Mark Hop de Koudijs Côte d’Ivoire : « Plus que le code des investissements, le plus important pour un investisseur ce sont les règles du marché »

 Mark Hop de Koudijs Côte d’Ivoire : « Plus que le code des investissements, le plus important pour un investisseur ce sont les règles du marché »

@ Koudijs Côte d’Ivoire

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 La question de la sécurité alimentaire est une priorité pour la Côte d’ivoire. Aux côtés des cultures vivrières, les ressources animales et halieutiques ont toute leur place. Très dépendante des importations, la Côte d’Ivoire multiplie les programmes pour développer les secteurs avicole et aquacole avec des objectifs ambitieux. Le Plan stratégique de relance de l’aviculture deuxième génération (PSRAII), qui couvre la période 2022-2031, vise à porter la production de viande de volaille à 200 000 tonnes et celles d’œufs à 3371 millions d’œufs à l’horizon 2030. Tandis que le Programme stratégique de transformation de l’aquaculture en Côte d’Ivoire (PSTACI) sur 2022-2030 ambitionne doit permettre aux Ivoirien s de consommer du poisson 100% local d’ici 2023 avec une production de 500 000 tonnes.

Une industrie avicole florissante

L’aviculture s’est considérablement développée ces dernières années en Côte d’ivoire. La production de poulet de chair a cru depuis 2009 au rythme moyen de 13,9% par an. Aujourd’hui, l’offre locale couvre la quasi-totalité de la demande nationale, qui est croissante, la viande de volaille étant très compétitive en termes de prix par rapport au bœuf, porc ou poisson.

« La Côte d’Ivoire a pris la très bonne décision en 2009 en établissant une taxe sur les importations des poulets congelés, qui a permis au secteur avicole de se développer rapidement » affirme Mark Hop, directeur général du fabricant néerlandais d’aliments animaux Koudijs à Abidjan, filiale de filiale de Royal De Heus. Présent sur le marché ivoirien depuis 2008 à l’exportation via leur partenaire historique KDS, Koudijs s’est lancé, après avoir investi dans un dépôt, dans la construction de sa propre usine d’aliments, achevée en 2022 avec une capacité de 120 000 tonnes par an et un approvisionnement à 75% en matières premières locales comme des tourteaux de coton, du riz, cajou, du soja, du maïs, etc.

Le décret a été reconduit jusqu’en 2029 et donc le marché ivoirien est protégé jusqu’à cette date.

Une politique qui a vu naître des champions nationaux aux côtés d’une multitude de petites et moyennes unité de production. FOANI Services et la Société ivoirienne de productions animales (SIPRA) sont des modèles d’une filière intégrée tout au long de la chaîne de valeur des fermes d’élevage aux couvoirs en passant par des usines d’aliments, des abattoirs, des réseaux de distribution.

La filière n’est toutefois pas exempte de difficultés. « Le secteur doit encore se structurer et l’Etat doit jouer un rôle important en la matière » souligne Mark Hop. Un effort doit être fait en matière de biosécurité. L’année dernière a sévi une sévère épidémie de grippe aviaire dans les environs de Grand Bassam, une épidémie qui a été mal contenue. En outre, « 99% des poulets et œufs sont vendus sur les marchés. C’est le maillon le plus faible de toute la chaîne de valeur. La vente sur les marchés se maintiendra mais il faut que la ferme d’où provient le poulet ou les œufs soit enregistrée pour assurer une traçabilité » suggère le directeur général. Si les importations de poulets ont drastiquement diminué à moins de 1 000 tonnes par an, celles illégales en provenance notamment du Libéria ou Ghana fleurissent. Des contrôles douaniers plus fréquents et plus réguliers sont nécessaires.

Aquaculture, une nécessaire volonté politique

Les Ivoriens consomment également beaucoup de poisson. C’est l’une des principales sources de protéines animales avec une consommation moyenne de 24 kilos par habitant et par an. Le marché consommateur est déjà là mais la production locale, tant halieutique qu’aquacole, ne suit pas ne couvrant qu’environ 1% des besoins nationaux. Résultat, la Côte d’Ivoire a importé l’année dernière plus de 700 000 tonnes de poissons congelés, principalement en provenance d’Asie, pour un coût d’environ FCFA 300 milliards par an.

Or, la Côte d’Ivoire dispose de lagunes, des lacs et de nombreux bas-fonds propices à l’implantation d’exploitations aquacoles. « Une des premières choses que le gouvernement ivoirien a tellement bien fait pour développer le secteur avicole c’est de taxer les poulets congelés. S’il prend une telle mesure sur le poisson congelé et supprime la TVA sur les aliments produits localement, le marché aquacole va se développer à une très grande vitesse » affirme Mark Hop. Précisant, « sur les aliments pour poissons que nous vendons sur le marché nos clients payent la TVA dessus. Sur le poisson congelé importé, il n’y a pas de TVA cela veut dire que nous ne jouons pas dans la même cour ». Si les règles du jeu sont propices et si l’Etat ivoirien prend des mesures similaires à celles pour l’aviculture, le marché se développera rapidement. « Plus que le code des investissements, le plus important pour un investisseur ce sont les règles du marché. Tous les avantages fiscaux que l’on peut avoir, c’est seulement sur le court terme. Or, si on investit sur le court terme, je ne pense pas que c’est dans une optique de développer le pays » estime le directeur de Koudijs Côte d’Ivoire.

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