La Chronique Matières du Jeudi (14 janvier 2016)

Partager vers

C'est encore le pétrole qui a essentiellement dicté l'évolution générale des matières premières, les agricoles, notamment le café et le sucre, étant entraînés par la faiblesse du prix du baril.

CACAO

Le marché du cacao est dans l'attente de la publication, vendredi, des chiffres de broyages européens pour le 4ème trimestre 2015. Les pronostics du marché sont plutôt favorables, estimant que ces broyages devraient être en hausse de 2 à 5%. À confirmer….

Ainsi, sur le marché à terme de Londres aujourd'hui, le prix de la fève est plutôt stable après avoir baissé en début de semaine sous la pression d'une livre sterling qui a chuté mardi à sa plus faible valeur face au dollar depuis 5 ans et demi. Rappelons que le cacao coté sur le marché à terme de Londres est une des rares matières premières qui demeurent cotées en livre sterling.

Au Brésil, les broyages de fèves de cacao en 2015 ont baissé de 2,8%, à 227 174 tonnes (t). Toutefois, au dernier trimestre, ils ont atteint 59 542 t, en hausse de 6,5% par rapport au dernier trimestre 2015. En Malaisie, les broyages ont chuté de 23,2% en 2015, à 187 695 t, rapport à 2014. Sur le dernier trimestre, ils sont aussi fortement en baisse, de 13,6%  à 48 030 t, a annoncé hier le Malaysia Cocoa Board.

Côté production, les arrivages en Côte d'Ivoire sont de l'ordre de 868 000 t au 10 janvier et depuis le démarrage de la campagne 2015/16, le 1er octobre dernier, contre 897 000 t sur la même période en 2014/15, selon les estimations des exportateurs.

Côté entreprises, notons que la Cour Suprême des Etats-Unis a refusé de rejeter une action en justice contre Nestlé accusé d'esclavage d'enfants sur les plantations de cacao en Afrique. L'affaire est donc renvoyée devant le tribunal fédéral de Californie ce qui renforce la possibilité d'un jugement au fond.

CAFÉ

En l'absence d'actualités particulières, le café a suivi la tendance globale des matières premières, tirées à la baisse par le pétrole. En outre, s'agissant du Robusta, côté sur le marché à terme de Londres, les prix ont chuté de $ 10 sur la seule matinée d'aujourd'hui, tombant à $ 1 447 la tonne, soit son plus faible prix en deux ans; mardi, la tonne avait chuté à $ 1 432. Car, hormis le contexte général morose lié au pétrole, on s'attend à ce que le Vietnam augmente ses volumes d'exportation sur le mois de janvier, sa récolte 2015/16 étant achevée. Cette hausse des volumes exportés, qui pourrait être entre 130 000 et 150 000 t contre 132 000 t en janvier 2015, serait un renversement de tendance par rapport à la politique de rétention et de stockage de 2015, l'affaiblissement du dong améliorant les revenus des producteurs vietnamiens en monnaie nationale.

Quant à l'Arabica, les prix ont également baissé aujourd'hui, tirés par des ventes techniques mais aussi avec en ligne de mire la prochaine récolte brésilienne ou plutôt les prochaines exportations brésiliennes. Car la faiblesse du real pourrait provoquer à nouveau des ventes plus conséquentes, le café étant plus compétitif et les recettes des producteurs plus importantes exprimées en réal.

Côté production, selon un rapport publié aujourd'hui par l'Organisation internationale du cacao (OIC), la récolte mondiale 2015/16 serait en hausse avec des volumes plus importants au Vietnam, en Colombie et en Indonésie, ce qui compenserait une baisse de récolte au Brésil. Dans sa première estimation de récolte 2015/16, l'OIC l'estime à 143,4 millions de sacs de 60 kg (Ms), soit 1,4% de plus qu'en 2014/15. Notons que cette récolte 2014/15 a été elle-même révisée à la baisse, à 141,4 Ms.

La production d'Arabica  serait stable, à 84,3 Ms contre 84,4 Ms en 2014/15 car la baisse attendue de la production d'Arabica Nature du Brésil serait compensée par la hausse des Doux Colombie et Autres Doux d'Amérique Centrale. Quant au Robusta, l'OIC s'attend à une hausse de pas moins de 3,7 % de sa production, avec des hausses attendues tant au Vietnam qu'en Indonésie.

Ceci dit, dans sa première estimation de la récolte nationale, l'institut gouvernemental brésilien de la statistique, IBGE, a estimé que la récolte 2016/17 augmenterait de 12,5% à 49,7 Ms, 2014 et 2015 ayant été frappées par la sécheresse.

