La Chronique Matières du Jeudi (25 juin 2015)

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Le dollar a perdu du terrain face au yen, mais a légèrement progressé face à l'euro, la monnaie commune étant sous pression en raison de la poursuite des négociations sur un éventuel accord entre la Grèce est ses créanciers.

CACAO

Le cacao poursuit inexorablement sa hausse sur les marchés à terme de Londres, où il a terminé mercredi à  2 164 la tonne, et de New York, à $ 3 282 la tonne.

Les fondamentaux demeurent haussiers, notamment du fait de la situation au Ghana et sa chute de production. Mais en Côte d'Ivoire aussi les perspectives alimentent à la hausse les prix internationaux. De fortes pluies continuent à tomber dans les principales régions de production de cacao, inondant les plantations et faisant craindre que les cabosses ne pourrissent sur les arbres; il pleut depuis 3 semaines dans la région de production d'Aboisso, au Sud du pays, rendant les opérations de séchage des fèves très difficiles.

D'autre part, les arrivages de cacao aux ports ivoiriens du 1er octobre, démarrage de la campagne, au 21 juin, totaliseraient 1 517 000 t, selon les exportateurs, en baisse par rapport aux 1 561 000 t sur la même période la campagne dernière. Des volumes, faut-il le rappeler, qui demeurent toutefois à des sommets historiques.

Au Cameroun aussi, les disponibilités sont en hausse même si, certes, à moindre échelle. Les exportations de fèves du 4ème producteur africain ont augmenté de 27% depuis le début de la campagne, le 1er août 2014 à fin mai, et ce par rapport à la même période en 2013/14. Elles totalisent 188 383 t, selon l'Office national café cacao (ONCC). Sur le seul mois de mai, le Cameroun a expédié 6 490 t, grimpant de 33% par rapport aux volumes d'avril et de 186% par rapport à mai 2014 ! Olam-Cam est n°1 avec 2 318 t en mai.

Quant aux ventes locales de fèves de cacao, les broyeurs ont acheté 25 580 t de fèves au mois de mai, en baisse de 17% par rapport à mai 2014, selon l'ONCC. Sic-Cacaos, filiale de Barry Callebaut, a acheté 110 t en mai contre 100 t en avril et rien en mars. Depuis le 1er août, démarrage de la campagne au Cameroun, le plus important transformateur local a acheté un total de 23 979 t, en baisse par rapport aux 30 025 t en 2013/14. Autre broyeur, Chococam, filiale du sud-africain Tiger Brands, n'a fait aucun achat en avril ni en mai, ses achats totaux depuis le 1er août étant de 1 601 t, en hausse contre les 795 t sur la même période en 2013/14. Rappelons que Sic-Cacaos vend ses produits sur le marché camerounais mais également dans la sous-région de la Cemac, tandis que les produits de Chococam ne sont commercialisés qu'au Cameroun. Les deux entités ont déclaré étendre leurs activités commerciales dans les prochaines années, Sic-Cacaos voulant pénétrer le marché ouest-africain et Chocoam l'Afrique centrale.

La Chine a acheté un total de 19 350 t de fèves depuis le 1er janvier à fin mai, dont 11 350 t provenant du Ghana, 2 356 t de Côte d'Ivoire, 1 540 t du Togo, 1 585 t du Cameroun et 696 t du Nigeria, Pékin ayant également acheté 1 801 t d'Equateur et 218 t du Nigeria, selon Reuters. Ces achats sont globalement en hausse de 2,14% par rapport à la même période en 2014 avec, toutefois, une évolution inquiétante pour l'Afrique de l'Ouest : si les achats au Ghana sur les 5 premiers mois de 2015 ont progressé de 26,8% en provenance du Ghana par rapport à janvier -juin 2014, ils ont chuté de 58,8% en provenance de Côte d'Ivoire, de 6,4% du Togo et de 44% du Nigeria. En revanche, l'origine Cameroun a fait un bond de 528% et l'Equateur de 300%. L'origine Indonésie, quant à elle, a diminué de 53,4%.

Notons que la Chine exporte du chocolat notamment en Afrique de l'Ouest, à raison de 176 t au Nigeria entre le 1er janvier et le 30 mai, en baisse de 80%; de 88 t au Bénin, en baisse de 60% ; de 290 t au Ghana, en baisse de 31% ; de 13 t en Guinée, en hausse de 140 % ; de 7 t au Togo, en baisse de 77%. Pékin ferait aussi une percée au Sénégal avec 12 t sur les 5 mois,

CAFÉ

Les prix de l'Arabica se sont brutalement redressés mercredi sur le marché à terme de New York, enregistrant  leur plus important rebond en plus de trois mois. Les raisons? Essentiellement techniques, quelques transactions sur les options ayant dynamisé l'ensemble. La tendance sur l'Arabica a entrainé le Robusta, à $ 1 818 la tonne, l'Arabica se positionnant à $ 1,351 la livre.

