La Chronique Matières premières agricoles au 11 avril 2024

 La Chronique Matières premières agricoles au 11 avril 2024

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Les principales bourses européennes ont fini hier dans le rouge en dépit de la décision de la Banque centrale européenne (BCE) de maintenir ses taux directeurs inchangés tout en ouvrant la voie à un assouplissement de sa politique monétaire. En revanche, la bourse de New York a fini en hausse dans le sillage des valeurs technologiques, alors que de nouvelles données économiques ont ravivé l’espoir que l’inflation continue de ralentir. De même la bourse de Tokyo a terminé sur un gain également soutenue par les valeurs technologiques.

Du côté des changes, Le dollar reste ferme (+0,15%) face à un panier de devises de référence, proche d’un sommet de cinq mois, après avoir pris près de 1% depuis le début de la semaine. 

L’euro recule de 0,17%, à 1,0706 dollar, tandis que la livre sterling s’échange à 1,2534 dollar (-0,13%).

Le contexte géopolitique soutient toujours les cours du pétrole. Le  Brent progresse de 0,84% à $90,49 le baril  et le West Texas Intermediate (WTI) de 0,99% à $85,86. ANZ Research dans une note rappelle que les prix du pétrole ont bondi depuis le début de l’année de près de 19%, également soutenus par l’amélioration des conditions économiques et les réductions de l’offre par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés, réunis au sein de l’Opep+. 

CACAO

Le marché du cacao s’est à nouveau envolé vers de nouveaux records alimenté par une pénurie d’approvisionnement. Sur le marché à terme de Londres, la tonne est passée de £ 7 620 en fin de semaine dernière à £ 8 213 hier soir sur l’échéance juillet, après avoir touché un nouveau record de £ 8 354. A New York, les fèves ont bondi de $9 312 vendredi dernier à $ 9 891 hier soir sur l’échéance juillet, après avoir atteint un sommet à $ 10 156.

Les inquiétudes sur la taille de récolte intermédiaire sont palpables avec une nouvelle semaine de faibles précipitations et de températures élevées dans la plupart des principales régions productrices de cacao de Côte d’Ivoire. Il faudrait qu’il pleuve au cours des dix prochains jours pour éviter d’assécher les gousses. “Si les pluies reprennent bientôt, nous pourrions au moins avoir suffisamment de cacao vers la fin mai et en juin”, a déclaré à Reuters Kouassi Kouame, qui cultive près de Soubré, où 10,5 mm de pluie sont tombés la semaine dernière, 9 mm en dessous de la moyenne.

La demande ne semble pour l’instant pas très affectée par les prix stratosphériques. Le chocolatier Barry Callebaut a annoncé mercredi une légère hausse des volumes de ventes au premier semestre (Lire : Barry Callebaut accuse une chute de 40% de son résultat mais une hausse de 11% de ses revenus). Les données de broyage du cacao du premier trimestre pour l’Europe et l’Amérique du Nord devraient être publiées le 18 avril et fournir une indication de la mesure dans laquelle la pénurie actuelle de fèves réduit la transformation.

CAFÉ

Le marché du café se maintient à un niveau élevé. Partie vendredi dernier de $ 3 744, la tonne de café Robusta a clôturé hier soir sur l’ICE à $ 3 790 pour l’échéance juillet, après avoir son plus haut niveau depuis que le contrat Robusta est coté sur les futures de l’ICE en janvier 2008 à $3 851. Quant à l’Arabica, la livre est passée de $ 2,125 en fin de semaine dernière à New York à $ 2,1735 après avoir atteint son sommet de 18 mois à $ 2,1890 sur l’échéance juillet. Alors que le Robusta est toujours très soutenu par l’insuffisance de l’offre au Vietnam et des inquiétudes concernant ses perspectives de récolte, l‘Arabica monte dans le sillage du Robusta, les torréfacteurs augmentant la part de l’Arabica dans les mélanges. L’approvisionnement en Robusta est serré même si  le rythme des exportations en provenance du Brésil a été bien supérieur aux niveaux de l’année dernière (voir ci-dessous).

En Asie, les prix du café vietnamien ont encore progressé cette semaine. Dans les Central Highlands, les caféiculteurs ont vendu leur kilo de café entre 105 000 et 105 900 dongs ($4,20 à $4,24) le kilo contre 101 200 à 103 000 dongs la semaine dernière. A l’export, le Grade 2, 5% grains noirs et brisés, s’est vendu avec une prime allant de $600 à au-dessus du contrat de juillet. “Il n’y a presque pas eu de pluie. Si le manque d’eau pour l’irrigation persiste, la production de café de la récolte 2024/25 pourrait diminuer fortement par rapport à la récolte actuelle“, indique la Bourse marchande du Vietnam dans une note.

