La Chronique matières premières agricoles au 13 avril 2023

 La Chronique matières premières agricoles au 13 avril 2023
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Les principales bourses ont clôturé en hausse hier soir, toujours soutenues par l’espoir d’une accalmie dans le resserrement monétaire des banques centrales. Après la publication des statistique des prix à la consommation aux Etats-Unis montrant un ralentissement plus marqué que prévu en mars, les prix à la production américaine ont pour leur part affiché une contraction de 0,5% le mois dernier par rapport à février. Sur le plan de la conjoncture, les inscriptions au chômage aux Etats-Unis ont, elles, augmenté plus que prévu la semaine dernière, à 239 000. En outre, les publications trimestrielles aujourd’hui des comptes financiers des grandes banques de Wall Street devraient inciter à une certaine prudence.

Ceci dit, cs nouvelles données alimentent l’espoir d’une pause prochaine dans le cycle de resserrement monétaire de la Réserve fédérale américaine, les marchés tablant désormais sur une ultime hausse de 25 points de base des taux de la banque centrale en mai. Emboîtant le pas à la Banque du Canada, à la banque centrale australienne et à la Banque de Corée du Sud, l’Autorité monétaire de Singapour (MAS) a, à son tour, décidé vendredi d’observer une pause dans le relèvement de ses taux d’intérêt pour la première fois depuis avril 2021.

En zone euro, où le cycle de hausse des taux de la Banque centrale européenne (BCE) a démarré plus tard, plusieurs responsables de l’institution européenne ont plaidé jeudi pour de nouveaux relèvements des coûts d’emprunt au regard notamment de la persistance de l’inflation sous-jacente mais des sources ont déclaré à Reuters que la BCE pourrait opter pour une hausse limitée de ses taux de 25 points de base en mai.

Le dollar était hier soir à un creux de deux mois face à un panier de devises de référence et d’un an contre l’euro qui a terminé à $ 1,1051. Le billet vert est affecté par le ralentissement de l’inflation aux Etats-Unis.

Quant au pétrole, les cours du Brent ont terminé à $ 86,61 le baril et le brut léger américain (WTI)à $ 82,64.

CACAOCAFÉCAOUTCHOUCCOTONHUILE DE PALME –  RIZSUCRE

CACAO

Partie de £ 2 181 sur l’échéance juillet, la tonne de cacao a clôturé hier soir à £ 2 190 après avoir franchi mercredi le seuil de résistance des £ 2 200 pour atteindre £ 2 206, puis se rétracter. A New York, de $ 2 870 en fin de semaine dernière, les fèves ont terminé hier à $ 2 915.  Rappelons que cette campagne sera sans doute déficitaire, comme la précédente.

Le marché est, cette semaine, dans l’attente des publications de broyages sur le premier trimestre 2023 des grandes régions du monde, baromètre de la consommation et donc de la santé de la filière en pleine période de turbulences économiques mondiales. Les chiffres pour l’Europe sont tombés hier matin, avec une croissance modeste de 0,5% à  375 375 tonnes (t) mais une belle progression de 4% pour la seule Allemagne qui atteint 101 923 t (Lire : Les broyages de cacao en Allemagne bondissent de 4% contre 0,5% pour toute l’Europe).

Côté production, le négoce souligne que les arrivages de fèves aux ports d’Abidjan et de San Pedro demeurent bien inférieurs aux volumes enregistrés l’année dernière, avec 1,8 Mt enregistrées entre le 1er octobre et le 9 avril, en baisse de 7% par rapport à la même période correspondante, selon les estimations des exportateurs.

CAFÉ

Le café Robusta a clôturé hier soir à $ 2 382 après avoir touché en cours de séance un plus haut en onze and et demi à $ 2 401 ; il était encore à $ 2 299 jeudi dernier sur l’échéance mai. L’Arabica n’est pas en reste, la livre (lb) grimpant de $ 1,836 en fin de semaine dernière à $ 1 944 à la clôture hier soir, après avoir atteint $ 1,9810 au plus haut en six mois.

