Alessandro Giraudo : “Beaucoup d’argent a quitté la cryptomonnaie pour aller sur les matières premières”

 Alessandro Giraudo : “Beaucoup d’argent a quitté la cryptomonnaie pour aller sur les matières premières”
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« Beaucoup d’argent a quitté la cryptomonnaie pour aller sur les matières premières », a indiqué Alessandro Giraudo, professeur d’économie et de finance internationale à l’Institut supérieur de gestion (ISG) à Paris, à l’occasion de la parution du rapport Cyclope 2022 dont il a rédigé l’article sur les taux et devises.

Or, en 2021, écrit l’économiste, les gestionnaires de fonds indiciels en cryptomonnaies géraient plus de $ 15 milliards contre $ 1,19 milliard en 2017 principalement grâce à l’industrie des casinos crypto, notamment les machines à sous Bitcoin. Evidemment, c’est peu par rapport aux $ 1,3 quadrillion que représente la monnaie dans le monde sous forme de pièces, dépôts, investissements et dérivés. A noter que les seules pièces et billets ne représentaient que $ 40 trillions l’année dernière. Des statistiques « qui ne tiennent pas compte des cryptomonnaies », précise-t-il. « A fin octobre 2021, il y avait 12 870 cryptomonnaies dont 6 991 actives avec environ 300 millions de sujets et d’organisations qui les négocient, régulièrement ou de façon sporadique. » Mais au cours des premiers mois de 2022, on a assisté à un véritable détournement des investisseurs par rapport au bitcoin.

Alessandro Giraudo répond à CommodAfrica.

Quel impact ce transfert d’une partie des fonds des cryptomonnaies sur les marchés des matières premières a-t-il eu sur ces derniers ?

Alessandro Giraudo : Lorsque vous avez beaucoup beaucoup d’argent qui coute très peu -car en ce moment l’argent coûte encore très peu- on peut l’investir n’importe où. L’important c’est que les marchés soient liquides et qu’il y ait des mouvements de prix. C’est la contrainte.

Mais on a découvert, dernièrement, que l’opinion générale -surtout des banques centrales- n’est pas très favorable aux 6 991cryptomonnaies qui sont en circulation actuellement, sachant que le bitcoin représente 45% de l’ensemble.

Donc on a assisté à un transfert de cet argent vers des marchés qui sont très liquides comme les bourses de New York, etc. Mais on ne sait pas très bien s’ils ont véritablement acheté ou non car il y a de grands doutes sur l’évolution du monde et des taux d’intérêt.

Sur les taux d’intérêt, donc sur les obligations, les rendements sont très faibles et donc les mouvements sont très petits. Donc ils vont sur les matières premières.

Sur quels marchés de matières premières ?

Les matières premières où il y a beaucoup de liquidités. Pourquoi ne spécule-t-on pas sur le gaz néon ? Le néon est une matière première essentielle dans la fabrication des semiconducteurs. Mais ce marché est illiquide donc je ne vais pas y mettre de l’argent. Où vais-je le mettre ? Sur le pétrole, sur l’énergie, sur les céréales qui est un marché très grand, très important, très liquide et il y en a plusieurs. Donc il y a une grosse spéculation dans ce secteur.

Le basculement des cryptomonnaies sur les marchés de matières premières impacte-t-il des marchés de matières premières agricoles qui intéressent l’Afrique ? Peut-on en mesurer l’incidence ?

C’est difficile à déterminer. Mais une chose est certaine : cela créé de la volatilité.

Ils n’ont pas vraiment commencé à spéculer sur le café ou le cacao. D’ailleurs, les cours du cacao n’ont quasiement pas bougé… Car ce sont des marchés plus petits. Alors, certes, le marché du café est important mais l’Ukraine, la Russie et même la Chine jouent un rôle mineur sur ceux-ci.

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