La Chronique matières premières agricoles au 23 mars 2023

 La Chronique matières premières agricoles au 23 mars 2023
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Les inquiétudes liées à la stabilité du système bancaire sont encore vives en cette fin de semaine alors que plusieurs grandes banques centrales, notamment aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Suisse ou encore en Norvège, ont augmenté de 25 ou 50 points de base leurs taux d’intérêt depuis la semaine dernière. En effet, certains traders restent sur leurs gardes car les tensions récentes seraient dues en partie au cycle de hausse rapide des taux de la Réserve fédérale américaine ; ils espèrent donc une pause dans le cycle de remontée des taux américains.

De son côté, la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a assuré hier qu’elle était prête à prendre de nouvelles mesures pour garantir la sécurité des dépôts bancaires des Américains, un jour après avoir écarté l’idée d’une extension de la garantie des dépôts au-delà de la limite actuelle de $ 250 000.

La perspective d’une modération du resserrement monétaire aux Etats-Unis dessert le dollar et le marché des emprunts d’Etat. Le billet vert, qui a enregistré hier soir sa sixième séance consécutive de baisse, a encore glissé. Ainsi, l’euro a atteint près de $ 1,089 après un pic de sept semaines à $ 1,0929.

Côté pétrole, après avoir atteint en début de semaine leur niveau le plus bas depuis fin 2021, les cours du pétrole ont remonté, soutenus par la hausse des prix de l’essence aux Etats-Unis et un dollar plus faible. Le Brent a clôturé hier soir à $ 76,44 le baril et le brut léger américain (WTI) à $ 70,57.

CACAOCAFÉ – CAOUTCHOUCCOTON – HUILE DE PALMERIZSUCRE

CACAO

Belle ascension des cours du cacao durant la période sous revue ! A Londres, partie de £ 2 102 vendredi dernier, la tonne a clôturé hier soir à £ 2 120 tandis qu’à New York elle grimpait de $ 2 738 à $ 2 868, tous deux sur l’échéance mai. Signe de l’étroitesse du produit physique, l’échéance rapprochée sur mai enregistre une forte prime sur juillet, prime qui s’élevait mercredi à $ 35 la tonne.

L’actuelle disponibilité étroite en fèves illustre bien le déficit attendu cette campagne en cours. En outre, les opérateurs craignent que la Côte d‘Ivoire fasse défaut sur certains contrats. Troisième facteur, les spéculateurs ont repris des positions longues après une vague de liquidations de contrats.

Ceci dit, les récentes pluies en Côte d’Ivoire ont été abondantes et font penser à certains que la récolte intermédiaire (avril à septembre) pourrait être plutôt bonne. Quant aux arrivages aux ports d’Abidjan et de San Pedro cette semaine, ils totalisent 1,727 Mt entre le 1er octobre et le 19 mars, en baisse de 5,4% par rapport à la même période la campagne dernière.

Côté entreprises, face aux poursuites judiciaires qui s’accumulent, le géant américain de la confiserie, Hershey’s, a indiqué cette semaine chercher à réduire les “traces” de plomb et de cadmium dans son chocolat, a déclaré mercredi à Reuters son directeur financier Steve Voskiul. Ceci fait suite à la publication en décembre dernier par le Consumer Reports d’une étude indiquant que certaines barres de chocolat noir avaient des niveaux potentiellement nocifs de métaux lourds (lire notre Chronique matières premières du 23 mars 2023).

D’autre part, Barry Callebaut et Nestlé ont signé récemment un accord à long terme pour développer l’agroforesterie sur 11 500 ha en Côte d’Ivoire et mettre en place des paiements pour services écosystémiques (PSE) à plus de 6 000 agriculteurs (lire nos informations : Les paiements pour services écosystémiques de Barry Callebaut et Nestlé aux cacaoculteurs en Côte d’Ivoire).

Chez Olam, le directeur exécutif des opérations cacao, Gerard Manley, va prendre sa retraite en juin après 40 années d’activité dans le cacao. Il sera remplacé par l’actuel responsable des opérations cacao Tejinder Singh Saraon.

CAFÉ

L’Arabica a perdu durant la période sous revue, passant de $ 1,766 la livre (lb) en fin de semaine dernière à $ 2,124 hier soir sur la position mai, les craintes liées aux faillites bancaires s’amenuisant. Le Robusta, coté à Londres, a suivi le chemin inverse, clôturant hier soir à $ 2 124 la tonne contre $ 2 064 en fin de semaine dernière. On s’attend à un déficit mondial sur ce segment du café cette campagne.

D’aiileurs, la semaine dernière, les transactions ont été très faibles au Vietnam, leader sur le marché du Robusta, car les stocks sont bas. Les producteurs dans les Central Highlands ont vendu leur café entre 46 0000 et 48 500 dongs le kilo ($ 1,96 à $ 2,07) contre 46 300 à 47 400 dongs la semaine dernière. A l’export, le Grade 2, 5% brisures et grains noirs, a trouvé preneur avec une décote toujours faible sur Londres, de l’ordre de $ 10 à $ 20 sur le contrat mai, à peu près du même ordre que la semaine précédente.

Quant à l’Indonésie, l’activité a également été faible en raison des fêtes du début du Ramadan qui démarrait hier.

Autre pays producteur de Robusta mais en Afrique cette fois, l’Ouganda dont les exportations ont bondi de 6% en février par rapport à il y a un an, à 478 646 sacs de 60 kg. En effet, les cours mondiaux élevés incitent les exportateurs à déstocker du café, a indiqué mercredi Uganda Coffee Development Authority (UCDA). Rappelons que le pays est le plus important exportateur de café du continent suivi par l’Ethiopie qui exporte de l’Arabica.

Côté Arabica, la prime enregistrée dernièrement sur le produit physique de Colombie et d’Amérique centrale car les volumes étaient faibles, est en train de baisser.

CAOUTCHOUC

Nouvelle baisse du marché du caoutchouc affecté par la nervosité entourant la crise bancaire, les négociants demeurant prudents. Sur l’Osaka Exchange, les cours ont clôturé hier à 206,5 yens ($1,58) le kilo contre 208,5 yens vendredi dernier tandis qu’à Shanghai ils sont passés de 11 675 yuans vendredi dernier à 11 705 yuans la tonne hier.

Selon le dernier rapport de l’Association of Natural Rubber Producing Countries (ANRPC), la production mondiale de caoutchouc naturel devrait augmenter de 2,6% au mois de février pour atteindre 1,040 million de tonnes (Mt) tandis que la demande mondiale grimperait de 7,3% pour atteindre 1,209 Mt.

Le Brésil a fortement augmenté les tarifs d’importation de certains polymères et pneus de fret pour préserver les secteurs nationaux selon la Chambre du commerce extérieur (Camex). Selon elle, les faibles tarifs d’importation de certains plastiques ont eu des “conséquences néfastes” pour le secteur chimique brésilien, car les importations ont augmenté et les prix intérieurs ont chuté. “Le segment (plastique) a déjà enregistré un arrêt dans au moins une ligne de production de résine PET (polyéthylène téréphtalate) à Pernambuco ” indique Camex. Elle ajoute que les producteurs brésiliens de pneus de fret avaient été « confrontés à une baisse de la production » causée par une augmentation des importations et qu’en conséquence, les producteurs menaçaient de « paralyser la production et de procéder à des licenciements ». La hausse des tarifs d’importation a arrêté l’escalade.

Le Cambodge sur les deux premiers mois de l’année a exporté du latex de caoutchouc naturel et du bois pour une valeur de $79,370 millions, en très légère hausse par rapport à la même période en 2022 ($76,88 millions), selon le ministère de l’Agriculture. La valeur moyenne par tonne des exportations de latex de caoutchouc au cours des deux premiers mois de 2023 s’est élevée à$ 1 349 en baisse de $236 sur un an.

COTON

Le marché, tout en étant volatil, s’est stabilisé en dessous de 80 cents la livre, en clôturant hier à 77,58 cents la livre sur l’ICE contre 77,83 cents vendredi dernier. L’environnement macroéconomique continue de dicter le marché.

« Chaque fois que la consommation mondiale baisse depuis deux ans, elle rebondit fortement de 6,6 % en moyenne. Cela indique pour moi que la consommation passera de 110 millions de balles à 118 millions, et je suis optimiste quant au rebond. » a indiqué récemment Joe  Nicosia, vice-président exécutif de Louis Dreyfus Company et chef de la plate-forme coton, repris dans farmprogress.com. Une baisse de la demande imputable selon Joe Nicosia aux taux d’intérêt élevés et aux faibles réserves des banques dans les principaux pays producteurs de textile, en particulier le Pakistan et le Bangladesh. S’ajoutent les catastrophes naturelles au Pakistan et en Turquie. La Chine demeure une question et de savoir si le pays est mesure de revenir à son ancienne utilisation de 40 millions de balles. Se projetant, il estime que l’Inde et la Chine ont la plus grande capacité d’augmenter la consommation et estime que la demande de ces deux pays devraient rebondir.

L’Afrique de l’Ouest, sous les auspices de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (Uemao) a mis en place l’Organisation régionale des interprofessions de la filière coton des Etats membres de l’Uemoa (ORIC-UEMOA) qui regroupe pour l’instant les interprofessions du Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire et Mali (Lire : L’Afrique de l’Ouest du coton se regroupe pour mutualiser ses pratiques et ressources).

La Tanzanie, premier producteur africain de coton biologique, a créé la Tanzania Organic Cotton Association (Toca) regroupant les producteurs et égreneurs de coton biologique.

HUILE DE PALME

Forte glissade de l’huile de palme dont les cours sont à un plus bas de 6 mois à 3 571 ringgits ($808,65) hier sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange contre 3 921 ringgits vendredi dernier. Fortes pertes sur les autres huiles végétales, baisse des cours du pétrole, inquiétudes persistantes concernant la crise bancaire, prudence des investisseurs  poussent les cours de l’huile de palme à la baisse. Mais les fondamentaux demeurent solides. Du côté de la demande, les exportations d’huile de palme de Malaisie sur la période du 1er au 20 mars ont augmenté de 30,4% selon la SGS.

Dans une note, Fitch Ratings estime que les prix de l’huile de palme devraient s’affaiblir au second semestre pour se situer en dessous de $700 la tonne d’ici la fin de l’année en raison de l’augmentation de la production tant en Malaisie qu’en Indonésie avec une amélioration des rendements.  En outre, la pénurie de travailleurs étrangers en Malaisie est traitée rapidement et devrait être résolue d’ici le premier semestre. Toutefois, l’agence de notation ajoute  “Un impact sur l’approvisionnement en huile de tournesol en raison de la guerre russo-ukrainienne est un risque majeur à la hausse pour nos attentes“.

En Indonésie,  la production d’huile de palme 2023/24 est estimée à 46 millions de tonnes (Mt), soit une augmentation de 3 % par rapport à l’année précédente, selon le  département américain de l’Agriculture (USDA). Les agences météorologiques prévoient un développement du modèle météorologique El Nino au cours du second semestre 2023 qui pourrait entraîner une sécheresse sévère.

En Inde, à la faveur d’une forte hausse des superficies semées en hiver, la production de colza devrait grimper de 7,5% cette année pour atteindre un record de 11,5 million de tonnes en 2022/23 (jusqu’en juin 2023) estime la Solvent Extractors ‘Association of India (SEA). Une augmentation qui aidera le premier importateur mondial d’huiles végétales à réduire ses importations.

RIZ

Les prix à l’exportation du riz indien ont prolongé les pertes cette semaine tandis qu’ils se sont stabilisés au Vietnam et sont en hausse en Thaïlande.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% se sont à nouveau abaissés pour s’établir à $380-$385 la tonne,  le plus bas depuis la mi-janvier, contre $382 et $387 il y a une semaine. La demande est atome tandis que les  acheteurs, anticipant de nouvelles baisses de prix, ont reporté leurs achats

Au Vietnam, les prix du Viet 5% sont demeurés inchangés à $450 la tonne cette semaine. “Les activités commerciales reprendront certainement dans les prochains mois en raison de l’augmentation de l’offre de la récolte actuelle et des demandes des acheteurs traditionnels, notamment la Chine et les Philippines“, a déclaré à Reuters un négociant basé dans la province d’An Giang, dans le delta du Mékong, ajoutant que la récolte hiver-printemps sera terminée d’ici la fin du mois de mars.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% ont grimpé à $465 la tonne contre $455 la semaine dernière, une hausse imputable à l’appréciation du bath.

La Thaïlande a relevé son objectif d’exportation à 8 millions de tonnes (Mt) en 2023 (Lire : La Thaïlande exportera plus de riz mais pas spécialement vers l’Afrique). Quant à la production, le département américain de l’Agriculture (Usda) estime que la production de riz pour la campagne 2023/24 devrait atteindre un record quinquennal à 20,4 millions de tonnes (Mt), en hausse de 1% par rapport à 2022/23.

SUCRE

On n’arrête plus le sucre ! Le roux, coté à New York est passé de 20,67 cents la livre (lb) en fin de semaine dernière à 20,89 cents hier soir sur l’échéance mai, tandis que le blanc, coté à Londres, évoluait de $ 585,10 à $ 597,80 la tonne, également sur mai.

Les fondamentaux du marché demeurent haussiers, estiment des négociants interrogés par Reuters, car de nombreuses interrogations demeurent sans réponse sur la situation de producteurs majeurs comme l’Inde et la Thaïlande dont les volumes seraient en nette baisse cette campagne.

Quant au Brésil, le spécialiste Czarnikow estime la production à 37,6 millions de tonnes (Mt) cette campagne, son deuxième volume le plus élevé dans les anales du pays. La récolte dans le centre-sud du pays devrait démarrer prochainement et monter en puissance le mois prochain.

En Ukraine, profitant d’une météo favorable, les agriculteurs de la région centrale de Vinnytsia ont commencé les semis de betteraves sucrières pour 2023, a déclaré mercredi l’analyste APK-Inform. Le ministère ukrainien de l’Agriculture a déclaré cette semaine qu’il s’attendait à ce que la superficie d’ensemencement de betteraves sucrières en 2023 puisse atteindre 220 000 hectares (ha) contre 180 000 ha en 2022. Il prévoit une production de betteraves qui pourrait atteindre 11,3 Mt cette année contre 9,7 Mt en 2022.

En Inde, les raffineries ont produit 28,2 Mt de sucre depuis le début de l’actuelle campagne, le 1er octobre, en baisse de 1% par rapport à la saison dernière, selon l’Indian Sugar Mills Association (Isma). Jusqu’à présent, 194 raffineries ont cessé leurs activités au cours de la campagne 2022/23 contre 78 sur la même période la campagne dernière, plombées par une baisse de l’approvisionnement en canne à sucre. En outre, plus de deux douzaines d’usines du Maharashtra ont cessé de broyer la canne à la fin février (environ deux mois plus tôt que l’année précédente) en raison de conditions météorologiques défavorables.

En Thaïlande, les conditions météorologiques fraîches et sèches ont persisté dans la plupart des régions de canne à sucre au cours des deux dernières semaines. Selon l’Office thaïlandais de la canne et du sucre, les récoltes de canne semblent se terminer plus tôt que prévu, ce qui réduit la production totale de canne dont les broyages cumulés totalisent 92,7 Mt au 19 mars.

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