Toujours au Brésil, selon l'association des industries du café Abic, la consommation sur l'année caféière de novembre 2015 à octobre 2016 pourrait atteindre un record de 21 Ms,. En 2014/15, elle était de 20,5 Ms. Ceci renforcerait la position du 2ème consommateur mondial, juste derrière les Etats-Unis.

Côté entreprises, Starbucks a annoncé vouloir ouvrir 500 coffee shops de plus en Chine en 2016. Son objectif est d'atteindre 3 400 en 2019. Aux Etats-Unis, pays d'origine de Starbucks,  leur nombre est de 12 531.

CAOUTCHOUC

Les cours du caoutchouc ont rebondi mercredi d’un plus bas de sept ans,  progressant de 5,5% sur le Tokyo Commodity Exchange à 155,3 yens le kilo pour le contrat de juin suite à l’annonce  du plan de la Thaïlande pour soutenir les revenus des agriculteurs.

Le gouvernement thaïlandais a ensuite précisé jeudi qu'il allait acheter  100 000 tonnes de caoutchouc pour soutenir les agriculteurs touchés par l’effondrement des prix.  Toutefois, le prix d’achat fixé par le gouvernement, à 45 bahts ($1,24) pour la qualité USS3, est inférieur à celui demandé par les agriculteurs à 60 baths ($1,65) le kilo. Le prix de la feuille de caoutchouc non fumé se situe aujourd’hui à  environ 35 baths.

Le gouvernement  a prévu de commencer les achats dès la semaine prochaine avec à la clé  un budget de 4,5 milliards de baht ($124 millions). « Cette mesure est un effort satisfaisant», a déclaré Saksarit Sriprasart, un leader  d'un groupe de producteurs d’hévéa  qui avait menacé d’entamer une grève de la faim cette semaine. Il a ajouté « Mais si le gouvernement ne parvient pas à réduire nos coûts de vie et  fait baisser la production de caoutchouc, la grève se poursuivra comme prévu ».

Les cours ont poursuivi jeudi leur progression pour clôturer à 157,3 yens le kilo.

Les importations chinoises de caoutchouc naturel et synthétique ont progressé de 43,9%  en décembre à 410 000 tonnes, par rapport à décembre 2014, selon des données préliminaires. En 2015, les importations chinoises progresseraient de 15,3% à 4,72 millions de tonnes.

Les stocks de caoutchouc brut dans les ports japonais se sont élevées à 10,229 tonnes en au 31 décembre 2015, en hausse de 4,7%  par rapport à la dernière date de l’inventaire, selon la Rubber Trade Association of Japan.

Le prix du caoutchouc en Côte d’Ivoire a été fixé à FCFA 247 (€0,376) le kilo à l’ouverture de la campagne dans un contexte morose (Cf. nos informations).

COTON

Le dernier rapport sur l’offre et la demande du département américain de l’Agriculture (USDA) réduisant la production mondiale de coton a engagé les cours du coton sur un trend haussier depuis lundi alors qu’ils avaient touché un plus bas de trois mois à la clôture vendredi. Mercredi pour la troisième séance consécutive de hausse,  les cours clôturaient à 62, 14 cents la livre pour le contrat de mars. Toutefois, Pékin a engagé une discussion avec l’industrie textile et les égreneurs sur la manière de liquider une part de son important stock de coton, selon plusieurs sources rapportées par Reuters, ce qui pourrait changer l’orientation des cours et réduire les importations de coton de Chine qui se situent déjà à un niveau très bas.

Le gouvernement chinois est sous pression pour vendre son stock, estimé à environ 11 millions de tonnes, qui se dégrade au fil du temps et dont les coûts de stockage s’accumulent. L’année dernière, il a vendu aux enchères moins de 64 000 tonnes alors qu’il visait un objectif de 1 million de tonnes. Des discussions à huis clos se seraient déroulées  fin décembre entre le gouvernement, l’industrie textile, les égreneurs  ainsi que la China Cotton Textile Association sur la façon de libérer le stock.

Le dernier rapport de l’USDA a réduit ses prévisions de production mondiale, plus de 2 millions de balles,  suite à des reculs de production en Chine, en Inde, au Pakistan et au Turkménistan. A 101,56 millions de balles ce serait la plus basse production mondiale depuis 2003/04.  La consommation mondiale a été aussi revue légèrement à la baisse (- 500 000 balles) reflétant  la  diminution aux Etats-Unis, en Inde et au Pakistan.  Ainsi les stocks mondiaux reculent de 8% à 102,9 millions de balles.

La Sofitex au Burkina Faso a bouclé le financement de sa campagne cotonnière 2015/16 en mobilisant €70 millions auprès d’un pool bancaire international constitué de la Société Générale et de la SFI (cf. nos informations).

