Rihana Traoré : “Un mauvais packaging, c’est comme un mauvais produit”

 Rihana Traoré : “Un mauvais packaging, c’est comme un mauvais produit”
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Créé en 2017 par Rihana Traoré, une Burkinabè vivant aux Etats-Unis, en collaboration avec des acteurs locaux, Diman-ni Organics est une société agroalimentaire spécialisée dans la commercialisation de mangues séchées, destinées principalement au marché américain. Des mangues de premier choix produites suivant les normes internationales et « vêtue » d’un packaging attirant pour répondre aux attentes de consommateurs exigeants.

Dans le souci de garantir un accès à une matière première abondante de bonne qualité et d’éviter les coûts supplémentaires liés au transport, la responsable marketing (Rihana) et ses collaborateurs ont installé une unité de transformation à Péni, à environ 400 km à l’ouest de Ouagadougou, une région à forte production de mangues. L’unité compte au total 172 employés dont 154 femmes, liée à un réseau de 46 producteurs ; 1 500 tonnes (t) de mangues fraîches leur ont été achetées durant la campagne 2017/18.

Dans un entretien accordé à CommodAfrica, Rihana Traoré revient sur ses ambitions de conquérir le marché américain et sa stratégie pour y parvenir.

Qu’est-ce-qui a motivé la création de l’entreprise ?

Diman-ni Organics a été créé pour résoudre un problème : avoir les produits burkinabè sur les étalages des grandes surfaces à l’étranger de manière professionnelle. Tout est parti d’un simple constant du manque de produits burkinabè dans les grandes surfaces aux Etats-Unis où je vis. En réalité, je me suis rendue compte que c’est un problème de packaging. Diman-ni Organics a été créé pour combler ce gap.

Quel a été l’investissement dans l’emballage ?

Les emballages viennent de Chine. J’ai investi environ FCFA 8 millions (€ 12 160) pour m’en procurer.

En quoi la qualité du packaging est-elle si importante ?

Mon professeur de marketing disait toujours : on mange d’abord avec les yeux. Un mauvais packaging, c’est comme un mauvais produit. Voilà pourquoi nous mettons l’emphase sur des packagings professionnels qui remplissent toutes les règles internationales avec le code bar, les valeurs nutritives, etc.

En quoi votre emballage est-il spécial ?

Déjà sur le marché local, aucun concurrent ne conditionne les mangues séchées dans des packagings pareils. C’est un packaging fait à base de polyéthylène et hermétiquement fermé à l’aide d’un zipper pour conserver la fraicheur et le parfum de la mangue.

Les consommateurs au Burkina sont-ils réceptifs à votre produit et à son packaging ?

Au début, certains disaient qu’il y avait déjà des mangues ici à FCFA 500 F CFA et ne savaient pas en quoi consiste le packaging. Mais aujourd’hui, les clients sont plus que conquis.

En plus de la qualité du packaging, nous proposons des mangues séchées de premier choix contrairement à d’autres qui réservent au marché local les mangues de deuxième ou troisième choix.

Diman-ni Organics a pour challenge de vendre des mangues séchées de qualité dans des packagings qui attirent. Nos prix sont donc plus élevés. (Le sachet de 150 g est vendu à FCFA 1 500, ndlr).

Votre objectif étant de conquérir le marché international, quels sont les pays où vos produits sont déjà vendus ?

Outre le Burkina Faso où nous avons vendu 10% de notre production, L’Europe représente 15% de nos ventes et les Etats-Unis 75%.

Quel est votre volume de production au total ?

75 t de mangues séchées cette année car le financement a tardé à venir.

Pourquoi majoritairement vers les Etats-Unis ?

Le marché de la mangue séchée aux Etats-Unis est vaste, plusieurs millions de dollars par an et très peu exploité, surtout dans les grandes surfaces. Pour trouver des mangues séchées, il faut aller dans les boutiques bio ou en ligne.

Avec quelles grandes surfaces vous collaborer aux Etats-Unis ?

Nam Dae Mun qui est une chaîne de Farmers Market. Nous sommes en discussion avec Whole Foods Market.

Quel est votre chiffre d’affaire ?

Nous n’avons pas encore bouclé notre année fiscale, mais nous projetons un chiffre d’affaire d’environ FCFA 70 millions (€ 106 000), si tout se passe bien.

Comment voyez-vous l’avenir ?

J’ai de très grands rêves. Diman-ni Organics doit être leader en matière d’agroalimentaire en Afrique et être le portail des produits africains à l’international. Pour le moment, nous ne sommes même pas à 50% de notre potentiel.

Nous espérons faire tourner l’unité même après la saison des mangues en nous tournant vers d’autres produits notamment le poudre et l’huile de moringa, la poudre du pin de singe, le fonio biologique… Nous voulons aussi produire de l’aliment pour bétail à base des résidus de mangues. C’est un vaste chantier.

Quel leçon tirez-vous déjà de votre expérience entrepreneuriale au Burkina Faso ?

Les gens voient l’investissement dans l’agriculture comme un échec. Le Burkina n’est pas un pays industrialisé. Nous vivons d’agriculture et d’élevage. Et les gens n’ont pas encore compris qu’il faut investir dans l’agriculture pour développer notre pays.

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