Au Cameroun, les exportations ont augmenté de près de 27%, à 188 383 tonnes (t) entre le démarrage de la campagne fin août 2014 et fin mai dernier, et par rapport à la même période la campagne dernière. Les acheteurs camerounais ont acheté 25 580 tonnes (t) de fèves à fin mai, en baisse de 17% par rapport à la même période il a un an, selon les chiffres de l'office national café cacao (ONCC). Sur le seul mois de mai, le n°4 africain du cacao, a expédié 6 490 t de cacao brut, en hausse de quelque 33% par rapport aux volumes enregistrés au mois d'avril (4 384 t) et un bond de 186% par rapport à mai 2014 (2 268 t). Olam a mené la danse avec 2 318 t, suivi de Telcar avec 1 946 t et Cameroon Marketing Commodities (Camaco) avec 451 t. La production 2013/14 est estimée, rappelons-le, à 209 905 t contre un record de 240 000 t en 2010/11.

De janvier à fin mai, la Chine a importé 17 518 t de café, le Vietnam, l'Indonésie et el Brésil étant sur le podium avec, respectivement, 9 402 t, 2 275 t et 1 610 t. Quant à l'Afrique, , l'Ouganda est le premier des fournisseurs avec 431 t, suivi par l'Ethiopie avec 282 t, le Kenya avec 127 t,  la Tanzanie avec 40 t, le Rwanda avec 7 t et le Cameroun avec 1 t.

CAOUTCHOUC

Pour réduire ses excédents et soutenir les prix, la Malaisie envisage d’utiliser 10% de son offre en  caoutchouc dans les routes à partir de 2016.  Les routes utiliseraient le « cup lump » du caoutchouc – le fin résidu du caoutchouc resté au fond des godets – qui serait transformé en bitume et ensuite mélangé dans l’asphalte. Le Malaysian Rubber Board estime que pour chaque kilomètre de route il faudra 4,2 tonnes de cup lumps.

La Malaisie compte produire environ 710 000 tonnes de caoutchouc naturel cette année, selon le ministre des Plantation et des commodités, Douglas Uggah Embas. "L'objectif est d'utiliser 10 % de caoutchouc de la Malaisie à cet effet" indique-t-il et "nous espérons que l'offre excédentaire de caoutchouc sera considérablement réduite … et que cela  aidera à réduire la pression sur les prix". Si le projet est un succès,  la proportion de caoutchouc pourra être portée à 15 ou 20%.

Selon le ministre des Travaux, Fadillah Yusof, l’utilisation du caoutchouc pour les routes permet de réduire les coûts, de diminuer aussi le coût de l’entretien et offre une durée de vie plus longue aux routes. Le ministre a ajouté que le pays cherchait aussi à utiliser le caoutchouc sismique dans la construction de structures pour protéger les bâtiments et absorber les chocs dans les zones de tremblement de terre à haut risque.

Les importations de caoutchouc naturel de la Chine se sont élevées à 138 632 tonnes en mai, en recul de 27,5%. Depuis le début de l’année, elles ont atteint 973 524 tonnes, soit 22,16% de moins que sur la même période en 2014. En revanche, les  importations de caoutchouc synthétique, progressent au mois de mai de 16,17% à 142 415 tonnes mais sont en légère baisse de janvier à mai 2015 (-1,22%) à 640 210 tonnes.

COTON

Les prix ont été erratiques cette semaine sans véritable direction dans un contexte de faible activité.

Signe de l’évolution de l’industrie textile en Chine, le Zhengzhou Commodity Exchange (ZCE), envisage de lancer dans le courant de l’année  des contrats à terme sur les fils de coton. En 2004, le ZCE avait lancé ses contrats à terme pour le coton.

Au Mali, les caprices de la météo pourraient compromettre l’objectif de production de 650 000 tonnes pour la campagne 2015/16. «Les pluies ne sont pas arrivées cette année. Les producteurs ne peuvent pas ensemencer les superficies. Si la situation reste ainsi jusqu’à la fin du mois de juin, nos prévisions seraient compromises. Mais si les pluies commencent cette semaine, la saison peut encore suivre son cours normal» a confié à Reuters Ousmane Traoré, conseiller technique en charge de la production agricole à la Compagnie malienne pour le développement du textile (CMDT).

HUILE DE PALME

Pour la troisième séance consécutive, les cours de l’huile de palme ont progressé, clôturant jeudi à 2 280 ringgits ($607) la tonne, soutenus par l’affaiblissement de la monnaie malaisienne et la résistance du marché du soja.

