Le Nigeria maintient son cap sur sa filière sucre : l’USDA fait le point

 Le Nigeria maintient son cap sur sa filière sucre : l’USDA fait le point
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Avec 216 millions d’habitants dont la moitié dans les villes (+3,92% par an), le Nigeria est le deuxième plus grand marché sucrier d’Afrique subsaharienne, derrière l’Afrique du Sud. Or, « La négligence du secteur agricole du pays et la faiblesse des infrastructures se traduisent par une dépendance aux importations de sucre brut – bien que le Nigeria ait de grandes ambitions de devenir autosuffisant en production de sucre dans un avenir proche », indique le Département américain de l’agriculture (USDA)  dans son dernier rapport sucre au Nigeria publié vendredi.

L’interventionisme étatique

Le Nigeria Sugar Development Council (NSDC), une agence relevant du ministère fédéral de l’industrie, du commerce et de l’investissement, a été créé pour stimuler le développement de l’industrie sucrière du Nigeria en vue de garantir que le Nigeria atteigne au moins 70% d’autosuffisance en sucre. Notons que selon le Conseil national de développement du sucre (NSDC), 80 % du sucre consommé dans le pays l’ait dans les États de Lagos, Ogun et Oyo.

Pour ce faire, en 2012, le gouvernement a approuvé le Nigeria Sugar Master Plan (NSMP) avec pour objectif la production d’environ 1,7 à 1,8 million de tonnes (Mt) de sucre d’ici 2023 ainsi que réduire de $ 350 000 par an les importations dont la facture dépasse les $ 850 millions. L’année dernière, le gouvernement a prolongé ce plan jusqu’en 2033 avec un cadre pour aborder diverses mises en œuvre et appréhender des défis, notamment les désaccords sur la propriété foncière. Il a fourni 300 000 ha de terres irriguées à 9 Etats. En outre, le 1er juin 2022, il a instauré une nouvelle fiscalité dissuadant la consommation et donc l’importation de sucre, notamment en imposant 10 naira par litre de boisson sucrée.

Les entreprises locales au rendez-vous

D’autre part, le NSMP a « contraint » les entreprises locales -Dangote Sugar, BUA Foods et Golden Sugar- à accroître leurs investissements dans la production et la transformation de la canne à sucre, ce qui a porté ses fruits avec un investissement total combiné de $ 1 milliard en 2022. Rappelons que Dangote Sugar, BUA Foods et Golden Sugar (une filiale de Flour Mills of Nigeria) contrôlent plus de 95 % du marché du sucre au Nigeria et voient tout l’intérêt de développer la production locale alors que les cours mondiaux du sucre flambent, atteignant leur plus haut niveau en une décennie. Dangote Sugar Refinery (DSR) a continué d’augmenter sa capacité de production avec un objectif de produire plus de 170 000 t de sucre la campagne prochaine et investit massivement dans l’expansion de sa capacité de raffinage de sucre Numan. Parallèlement, BUA développe actuellement sa propre filiale de broyage intégrée, Lafiagi Sugar Company (Lasuco), qui a une capacité de broyage de canne de 10 000 t/jour et une capacité de raffinage de 220 000 t par an. D’autre part, Golden Sugar développe son domaine sucrier et investit dans l’expansion de sa capacité de raffinage. L’USDA rappelle dans sa note qu’en 2021, Nigeria Sugar Company Bacita a été racheté et totalement refondu par KIA Africa avec pour objectif 176 000 t de sucre broyé d’ici 2025.

En réalité, la « contrainte » exercée par le gouvernement sur les entreprises afin qu’elles investissent découlent de sa Politique d’intégration en amont (BIP). Actuellement, selon la deuxième phase du Nigerian Sugar Master Plan (NSMP), l’attribution du quota d’importation de sucre serait basée sur l’étendue des performances du BIP au cours de l’année précédente, et non plus sur la capacité de raffinage, rappelle l’USDA.

Le Nigeria exportateur ?

Dans l’immédiat, l’USDA prévoit une augmentation de 7 % de la production de canne à sucre au cours de la campagne de commercialisation 2023/24. La consommation diminuera légèrement en raison de la forte inflation, des coûts élevés des intrants et de la hausse des prix mondiaux et nationaux des produits de base. L’exportation de sucre raffiné vers l’Afrique de l’Ouest et d’autres pays africains devrait légèrement augmenter face aux cours très élevés sur le marché mondial.

Les importations de sucre brut resteraient stables, à 1,8 Mt, le pays n’important plus de sucre raffiné. 97% de ses achats à l’international viennent du Brésil avec une facture qui a atteint les $ 842,7 millions en 2022. Le sucre était le deuxième poste le plus élevé à l’import après le blé en 2022.

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