Les exportations de café du Vietnam au cours des trois premiers mois de cette année se sont élevées à 585 696 tonnes, en hausse de 5,9% par rapport à l’année précédente, selon les données des douanes gouvernementales. Le pays a exporté environ 188 972 tonnes de café en mars, en hausse de 17,7 % par rapport au mois précédent.

En Indonésie, le marché est fermé pour les vacances.

Au Brésil, les exportations de café ont grimpé de 37,5% en mars par rapport à mars 2023 pour s’établir au record de 4,29 millions de sacs de 60 kilos, selon le groupe industriel Cecafe. Les expéditions de café du plus grand producteur et exportateur mondial ont également atteint un niveau record au premier trimestre, indique Cecafe. Le groupe a attribué cette augmentation aux exportations de café Robusta, qui ont établi un record en mars de 846 700 sacs, soit près de huit fois la quantité expédiée au cours de la même période en 2023. Le Brésil comble donc en partie la baisse des exportations des deux principaux exportateurs de Robusta, le Vietnam et l’Indonésie.

Les expéditions de café Arabica, qui représentent la majeure partie des exportations du pays, ont également enregistré des gains significatifs, augmentant de 15,1 % sur un an en mars pour atteindre 3,1 millions de sacs. Les revenus totaux des exportations brésiliennes ont augmenté de 35,2 % sur la même période pour atteindre $913,6 millions.

Au Pérou, les exportations de café sur les deux premiers mois de 2024 grimpent en valeur de 66% à 123 millions contre $79,8 millions en janvier-février de 2023, selon erra y Selva Exportadora, une institution rattachée au ministère du Développement agraire et irrigation (Midagri).

L’Ouganda a bénéficié d’une subvention de €40 millions de l’Union européenne (UE) pour aider le premier exportateur africain de café à se conformer à une nouvelle politique de l’UE interdisant les importations de produits issues de la déforestation importée, selon un communiqué la présidence ougandaise. .

CAOUTCHOUC

Le marché du caoutchouc a terminé la semaine en forte baisse à 315,7 yens ($2,06) le kilo aujourd’hui sur l’Osaka Exchange contre 325,2 yens vendredi dernier. Sur le Shanghai Futures Exchange (SHFE), la tonne perdait aujourd’hui 185 yuans à 14 695 yuans ($2 030,41) la tonne.

Les prix se normalisent avant la fin de l’hivernage dans les principales régions productrices, notamment la Thaïlande, le Vietnam et la Côte d’Ivoire, a indiqué Farah Miller, PDG d’Helixtap Technologies. “Avant la fermeture des usines pour le festival de Songkran, il a également été noté que plusieurs transformateurs thaïlandais avaient réalisé des ventes assez importantes avec la hausse des contrats à terme lundi pour profiter du sentiment haussier initial“, précise-t-il. Les marchés thaïlandais seront fermés du 12 au 16 avril en raison du festival tandis que la récolte chez les principaux producteurs de caoutchouc, en Thaïlande et en Malaisie, stagnera la semaine prochaine en raison des vacances de l’Aïd al-Fitr.

L’incertitude persiste sur la demande chinoise. Cette semaine, l’agence de notation Fitch a révisé à négative sa perspective sur la Chine, citant des risques croissants pesant sur les perspectives des finances publiques du pays. Selon un sondage de Reuters, l’économie chinoise a probablement progressé de 4,6% au premier trimestre par rapport à l’année précédente, tandis que les exportations ont probablement diminué en mars. L’indice des prix à la consommation de la Chine a chuté de 1 % en glissement mensuel tandis que la déflation des prix à la production persistait, ce qui indique une demande encore faible malgré les signes indiquant que l’économie en difficulté reprend un certain élan.

COTON

Dégringolade du coton dont les cours ont clôturé hier sur l’ICE à 83,370 cents la livre pour l’échéance mai contre 86,250 cents vendredi dernier. Ils avaient déjà affiché leur plus forte perte hebdomadaire en cinq mois la semaine dernière. Une chute provoquée par les spéculateurs qui quittent le marché en réduisant leur position nette tandis que les stocks de coton certifiés gonflent. Une baisse accentuée par la fermeté du dollar et des exportations américaines de coton en berne. Les analystes s’accordent pour estimer qu’une fois la liquidation terminée, le marché rebondira.