En Malaisie, les négociations pour augmenter à 10% l’huile de palme dans le biodiesel sont en bonne voie et devraient se conclure d’ici à la fin du mois de juin, selon le ministre de l’Industrie et des commodités, Douglas Uggah Embas. Cette proposition était contestée par plusieurs constructeurs automobiles dont BMW Malaisie. La nouvelle réglementation en Indonésie, qui devrait entrer en vigueur le 1er juillet (voir notre chronique de la semaine dernière) pourrait apporter du soutien aux exportations malaisiennes. Toutefois, le PDG de Indonesia's crude palm oil Public Service Agency, Bayu Krisnamurthi,  a déclaré que  l’industrie avait recommandé  que les prélèvements soient revus périodiquement précisant que "la mise en Å“uvre de cette politique doit être consciente de la dynamique du marché qui est toujours en évolution, y compris les réactions des concurrents et des consommateurs."

RIZ

Alors que le pic de la récolte pointe son nez dans un contexte de faiblesse des achats, les prix du riz vietnamien se sont affaiblis cette semaine tandis qu’ils étaient stabilisés à un niveau bas pour la Thaïlande, les opérateurs étant dans  l’attente de précisions sur la prochaine récolte et sur l’appel d’offres du mois prochain.

Le marché surveille de près les Philippines, qui pourrait accroître sa demande d’importation si le phénomène El Nino s’intensifie. Si tel était le cas, le Vietnam pourrait vendre plus de riz aux Philippines ce qui pourrait soutenir les prix, autrement l’accroissement de l’offre avec la récolte été-automne, qui atteindra son maximum en juillet, devrait affaiblir les prix.

De son côté la Thaïlande devrait lancer son appel d’offres pour la vente d’un million de tonnes au début juillet, selon une déclaration le 24 juin du ministre du Commerce. Ceci constituera son quatrième appel d’offres depuis le début de l’année. Environ 16 millions de tonnes de riz sont stockés en Thaïlande. Depuis mai 2014, quelque 2,73 Mt ont été vendues à l’issue de 7 appels d’offres et ont rapporté plus de $880 millions au gouvernement.

Alors que la Thaïlande subit une grave sécheresse,  le ministre de l'Agriculture, Petipong Puengbun Na Ayudhya, a demandé aux riziculteurs de la région de Chao Phraya de retarder, une nouvelle fois,  les semis de la récolte principale jusqu’ en août. Toute baisse de la production dans l'un des plus grands exportateurs mondiaux de riz, pourrait soutenir les prix du riz thaïlandais, qui sont près de leur plus bas depuis Janvier 2008. La mousson a commencé, mais 22 des 76 provinces sont encore affectées par la sécheresse, affectant environ 7,45 millions d'hectares de riz, soit environ 80% des terres consacrées à la culture du riz pendant la saison des pluies, selon les calculs de Reuters.

SUCRE

La reprise d'activité sur le marché du physique du sucre blanc sur le marché à terme de Londres a provoqué, mercredi, un véritable écartèlement des spreads pour la cinquième session consécutive.

La maison de négoce singapourienne Wilmar International a annoncé aujourd'hui avoir bouclé ses expéditions pour quasiment les 1,9 millions de tonnes (Mt) qu'il a acheté il y a deux mois, à l'expiration de l'échéance mai, dans la plus importante transaction sur les marchés à terme du sucre, de l'ordre de $ 550 millions. Les navires réservés par la compagnie seraient en provenance des ports brésiliens et à destination de l'Inde, de l'Asie du Sud Est et de l'Afrique, selon les données du transport maritime de Williams.

Une annonce qui surprend certains étant donné la faiblesse de la demande et des cours internationaux, aux plus bas depuis 6 ans et demi et face à une cinquième campagne consécutive excédentaire. Il ne resterait à Wilmar que 100 000 t à placer.

Cette nouvelle devrait apaiser le marché qui, des mois durant, s'inquiète du rythme des expéditions au départ du Brésil et d'Amérique centrale et du Sud. En revanche, l'ampleur de la transaction aurait fait fuir nombre d'opérateurs du marché, élargissant les spreads, c'est-à-dire l'écart de prix entre l'échéance juillet qui expire la semaine prochaine, et l'échéance octobre sur les marchés à terme.

Selon les observateurs, Wilmar aurait conclu cet achat il ya deux mois, pariant sur une bonne demande asiatique en Asie. Un pari qui étonne plus d'un puisque le Brésil comme la Thaïlande devraient enregistrer cette année des récoltes record et que les raffineurs en Chine et au Proche Orient auraient des entrepôts qui regorgeraient de sucre. Une inquiétude qui s'est traduite ou qui a contribué au plongeon de 14% des prix sur le marché à terme du sucre depuis fin avril. Une chute des cours qui, de fait, a réduit de $ 62 millions la valeur de l'achat de Wilmar, rapporte Reuters.

 

 

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