La filière du moringa reste à construire au Burkina Faso
Longtemps utilisé par les Burkinabè comme aliment en période de soudure, le moringa est, aujourd’hui, devenu la plante la plus prisée par ces derniers à cause de ses multiples vertus nutritif, thérapeutique et cosmétique (lire nos informations). En effet, des recherches, notamment en 2009, ont mis en exergue toutes ces valeurs. Depuis, les campagnes de sensibilisation à travers les Journées promotionnelles du moringa, organisées par le Réseau ouest africain des chercheurs dans le domaine des substances naturelles (Wannpres) et suppléé à partir de 2017 par la Filière moringa du Burkina (Fimob), contribuent à susciter un certain engouement dans la production et la transformation.
La 4ème édition de ces journées, qui a démarré à Ouagadougou mercredi et a fermé ses portes hier, était placée sous le thème “Culture du moringa : défis de la qualité et du développement durable“.
Relever le défi de la qualité
Selon Dr Hassanata Millogo, coordinatrice de la Fimob, “…Beaucoup transforment le moringa […] sans tenir compte, parfois, d’un minimum d’hygiène ou de contrôle de qualité. Des gens mélangent le moringa à d’autres plantes pour avoir des quantités plus importantes. […] Dès la production, parfois, les précautions ne sont pas suffisamment prises pour pouvoir aboutir à des produits de qualité.”
C’est pourquoi les acteurs de la filière, soucieux de se faire une place sur le marché international, ont voulu tout d’abord apprendre durant ces cinq jours, afin d’en arriver au “contrôle de qualité, et de la matière première, et des produits finis“, selon la responsable. “On a vu des filières exportés de la matière première contaminée qui a été rejetée. Et cela casse carrément le marché.”
Une filière en pleine structuration
Peu de chiffres existent sur la production au Burkina ou sur les marchés tant au plan national que régional. “Il existe de nombreuses associations et chaque association a ses partenaires. Nous ne contrôlons rien. Il faut justement qu’à travers ces genres de fora, on arrive à se mettre ensemble et avoir une idée de la quantité produite au niveau du pays“, explique à CommodAfrica, la coordinatrice de la filière.
Mais les choses évoluent, souligne Fulbert Belem, responsable à la production auprès de la Fimob : “Nous sommes en train de recenser les producteurs au niveau régional. Ces producteurs vont collecter les données qu’ils vont nous transmettre au niveau de la Fimob.“
Les responsables de la filière se disent peu inquiets de la concurrence des autres pays producteurs, mais déplorent leur incapacité à satisfaire les demandes venant principalement de Belgique, de France, des Etats-Unis, d’Allemagne, d’Italie et même d’Asie.
“Les clients veulent une continuité dans la production surtout ceux qui interviennent à une échelle industrielle“, confie Hassanata Millogo. Mais “le problème, ici, est que nous n’avons pas de centrale d’achat. S’il y avait une centrale d’achat, nous pourrions regrouper les productions pour répondre aux besoins. Les gens produisent, mais dans de petites quantités, dans leur localité, et il faut arriver à les rassembler.“
En outre, note Fulbert Belem, “nous avons besoin d’accompagnement pour la certification pour facilement exporter nos produits“.
Avec le moringa, rien ne se jette, tout se transforme
Les vertus du moringa, des feuilles à la racine, en passant par les fruits, les grains et l’écorce, ne sont plus à démontrer. Chaque partie de l’arbre est transformable et les résidus issus de cette transformation peuvent être recyclés. C’est ce qu’explique Chantal Sonzabré, productrice et transformatrice : “Les déchets de la transformation peuvent être utilisés comme fumure organique, mais aussi comme pesticide naturel. L’usage au Burkina est vérifié car nous le pratiquons.” Pourtant”, précise-t-elle, “aucune structure ne semble avoir occupé ce segment pour l’instant. ”
Visiblement, la chaine de valeur du moringa au Burkina reste à construire.