Dans son rapport sur l’offre et la demande mondiale de produits agricoles (Wasde) publié hier, le département américain (USDA) a reconduit ses prévisions sur l’offre et la demande aux États-Unis. Au niveau mondial, si l’offre et la demande sont aussi quasiment inchangées, l’USDA a revu à la hausse à près de 44 millions de balles (+700 000 balles) le commerce sous l’impulsion de la Chine. Une hausse du commerce qui bénéficiera à l’Australie, au Brésil et à la Turquie. L’USDA a aussi révisé à la baisse les stocks mondiaux de clôture, environ – 300 000 balles, la diminution des stocks en Afrique de l’Ouest, en Australie et au Brésil a plus que compensé l’augmentation des approvisionnements en Chine.

En Chine, le ministère de l’Agriculture a relevé ses prévisions concernant les importations de coton pour la campagne 2023/24 dans ses perspectives d’avril publiées hier. Les importations de coton pour la campagne se terminant en août devraient atteindre 2,3 millions de tonnes (Mt), contre 2 Mt dans le rapport du mois dernier.

Au Bangladesh, en dépit des défis économiques du pays, le département américain de l’Agriculture (USDA) a maintenu ses prévisions d’importations de coton à 7,5 millions de balles en 2023/24 et anticipe une hausse de 6,7% pour la campagne 2024/25 à 8 millions de balles.

Rappelons que l’Afrique de l’Ouest demeure le principal fournisseur de coton du Bangladesh. Au cours des sept premiers mois de la campagne 2023/24 en date du mois de février, l’Afrique de l’Ouest a expédié 1,42 million de balles, soit 35 % des importations totales du Bangladesh. Se placent ensuite l’Inde (904 000 balles), le Brésil (588 000 balles), les États-Unis (441 000 balles) et l’Australie (422 mille balles).

Au Brésil, l’ONG britannique Earthsight dans un rapport détaillé estime que le coton produit dans certaines fermes est lié à l’accaparement des terres, à la déforestation illégale, à la violence, aux violations des droits de l’homme et à la corruption. Un coton pourtant certifié durable (Lire : La certification du coton durable Better Cotton sur la sellette au Brésil).

HUILE DE PALME

Le marché de l’huile de palme glisse après avoir gagné 3,6% la semaine dernière. Partie de 4 345 ringgits la tonne vendredi dernier sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange, la tonne a clôturé aujourd’hui 4 255 ringgits ($892,97) sur une semaine écourtée.  “Les prix de l’huile de palme rattrapent la récente baisse des prix de l’huile de soja. Après une fermeture du marché de deux jours, l’huile de palme s’adapte désormais à la baisse des prix des huiles végétales concurrentes“, estime un revendeur basé à New Delhi.

Les stocks d’huile de palme ont chuté ces derniers mois suite à la baisse de la production et à l’augmentation des exportations, mais la tendance pourrait s’inverser avec une hausse de la production et alors que les acheteurs comme l’Inde se tournent vers des huiles concurrentes moins chères (voir ci-dessous), a ajouté le négociant. Toutefois, les exportations de produits malaisiens à base d’huile de palme entre le 1er et le 10 avril ont augmenté de 12,7% à 431 190 tonnes par rapport au mois précédent, selon Intertek Testing Services.

En Inde, les importations indiennes d’huile de palme ont plongé en mars à leur plus bas niveau en 10 mois, la hausse des prix ayant incité les raffineurs à remplacer l’huile de palme par de l’huile de tournesol selon le rapport de la Solvent Extractors’ Association of India (SEA). Les importations d’huile de palme ont chuté d’environ 2,5 % en mars par rapport au mois précédent pour s’établir à 485 354 tonnes métriques. La baisse des stocks d’huile de palme dans les pays producteurs a fait grimper les prix, incitant les acheteurs indiens à abandonner l’huile de palme au profit de l’huile de tournesol, selon B.V. Mehta, directeur exécutif de la SEA. Quant aux importations d’huile de tournesol, elles ont grimpé d’environ 50 % à 445 723 tonnes, le deuxième plus élevé jamais enregistré. Les importations d’huile de palme brute (CPO) sont proposées à environ $1 040 la tonne CAF en Inde pour livraison en mai, tandis que l’huile de soja et l’huile de tournesol sont proposées respectivement à environ $1 015 et $975 la tonne, chez les revendeurs. En mars, les importations d’huile de soja ont bondi de 26,4% à 218 604 tonnes par rapport au mois précédent, et étaient bien inférieures à la moyenne mensuelle des importations de 306 000 tonnes observée au cours de la dernière campagne commerciale terminée le 31 octobre. L’augmentation des importations d’huile de tournesol et d’huile de soja a porté les importations totales d’huile comestible de l’Inde en mars au plus haut niveau en six mois à 1,149 million de tonnes, en hausse de 18,8% par rapport au mois précédent.