HUILE DE PALME

Mercredi, les cours de l’huile de palme sont repartis à la hausse après un début de semaine baissier en dépit de meilleures statistiques en Malaisie. Mais la chute des cours du prix du pétrole et des marchés boursiers asiatiques  très volatiles prennent le dessus.  La tendance du marché demeure incertaine. Depuis le début de l’année, l’huile de palme a chuté de 2,8%.

Les stocks d’huile de palme en Malaisie ont  pour la première fois depuis juin 2015 diminués en décembre. À 2,6 millions de tonnes,  ils reculent de 9,5%, selon le Malaysian Palm Oil Board (MPOB). La production plonge également de 15,4% par rapport à novembre à 1,4 Mt, soit son plus bas niveau depuis février 2015 en raison de la sécheresse causée par El Nino. Au niveau des exportations, elles sont  en hausse sur les 10 premiers jours de janvier, de 15,2% pour ITS et de 7,9% pour SGS.

Côté entreprises, le Malaisien Sim Darby estime que le phénomène El Nino et la sécheresse prolongée affecteraient 6% de sa production d’huile de palme en Malaisie et  de 8 à 10% de celle en Indonésie dans un ou deux ans. Néanmoins le rachat  de New Britain Palm Oil en 2015 devrait apporter au groupe 1,76 millions  supplémentaires de régimes de fruits de palme (FFB-fresh fruit bunches) sur l’année fiscale 2015 /16 et porter la production totale de FFB à 10,5-10,11 Mt en juin 2016.

La coopération allemande Agravis a annoncé jeudi avoir pris une participation de  33% dans l’entreprise allemande Boegel, spécialisée dans le trading de l’huile de palme et des aliments pour animaux et  détenue à 66% par le singapourien Wilmar International.

RIZ

La demande est faible sur les marchés du riz en Asie. En Thaïlande, le marché a retrouvé son calme habituel après une semaine très active dans le prolongement du nouvel an. Les prix avaient progressé avec le renforcement du bath et l’accroissement des embarquements. Néanmoins, les négociants sont optimistes quant à l’orientation des cours cette année en Thaïlande. « Les prix du riz thaïlandais devraient s’améliorer cette année. Il y aura une demande des pays voisins en raison de conditions de sécheresse », a déclaré un négociant.

La Thaïlande envisage de vendre 2 millions de tonnes dans le cadre d’un accord de gouvernement à gouvernement  cette année,  dont la moitié devrait être signé prochainement avec la Chine, selon  le journal Bangkok Post. Au Vietnam, le marché est toujours très calme avec des prix vietnamiens supérieurs aux thaïlandais.

Les Philippines achèteront 400 000 tonnes de riz pour une livraison au deuxième trimestre et auront éventuellement besoin de 800 000 tonnes supplémentaires pour couvrir l’ensemble de ses besoins en 2016  et détenir un stock tampon a déclaré à Reuters Renan Dalisay administrateur de la National Food Authority (NFA). Le Conseil du NFA doit se réunir le 26 janvier pour discuter et approuver le plan d’importation.

Le Cambodge  a exporté 538 396 tonnes de riz blanchi en 2015 en hausse de 39% par rapport à 2014. La Chine est son principal acheteur, suivie par la France et la Pologne.

Avec une production record de 2,451 millions de tonnes de riz pour la campagne 2015/16, le Mali est devenu le deuxième producteur ouest-africain après le Nigeria.

SUCRE

Le sucre donne le tournis ! Mardi, pour la septième séance consécutive,  le sucre roux coté à New York a chuté à son plus faible prix en deux mois, approchant la barre des 14 cents la livre, terminant à 14,05 cents. En effet, le marché a réagi aux statistiques publiées par le producteur brésilien de cane à sucre Unica qui a fait état d'un bond de 210% de la production dans le Centre-Sud du pays sur la deuxième moitié du mois de décembre par rapport à l'année précédente.

Mais mercredi, le sucre roux s'est envolé notamment face à une bonne demande chinoise, mais est redescendu aujourd'hui sur des prises de bénéfices ainsi que sous la pression du prix du baril et de la faiblesse du réal brésilien.

En Russie, les importations de sucre roux sur les 11 premiers mois de 2015 ont baissé, passant de 557 500 tonnes (t) sur cette période en 2014 à 506 100 t sur cette même période en 2016.

En Afrique, le Marché commun pour l'Afrique de l'Est et australe (Comesa) a autorisé le Swaziland à vendre plus de 60 000 t de sucre par an au Kenya. Rappelons que le Comesa régule les échanges régionaux de sucre, permettant ainsi aux Etats membres de bénéficier d'un droit de douane plus favorable que pour les pays non régionaux mais dans le cadre d'un certain volume alloué à chacun. Ce volume est calculé pour 70% sur la base de la production d'un pays excédant sa consommation et pour 30% en fonction de l'historique des volumes d'échanges intra-Comesa.

 

Autres Articles

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *