2,70 RM par kilogramme avec une allocation de 350 millions de RM pour soutenir les producteurs de caoutchouc.

La Côte d’Ivoire va mettre en place cette année un label ivoirien – le Standard Ivorian Rubber (SIR) – pour reconnaître la qualité de son caoutchouc annonce dans une interview à CommodAfrica Edmond Coulibaly, directeur général du Conseil Hévéa- Palmier à huile (Lire : Edmond Coulibaly : « nous voulons mettre en place une labélisation du caoutchouc ivoirien pour que la qualité ne dépende plus du bon vouloir du client »).

AncreCOTON

Un marché sur la défensive avec une clôture hier sur l’ICE à 82,18 cents contre 84,17 cents vendredi dernier. Le rapport du mois de mars  sur l’offre et la demande mondiale de produits agricoles (Wasde) du département américain de l’Agriculture (USDA) était plutôt baissier avec un recul estimé de la consommation et des stocks mondiaux de clôture en hausse sur 2022/23. De plus, les chiffres hebdomadaires des ventes de coton américain sont à nouveau à la baisse. Le renforcement du dollar, suite à la déclaration du président de la Réserve fédérale, Jérôme Powell,  a ajouté de la pression.

Le rapport Wasde a laissé inchangé les prévisions pour les Etats-Unis. En revanche, l’USDA a relevé sa projection sur les stocks mondiaux de clôture pour 2022/23 à 91,1 millions de balles, soit 2,1 millions de plus par rapport à février et 5 millions sur 2021/22. La consommation  mondiale été révisée à la baisse des (-555 000 balles)  avec des réductions en Turquie, au Pakistan en Indonésie et au Bangladesh. En outre,  la production a été augmentée (+ 700 000 balles) avec des récoltes plus importantes prévues en Chine, en Australie et en Ouzbékistan qui ont largement surpasser les perspectives réduites pour l’Inde.

En Chine, la hausse des rendements a conduit le département américain de l’Agriculture (USDA) à réviser à la hausse son estimation de la production de coton en 2022/23 à 6,4 millions de tonnes (Mt), soit 4% de plus que le mois dernier et 10% de plus par rapport à celle e 2021/22.  Le rendement est estimé à un record de 2 106 kilogrammes par hectare.

En Australie ce sont les superficies récoltées record (675 000 hectares)  qui ont conduit l’USDA à relever de 0,5 million de balles son estimation  de production en 2022/23 à 5,5 millions de balles. Toutefois, l’augmentation s’est faite en partie sur des terres arides ce qui devrait faire diminuer les rendements.

HUILE DE PALME

Le marché de l’huile de palme était en retrait cette semaine avec une clôture hier sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange à 4 204 ringgits (930,28) contre 4 357 ringgits vendredi dernier sous la pression de la faiblesse des autres huiles végétales. Mais après trois séances de baisse, ils se sont redressés jeudi à la suite de la publication des chiffres du Malaysian Palm Oil Board (MPOB) montrant que les stocks  en Malaisie avaient chuté de 6,6% en février pour s’élever à 2,12 millions de tonnes (Mt). La production a chuté de 9,4% à 1,25 Mt  et les .exportations ont diminué de 2 % à 1,11 Mt. En fin, les  importations d’huile de palme ont diminué de 63,8 % d’un mois sur l’autre à 52 446 tonnes contre 144 937 tonnes.

Les acteurs de la filière huile de palme étaient réunis cette semaine à Kuala Lumpur pour la plus grande conférence mondiale de l’huile de palme (Lire : Quelle direction  va prendre le marché de l’huile de palme ? ).

En Inde,  les importations d’huile de palme pourraient bondir de 16% en 2022/23 pour atteindre un sommet de quatre ans à 9,17 millions de tonnes ( Mt) avec le rebond de la consommation post-covid  a déclaré à Reuters le président de l’Indian Vegetable Oil Producers’ Association, Sudhakar Desai. “La consommation a chuté pendant deux années consécutives à cause de la pandémie. Cette année, elle rebondirait d’environ 5% car les restrictions se sont assouplies et les prix ont chuté“, a-t-il indiqué. L’huile de palme étant plus compétitive que les autres huiles, elle devrait donc bénéficier de ce regain.

Les importations d’huile de palme de l’Inde au cours des quatre premiers mois de la campagne de commercialisation 2022/23 qui a débuté le 1er novembre ont bondi de 74 % par rapport à il y a un an pour atteindre 3,67 Mt, estiment les négociants.

