La Chronique Matières premières agricoles au 21 décembre 2023

 La Chronique Matières premières agricoles au 21 décembre 2023

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Les bourses ont fini la semaine en ordre dispersée tandis que s’achemine un long week-end pour les fêtes de Noël.

La bourse de New York a terminé hier en hausse les indicateurs confortant les anticipations des marchés sur une baisse des taux de la Réserve fédérale américaine l’an prochain. Les Etats-Unis ont enregistré une croissance de leur PIB de 4,9% au troisième trimestre après une hausse de 2,1% au deuxième trimestre.

En revanche, les bourses européennes ont terminée en baisse. Les investisseurs ont affiché un certain attentisme alors que la séance d’aujourd’hui sera principalement marquée par la publication de l’indice PCE des prix outre-Atlantique, mesure privilégiée de l’inflation par la Fed.

En Asie, les bourses sont aussi en ordre dispersé avec la Bourse de Tokyo qui termine en légère hausse avec le ralentissement de l’inflation tandis que celle de Hong Kong finie dans le rouge avec la chute des sociétés technologiques chinoises dont la première mondiale Tencent.

Le marché pétrolier rebondit aujourd’hui et s’achemine vers un gain hebdomadaire de près de 5% lié aux tensions géopolitiques et aux attaques en mer Rouge.

Hier, le Brent s’est affiché à $78,87 le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) à $73,37.

CACAO

Le cacao est toujours à la fête avec des cours qui se maintiennent à des niveaux élevés toujours avec en toile de fonds le resserrement des approvisionnements. Sur le marché à terme de Londres, la tonne est passée de £ 3 549 la tonne en fin de semaine dernière à £ 3 570 hier soir sur l’échéance mars. A New York, les fèves ont clôturé hier à $4 299 la tonne sur l’échéance mars contre $4 244 vendredi dernier.

En Côte d’Ivoire, les estimations de la production 2023/24 ont été revues à la baisse. La maladie du swollen shoot, endémique en Afrique de l’Ouest, se propage rapidement dans onze des treize régions productrices de cacao en Côte d’Ivoire. Conséquence, les prévisions de la production ivoirienne de cacao en 2023/24 ont été revues à la baisse. Elle devrait atteindre 1,75 million de tonnes (Mt) en 2023/24, contre une prévision précédente de 1,8 Mt en septembre, selon plusieurs sources interrogées par Reuters. La récolte principale de la Côte d’Ivoire d’octobre à mars est désormais attendue à 1,3 Mt, tandis que la récolte intermédiaire de mi-avril à septembre est estimée à 450 000 tonnes. En 2022/23, le pays avait produit 2,3 Mt de cacao.

Reflet de la faiblesse de la production, les arrivées de cacao dans les ports de Côte d’Ivoire se sont élevés à 674 000 tonnes au 17 décembre depuis le début de la saison le 1er octobre, en baisse de 36,4% par rapport à la même période de la saison dernière, selon les exportateurs. Environ 30 000 tonnes de fèves ont été livrées au port d’Abidjan et 32 000 tonnes à San Pedro entre le 11 et le 17 décembre pour un total de 62 000 tonnes, contre 106 000 tonnes la même semaine de la saison précédente.

Toujours en Côte d’Ivoire, les broyages de cacao étaient en recul de 16% au mois de novembre sur une base annuelle, selon le Groupement professionnel des exportateurs de café et de cacao de Côte d’Ivoire (Gepex). Depuis le début de la campagne 2023/24 en octobre, les broyages sont en baisse de 6%.

Quant au Ghana, le Cocobod a enfin signé un prêt syndiqué de $800 millions avec des banques pour  financer l’achat de fèves de la campagne cacaoyère 2023/24, qui a démarré en septembre, selon une déclaration à Reuters du directeur adjoint, Ray Ankrah. Il est prévu de retirer les premiers $600 millions dès cette semaine. Habituellement accordé au début de la saison, le prêt de cette année a connu des retards alors que ce pays d’Afrique de l’Ouest est aux prises avec sa pire crise économique depuis une génération et tente de restructurer ses dettes bilatérales et commerciales. Les conditions du prêt n’ont pas changé par rapport à celles présentées au Parlement le mois dernier. En novembre, le parlement ghanéen a donné son feu vert à la transaction, permettant au conseil d’administration du Cocobod de finaliser les formalités administratives avec les banques participantes. Selon les conditions présentées aux législateurs, le Cocobod paiera des intérêts de près de 8 %, qui comprennent le taux de financement au jour le jour (SOFR) à un mois actuellement d’environ 5,3 % et une marge de 2,65 %.

Le Cocobod a officiellement prévu une production d’environ 800 000 tonnes pour la saison 2023/24, mais des sources industrielles estiment que la récolte du Ghana serait plus proche de 600 000 tonnes.

CAFÉ

Le café grimpe à nouveau, le Robusta atteignant à nouveau un plus haut de 15 ans. Le Robusta poursuit sur sa lancée, grimpant hier à $ 2 964 la tonne sur mars contre $ 2 825 vendredi dernier. L’Arabica progresse aussi à hier $1 936 la tonne contre $1 893 vendredi dernier.

Le Robusta est soutenu par la faiblesse des stocks dans les principaux pays consommateurs et par des conditions météorologiques défavorables dans la plus importante région productrice de Robusta du Brésil. La plus grande coopérative de café Robusta du Brésil, Cooabriel estime que le temps sec et chaud pourrait réduire de 15 à 25% la production de l’année prochaine. Quant au premier producteur mondial de Robusta, le Vietnam, la récolte est achevée à environ 75% mais les producteurs de vendent pas tablant sur une éventuelle hausse des prix.

Toutefois, les stocks mondiaux de café à la fin de la campagne 2023/24 devraient atteindre leur plus bas niveau depuis 12 ans, avec une production proche de l’utilisation totale, estime le département américain de l’Agriculture (USDA).

Au Vietnam, les prix intérieurs ont atteint un nouveau record cette semaine. La récolte s’achève mais les agriculteurs vendent peu dans l’espoir de voir encore les prix monter.

Les agriculteurs dans les Central Highlands, la plus grande région productrice de café du Vietnam, vendaient des grains entre 69 700 et 70 200 dongs ($2,86 à $2,89) le kilo, contre 63 500 à 66 000 dongs la semaine dernière. A l’export, le Grade 2, 5 % grains noirs et cassés, s’est vendu à un prix premium de 60 à 70 $ pour le contrat de mars, contre 40 à 60 $ la semaine dernière. Un autre trader a cité une prime de 160 $ par rapport au contrat de janvier.

En Indonésie, les grains de café Robusta de Sumatra ont été proposés cette semaine à un prix supérieur de $540-$550 par rapport au contrat de janvier-février, inchangé par rapport à la semaine dernière.

CAOUTCHOUC

Reprise du marché du caoutchouc en fin de semaine même si elle pourrait être de courte durée. Sur l’Osaka Exchange, les cours ont clôturé hier à 242,5 yens ($1,70) contre 238,1 yens vendredi dernier. Sur le Shanghai futures exchange, ils sont passés de 13 520 yuans la tonne à hier 13 875 yuans ($941,13).

Une hausse alimentée par les cours du pétrole. Mais aussi par la perturbation du transport dans la Mer Rouge à la suite des attaques répétées des Houthis du Yémen dans le détroit de Bab El Mandeb poussant les grandes compagnies maritimes à éviter le canal de Suez. Les perturbations dans la mer Rouge provoquent des détournements d’approvisionnement et créent de l’incertitude“, souligne un négociant. Ajoutant “Par mesure de précaution contre d’éventuels délais de livraison prolongés et des distances accrues, les acheteurs pourraient être enclins à obtenir des volumes d’achat plus élevés, contribuant ainsi à la pression à la hausse.” Ces deux derniers jours la demande de fret au comptant était élevée.

Néanmoins, cette hausse des prix pourrait être temporaire, étant donné le changement limité de l’intérêt des acheteurs chinois, qui a été modéré. De plus, l’important stock des entrepôts décourage les nouveaux achats“, souligne Farah Miller, PDG d’Helixtap Technologies. Vendredi dernier, les stocks de caoutchouc dans les entrepôts surveillés par la Bourse à terme de Shanghai ont augmenté de 6,3 % par rapport à la semaine précédente.

COTON

En l’absence de demande, le marché du coton est léthargique. Certes c’est la fin de l’année qui s’accompagne d’un ralentissement des volumes et des échanges mais l’activité demeure modérée dans les secteurs liés à l’habillement.

Nous constatons que les stocks de fils sont encore anormalement élevés en Chine. De plus, les ventes de fils de rayonne et de polyester diminuent, ce qui fait que l’environnement en aval est globalement faible pour tout ce qui a trait à l’habillement “indique Louis Barbera, associé et analyste chez VLM Commodities.

Les faibles soutiens du marché viennent des prix élevés du pétrole et du Brésil où des goulots d’étranglement dans son principal port d’expédition limite ses exportations.

Il faudra quelques mois avant que le marché du coton commence vraiment à bouger“, affirme Jon Marcus, président de Lakefront Futures and Options, qui s’attend à ce que les prix restent dans une fourchette limitée d’ici à ce que le Nouvel An lunaire en Chine offre un catalyseur.

Dans ses prévisions pour la campagne 2023/24, le spécialiste Cotlook a revu à la hausse les stocks mondiaux de clôture à 559 000 tonnes (contre 188 000 tonnes en novembre) suite à un relèvement la production mondiale de 75 000 tonnes, les baisses enregistrées aux États-Unis et chez les petits producteurs ayant été plus que compensées par des chiffres plus élevés pour la Chine, l’Afrique Zone Franc et l’Ouzbékistan. Mais surtout, la consommation mondiale a été réduite de 296 000 tonnes, en baisse surtout en Chine et aux Etats-Unis.

En Inde, la production de coton pourrait diminuer d’environ 8 % à 294,10 lakh balles (29,410 millions de balles) au cours de la saison 2023-24 en raison de la baisse des rendements dans la plupart des régions productrices, selon les estimations de la Cotton Association of India (CAI) publiées jeudi. La production totale de coton au cours de la saison 2022-23 (octobre-septembre) s’est élevée à 318,90 lakh balles (170 kg), selon les données du CAI.

HUILE DE PALME

Les investisseurs ont pris leurs bénéfices après cinq séances consécutives de hausse mais les cours ont néanmoins progressé sur la période sous revue avec une clôture hier sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange à 3741 ringgits ($804) la tonne contre 3699 ringgits vendredi dernier.

L’huile de palme est portée par la baisse des stocks en Malaisie– ils ont diminué pour la première fois en sept mois en novembre (voir notre précédente Chronique) – et des préoccupations croissantes concernant les conditions climatiques sèches qui réduisent la production dans les principaux pays producteurs.

Une impulsion a été aussi donnée par la décision du Brésil d’augmenter son mélange obligatoire de biodiesel dans le diesel à partir de l’année prochaine.  Cette décision pourrait réduire les exportations brésiliennes d’huile de soja, ce qui augmenterait la demande d’huile de palme, selon Anilkumar Bagani, responsable de la recherche chez Sunvin Group. En outre, l’Argentine chercherait à augmenter les taxes à l’exportation pour l’huile et les tourteaux de soja.

Toutefois, les exportations malaisiennes de produits d’huile de palme sont en retrait. Du 1er au 20 décembre, elles ont chuté de 8% selon Intertek Testing Services.

Les cours de l’huile de palme en Malaisie devraient encore baisser l’année prochaine après un rebond de courte durée en novembre anticipe Fitch Ratings. L’excédent de l’offre devrait pousser les prix de l’huile de palme à en moyenne $650 la tonne en 2024, contre $ 840 environ en 2023. Selon l’agence, la production d’huile de palme en Indonésie et en Malaisie a augmenté d’environ 8 % au premier semestre 2023 et la tendance à la hausse de la production devrait se poursuivre au moins jusqu’au premier semestre 2024.

L’Indonésie a exporté 3,00 millions de tonnes de produits à base d’huile de palme en octobre, soit une baisse de 31 % par rapport à l’année précédente, selon les données de l’Association indonésienne de l’huile de palme (GAPKI).

L’Inde devrait prolonger à mars 2025, les droits d’importation réduits sur les huiles comestibles – palme, tournesol et soja – et ce afin de tenter de limiter la hausse des prix intérieurs. La mesure devait normalement expirer en mars 2024.

RIZ

Les prix du riz étuvé des principaux exportateurs ont grimpé cette semaine, alimentés par des approvisionnements limités, poussant les prix vietnamiens à leur plus haut niveau depuis plus de 15 ans et poussant à leur tour la variété indienne la moins chère à son plus haut niveau en deux mois.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% ont grimpé à $660-$665 la tonne, son plus haut niveau depuis la mi-juillet 2008, contre $655-$660 la semaine dernière à la suite d’un approvisionnement restreint.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% ont aussi progressé à $505-$512 la tonne, son plus haut niveau en deux mois, contre $499-$506 de la semaine dernière. “En raison de l’écart grandissant entre les prix indiens et ceux des autres pays, les acheteurs sont désormais prêts à accepter des prix plus élevés“, a déclaré un exportateur de la ville de Calcutta.

La production de riz de l’Inde devrait chuter cette année, pour la première fois en huit ans, ce qui rend plus probable que New Delhi étende les restrictions à l’exportation pour maintenir les prix à un niveau bas avant les élections générales prévues l’année prochaine.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5 % ont atteint un plus haut niveau depuis août, entre $646-$650 la tonne contre $640 dollars. Une hausse alimentée par l’augmentation des commandes en provenance des Philippines cette semaine.

En Indonésie, le président Joko Widodo a déclaré que son gouvernement avait obtenu des engagements d’importation de riz de l’Inde et de la Thaïlande pour renforcer l’approvisionnement pour 2024. L’agence nationale d’approvisionnement alimentaire Bulog a signé un accord initial pour 1 million de tonnes (Mt) en provenance de l’Inde, tandis que l’Indonésie avait obtenu un engagement de 2 Mt auprès de la Thaïlande.

La production indonésienne de riz a chuté cette année à 30,9 Mt contre 31,53 Mt il y a un an.

SUCRE

Nouvelle dégringolade du sucre ! Partis vendredi dernier de 21,99 cents la livre les cours du sucre roux à New York sont tombés hier soir à 20,24 cents, un plus bas de neuf mois. A Londres, le sucre blanc est passé de $ 626,80 la tonne à hier $ 586,76 la tonne sur l’échéance mars.

La production de sucre du Brésil se dirige vers un nouveau record, ce qui signifie que le marché ne devrait plus enregistrer de déficit en 2023/24. Toutefois, estiment les négociants, à plus long terme, le premier producteur mondial de sucre aura du mal à exporter ses vastes réserves, plaçant le marché dans une position privilégiée pour une correction, en particulier compte tenu des inquiétudes persistantes concernant la production de l’Inde et de la Thaïlande.

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