Les prix des produits de base chuteraient de 8 % en 2023, selon la Banque mondiale

Les prix mondiaux des produits de base devraient chuter de 8 % en 2023. Toutefois, malgré la baisse, les prix alimentaires se situeront au deuxième niveau le plus élevé depuis 1975 ; en février 2023, l’inflation annuelle des prix alimentaires a été de 20 % dans le monde, le niveau le plus élevé des deux dernières décennies, indique dans le rapport de la Banque mondiale Commodity Markets Outlook d’avril 2023 paru aujourd’hui.

“La flambée des prix des denrées alimentaires et de l’énergie après l’invasion de l’Ukraine par la Russie est en grande partie passée en raison du ralentissement de la croissance économique, d’un hiver modéré et des réaffectations dans le commerce des matières premières”, a déclaré Indermit Gill, économiste en chef et vice-président principal pour l’économie du développement à la Banque mondiale.  “Mais cela n’est guère rassurant pour les consommateurs de nombreux pays. En termes réels, les prix alimentaires resteront à l’un des niveaux les plus élevés des cinq dernières décennies. Les gouvernements devraient éviter les restrictions commerciales et protéger leurs citoyens les plus pauvres en utilisant des programmes ciblés de soutien des revenus plutôt que des contrôles des prix.”

Globalement, les prix des matières premières devraient chuter de 21% en 2023 par rapport à l’année dernière. Les prix de l’énergie devraient baisser de 26% cette année, des engrais de 37% en 2023, soit la plus forte baisse annuelle depuis 1974. Cependant, les prix des engrais sont encore proches de leur récent sommet observé pour la dernière fois lors de la crise alimentaire de 2008/09.

L’indice des prix des céréales devrait baisser de 10% en 2023 et 8 % supplémentaires en 2024, après une augmentation de 21% en 2022. Quant aux graines oléagineuses, les prix des tourteaux et huiles végétales devraient être plus élevé en 2022/23 que lors de la précédente saison. Les prix mondiaux du sucre devraient augmenter de 10% en 2023 et 2% en 2024.

En 2023, les prix du blé devraient être inférieurs de 17% et ceux du du maïs de 15% à ceux de 2022, face à une faible demande mondiale (mais celle en Chine devrait reprendre). Dans le même temps, la chute des prix du pétrole brut devrait réduire la demande de maïs dans la production d’éthanol.

Les prix du riz devraient en moyenne être 17% plus élevé sur l’ensemble de 2023, une grande partie de l’augmentation ayant déjà eu lieu. Ils devraient diminuer en 2024.

Les approvisionnements mondiaux en céréales devraient rebondir après la contraction de l’offre en 2022 grâce à une récolte céréalière record au Brésil et meilleure que prévue en 2022 en Australie, au Canada, au Kazakhstan et en Russie ce qui permettrait d’avoir des ratios stock-utilisation plus élevés pour 2023. En outre, les intentions de plantation aux États-Unis indiquent une augmentation des superficies de maïs et de blé, ce qui peut tirer aussi à la baisse les prix en 2023.

L’indice des prix des boissons de la Banque mondiale a été globalement stable entre le dernier trimestre 2022 et le premier en 2023, malgré une augmentation de 11% des prix du cacao, ce qui,a compensé la baisse tout aussi importante des prix du thé. Avec l’indice des boissons au premier trimestre de 2023 en baisse de plus de 7% par rapport à il y a un an, l’indice devrait être de 5 % plus faible en 2023 qu’en 2022. En 2024, il devrait encore chuter de 3%.

Les prix du café Arabica n’ont pas connu de changements significatifs entre le 4ème trimestre 2022 et le 1er trimestre 2023, mais ils sont 49% au-dessus de leur niveau pré-pandémique moyenne (2015-19), écrit la Banque mondiale. Quant au Robusta, les prix ont augmenté de 6% au premier trimestre 2023 mais restent 5 % inférieurs à il y a un an. La production mondiale de café augmenterait de plus de 5% durant la campagne en cours, l’essentiel de la croissance provenant du Brésil.

Les prix du cacao ont augmenté de 11 % entre le dernier trimestre 2022 et début 2023  et ils sont de 5% supérieurs à la moyenne 2015-19. LC’est l’augmentation rapide de la consommation qui soutient les cours  au fur et à mesure que les stocks fondent. Ils sont passés de 1,97 Mt en 2020/21 à 1,78 Mt en 2022/23. La Banque mondiale estime que le prix du cacao devrait augmenter en moyenne de 13 % en 2023 avant de se détendre en 2024 avec une hausse de la production.

Les prix du coton ont légèrement baissé au 1er trimestre 2023 par rapport au précédent, mais ils sont surtout en baisse de 28% par rapport à la même période l’an dernier en raison d’une diminution de la consommation attendue à 5% au moins cette campagne. Si la production en Australie, en Côte d’Ivoire, au Mali et au Pakistan devrait décliner, ce serait compensé par des augmentations en Chine et en Inde. Les prix du coton baisseraient de plus de 23 % en 2023. Ils augmenteraient légèrement en 2024 en raison de la réduction des plantations dans les principaux pays producteurs comme les États Unis.

Les prix du caoutchouc naturel ont gagné 7 % entre fin 2022 et début 2023, mais ils sont de 22 % moins élevés qu’il y a un an car la production automobile a baissé. Or, près des deux tiers du caoutchouc naturel sont utilisés pour le pneumatique. La demande mondiale de caoutchouc naturel a totalisé 13,7 Mt en 2022 alors que la production a atteint un niveau record de 14,3 Mt avec de bonnes récoltes en Thaïlande et au Vietnam. Les prix devraient être de 9 % inférieur en 2023 par rapport à l’année dernière, puis gagner plus de 7% en 2024 avec une demande qui se renfrocerait.

L’une des principales conclusions de l’étude est que les prix à terme, qui sont largement utilisés pour les prévisions de prix, entraînent souvent d’importantes erreurs de prévision…