La Chronique Matières premières agricoles au 14 décembre 2023

 La Chronique Matières premières agricoles au 14 décembre 2023

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Après avoir clôturé hier en hausse à l’exception du Dax allemand, les principales bourses européennes sont attendues hésitantes aujourd’hui, les investisseurs digérant de nombreuses décisions de banques centrales et se positionnant avant la publication de nouveaux indicateurs.

En effet, hier, les marchés financiers ont marqué leurs déceptions suite à plusieurs déclarations de banques centrales : la Réserve fédérale américaine a annoncé mercredi qu’elle maintiendrait ses taux à leur niveau actuel et qu’ils avaient probablement atteint leur pic. Si la banque centrale américaine a adopté un ton accommodant, ce n’est pas le cas de la Banque centrale européenne, de la Banque d’Angleterre ou de la Banque nationale suisse qui ont chacune maintenu leurs taux à leurs niveaux actuels mais n’ont pas encore évoqué de baisses de taux. Sans surprise, la BCE a choisi hier de maintenir ses taux directeurs à leur niveau actuel, à 4%, après dix relèvements depuis juillet 2022 et une première pause en octobre, rappelle Reuters. Elle a repoussé encore une fois les espoirs d’une baisse imminente des coûts d’emprunt, réaffirmant qu’ils resteraient à des niveaux record en dépit d’une révision à la baisse de ses prévisions sur l’inflation.

Rappelons que les banques centrales demeurent dépendantes du rythme d’assouplissement de la Federal Reserve : assouplir les taux trop tôt pourrait créer le risque d’une inflation importée par l’affaiblissement des devises locales par rapport au dollar

Sur les marchés des devises, le dollar a terminé en baisse face à la majorité des devises après la réunion de la Fed : l’euro a clôturé hier soir à $ 1,0996.

Les prix du pétrole ont fortement progressé, soutenus là encore par la décision de la Fed qui a affaibli le dollar. Les cours ont aussi été impactés par une baisse plus importante que prévue des stocks de pétrole aux Etats-Unis. Le Brent a ainsi clôturé à $ 76,91 le baril et le brut léger américain (WTI) à $ 72,09.

CACAO

Partis vendredi dernier de £ 3 570 la tonne sur l’échéance mars, les cours du cacao à New York ont ​​atteint lundi leur plus haut niveau depuis 46 ans à £ 3 581, pour ensuite se consolider et glisser hier soir à £ 3 547 à la clôture. De son côté, New York a terminé à $ 4 267 contre $ 4 240 en fin de semaine dernière sur l’échéance mars.

Ce sont toujours les problèmes de récolte en Afrique de l’Ouest qui font craindre pour l’approvisionnement et font grimper les cours. Les arrivages de cacao dans les ports du Ghana ont chuté d’environ 50 % sur un an jusqu’à présent cette saison, tandis que ceux en Côte d’Ivoire ont diminué de plus de 35 %.

Le Cameroun, pour sa part, ne s’attend pas à une baisse de production similaire, même si ses volumes demeurent loin derrière les deux leaders du cacao. Le Cameroun, quatrième producteur mondial, ne produit qu’environ 300 000 t mais les prix payés aux planteurs atteignent cette année FCFA 2 000 à 2 200 ($ 3,67) le kilo contre FCFA 750 à 1 290 la campagne dernière et surtout bien supérieurs aux prix garantis ivoiriens et ghanéens. Rappelons que le Cameroun a récemment été ajouté à l’Annexe C de l’Accord international sur le cacao, ce qui le place sur la liste des pays producteurs de cacao finement aromatisé.

En Côte d’Ivoire, les arrivages aux ports de san Pedro et d’Abidjan demeurent en chute libre, totalisant seulement 612 000 t entre le 1er octobre, démarrage de la campagne, et le 10 décembre, selon les estimations des exportateurs. Ceci représente une chute de 35,8% par rapport à la même période la campagne dernière. En revanche, la transformation locale poursuit son ascension, en hausse de 3,2% au mois d’octobre par rapport à octobre 2022, totalisant sur ce mois 60 453 t, a annoncé hier l’association des exportateurs Gepex.

Ainsi, on s’achemine bel et bien en 2023/24 vers une troisième campagne successive déficitaire au plan mondial.

CAFÉ

Le Robusta caracole ! Partie vendredi dernier de $ 2 569 à Londres, la tonne a clôturé hier soir à $ 2 797, après avoir touché mercredi $ 2 810, son plus haut niveau depuis que le contrat Robusta est coté sur les futures de l’ICE en janvier 2008. Quant à l’Arabica, la livre (lb) est passée de $ 1,7715 en fin de semaine dernière à New York à $ 1,906 après avoir touché son plus haut en sept mois à $ 1,9450 sur l’échéance mars.

La raison de la folie des marchés se trouve au Brésil. Hier, l’agence étatique Conab a réduit ses prévisions de production de Robusta pour 2023 à 16,17 millions de sacs de 60 kg (Ms), ce qui serait une chute de 11,2% par rapport à la production en 2022. En effet, la principale région de production de cette variété de café, l’Etat d’Espirito Santo, connait de mauvaises conditions météorologiques. En revanche, les estimations de production d’Arabica ont été légèrement révisées à la hausse, de 38,16 Ms à 38,9 Ms et ce, bien que le Brésil soit dans son année basse du calendrier végétal biennal caféier. Tous cafés confondus, en 2023, la production de café au Brésil aura augmenté de 8,2% par rapport à 2022, essentiellement grâce au bond de 18,9% de l’Arabica qui a gagné en superficies plantées et en rendements grâce à une météo favorable. En 2023, un total de 2,24 millions d’hectares ont été consacrées à la caféiculture, selon Conab, glissant de 0,3% par rapport à 2022. Rappelons que le Brésil est le deuxième producteur mondial de Robusta derrière le Vietnam et le troisième exportateur.

Cette formidable poussée des Robusta explique le bond de 18,2% de l’ensemble des exportations brésiliennes de café vert sur le mois de novembre. Ainsi, un total de 4,1 millions de sacs de 60 kg a été expédié, toutes variétés confondues, a annoncé hier l’association des exportateurs Cecafé. Sur ces 4,1 Ms, les Robusta ont bondi de 677,9% par rapport à novembre 2021, poursuivant une tendance déjà enregistrée les mois précédents car le Brésil prend des parts de marché au Vietnam et à l’Indonésie qui enregistrent des baisses de rendements. En revanche, les exportations d’Arabica ont baissé de 3,4% à 3,24 Ms.

Au Vietnam, l’offre est limitée car les planteurs attendent que les prix montent encore pour vendre. Dans les Central Highlands, les caféiculteurs ont vendu leur kilo de café entre 63 500 et 66 000 dongs ($ 2,62-2,72), soit nettement au-dessus du prix proposé la semaine dernière qui était de 59 900 à 60 500 dongs. A l’export, le Grade 2, 5% grains noirs et brisés, s’est vendu avec une prime allant de $ 40 à $ 60 au-dessus du contrat mars.

Sur les 11 premiers mois de l’année, le Vietnam a exporté 1,4 Mt, en baisse de 10,4% par rapport aux volumes sur la même période la campagne précédente, selon les données officielles. Les revenus à l’exportation ont totalisé $ 4,33 milliards, en légère hausse de 0,4% par rapport à janvier-novembre 2022.

En Indonésie, la prime a baissé mécaniquement à $ 500 par rapport aux $ 600 à la semaine dernière puisque les cours sur le marché à terme de Londres ont grimpé. En outre, les volumes sont restreints.

CAOUTCHOUC

Les cours du caoutchouc glissent toujours. Après avoir cédé 7,5% la semaine dernière, ils sont en léger retrait avec une clôture hier sur l’Osaka Exchange à 236,2 yens ($1,66) le kilo contre 237,5 yens vendredi dernier. A Shanghai, les cours sont passés de 13 620 yuans la tonne à hier 13 470 yuans ($1 874,52).

Les cours sont toujours plombés par les inquiétudes concernant l’affaiblissement de la demande en Chine, premier consommateur mondial, le pays continuant de subir des difficultés liées  la faiblesse de la demande extérieure, aux défis du secteur immobilier et à la dette des gouvernements locaux.

« Les échanges sur les marchés de Shanghai et d’Osaka ont été ternes depuis la mi-novembre en raison des perspectives baissières de la demande en Chine“, souligne un négociant basé à Tokyo.  Ajoutant “Les prix du caoutchouc devraient rester proches des niveaux actuels jusqu’à ce que de nouveaux achats soient effectués à Shanghai, peut-être vers le Nouvel An, afin de constituer des stocks avant que l’industrie n’entre dans sa ‘saison d’hiver‘”.

La Chine a mis en place une assurance pour les producteurs de caoutchouc afin d’augmenter les superficies et la production de caoutchouc naturel pour accroître l’approvisionnement local pour son industrie de pneumatique (Lire : Le 1er importateur mondial de caoutchouc, la Chine veut développer sa production).

Le Liberia par la publication du décret n°124 le 12 décembre interdit les exportations de caoutchouc naturel non transformé (Lire : Le Libéria suspend les exportations de caoutchouc naturel non transformé).

COTON

Le coton a légèrement faibli cette semaine avec une clôture hier sur l’ICE à 80,810 cents pour le contrat de mars contre 81,440 vendredi dernier. Toujours en toile de fond, la faiblesse de la demande. Le rapport hebdomadaire du département américain de l’Agriculture (Usda) sur les ventes américaine de coton montrait des ventes nettes en recul de 50% par rapport à la semaine dernière et de 77% par rapport à la moyenne des quatre précédentes.

« ll n’y a pas beaucoup de pression à la baisse, mais il n’y a pas non plus beaucoup de raisons d’acheter du coton, car la demande est encore assez mauvaise“, souligne Peter Egli de Plexus Cotton.

Le rapport sur l’offre et la demande mondiale de produits agricoles (Wasde) de l’USDA  datant de vendredi dernier est révélateur de la faiblesse  persistante de la demande. Aux Etats-Unis, l’utilisation du coton par les usines devrait être à son plus bas niveau 1884 ! Quant à la consommation mondiale, l’Usda l’a revu à la baisse d’un montant de 1,6 millions de balles, dont 1 million de balles en Chine, le solde étant la Turquie, les Etats-Unis et le Mexique. En revanche, celle du Bangladesh, dont l’Afrique est le premier fournisseur, a été rehaussée de 100 000 balles.

Du côte de la production mondiale de coton, l’Usda a abaissé ses prévisions de 540 000 balles, les réductions aux États-Unis, en Turquie et au Mexique ayant plus que compensé une augmentation de 200 000 balles au Pakistan.

Enfin les stocks mondiaux de clôture en 2023/24 ont été augmentés de 900 000 balles à 82,4 millions.

Dans ce climat morose, Armand Ezerer de Mambo Commodities, observe que « la difficulté à trouver des belles qualités à vendre quel que soit le continent notamment en Amérique latine et en Europe, pousse toutes les bases à la hausse ». Précisant que «  Ce mouvement devrait à notre avis persister voire s’amplifier ».

En Ouzbékistan, la production de coton a atteint un record de 3,8 millions de tonnes (Mt) en 2023, en hausse de 8,3% par rapport à 2022, selon une déclaration, reprise par Interfax,  du  président Shavkat Mirziyoyev lors de la Journée des travailleurs agricoles

HUILE DE PALME

La glissade de trois semaines des cours de l’huile de palme semble s’achever, les cours reprenant des couleurs en fin de semaine avec une clôture hier à 3 961 ringgits ($790,30) la tonne sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange contre 3 741 ringgits vendredi dernier. Une reprise consécutive à une probable baisse de la production en décembre dans les principaux pays producteurs en raison du temps sec mais aussi de la chute des stocks. Le Malaysian Palm Oil Board (MPOB) a indiqué que les stocks d’huile de palme en Malaisie avaient chuté au mois de novembre (lire ci-dessous). “Les données du MPOB semblent neutres, compte tenu de la légère baisse des stocks, mais elles devraient mettre un terme à toute nouvelle baisse importante des prix de l’huile de palme. Avec une production en baisse constante, cette tendance devrait persister jusqu’en décembre“, estime un analyste basé à New Delhi.

Un autre élément de l’évolution du marché sera la consommation. Sur les quinze premiers jours de décembre, les exportations de produits malaisiens à base d’huile de palme ont chuté de 13,6 % par rapport au mois précédent selon Intertek Testing Services.

En Malaisie, les stocks d’huile de palme ont pour la première fois en sept mois chuté au mois de novembre, en recul de 1,09% par rapport à octobre, à 2,42 millions de tonnes (Mt), selon les données du Malaysian Palm Oil Board (MPOB).  La production d’huile de palme a diminué de 7,66 %  à 1,79 Mt en novembre, tandis que les exportations d ont plongé de 5,67 % à 1,40 Mt.