Toutefois, l’Inde envisage d’augmenter ses droits d’importation sur l’huile de palme pour aider les agriculteurs locaux sous le choc de la chute des prix du colza sur le marché intérieur, selon des responsables gouvernementaux et de l’industrie. Après avoir aboli la taxe de base à l’importation sur l’huile de palme brute (CPO) l’année dernière, l’Inde prélève une taxe de 5,5 % sur les expéditions de l’huile de palme brute et une taxe à l’importation de 12,5 % sur l’huile de palme raffinée, blanchie et désodorisée.

En Malaisie, la Malaysian Biodiesel Association (MBA) estime que les exportations de biodiesel pour tomber à un plus bas niveau de 6 ans en 2023 suite au nouveau règlement de l’Union européenne sur la déforestation et donc l’élimination progressive des carburants à base de palme  dans les transports d’ici 2030.  Toutefois, certains analystes estiment que la réduction des importations européennes pourrait être compensée par des acheteurs tels que l’Inde, le Bangladesh, le Pakistan et les pays africains.

RIZ

Nouvelle baisse des prix à l’exportation en Inde avec une demande plus faible tandis qu’ils sont stabilisés en Thaïlande et au Vietnam.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% ont prolongé leurs pertes cette semaine à $385-$390 la tonne contre $390-$395  la semaine dernière. La récente hausse des prix à l’exportation et une augmentation des taux de fret pour les navires de transport en vrac affectaient la demande, a déclaré à Reuters Himanshu Agarwal, directeur exécutif de Satyam Balajee, le premier exportateur de riz indien

Au Vietnam, les prix du Viet 5% sont inchangé à $440-$445 la tonne.  L’offre intérieure s’accroît avec la récolte hiver-printemps, qui culmine dans les provinces du delta du Mékong, mais les prix ne descendent pas prix car la demande devrait être forte, estiment les négociant.

Le pays a exporté 534 607 tonnes de riz en février, en hausse de 48,8% par rapport en janvier, selon les données des douanes gouvernementales publiées jeudi. En valeur, elles grimpent de 53,4% à $286,2 millions.

En  Thaïlande, les prix du Thaï 5% sont aussi stables à $460 la tonne contre  $ 450-$460 la semaine dernière. Le marché est calme.

SUCRE

Et le sucre se sucre encore ! Le roux a clôturé hier soir à 21,15 cents la livre (lb) sur l’échéance mai, parti de 20,92 cents en fin de semaine dernière. Le sucre blanc n’a pas été en reste, en passant de $ 588,40 à $ 592,30 la tonne sur l’échéance mai également.

Sur le court terme, le marché continue à être soutenu par la perspective de l’offre indienne en baisse et les problèmes aux ports brésiliens qui sont congestionnés, les fortes pluies rendant difficiles les chargements alors qu’on s’attend à récolter des volumes très importants de sucre et de céréales cette année.

L’offre se contracte aussi avec des fermetures de raffineries en Thaïlande plus tôt qu’habituellement avec une production en baisse.

En Chine, en raison de la sécheresse, la production de sucre devrait être la plus faible en six ans, à 9,17 millions de tonnes, a déclaré hier la société australienne Green Pool Commodities, qui a révisé à la baisse ses estimations du mois dernier qui étaient encore de 9,52 Mt. La production dans la région du sud-ouest du Guangxi chuterait de 12% par rapport à l’année dernière à 5,4 millions de tonnes (Mt) durant l’actuelle campagne 2022/2023, soit le volume le plus faible depuis les 5,3 Mt en 2016/17. En cause, la sécheresse qui a sévi pendant la majeure partie du second semestre 2022, avec environ 76 % de la canne touchée en novembre l’année dernière, selon China News. Et le Guangxi est de nouveau frappé par la sécheresse depuis le mois dernier, selon un rapport de l’Administration météorologique chinoise du 28 février.

Le ministère chinois de l’Agriculture a, lui aussi, réduit ses prévisions de production du pays de 7,2 % à 9,3 Mt cette semaine.

Rappelons que la Chine est le deuxième consommateur mondial de sucre après l’Inde et, par conséquent, elle devra compter sur les importations pour répondre à sa demande nationale d’environ 15 Mt par an. Mais les prix mondiaux élevés pèsent actuellement sur la demande d’importations, a déclaré un négociant en sucre basé à Shanghai qui a refusé d’être identifié.

Sur le plus long terme, c’est-à-dire sur la campagne 2023/24, la situation étroite devrait persévérer, estime Datagro. Mercredi, il a estimé que le déficit mondial passerait de 210 000 t en 2022 /23 à 1,3 Mt en 2023/24.

Autres Articles

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *