L’Afrique de l’Ouest va-t-elle renouveler l’excellence de la campagne de cajou 2023 ?

 L’Afrique de l’Ouest va-t-elle renouveler l’excellence de la campagne de cajou 2023 ?

@ Pixabay

Partager vers

Dans la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest, le mois de mars a été le mois de l’ouverture officielle de la campagne de commercialisation de la noix de cajou. Quel bilan peut-ton dresser de celle de l’année dernière ?

La campagne 2023 de la noix de cajou en Afrique de l’Ouest a été assez exceptionnelle à plus d’un titre. La production a grimpé de 23% pour atteindre un record de plus de 3 millions de tonnes (Mt), selon les estimations données par le spécialiste n’kalô.  Une hausse tirée par la locomotive, la Côte d’Ivoire, avec un peu 1,5 Mt, un gain de 31% par rapport à 2023 avec les jeunes anacardiers plantés dans les années 2016-2017 qui entrent en production. Mais, la plupart des pays de la zone, comme le Bénin (+23%), Nigeria (+21%), le Burkina Faso (+22%), etc.  ont été aussi dynamiques, à l’exception de la Guinée Bissau et du Sénégal, qui sont en retrait.  Des noix de cajou brutes qui sont exportées pour plus de la moitié au Vietnam et un tiers environ en Inde.

Autre résultat remarquable, la transformation qui progresse de 30% et atteint presque 400 000 tonnes. La encore, la Côte d’Ivoire est en tête avec une production d’amande de 265 000 tonnes, en augmentation de 48%. Mais d’autres pays enregistrent des progressions significatives – avec certes des plus petits volumes – comme le Ghana +60% à 16 000 tonnes ou le Bénin + 50% à 15 000 tonnes. Mais, le Nigeria deuxième transformateur de l’Afrique de l’Ouest ainsi que le Togo voient leur production d’amandes diminuer.

Au niveau de la demande de noix de cajou, les cartes ont été rebattues en 2023.  « L’Asie a enregistré une croissance extraordinaire. La Chine sur les derniers mois de 2023 a importé autant voir plus que les Etats-Unis. L’Union européenne a dépassé les Etats-Unis et est en train de dépasser l’Amérique du Nord (USA plus Canada). Aux Etats-Unis, la demande est en légère baisse  sans explication pour l’instant. A côté de la Chine, la demande des autres pays d’Asie, comme la Corée du Sud, le Japon, la Thaïlande, les Philippines est aussi soutenue ainsi que certains pays du Moyen-Orient, comme l’Iran et l’Iraq qui jusqu’à présent en consommaient très peu. C’est surement l’effet des prix bas qui fait qu’il y a créé des opportunité » souligne Pierre Ricau.

Les prix des amandes ont été bas. Le premier producteur et exportateur mondial d’amande de cajou, le Vietnam a réalisé l’année dernière également une année exceptionnelle avec une hausse de 15% des volumes des noix de cajou brutes importés et des volumes d’amandes exportés. Hanoi a transformé 3 Mt de noix de cajou, il y a 5 ans ce n’était que 1,5 Mt. « Bizarrement, ils n’arrivent toujours pas à rétablir le rapport de force avec les acheteurs de noix de cajou dans le monde.  Ils baissent petit à petit les prix des amandes – ils l’ont encore fait en ce début d’année – et par ricochet la matière première baisse aussi. Ce qui est plutôt un avantage pour les transformateurs africains car plus la matière première est basse moins le désavantage comparatif lié au taux d’intérêt pèse pour les transformateurs africains. Un des gros problèmes des transformateurs africains est qu’ils payent des intérêts très élevés sur les stocks qu’ils doivent garder pendant onze moins tandis que les Vietnamiens achètent au fur et à mesure et payent des taux d’intérêt très bas. » indique Pierre Ricau. Mais pour l’instant le Vietnam mise encore sur la baisse de la noix de cajou brute pour importer compte tenu de la faiblesse des prix de l’amande.

Les perspectives de production sur 2024 ne sont plutôt pas très bonnes, souligne Pierre Ricau. En Afrique de l’Ouest, la récolte 2024 a démarré tard et le risque est  que la saison de production des arbres soit plus courte. En revanche, la montée en puissance de la transformation locale ouest-africaine va se confirmer avec probablement autour de 100 000 tonnes d’amandes supplémentaires cette année. Quant à la demande, il est encore trop tôt pour l’évaluer. « En terme de prix, le marché est toujours un peu baissier. Mais c’est le début des récoltes » conclut-il.

Autres Articles