A la suite du cacao, le CICC lance la révolution du café au Cameroun

 A la suite du cacao, le CICC lance la révolution du café au Cameroun

@ Pixabay

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Après dix années au chevet essentiellement de la filière cacao car on ne saurait courir après deux lièvres à la fois, le Conseil interprofessionnel du cacao et du café (CICC) au Cameroun se fixe dorénavant comme cap le redressement de sa filière café avec, pour partenaires principaux le Conseil français du café, au travers des Cafés Engagés (à l’instar des Chocolatiers Engagés) ainsi que des coopératives caféières en Inde, dans l’Etat caféier d’Hyderabad. Des jalons ont été jetés à cet égard par le secrétaire général du CICC, Omer Maledy, lors de la dernière conférence mondiale de l’Organisation internationale du café à Bengalore, en Inde.

Dès la campagne prochaine 2025/26, le CICC espère pouvoir compter sur une prochaine récolte de café de spécialité semi-washed. L’objectif est de dépulper manuellement, dans un premier temps, 30 à 50 tonnes (t) de Robusta et de le commercialiser en circuit court : de la coopérative, au torréfacteur puis directement au marché.

Rappelons que le pays cultive les deux variétés de café, Arabica et Robusta, mais sa production a fortement chuté ces dernières décennies. De 132 000 t en 1986/87, elle est tombée à un plus bas de 12 157 t, en 2020/21, pour se redresser -grâce au Robusta- à 38 047 tonnes (t), dont 6 386 t d’Arabica et 31 661 t de Robusta sur la campagne 2021/22, selon le gouvernement. Les raisons sont multiples et bien connues, allant du vieillissement des planteurs et des vergers, au mauvais matériel végétal, l’inaccessibilité des intrants et le désintérêt des jeunes pour la filière.

L’interprofession au Cameroun entend donc procéder pour le café comme il l’a fait ces dix dernières années sur le cacao mais avec des résultats plus rapides, car le process caféier est plus facile et le CICC a maintenant dix ans d’expérience en la matière.

L’électrochoc dans la filière cacao

Rappelons qu’en matière de cacao, le CICC a créé un véritable électrochoc dans la filière et sur le marché mondial. La production cacaoyère était tombée au plus bas en termes de volumes et avait même été banni sur les marchés occidentaux en 2017-2018 en raison de la présence d’hydrocarbures aromatiques polycycliques car les fèves étaient séchées à même le goudron. En termes de prix, il subissait systématiquement une décote par rapport au marché boursier de Londres.

Aujourd’hui, la récolte a redépassé les 200 000 t, ce qui demeure modeste en termes de volumes mais ce qui est largement compensé par les segments de marchés sur lesquels le cacao camerounais est aujourd’hui positionné. Les producteurs camerounais, qui œuvrent sur un marché totalement libéralisé, perçoivent un prix bord champ pour leur cacao nettement supérieur à celui en Côte d’Ivoire, entre FCFA 1 500 et 1900 contre FCFA 1 000 chez le leader mondial de la fève. Ceci résulte d’un redressement considérable de la qualité de la fève camerounaise. En est pour preuve l’entrée en juin dernier du cacao camerounais dans le club mondial très select du cacao fin aromatique qui ne représente que 5% de la production mondiale. Et les Centres d’excellence du cacao au Cameroun ne travaillent pas moins que directement avec des acheteurs haut de gamme comme les Chocolatiers Engagés ou encore Puratos.

Qu’a fait le CICC dans la filière cacao et qu’il pourrait reproduire, en partie, dans sa filière café ? Déjà, au niveau des producteurs individuellement, les identifier, les recenser, leur attribuer une carte professionnelle et les former encore et toujours à la culture, aux bonnes pratiques, mais aussi à la gestion d’une entreprise. Tout ceci gratuitement

Surtout, le CICC s’est attelé à rajeunir la force de production (comme le verger) avec son programme New Generation : un jeune (18 à 35 ans) disposant de 3 ha de terres, dispose de trois ans pour créer une plantation, le CICC lui donnant tout gratuitement, du plant et des intrants, à l’équipement, la formation, etc.

En parallèle, le CICC accompagne la restructuration et le renforcement des coopératives en en faisant un passage obligé pour chaque producteur et le pivot central de toute la filière en amont : le Conseil les a notamment convaincus de faire des ventes groupées pour mieux négocier.

Au cœur de la restructuration de la filière se trouve le programme cacao et café d’excellence avec la mise en pace de stations de lavage afin de parvenir à un produit très haut de gamme.

La révolution du café serait en route au Cameroun.

 

 

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