Les exportations du Vietnam vont bon train. Le n°1 mondial du Robusta a exporté 210 372 tonnes (t) en mars, en hausse de 5,2% par rapport à un an auparavant, selon les statistiques douanières. En valeur, la progression est encore plus importante, de l’ordre de 10,9% à $ 482 millions.

Au Brésil, le cabinet de conseil Safras & Mercado a estimé lundi que la nouvelle récolte de café 2023/24 serait en hausse de 13% sur la précédente et atteindrait 66,6 millions de sacs de 60 kg (Ms) contre la fourchette de 65 Ms à 67,1 Ms estimée précédemment. Ce ne serait quasiment que le fait de l’Arabica dont la production est prévue bondir de 21 % à 43,5 Ms alors que celle de Robusta n’augmenterait que de 1% à 23,15 Ms. Ceci résulte des conditions météorologiques très favorables ces derniers mois au Brésil. Safras estime que la nouvelle récolte permettra une recomposition partielle des stocks du Brésil et pourrait tirer à la baisse les prix ; les exportations atteindraient 44 Ms en 2023/24, selon safras, soit 21 % de plus que lors de la récolte précédente.

Notons qu’un sondage Reuters publié plus tôt cette année avait donné une estimation de 67,1 Ms mais le courtier StoneX la prévoit plutôt de l’ordre de 62,3 Ms.

CAOUTCHOUC

Le caoutchouc a légèrement progressé cette semaine avec une clôture hier sur l’Osaka Exchange à 206,5 yens ($1,55) le kilo contre 204,6 yens vendredi dernier. Même tendance sur le marché de Shanghai. Partis de 11 625 yuans la tonnes, il s’est établi hier à 11 680 yuans ($1 699,4) la tonne. Le caoutchouc se négocie toujours dans la même fourchette avec une demande faible et une hausse des stocks en Chine tandis que les perspectives économiques mondiales restent moroses.

En Malaisie, la production de caoutchouc naturel a baissé de 7% au mois de février  par rapport au mois de janvier pour s’établir à 27 209 tonnes et de 2,7% en glissement annuel, selon le département des statistiques (DoSM). Les stocks ont diminué de 1,5% à 191 636 tonnes en février et les exportations ont grimpé de 18,4% pour atteindre 48 393 tonnes.  Le prix mensuel moyen du latex concentré a progressé de 7,3% en février 2023 à 538,55 sen par kilo. Les prix de l’ensemble du caoutchouc malaisien standard ont augmenté de 1,2 % à 7,2 %.

COTON

Le marché du coton est quasi-stable cette semaine avec une clôture hier sur l’ICE à 83,35 cents la livre contre 83,20 cents la semaine dernière. Le rapport sur l’offre et la demande mondiales en produits agricoles (WASDE) du Département de l’agriculture des États-Unis (USDA) publié cette semaine était plutôt neutre, voir baissier. Aux Etats-Unis, l’USDA a réduit les stocks de clôture en 2022/23 en relevant ses prévisions d’exportation, la production et la consommation étant inchangées. En revanche, au niveau mondial, les stocks de clôture ont été rehaussés suite à la hausse de la production mondiale – l’augmentation de la production chinoise compensant largement la baisse de celle du Brésil – et à la baisse du commerce mondial, au plus bas depuis 6 ans,  en raison de la baisse des importations de la Chine, en Turquie et au Bangladesh. Du côté des exportations, la baisse des expéditions du Brésil et de Inde a  partiellement composé  la hausse de celles de l’Australie et des États-Unis. A noter que l’USDA a revu à la baisse (-100 000 balles) les exportations de coton du Bénin.

Le rapport hebdomadaire sur les ventes américaines de coton ont montré une chute des ventes nettes de 43% par rapport à la semaine dernière mais les exportations sont en hausse de 34% avec comme premiers marchés le Vietnam et la Chine. Les ventes sont faibles mais les embarquements très soutenus cette semaine.