L’Indonésie poursuivra son mélange obligatoire de 35 % de biodiesel en 2024 et a alloué 13,41 millions de kilolitres de biodiesel pour l’année prochaine, soit légèrement plus que les 13,15 millions de kilolitres alloués pour 2023.

RIZ

L’amélioration de la demande des pays d’Asie du Sud-Est a poussé à la hausse les prix à l’exportation en Inde et en Thaïlande.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% ont grimpé à $499-$506  la tonne contre $497-$505 la semaine dernière. Le gouvernement achetant le riz paddy aux agriculteurs avec un prix de soutien plus élevé, cela fait grimper les prix du paddy et  monter les prix à l’exportation.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% ont atteint leur plus haut niveau depuis août à $640 la tonne contre $620-$625 la semaine dernière. Une hausse consécutive à l’augmentation de la demande, en particulier en provenance de l’Indonésie et des Philippines, selon les négociant.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% ont légèrement baissé à $655 -$660 la tonne contre $655-$665 la semaine dernière. “L’activité commerciale reste calme en raison de l’offre restreinte, tandis que les acheteurs hésitent à passer de nouvelles commandes car les prix sont relativement élevés“, a déclaré un négociant basé à Hô Chi Minh-Ville.

SUCRE

Le sucre fond ! Partie vendredi dernier de 23,36 cents, la livre (lb) est tombée hier soir en cours de séance à 21,16 cents pour se ressaisir et clôturer à 22,18 cents. A Londres, le sucre blanc est passé de $ 654,40 à $ 630,60 la tonne sur l’échéance mars.

En cause, une production plus forte que prévue attendue au Brésil tandis que l’Inde changeait sa politique en matière d’éthanol la semaine dernière ce qui devrait augmenter l’offre locale. Toutefois, cette faiblesse ne serait que passagère car le marché demeure fondamentalement haussier sur fond de déficit cette campagne.

Le gouvernement égyptien a prélevé 240 000 t de sucre de ses réserves stratégiques pour les distribuer sur le marché ce mois-ci afin de tenter de contrôler les fluctuations des prix du sucre, a déclaré un responsable gouvernemental à Asharq Business. Avant cette opération, ses stocks représentaient 5,5 mois de consommation, a indiqué le responsable, estimant la demande mensuelle de sucre du pays à environ 65 000 t pour les cartes de rationnement et 180 000 t pour le sucre distribué sur le marché. Il a souligné que l’Egypte avait reçu le 8 décembre 86 000 t de sucre blanc importé du Brésil, notant qu’elle recevrait 100 000 tonnes supplémentaires pour augmenter ses réserves de sucre.

La Russie aurait produit 4,957 Mt de sucre à partir de la nouvelle récolte de betteraves sucrières au 4 décembre, soit 8,8% de plus qu’à la même date l’année dernière, a déclaré à Interfax Evgueni Ivanov, de l’Institut d’études des marchés agricoles (IKAR). Selon ses données, à cette date, près de 35 Mt sur les 37,8 Mt de betterave sucrière récoltée avaient été transformées. La récolte de betteraves sucrières en Russie au 8 décembre s’est élevée à 51,7 Mt contre 47,4 Mt à la même date l’année dernière. Lorsque toute la superficie sera récoltée, la récolte de betteraves pourrait atteindre 52,5 Mt contre 48,9 Mt l’année dernière. Selon ses estimations, sa production de sucre cette campagne durant cette campagne courant d’août 2023 à juillet 2024 pourrait atteindre 6,8 Mt contre 6,2 Mt la campagne précédente. La consommation de sucre dans le pays est estimée à 5,8 Mt par an.

Selon Evgueni Ivanov, 63 100 t de sucre ont été exportées par chemin de fer en octobre contre 23 300 t en octobre 2022, et en novembre, elles auraient encore bondi à 82 800 t contre 32 400 t en novembre 2022. Les livraisons sont destinées notamment au Kazakhstan, au Tadjikistan, à l’Ouzbékistan, au Turkménistan, au Kirghizistan, à la Mongolie, à l’Azerbaïdjan, à l’Abkhazie et à la RPDC. Le sucre est exporté par route vers l’Ossétie du Sud, la Géorgie, la Serbie et l’Afghanistan, ainsi que par voie maritime vers la Turquie. Au total, les livraisons sont expédiées dans 14 pays, toujours selon Interfax.

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