RIZ

Les prix à l’exportation en Asie sont inchangé en Inde et au Vietnam et en hausse en Thaïlande.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5 % ont grimpé à $585-$590 la tonne contre $ 570 la semaine dernière. Une hausse impulsée par la fermeté de la demande indonésienne.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% sont inchangés à $540-$548 la tonne. “Sur le marché local, l’offre est suffisante, mais la demande des acheteurs asiatiques et africains a ralenti ces derniers jours“, a déclaré un exportateur basé à Mumbai.

L’Inde devrait connaître une mousson normale en 2024, a annoncé mardi l’agence privée de prévisions météorologiques Skymet, promettant un certain répit après la prévision de jours de canicule plus que la normale au cours de l’été précédant la saison des pluies de juin à septembre. Les pluies de mousson devraient représenter 102 % de la moyenne sur longue période de 868,6 mm pour la période de quatre mois, a précisé Skymet.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% sont aussi inchangé à $580 la tonne. “Les prix intérieurs du paddy sont toutefois en légère hausse car les approvisionnements montrent des signes de diminution, tandis que l’intrusion de l’eau salée dans certaines provinces du delta du Mékong menace la production de riz“, indique un négociant basé à Hô Chi Minh-Ville.

Les exportations de riz du Vietnam au premier trimestre ont augmenté de 17,8% par rapport à l’année précédente pour atteindre 2,18 millions de tonnes (Mt), selon les données douanières du gouvernement. Sur le mois de mars, les exportations ont grimpé de 99,7% par rapport à février à 1,12 Mt pour une valeur de $709 millions, en augmentation de 90,1%.

Le Cambodge a exporté 166 451 tonnes de riz usiné au premier trimestre 2024, en baisse de 5,7% par rapport à la même période en 2023, pour une valeur de $123,6 millions, en baisse de 1,9%, selon la Fédération cambodgienne du riz.

SUCRE

Mouvement baissier sur le marché du sucre. Le roux coté à New York est passé de 21,99 cents la livre vendredi dernier à 20,85 cents hier soir sur l’échéance mai. Quant au sucre blanc, la tonne a clôturé hier à $628,10 contre $646,90 vendredi dernier.

En Inde, la mousson devrait être probablement normale cette année ce qui pourrait bénéficier à la production de sucre. De même on s’attend à une production plus forte que prévue en Thaïlande et les récentes pluies dans la principale région sucrière du Brésil amélioreront les perspectives de récolte de cette année.

Selon LSEG Commodities Research & Forecast, la production de canne à sucre en Thaïlande pourrait atteindre 82,5 millions de tonnes (Mt) en 2023/24, en hausse de 5,5 % par rapport à la dernière mise à jour. Les informations de l’industrie ont rapporté que la production de sucre de la Thaïlande pour 2023/24, de décembre à mars, s’élevait à 8,75 Mt, soit plus que l’estimation de Thai Sugar Millers Corp de 7,5 Mt en février.

En Europe, la production de betterave sucrière des 27 plus Royaume-Uni est estimée à 120 millions de tonnes en 2024/25, en hausse de 1,7 % par rapport à la saison dernière, soutenues par des pluies abondantes et des réglementations sur les pesticides, indique LSEG Commodities Research & Forecast.

Au Brésil, le producteur d’éthanol Atvos va construire une usine de biométhane dans l’État du Mato Grosso do Sul, avec des investissements estimés à plus de 350 millions de reais ($69,4 millions), indique un communiqué du groupe. L’usine de biométhane devrait avoir une capacité de 28 millions de mètres cubes par culture et sera la première d’Atvos basée sur les déchets de canne à sucre. Il sera situé à Nova Alvorada do Sul, où Atvos – soutenu par l’investisseur public d’Abu Dhabi Mubadala Capital – possède déjà une usine d’éthanol. L’usine représentera “l’entrée d’Atvos sur le marché du gaz naturel renouvelable, avec la différence de le produire à grande échelle pour répondre à une demande qui ne cesse de croître“, a déclaré le PDG Bruno Serapiao dans un communiqué de presse. Le projet fera l’objet d’une analyse technique avant d’obtenir l’approbation finale, et la construction devrait commencer cette année, précise Atvos.

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