En Inde, les exportations de coton devraient chuter fortement pour 2022-2023 et se situer pour la première fois depuis environ deux décennies au même niveau que ses importations selon  l’USDA. Les exportations indiennes de coton baisseraient  de 500 000 balles à 1,8 million balles en 2022/23, ce qui équivaut à peu près à ses prévisions d’importation. “La baisse de l’offre intérieure, l’augmentation de la demande de qualités étrangères de fibres longues et extra-longues et l’Accord de coopération et de commerce économiques entre l’Australie et l’Inde (ECTA) ont tous soutenu cette dynamique récente“, souligne l’USDA.

En mars dernier, la Cotton Association of India (CAI) a indiqué que  les stocks indiens pourraient chuter à un creux de près de deux décennies en 20222/23, les mauvaises conditions météorologiques réduisant les rendements des cultures. “La taille de la récolte indienne est bien inférieure à l’estimation initiale. Le pays va produire un très petit excédent. C’est pourquoi les prix locaux sont fermes et il n’y a pas de parité pour les exportations“, a déclaré un revendeur basé à Mumbai .”Dans les mois à venir, les approvisionnements continueraient de baisser. Les exportations ne prendront de l’ampleur qu’après le début des récoltes de la nouvelle saison à partir d’octobre“. Bien que l’Inde devait être le troisième exportateur mondial, avec environ 1,8 million de balles en 2022/23, ce chiffre était encore bien inférieur aux 6,2 millions réalisées en 2021/22, a déclaré l’USDA.

HUILE DE PALME

En dépit d’une baisse record des stocks d’huile de palme au mois de mars en Malaisie, les cours se sont inscrits en légère baisse sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange avec une clôture hier à 3 715 ringgits ($844,70) la tonne contre 3 800 ringgits vendredi dernier. Une baisse attribuable à la forte offre des autres huiles végétales et à un resserrement des prix  des huiles du tournesol ou du colza  par rapport à l’huile de palme. En outre, les exportations d’huile de palme de Malaisie du 1er au 10 avril ont chuté de 16,2% à 35,6% par rapport au mois précédent, selon les données des inspecteurs du fret. Enfin le ringgit s’est apprécié.

En Malaisie, les stocks d’huile de palme ont chuté de 21,08% à la fin mars par rapport au mois précédent pour s’établir à 1,67 million de tonnes (Mt) selon les données du  Malaysian Palm Oil Board (MPOB).  La production d’huile de palme brute du deuxième producteur mondial a augmenté de 2,77 % par rapport à février pour atteindre 1,29 Mt tandis que les  exportations ont bondi de 31,76 % à 1,49 Mt, les acheteurs s’approvisionnant avant le mois sacré musulman du Ramadan. Les importations reculent de 32%.

Dans l’Union européenne, les importations de soja en 2022/23 qui a débuté en juillet ont  chuté de 12,8% par rapport à  2021/22 à 9,47 millions de tonnes (Mt) tandis que celles de colza ont grimpé de 58,6% à  6,36 Mt. Les importations d’huile de palme sont en recul de 23% à 3,06 Mt.

RIZ

Les principaux exportateurs de riz en Asie ont vu les prix progresser cette semaineavec une hausse de la demande.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% ont progressé à $385-$392 la tonne contre $383-$389 la semaine dernière, soutenus par l’appréciation de la roupie mais aussi une hausse de la demande.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% ont grimpé à $465- $470 la tonne contre $460 la semaine dernière. “La demande de riz vietnamien reste forte alors que les exportations du pays au premier trimestre ont fortement augmenté“, a déclaré un négociant basé à Ho Chi Minh-Ville. Les données gouvernementales publiées plus tôt cette semaine ont montré que le Vietnam avait exporté 1,85 million de tonnes de riz entre janvier et mars, en hausse de 23,4 % par rapport à l’année précédente (Lire : Le Vietnam pulvériserait ses records à l’export de riz en 2023).

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% ont très légèrement progressé à $485-$490 la tonne contre à $485-$482  la semaine précédente. Avec la fin de la saison, l’offre intérieure se resserre tandis que les exportateurs sont aux achats pour satisfaire les commandes, notamment en provenance d’Indonésie.

Aux Philippines, la National Food Authority (NFA) doit renforcer ses stocks tampons pour les opérations de secours d’urgence, mais l’augmentation de ses achats auprès des agriculteurs locaux pourrait faire grimper les prix intérieurs, a déclaré vendredi le palais présidentiel dans un communiqué. Le stock de riz de fin d’année des Philippines est estimé à 1,69 million de tonnes, soit l’équivalent d’un stock tampon de 45 jours, juste la moitié du stock idéal de 90 jours nécessaire pour stabiliser les prix. Ainsi, la NFA propose d’importer 330 000 tonnes de riz pour couvrir le déficit attendu de son stock régulateur.  À l’heure actuelle, seuls les commerçants privés sont autorisés à importer du riz.

Le Bangladesh, qui achète du riz aux agriculteurs locaux pour assurer un prix de soutien, constituer des stocks pour les programmes de protection sociale de l’État et répondre aux besoins d’urgence, augmentera les prix à 44 taka ($0,41) le kilogramme, contre 40 taka ($0,38) il y a un an. Le gouvernement achètera 1,2 million de tonnes de riz aux agriculteurs locaux du 7 mai au 31 août.

SUCRE

On n’arrive plus à suivre le sucre… ! Parti de 23,61 cents jeudi dernier à new York, la livre (lb) a atteint 24,85 cents mercredi sur l’échéance mai. Pour Il faut remonter à avril 2012 pour retrouver un tel niveau de prix. Hier, elle est retombée et a clôturé à 24,04 cents. Quant au blanc coté à Londres, la tonne a franchi mercredi aussi la barre des $ 700 à $ 706,90, son niveau de prix le plus élevé en 11 années, pour terminer hier soir à $ 690,20 contre $ 673,20 jeudi dernier.

On a toujours les yeux rivés sur la situation étroite en Inde, en Chine et en Thaïlande car les récoltes 2022/23 seraient plus basses que les précédentes et l’impact du phénomène météorologique El Niño sur la récolte 2023/24 continue d’inquiéter. Par conséquent, les marchés surveillent comme le lait sur le feu la forte montée en puissance de la récolte au Brésil : dans sa ceinture de production du centre-sud, on devrait enregistrer la deuxième meilleure récolte de tous les temps. Cependant, la logistique inquiète car le pays s’achemine aussi vers une production record de soja et de maïs et la concurrence pour de la place sur les navires va être très forte. Ce qui aura, inévitablement, aussi, un impact haussier sur le prix du fret en partance du Brésil.

En Chine, le ministère de l’Agriculture a réduit ses prévisions de production nationale de sucre à 9 Mt contre les 9,33 Mt avancées le mois dernier car la météo n’a pas été favorable et les maladies et ravageurs ont endommagé les cultures. Sans surprise donc, les prévisions de prix sur le marché national ont été revues à la hausse et atteindraient $ 1 815,44 la tonne sur la base d’un cours international que le gouvernement place dans une fourchette allant de 18,5 à 22,5 cents la livre.

Aux Etats-Unis, les importations de sucre ont été très importantes en mars malgré les droits de douane élevés, car les raffineurs ont voulu garantir leur approvisionnement. Notons qu’habituellement, le pays importe 30% de ses besoins, essentiellement du Mexique mais aussi de pays qui bénéficient d’un tarif préférentiel (TRQ) dans le cadre d’un accord conclu selon les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Cependant, plusieurs pays ont reçu leurs allocations de TRQ des Etats-Unis mais n’ont pas expédié de sucre ou pas à la hauteur de leur quota, essentiellement car ces pays manquent sans doute de produit. En conséquence, les raffineurs américains doivent maintenant importer de pays ne bénéficiant pas de tarifs négociés avec les Etats-Unis, donc au prix fort, et ce malgré que Washington ait réalloué le mois dernier 250 000 t des importations TRQ non honorées. Le département américain de l’Agriculture (USDA) estime que seulement 46,5% de la réallocation, soit 114 905 tonnes courtes (104 240 tonnes métriques), seront effectivement importées aux Etats-Unis.

 

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