La Chronique Matières du Jeudi (24 septembre 2015)

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CACAO

La faiblesse de la livre sterling a provoqué un mouvement d'achat sur le cacao à terme, faisant grimper le prix de la fève à son plus haut en 4 ans et demi mercredi et ce bien que le marché soit, à l'évidence, suracheté. Mais, outre l'effet devises, le cacao est sur une tendance haussière car le marché s'inquiète du la faible pluviométrie en Côte d'Ivoire, crainte dans laquelle les spéculateurs, bien entendu, s'engouffrent.

En revanche, sur le marché à terme de New York, la hausse a été beaucoup plus modeste, ne bénéficiant pas de l'effet livre sterling, au contraire.

En Côte d'Ivoire, les conditions semblent réunies pour une bonne campagne 2015/16. Non seulement la météo est bonne mais le président Alassane Ouattara a annoncé samedi dernier, 19 septembre, que le prix minimum garanti au planteur serait en hausse pour la campagne 2015/16 qui s'ouvrira début octobre. Rappelons que le prix actuel est de FCFA 850 le kilo. Selon le Conseil Café Cacao (CCC), les arrivages entre le 1er octobre et le 31 août ont totalisé 1 712 700 tonnes (t) contre 1 686 350 t sur la même période en 204/15. Ces chiffres sont légèrement supérieurs aux 1 710 000 t avancées, de leur côté, par les exportateurs.

Au Ghana, l'industrie à la recherche de fèves. Des exportateurs dans le port ivoirien de San Pedro ont déclaré avoir été approchés par des broyeurs ghanéens qui cherchaient à acheter 50 000 t de fèves, rapporte Reuters. Rappelons que le pays ne devrait atteindre ni le million de tonnes de production annoncé initialement, ni les 750 000 t selon les objectifs révisés. Et les usines de broyages cherchent de la matière première car si elles n'ont quasiment jamais tourné au plein de leurs capacités qui sont de 450 000 t, cette année, ce sera encore moins.

Côté entreprises, la marque de chocolat suisse gourmet de Barry Callebaut, Carma, est le premier grand fabricant suisse de chocolat B2B à convertir l'ensemble de sa gamme de couvertures en chocolat "Swiss Top" et "Swiss Line" au cacao certifié UTZ ; Cargill, avec la Société financière internationale (SFI), filiale de la Banque mondiale, la Société ivoirienne de banque (SIB) et la coopération canadienne (DFATD) ont lancé un projet de $ 6 millions pour faciliter la location de camions par les coopératives cacaoyères plutôt qu'elles ne les achètent.

CAFÉ

De belles perspectives de récolte au Vietnam ont fait chuter mercredi le Robusta sur le marché à terme de Londres (ICE) à son plus faible prix depuis novembre 2013, à $ 1 497 la tonne. Mais il a rebondi pour finalement clôturer à $ 1 540.

En effet, le Vietnam a commencé à offrir du café de sa nouvelle récolte qui, théoriquement, démarre le 1er octobre. Toutefois, les volumes de transaction ont été faibles car les acheteurs attendent d'en savoir un peu plus sur la taille et la qualité de la récolte pour négocier. Des Robusta Grade 2 5% brisures et grains noirs ont été proposés pour expédition en octobre en prime de $ 80 à 100 sur le contrat novembre de la bourse de Londres contre +$ 60 à 80 la semaine dernière. La production vietnamienne 2015/16 serait de 28,8 millions de sacs de 60 kg (Ms), selon un sondage réalisé par Reuters,  en légère hausse par rapport aux 27,2 Ms de 2014/15.

En Indonésie, n°2 mondial du Robusta, la récolte s'achèverait ce mois ci.

En Ouganda, les exportations de café ont fait un bond de 19% en août  par rapport à il y a un an, selon l'Uganda Coffee Development Authority (UCDA). Elles ont atteint 320 297 sacs de 60 kilos contre 268 033 en août 2014. De septembre 2014 à août 2015, le pays a exporté 3,2 Ms, ce qui a généré $ 381 millions. Pour le mois de septembre, l'UCDA table sur des expéditions de 280 000 sacs contre 207 927 en septembre 2014.

A l'instar du Robusta sur le marché à terme de Londres, l'Arabica à New York  a connu un moment de faiblesse mais s'est ressaisi, à $ 1,162 la livre, malgré la nouvelle baisse de la valeur de la monnaie brésilienne, le real, face au dollar.

Au Brésil, les pluies qui ont traversé la région de production du Sud-Est ont provoqué une première floraison des caféiers, ce qui marque le démarrage de la formation des cerises de caféiers qui seront récoltées en 2016. Une évolution agronomique à laquelle les opérateurs accordent une attention toute particulière cette année, les deux dernières campagnes ayant subi sévèrement des sécheresses.

Côté Colombie, l'embellie caféière aura-elle été de courte durée? Après le déferlement de la maladie de la rouille et la vaste opération de rajeunissement du verger qui ont affecté la production du n°2 mondial d'Arabica plusieurs années durant, la deuxième partie de la récolte 2014/15 aurait été affectée par le phénomène météorologique El Niño ; ses exportations pourraient baisser de 20%, a annoncé vendredi dernier la Fédération colombienne des cafés, à cause de la sécheresse et la propagation, de ce fait, d'insectes notamment la broca. Pour les combattre, les planteurs ont dû embaucher plus de main d'Å“uvre entrainant parfois une hausse de 50% de leurs coûts salariaux.

Au Kenya, la fourchette de prix aux ventes aux enchères de mardi sur le Nairobi Coffee Exchange (NCE) s'est considérablement élargie par rapport à la semaine dernière : le sac de 50 kilo de Grade AA s'est échangé entre $ 77 et 277 contre $ 141 et 264. Le Grade AB a trouvé preneur entre $ 75 et 242 contre $ 125 et 244.

Côté entreprises, des comptoirs Starbucks vont s'ouvrir dans la chaîne de magasins Monoprix en France tandis que le géant de la vente au détail de café Arabica s'apprête à ouvrir en Afrique du Sud l'année prochaine, grâce à son partenariat avec Taste Holdings implantée localement. D'ici 5 ans, Starbucks envisage d'ouvrir 200 coffee shops en Afrique du Sud. Rappelons que l'américain ne sert que de l'Arabica. Nestlé Nespresso, quant à lui, a inauguré lundi une nouvelle usine (€ 275 millions) à Romont en Suisse.

CAOUTCHOUC

Après avoir enregistré une perte hebdomadaire de 3,7% la semaine dernière,  le marché de Tokyo a chuté jeudi à son ouverture,  après 3 jours de fermeture pour la fête nationale, plombé par la baisse de l’activité en Chine.

Les importations de caoutchouc naturel de Chine sont en hausse de 64,23% en août à 266 140 tonnes mais sur les huit premiers mois de l’année, elles reculent de 4,39% à 1,662 Mt. Quant aux importations de caoutchouc synthétique,  elles s’élèvent à 138 859 tonnes en août, progressant de 17,23% et à 1,104 Mt sur les huit premiers mois, en hausse de 10,96%.

COTON

Les cours du coton sont tombés cette semaine à un plus bas de plus 7 mois et demi brisant le seuil psychologique des  60 cents la livre. Ils avaient déjà perdu 5% la semaine dernière. Le contrat de décembre a clôturé  jeudi à 59,85 cents la livre et celui de mars à 59,56 cents la livre. L’appréciation du billet vert, les bonnes conditions de culture – près de 90% de la récolte des États-Unis se présentait sous des conditions favorables selon les statistiques de l’USDA publiées lundi -, la baisse des prix des cultures céréalières concurrentes au coton ainsi que les inquiétudes persistantes sur la demande, en particulier chinoise, expliquent cette chute.

L’intercontinental Exchange (ICE) a annoncé que le nouveau contrat à terme  multi-origine sur le coton sera lancé le 2 novembre 2015 (cf. CommodAfrica).

Les importations de coton en Chine ont reculé de 65,76% en août à 70 019 tonnes et de 40,93% sur les huit premiers de l’année à 1,109 Mt.  Sur le mois d’août, la baisse des importations touche  presque toutes les origines à l’exception des Etats-Unis (+35% à 22 334 t.), du Soudan (+1432% à 997 t.), de l’Égypte (+102% à 809 t.) et du Mexique (+102% à 673). Le Cameroun enregistre une baisse de 39% de ses exportations vers la Chine (2743 t.), le Mali de 15% (803 t.), le Bénin de 85%  (686 t.), la Côte d’Ivoire de 63% (673 t.), le Tchad de 40% (500 t.), le Togo de 75% (200 t.) et le Zimbabwe de 90% (164 t.).

Le gouvernement de l’Inde a autorisé l’Institut central de recherche sur le coton (Central Institute of Cotton Research /CICR) à commercialiser sur le marché domestique des variétés indiennes de coton Bt. Ces variétés devraient faire baisser le coût d’acquisition des semences de coton BT pour les agriculteurs. En effet, elles seront disponibles au prix de 150 roupies (environ € 2,01) par kilo contre 2 000 roupies par kilo pour les semences Monsanto. "Nous avons développé, avec onze universités agricoles en Inde,  21 variétés de coton indien BT et nous nous préparons à vendre  ces variétés aux agriculteurs d'ici 2017", a déclaré Keshav Kranti, directeur du CICR basé à Nagpur. Outre leur coût d’acquisition plus faible, ces semences présentent aussi l’avantage de pouvoir être réutilisées pour l’ensemencement de la campagne suivante.

HUILE DE PALME

La faiblesse du ringgit, des inquiétudes sur l’impact  d’El Nino sur la production d’huile de palme et des exportations en hausse ont soutenu les cours de l’huile de palme cette semaine. Le contrat de décembre sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange a cloturé mercredi à 2 240 ringgits  ($515,54) la tonne, en hausse de 2,61%.  La faiblesse du ringgit, qui a perdu 19% de sa valeur depuis le début de l’année, rend l’huile de palme moins chère pour les acheteurs étrangers et a apporté un soutien aux cours cette semaine. En outre, El Nino devrait réduire les rendements en Indonésie et pourrait également frapper la Malaisie et ainsi perturber l’approvisionnement en huile de palme. Enfin,  les exportations de la Malaisie ont progressé de 13,3% du 1er au 20 septembre selon la SGS. « La production est en baisse, les exportations sont à la hausse, le ringgit est en baisse – sont autant de  facteurs favorables pour le marché »,  indique un négociant à Kuala.

L’Inde a augmenté de 5% vendredi dernier ses taxes à l’importation sur les importations d’huile comestible. Les taxes sur l’huile comestible brute sont  fixées à 12,5%  et à 20% pour l’huile raffinée. La consommation du premier acheteur mondial d’huile végétale augmente rapidement tandis que la faiblesse des prix mondiaux poussent à la fermeture de nombreuses huileries indiennes et obligent les agriculteurs à se tourner vers d’autres cultures que les oléagineux. Or, le gouvernement ambitionne que l’Inde devienne autosuffisante en huile cette décennie. Toutefois, les importations devraient être supérieures de 21% à 14 millions de tonnes cette année (octobre)  car la demande locale augmente chaque année de plus de  5,5% souligne B.V. Mehta, directeur exécutif de Solvent Extractors Association of India. Ajoutant « Bien que nous nous félicitons de la décision du gouvernement, nous nous attendions à une augmentation minimale de 10% ».

L’Inde consomme environ 19 Mt d'huiles végétales par an et sa dépendance aux huiles importées est élevée, de l’ordre de 70% avec une facture  annuelle d’environ  $10 milliards par an. Sur les 20 dernières années, la production d'huile comestible de l'Inde a augmenté d’environ un tiers tandis que les importations ont été multipliées par douze sur la même période.

RIZ

Les prix à l'exportation du riz au Vietnam se sont légèrement repris cette semaine après que le pays a été adjudicataire d’une partie de  l’appel d’offres lancé par les Philippines, tandis que les prix sont demeurés stables en Thaïlande, même si le pays  lui aussi expédiera du riz à Manille. L’appel d’offres des Philippine a porté sur 750 000 tonnes pour une livraison de novembre à mars.

"Les nouvelles de l'offre ont  fait grimper les prix au Vietnam, même si le pays ne procédera pas à beaucoup d’expédition entre maintenant et la fin de l'année", a déclaré un courtier à Ho Chi Minh-Ville. Un autre facteur haussier a été le retour de la Chine aux achats après que ses importations aient atteint un plus bas de cinq mois en août.

Le Viet 5% a légèrement augmenté se situant entre  $ 330- $ 340 la tonne tandis que le Viet  25% s’échangeait à $ 320- $ 330 la tonne contre $ 315 $  il y a une semaine.  Le Vietnam devrait augmenter son prix plancher pour le Viet  25% d'environ 3% à $340  la tonne  le 25 septembre.

En Thaïlande, la demande était faible et les prix n’ont pas évolué, même si le pays a gagné une partie de l'offre de riz de Manille.

La Thaïlande a exporté 6,9 Mt de riz cette année, en baisse de 5% par rapport à la même période en 2014 a annoncé un fonctionnaire du ministère du Commerce. Toutefois le directeur général du département du commerce extérieur du ministère, Duangporn Rodphaya, estime que la Thaïlande peut encore atteindre son objectif d’exportation de 10 Mt cette année.  "Nous pensons qu'il y a encore une chance d'atteindre cet objectif car plusieurs pays commencent à augmenter leurs importations de riz en raison de l’impact de la sécheresse ", a-t-il déclaré.

Les exportations de riz de l'Inde sont susceptibles de chuter d’environ de moitié dans les cinq ans  à venir en raison d’une production stagnante, d’une hausse de la consommation et de la baisse des stocks de clôture du gouvernement estime la banque néerlandaise Rabobank. "La production de riz de l'Inde a stagné au cours des dernières années, tandis que la consommation intérieure continue d'augmenter. Ainsi, sans un coup de pouce à la production, les exportations de l'Inde devront se contracter passant de 10 millions de tonnes actuellement à 5-6 millions de tonnes d'ici 2020", a déclaré Mudgil Shiva, analyste principal chez Rabobank.

SUCRE

Cette semaine, le marché du sucre roux a remonté la pente après la frayeur qu'il s'est fait vendredi au sujet de l'Inde. En effet, New Delhi a annoncé vouloir exporter au moins 4 millions de tonnes (Mt) de sucre durant la prochaine campagne de broyages. La perspective de cet afflux de sucre a fait de suite chuter les prix. Toutefois, cette semaine, une fois la peur passée, le marché a plutôt fait preuve de scepticisme. "Le diable est dans les détails et là nous n'en avons aucun", a souligné James Kirkup de chez ABN AMRO. Il y aura exportation si les raffineurs se voient accordés une subvention permettant de réduire l'écart entre le prix local et le prix international. Or, précise-t-il, actuellement, aucun nouveau mécanisme n'a été mis en place.

Les intervenants sur le marché se sont ensuite tournés vers le Brésil et l'attente de l'annonce par l'Association de l'industrie de canne à sucre (Unica) d'une récolte de canne dans le Centre-Sud du pays en-deçà des 30 millions de tonnes  (Mt) sur la première quinzaine de septembre. Les fortes pluies ce mois-ci  ont largement perturbé la récolte.

Or, la campagne 2015/16 s'annonce déficitaire d'environ 2,5 Mt, son premier déficit après 5 saisons d'excédent.

Mercredi soir, le roux a terminé à New York à 10,95 cents la livre et le blanc, à Londres, à $ 341,50 la tonne.

 

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